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MBS en France, l’argent roi

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INTERNATIONAL - Après avoir séjourné pendant plus de trois semaines aux États-Unis, Mohammed ben Salmane (MBS) fait escale à Paris pour une visite éclair de deux jours au cours de laquelle il rencontrera Emmanuel Macron avant de se rendre à l’Institut du monde arabe.

Les points de divergences entre Macron et MBS ne sont pas très nombreux, mais suffisamment profonds. Vu la durée courte de la visite, ils y seront juste effleurés, avec délicatesse. Premier point de divergence: la France n’est pas d’accord avec l’expédition saoudienne au Yémen, mais elle ne fait rien pour l’arrêter. Pis encore, elle livre à l’Arabie Saoudite des armes sophistiquées qui sont utilisées contre les rebelles Houtis. La France est consciente de l’arrière scène politique derrière laquelle se profile le spectre iranien. De même qu’elle ne souhaite nullement encourager MBS dans sa parano à croiser le fer avec l’Iran. Bien au contraire.

L’autre point de divergence est le conflit israélo-palestinien. Si MBS semble se rapprocher de l’Etat hébreu pour contrer l’ennemi iranien, quitte à sacrifier la Palestine, la France elle, joue la carte de l’équilibre en prônant la solution des deux Etats.

Vis-à-vis du Qatar, il y a également une divergence entre les deux pays. La France mettra sûrement sous le tapis et non sur la table ces fâcheux dossiers pour passer au plat de résistance: la signature de juteux contrats.

En France, il n’y aura pas de tweets à la Trump pour se moquer de MBS ou de faux pas diplomatiques humiliants et moqueurs. La réalpolitique à la française, qui est une forme d’hypocrisie, veut que l’on joue le jeu de l’hôte en sa présence, mais qu’on lui exprime son désaccord voire son mépris une fois parti! Mais le langage de vérité vient généralement des médias et de l’opinion publique. Au nom de cette réalpolitique, Macron n’a pas tenu le langage de la vérité face maréchal Sissi lors de sa visite en France. Il ne le fera pas avec MBS.

Ce dernier arrive en France sur fond d’une image écornée d’un royaume qui cherche la puissance et la gloire; mais qui le fait maladroitement. Ceci, sans parler de l’image dégradée en France de princes et de princesses saoudiens; une image souvent associée à la gabegie, à la maltraitance, voire à l’esclavage des bonnes, à la guillotine.

Celle de MBS ne déroge pas à la règle. L’opinion publique française ne semble retenir de ses actions que le côté répressif et guerrier. Quant aux gestes réformistes (l’autorisation accordée aux femmes de conduire une voiture, d’aller au cinéma ou aux stades de foot), ils ne sont que de simple mesurettes. Même les grosses boîtes de communication françaises chargées de “lifter” à coups de milliers d’euros l’image de l’Arabie saoudite n’ont pu réussir à infléchir le côté négatif de l’Arabie saoudite en France.

MBS est incapable de rompre avec la culture de l’argent roi au pouvoir dompteur et corrupteur. MBS ignore peut être qu’en Occident, il existe des individus et des organisations épris de paix, de justice et qu’ils sont porteurs de valeurs humanitaires. En Occident, tout ne s’achète pas à coups d’euros ou de dollars. MBS, élevé comme tous les autres princes dans la culture des contrats, a du mal à saisir la philosophie de cette logique. Comme aux États-Unis, il signera donc des contrats; une bonne chose pour l’économie française. Or ces derniers n’en feront pas pour autant de la France un pays ami ou un allié privilégié.

LIRE AUSSI: Arabie saoudite: gare à la grogne


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