SOCIÉTÉ - Pétitions en pagaille, groupes de protestation, lettres ouvertes, le citoyen n'a jamais autant été engagé politiquement. Il se fâche, fulmine, critique et donc s'implique. Il est un whistleblower qui adresse une prière à l'absent, à l'inconnu, au magma de l'administration, de la représentation publique qui sommeille dans son Olympe, dans sa bulle, protégé par son statut de vache sacrée, là-bas, très loin, sur son inaccessible promontoire, s'époussetant l'épaule des menus tracas de la population, instituant un libéralisme sociétal de fait. La main invisible finira par prévaloir.
Les gens s'organiseront, c'est dans l'ordre des choses. Les bigots chasseront les décontractés; les riches se retrancheront derrières les grilles en titane de leurs ghettos; les vendeurs ambulants étaleront leurs babioles; les classes moyennes raseront les murs et enrichiront le privé. Surtout ne jamais intervenir. Le keynésianisme sociétal est une plaie. Le libéralisme transposé de l'économie à la société achète la paix des esprits. Ne jamais s'en mêler. Qu'ils s'entretuent, qu'ils se déchirent. Du chaos sortira un équilibre, c'est obligé, c'est comme ça. Les agents sociaux finiront par bâtir leur propre système. Ils définiront leurs propres règles, s'autoréguleront. Qu'ils s'arrangent entre eux.
Au fond, nous, responsables publics, sommes à remercier pour notre non-ingérence. Nous ne sommes pas staliniens, nous croyons à la liberté d'entreprendre du Marocain, de faire preuve d'initiative, d'attaquer des jupes, des bikinis et des ventres nus. On vous fait payer un parasol et des sièges en formica à la plage? Et alors, saluez la fibre entrepreneuriale de ces startuppers des sables qui créent de la valeur, du profit. Négociez, faites valoir vos arguments. Le cas échéant, étripez-vous si vous êtes tellement à cheval sur la notion d'espace public. Battez-vous, arrachez vos droits, lancez une pétition sur Avaaz, versez la larmichette de circonstance sur votre page FB et ramassez les likes à la pelle, ça vous consolera. Mais surtout ne restez pas les bras croisés. Votre liberté est totale, investissez-là, jouissez-en.
De cette friction, les citoyens feront société. Sans notre interventionnisme. Remerciez-nous car nous ne vous jugeons pas, nous ne vous infantilisons pas, nous n'empêchons rien, nous sommes là sans être là, nous défendrons jusqu'au bout votre libre-arbitraire. Un truand vous soulage de votre portefeuille, rattrapez-le, une petite course améliorera votre circulation sanguine, paraît que c'est bon pour le palpitant. Un petit harceleur du dimanche vous tire par la robe, prenez des cours de self-défense, ou de cross-training, paraît que ça vous raffermit un biceps plus vite qu'une louche d'anabolisant. Les rodéos nocturnes vous laissent sans sommeil, mettez des boules Quies. Vous vous rendez compte du bol: vous êtes libres, libres nom d'une pipe, libres comme "leurre".
Ramassez vos déchets, régulez votre circulation, protégez vos biens, bon sang, vous êtes adultes, assumez vos responsabilités, prenez-vous en main en toute liberté. Nous ne vous embêterons pas, nous continuerons à nous planquer gentiment dans nos "M rouge" et nos logements de fonction. Certes, la liberté est un vertige, mais la libre concurrence est un luxe que nous vous offrons à l'œil. Ensemble nous construirons la société post-moderne de demain. C'est mieux qu'une utopie. Il s'agit là d'un concept révolutionnaire: le libéralisme sociétal, le laissez-faire à tous les étages, une gestion transparente et autonome de l'homme par l'homme.
Un peu de gratitude vis-à-vis de vos libérateurs ne vous fera pas de mal, vivez donc, allez, vivez et laissez vivre. En un conseil comme en mille: foutez-nous la paix!
Les gens s'organiseront, c'est dans l'ordre des choses. Les bigots chasseront les décontractés; les riches se retrancheront derrières les grilles en titane de leurs ghettos; les vendeurs ambulants étaleront leurs babioles; les classes moyennes raseront les murs et enrichiront le privé. Surtout ne jamais intervenir. Le keynésianisme sociétal est une plaie. Le libéralisme transposé de l'économie à la société achète la paix des esprits. Ne jamais s'en mêler. Qu'ils s'entretuent, qu'ils se déchirent. Du chaos sortira un équilibre, c'est obligé, c'est comme ça. Les agents sociaux finiront par bâtir leur propre système. Ils définiront leurs propres règles, s'autoréguleront. Qu'ils s'arrangent entre eux.
Au fond, nous, responsables publics, sommes à remercier pour notre non-ingérence. Nous ne sommes pas staliniens, nous croyons à la liberté d'entreprendre du Marocain, de faire preuve d'initiative, d'attaquer des jupes, des bikinis et des ventres nus. On vous fait payer un parasol et des sièges en formica à la plage? Et alors, saluez la fibre entrepreneuriale de ces startuppers des sables qui créent de la valeur, du profit. Négociez, faites valoir vos arguments. Le cas échéant, étripez-vous si vous êtes tellement à cheval sur la notion d'espace public. Battez-vous, arrachez vos droits, lancez une pétition sur Avaaz, versez la larmichette de circonstance sur votre page FB et ramassez les likes à la pelle, ça vous consolera. Mais surtout ne restez pas les bras croisés. Votre liberté est totale, investissez-là, jouissez-en.
De cette friction, les citoyens feront société. Sans notre interventionnisme. Remerciez-nous car nous ne vous jugeons pas, nous ne vous infantilisons pas, nous n'empêchons rien, nous sommes là sans être là, nous défendrons jusqu'au bout votre libre-arbitraire. Un truand vous soulage de votre portefeuille, rattrapez-le, une petite course améliorera votre circulation sanguine, paraît que c'est bon pour le palpitant. Un petit harceleur du dimanche vous tire par la robe, prenez des cours de self-défense, ou de cross-training, paraît que ça vous raffermit un biceps plus vite qu'une louche d'anabolisant. Les rodéos nocturnes vous laissent sans sommeil, mettez des boules Quies. Vous vous rendez compte du bol: vous êtes libres, libres nom d'une pipe, libres comme "leurre".
Ramassez vos déchets, régulez votre circulation, protégez vos biens, bon sang, vous êtes adultes, assumez vos responsabilités, prenez-vous en main en toute liberté. Nous ne vous embêterons pas, nous continuerons à nous planquer gentiment dans nos "M rouge" et nos logements de fonction. Certes, la liberté est un vertige, mais la libre concurrence est un luxe que nous vous offrons à l'œil. Ensemble nous construirons la société post-moderne de demain. C'est mieux qu'une utopie. Il s'agit là d'un concept révolutionnaire: le libéralisme sociétal, le laissez-faire à tous les étages, une gestion transparente et autonome de l'homme par l'homme.
Un peu de gratitude vis-à-vis de vos libérateurs ne vous fera pas de mal, vivez donc, allez, vivez et laissez vivre. En un conseil comme en mille: foutez-nous la paix!
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