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IDA, pleine de grâce

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Mommy, Winter Sleep, Deux jours-une nuit, Saint Laurent, etc. Ces merveilleux films ont tous reçu une Palme d'or et une bonne dizaine de prix et de standing-ovation!

Toutefois, ces derniers ont quelque chose en commun -quelque chose de très inattendu- qui provoque même une totale incompréhension de la part des fans (voir des metteurs en scène eux-mêmes); ces films ne font pas partie de la liste des 9!

Cette liste des 9 qui, le 15 janvier, sera une liste de 5; la très prestigieuse liste des nominés à l'oscar du meilleur film étranger!

Cette liste qui, ces derniers temps, n'a pas réellement dérogé à une certaine forme de prévisibilité, du moins au niveau des films nominés, a tout bousculé cette année. On retiendra le "Hum" de Xavier Dolan sur son compte twitter, qui imaginait déjà son discours (légitime, il faut le dire)!

Irons-nous jusqu'à crier au scandale? Oh que non! Les 9 films présélectionnés sont énormes et le fait que certaines pointures ne fassent pas partie de la course dénote une certaine audace fortement appuyée par la qualité des films retenus.

On notera les excellents Timbuktu, Leviathan et Snow Therapy (merci les Journées Cinématographiques de Carthage!) et surtout le sublimissime IDA, en majuscules, grandeur et beauté obligent!

Ce dernier est le meilleur film de l'année, selon mon humble avis, et serait un sérieux prétendant à la statuette du meilleur film étranger!

IDA, c'est filmer le vide, les espaces, ne rien chercher à prouver mais juste filmer, dans un noir et blanc sublimé par un format 4:3, invoquant un esprit Bergmanien qui rode tout au long du film. Du visage d'IDA, une sorte de réincarnation de Liv Ullman jouissant de ses 20 ans, jusqu'au genre lui-même, un road movie familial réunissant corps et âmes, vivants et morts.

Le renvoi à "Wild Strawberries" serait peut-être exagéré, mais la tentation y est pour plusieurs raisons. Une narration extrêmement simple, une mise en relief ingénieuse, des variations sentimentales et des personnages écrasés dans un décor grisâtre et sans fin ont fait qu'IDA soit, indépendamment de son cadre spatio-temporel, une plongée au cœur de la mélancolie.

Ce grand Monsieur qu'est Pawel Pawlikowski a réussi à mettre en œuvre un mélange pas évident du tout.

La Pologne communiste des années 60 à l'odeur du soufre et de la terre, des âmes perdues nonobstant l'ostentatoire présentation, le plus vieux des hommes crucifiés dans un dilemme éternel, celui de la raison et du charnel.

De Bach à Coltrane, la bande-son quant à elle est surprenante, jazzy et grandiose, illuminant les contours d'un drame intérieur, le drame de soi-même.

La dernière scène n'a d'égale que la scène d'ouverture du "Birth" de Glazer, sauf qu'ici même la caméra tremble et la naissance n'a jamais été aussi proche de la mort, l'enterrement du "Je", une puissance rarement égalée.

Bonne toile!

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