Il est connu que l'olivier est l'un des symboles du Sahel tunisien, en posséder plusieurs pieds est un signe d'opulence et mon grand père qui en a vendu quelques uns pour financer les études de mon père, admis au Lycée Alaoui, ce geste était pour lui un extrême sacrifice.
Cet arbre, symbole de solidité et de longévité, ne rechigne point et endure la souffrance de se voir planté en terre caillouteuse. Il est sage, tolérant, il supporte nos oublis de labour et d'émondage. Il est à la fois si généreux et tellement frugal, vivant tel un ascète, se contentant de peu durant les années maigres. Il est patient, supporte même qu'on mette le feu à son tronc, méthode ancestrale pour le débarrasser des champignons dévastateurs, et autres parasites et maladies... Il fut un temps où les investissements, les fêtes et les épousailles étaient programmés après les récoltes, l'extraction de l'huile, la vente d'une partie servant à payer les frais divers et l'emmagasinage du reste dans de grandes jarres ventrues et des majestueuses amphores, pour la consommation ou pour faire face à d'éventuelles dépenses impromptues. Les rameaux coupés nourrissaient le bétail, le bois et les pépins d'olives servaient à allumer les fours et faire chauffer les marmites, c'est dire que rien ne se perd dans l'olivier! Il n'est donc pas étonnant que connaissant ses innombrables vertus, mes aïeux lui vouaient une passion débordante, presque une vénération!
Je vous parle de l'olivier, pour d'une part attirer l'attention sur un secteur prometteur, à forte plus value, qu'il faudrait mieux valoriser en Tunisie par entre autres, un meilleur classement des millésimes et la création d'appellations contrôlées, et d'autre part pour évoquer une sublime parabole rapportée par Moncef Bouchrara dans l'un de ses écrits et que j'ai trouvée empreinte de sagesse et tellement lumineuse. C'est celle de l'homme d'un certain âge qui continue à planter des oliviers tout en sachant pertinemment qu'il ne vivra pas suffisamment longtemps pour les voir grandir, fleurir puis goûter à l'huile de leurs fruits et que seuls ses enfants et petits enfants en profiteront.
Cet homme pourrait être moi ou quelqu'un de ma génération croyant en la régénérescence des tissus sociaux et en les cycles de l'histoire...
J'effleure la soixantaine et connaissant l'espérance de vie, il me vient à l'esprit pour mon pays, un ensemble de souhaits irréalisables dont l'évocation ne saurait être exempte de regrets amers... Je mesure la lourdeur du fait que de mon vivant,
je ne verrai pas un État de droit où règne l'égalité de tous dans la stricte application de la loi, et la fin de la corruption, du népotisme et des privilèges honteux.
Je ne verrai pas une classe politique mûre, responsable et altruiste, plus préoccupée par l'intérêt et le bien être du citoyen qu'obnubilée par la conquête du pouvoir.
Je ne verrai pas les haines, les rancoeurs et la violence, laisser la place à la politesse, à la courtoisie et au respect des différences.
Je ne verrai pas la fin des incivilités dans les espaces publics et dans les villes, des trottoirs aux normes et libérés.
Je ne verrai pas partout, des espaces verts et des pistes cyclables, nos villes propres et des citoyens portant le respect du vivre ensemble et de l'environnement comme un sacrement.
Je ne verrai pas l'abandon des divertissements abrutissants pour de la pensée et un champ culturel plus foisonnant.
Je ne verrai pas nos hôpitaux publics, propres et prodiguant les soins nécessaires et de qualité pour tous.
Je ne verrai pas les écoles publiques bien équipées, performantes et ouvertes, rejouant leur rôle séculaire d'ascenseur social et dispensant des enseignements tournés vers l'avenir.
je ne verrai pas nos universités, ces phares de la recherche et ces hauts lieux de la quintessence du savoir, redevenir rayonnantes, guidant le plus grand nombre d'étudiants vers l'accomplissement de leurs rêves, les chemins de l'excellence et les issues créatrices.
Je ne verrai pas mon pays, devenir exportateur de technologies, doté d'une industrie solide, d'un secteur tertiaire développé et d'une agriculture florissante assurant l'autosuffisance alimentaire, etc.
Je peux continuer encore et encore cette anaphore.
Faut-il rester insensible, se montrer foncièrement égoïste, vivre sur ses acquis et conserver jalousement de maigres avantages de petit embourgeoisé, pour ne rien entreprendre dans le sens de la reconstruction et de l'édification d'un projet? Faut-il pour autant baisser les bras, pour rester nostalgique des années passées ou simplement maudire la malchance et la providence?
La mise au ban par ses voisins, du petit émirat gazier, ce sponsor officiel du printemps arabe qui s'est trouvé pointé du doigt comme un pestiféré pour avoir tenu un vilain rôle, a permis de l'aveu même des instigateurs, d'abréger un débat sémantique sur la signification des événements connus et de découvrir que cette image idyllique de révolutions et de printemps arabe n'était en réalité qu'un énorme canular et un macabre tour de passe-passe servant à renverser des régimes, certes pourris, pour redessiner le panorama de la région et créer de nouvelles alliances... En intégrant ces données, il en ressort qu'il est évident que les enjeux et convoitises sont de taille et que les obstacles sont si nombreux.
