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#IWillComeToTunisia: La Tunisie aux yeux d'une Anglaise

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On peut être sûr d'une chose: J'aime le peuple tunisien. Je me suis mariée avec un Tunisien. J'ai donné naissance à un petit Tunisien. La moitié de ma famille vit en Tunisie. L'attentat du 18 mars a vraiment résonné en moi. Je suis très triste que des personnes s'étant intéressées à l'histoire et la culture de ce beau pays aient été visées par cette attaque terroriste.

Mais ce qui s'est produit au Bardo ne nous empêchera pas, moi et ma famille, de passer du temps dans ce pays que nous aimons tant. Nous sommes sur le point d'acheter nos billets pour un séjour en Tunisie cet été. Et j'invite toute personne ayant rayé la Tunisie de sa carte de destinations touristiques à réfléchir à deux fois. Elle ne punirait pas seulement les Tunisiens et l'économie tunisienne, mais elle se jouerait également un bien mauvais tour à elle-même.

Il y a un peu plus de trois ans, j'ai visité le musée du Bardo. C'était l'été, j'étais enceinte de mon fils, et la fraîcheur trouvée entre les murs blancs m'a soulagée. Le musée était en rénovation, les travaux en cours, et toutes les œuvres n'étaient pas encore présentées. Tout ce que j'ai pu voir, surtout les mosaïques, m'a fascinée.


Mais ce dont je me rappelle le mieux, c'est d'un guide qui nous avait invités à le suivre pour un tour privé de plus d'une heure dans des salles habituellement fermées au public - les salles du palais du Bey. Le travail de la pierre, les carrelages, les couleurs, l'architecture, les volumes - c'était incroyable.

Et à la fin, quand nous avons essayé de donner un peu d'argent à ce monsieur pour le remercier, il a refusé catégoriquement. Il avait partagé ses connaissances avec nous et nous avait donné de son temps par fierté de son héritage et de sa culture et pour nous faire plaisir.

Cet été, nous retournerons en Tunisie.


Quand nous apercevrons le Mont Boukournine depuis l'avion, nous aurons ce doux sentiment de rentrer finalement chez nous. Nous parlerons de la soirée où nous avons célébré notre mariage, sous cette même montagne à Morneg, entourés de centaines d'amis et de membres de nos familles de Tunisie, de France, du Royaume Uni et au-delà. Nous rentrerons à la maison et le lendemain nous serons réveillés par l'appel à la prière, l'odeur du café, les klaxons dans la rue et les rayons de soleil perçant les rideaux de notre fenêtre.

Nous profiterons d'un soleil inconditionnel. Ensuite il est probable que nous nous plaindrons de la chaleur de la ville, et nous nous échapperons à la campagne ou à la mer. Nous irons à Bizerte, où nous achèterons du poisson frais au marché. Peut-être irons-nous savourer une pizza assis sur la corniche, en profitant de la vue.

Nous prendrons la voiture pour monter aux grottes, et évoquer des souvenirs de vacances de mon mari lorsqu'il était enfant. Nous irons à El Haouaria et nous nous réveillerons tôt pour profiter de la plage vide, avant de rentrer nous recoucher et ensuite prendre un petit déjeuner fait de pain et d'œufs à la coque. Mon mari ira pêcher. Mon fils jouera avec des seaux d'eau et chassera les tortues cachées dans le jardin. La nuit, quand il fera noir, nous chercherons les étoiles filantes dans le ciel le plus clair et le plus brillant qu'il m'ait été donné de voir de ma vie. Nous prendrons la voiture pour Hammamet, Nabeul ou Korba pour profiter de la brise marine, construire des châteaux de sable blanc et jouer dans les eaux propres et cristallines de la Méditerranée.

Nous rentrerons à Tunis, où nous nous promènerons dans les souks. Je m'y perdrai. Mon mari connaitra le chemin sans faille, comme d'habitude. Nous irons visiter notre marchand préféré, qui se souvient de nous d'année en année.

Nous achèterons des makroudh - fraichement préparés devant nos yeux, fourrés de dattes et plongés dans l'huile - et les petites pâtisseries en forme de noix, et remplies de caramel. Peut-être marchanderons-nous pour acheter du cuir, des tasses de thé, des assiettes en cuivre, des poteries, des bijoux, des kaftans en coton et des épices à ramener à la maison.

Nous nous reposerons dans un café pour siroter un thé à la menthe aux pignons, ou un capucin. Peut-être monterons-nous découvrir un des cafés perchés sur les toits de la médina pour admirer les minarets, les dômes, et un paysage sans fin de blanc et bleu. Nous irons peut-être à Carthage pour explorer les ruines, et rêver d'acheter une villa là-bas.

Probablement irons-nous nous balader sur la promenade à la Marsa. Plus tard nous monterons la colline vers Sidi Bou Saïd, d'où nous pourrons admirer la vue sur la mer avec une citronnade aux amandes à la main. Le soir nous sortirons prendre une glace chez Octave. Sur la route du retour, en s'arrêtant aux feux, nous achèterons de minuscules bouquets de jasmin que je poserai derrière l'oreille de mon fils.

Nous irons rendre visite à nos amis au Bardo, à l'Ariana, à La Soukra, à El Menzah, à Hammam Chott. Nous irons voir notre famille à Rades et à Kalaat al Andalous, et nous serons accueillis avec de l'amour, des "boussa marsoussa", des rires et des sourires. Inch'allah nous fêterons des mariages avec eux, nous porterons nos plus beaux vêtements, nous danserons, nous boirons du rosata et nous mangerons tout notre poids en pâtisseries.

Et sans doute, les plus beaux plats de la cuisine tunisienne nous seront alors servis; pas seulement du couscous sous toutes ses formes, mais aussi des salades, des briks, du mechoui et la salata mechouia, ojja bil merguez, leblebi, les bambalounis, la rechta, el mermez, les tajines et tajines malsouka.

Peut-être que quelqu'un prendra le temps qu'il faut pour nous préparer une mloukhia - le seul plat pour lequel je n'ai pas encore pris goût! Nous mangerons des figues directement du figuier à la ferme, nous achèterons des kilos de pêches, nous remplirons le coffre de la voiture avec tous les différents types de melons et de pastèques qu'on trouve, et on achètera le khobz tabouna au bord de la route.

C'est cette Tunisie que je connais, et c'est cette Tunisie que j'invite les étrangers à découvrir. Nous parlerons de ce qui s'est passé au Bardo. Nous serons tristes, nous serons révoltés. Nous resterons vigilants, mais nous ne pouvons pas avoir peur.


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