"L'identité n'est pas donnée une fois pour toutes, elle se construit et se transforme tout au long de l'existence." Amin Mâalouf (Les identités meurtrières)
A la veille du nouvel an musulman, ma page Facebook s'est trouvée inondée de vidéos d'Al Hadhra, de versets coraniques et de messages de vœux souhaitant un joyeux Mouled à tous.
A priori, le fait paraît anodin: l'événement est une journée de commémoration directement liée à nos lointaines traditions sunnites. L'anniversaire - à titre posthume - du prophète est de surcroit marqué par l'idée de consolidation et de perpétuation des rapports familiaux et humains. Aussi, quoi de plus "normal" que de le célébrer publiquement une fois par an.
Toutefois, ce qui est étrange, c'est la transformation du Mouled en un phénomène de mode accentué par les avantages des nouveaux médias en termes de sociabilité et de domination idéologique.
Absent il y a de cela une vingtaine d'année, l'engouement des "laïcs" pour le fait religieux est un phénomène relativement nouveau en Tunisie et particulièrement visible sur les réseaux sociaux.
Etant un espace participatif virtuel, le phénomène est appuyé par le comportement mimétique que suscitent les rapports et les interactions de la doxa sur Internet.
Progressivement, les profils Facebook de mes amis "laïcs" se sont mis à faire doublement référence au nouvel an musulman que les profils Facebook des islamistes pour qui "la ferveur" religieuse et identitaire leur revient ordinairement de droit. Mais, qu'est-ce qui explique cet inversement des rôles?
Sur les réseaux sociaux, les internautes sont des influents et des influencés. Le comportement mimétique, bien qu'il soit numérique, est parmi les vecteurs qui contribuent actuellement à la reconstruction de l'identité culturelle: même sur la toile, les individus ont généralement tendance à imiter les comportements du groupe à l'idéologie dominante.
De par ce processus, l'élite "laïque" tunisienne est devenue jalouse de son identité arabo-musulmane et de son patrimoine culturel national, en témoigne son nouvel enthousiasme quant à l'évocation des manifestations et des fêtes religieuses, perçues comme l'expression de la "Tunisianité".
Alors que la "laïcité" est l'apanage de l'esprit progressiste tunisien, beaucoup des chantres de la laïcité agissent en conservateurs: il est ainsi question de protéger NOTRE tradition, NOTRE culture, NOTRE islam.
Ils participent de la sorte au figement d'une identité censée être un artefact aussi convertible que mobile et suivent les idées des "réactionnaires" qui auraient ainsi réussi à empêcher les "progressistes" d'avancer au-delà de l'ordre culturel, social et politique établi.
A la veille du nouvel an musulman, ma page Facebook s'est trouvée inondée de vidéos d'Al Hadhra, de versets coraniques et de messages de vœux souhaitant un joyeux Mouled à tous.
A priori, le fait paraît anodin: l'événement est une journée de commémoration directement liée à nos lointaines traditions sunnites. L'anniversaire - à titre posthume - du prophète est de surcroit marqué par l'idée de consolidation et de perpétuation des rapports familiaux et humains. Aussi, quoi de plus "normal" que de le célébrer publiquement une fois par an.
Toutefois, ce qui est étrange, c'est la transformation du Mouled en un phénomène de mode accentué par les avantages des nouveaux médias en termes de sociabilité et de domination idéologique.
Absent il y a de cela une vingtaine d'année, l'engouement des "laïcs" pour le fait religieux est un phénomène relativement nouveau en Tunisie et particulièrement visible sur les réseaux sociaux.
Etant un espace participatif virtuel, le phénomène est appuyé par le comportement mimétique que suscitent les rapports et les interactions de la doxa sur Internet.
Progressivement, les profils Facebook de mes amis "laïcs" se sont mis à faire doublement référence au nouvel an musulman que les profils Facebook des islamistes pour qui "la ferveur" religieuse et identitaire leur revient ordinairement de droit. Mais, qu'est-ce qui explique cet inversement des rôles?
Sur les réseaux sociaux, les internautes sont des influents et des influencés. Le comportement mimétique, bien qu'il soit numérique, est parmi les vecteurs qui contribuent actuellement à la reconstruction de l'identité culturelle: même sur la toile, les individus ont généralement tendance à imiter les comportements du groupe à l'idéologie dominante.
De par ce processus, l'élite "laïque" tunisienne est devenue jalouse de son identité arabo-musulmane et de son patrimoine culturel national, en témoigne son nouvel enthousiasme quant à l'évocation des manifestations et des fêtes religieuses, perçues comme l'expression de la "Tunisianité".
Alors que la "laïcité" est l'apanage de l'esprit progressiste tunisien, beaucoup des chantres de la laïcité agissent en conservateurs: il est ainsi question de protéger NOTRE tradition, NOTRE culture, NOTRE islam.
Ils participent de la sorte au figement d'une identité censée être un artefact aussi convertible que mobile et suivent les idées des "réactionnaires" qui auraient ainsi réussi à empêcher les "progressistes" d'avancer au-delà de l'ordre culturel, social et politique établi.
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