Le paysage politique est celui qu'on connait et qu'il faut avoir décidé d'être obstinément myope pour ne pas en discerner les contours. Il est marqué par un gouvernement en patchwork, lacunaire et composé plus de factotums que de compétences; un président de gouvernement jouant à l'équilibriste et cherchant, à travers des actions timorées sans vraiment rentrer dans le lard, de prétendue lutte contre la corruption, à accroitre son capital de confiance. Il se retrouve, tiraillé entre les diktats du fiston de son mentor, obsédé par son idée d'être le dauphin et perdu dans ses rêveries de pouvoir... Le parti du président, en plein schisme politique et composé de jeunes phacochères arrivistes, fraichement enrôlés et avides avec à côté, de vieilles figures sentant encore la naphtaline... Une opposition de gauche, immature, complexée, prisonnière de ses thèses archaïques, acculée dans ses contradictions et plus encline au verbiage séditieux qu'à la praxis ou l'expérience du pouvoir ... Sans oublier aussi, l'imposture du tenancier de l'officine islamiste, qui nous fait basculer de l'islam en colère au bannissement de l'islam politique et qui prêche, accoutrement et discours lisse à l'appui, pour un islam modéré et moderniste, joli oxymore! Piètre manoeuvre, que de se draper dans cette couverture pour nous berner et essayer désespérément de nous faire oublier que la caque sent toujours le hareng!
Au final, malgré une loi électorale taillée sur mesure pour les grandes formations et voulue pour écraser les petites listes citoyennes fortement souhaitées, et qu'on n'attend nullement un grand bouleversement ou un énorme saut qualitatif dans notre quotidien basique à l'issue de ce scrutin local, mais plutôt des conseils municipaux bridés et ankylosés, à l'image de l'assemblée actuelle du peuple; il faut sans candeur, poursuivre le rêve d'une vie simple et tranquille mais digne, saine et meilleure; il faut continuer sans relâche, à se battre, à combattre, à s'adresser à l'intelligence des gens, à dénoncer les dérives, à condamner, à proposer, à éveiller les esprits, à réveiller les consciences, à ancrer d'autres traditions; chacun dans son domaine, chacun fidèle au poste! Nul doute que ça finira tôt ou tard, par porter ses fruits, comme les oliviers plantés par notre bonhomme ...
Cet arbre, symbole de solidité et de longévité, ne rechigne point et endure la souffrance de se voir planté en terre caillouteuse. Il est sage, tolérant, il supporte nos oublis de labour et d'émondage. Il est à la fois si généreux et tellement frugal, vivant tel un ascète, se contentant de peu durant les années maigres. Il est patient, supporte même qu'on mette le feu à son tronc, méthode ancestrale pour le débarrasser des champignons dévastateurs, et autres parasites et maladies... Il fut un temps où les investissements, les fêtes et les épousailles étaient programmés après les récoltes, l'extraction de l'huile, la vente d'une partie servant à payer les frais divers et l'emmagasinage du reste dans de grandes jarres ventrues et des majestueuses amphores, pour la consommation ou pour faire face à d'éventuelles dépenses impromptues. Les rameaux coupés nourrissaient le bétail, le bois et les pépins d'olives servaient à allumer les fours et faire chauffer les marmites, c'est dire que rien ne se perd dans l'olivier! Il n'est donc pas étonnant que connaissant ses innombrables vertus, mes aïeux lui vouaient une passion débordante, presque une vénération!
Je vous parle de l'olivier, pour d'une part attirer l'attention sur un secteur prometteur, à forte plus value, qu'il faudrait mieux valoriser en Tunisie par entre autres, un meilleur classement des millésimes et la création d'appellations contrôlées, et d'autre part pour évoquer une sublime parabole rapportée par Moncef Bouchrara dans l'un de ses écrits et que j'ai trouvée empreinte de sagesse et tellement lumineuse. C'est celle de l'homme d'un certain âge qui continue à planter des oliviers tout en sachant pertinemment qu'il ne vivra pas suffisamment longtemps pour les voir grandir, fleurir puis goûter à l'huile de leurs fruits et que seuls ses enfants et petits enfants en profiteront.
Cet homme pourrait être moi ou quelqu'un de ma génération croyant en la régénérescence des tissus sociaux et en les cycles de l'histoire...
J'effleure la soixantaine et connaissant l'espérance de vie, il me vient à l'esprit pour mon pays, un ensemble de souhaits irréalisables dont l'évocation ne saurait être exempte de regrets amers... Je mesure la lourdeur du fait que de mon vivant,
je ne verrai pas un État de droit où règne l'égalité de tous dans la stricte application de la loi, et la fin de la corruption, du népotisme et des privilèges honteux.
Je ne verrai pas une classe politique mûre, responsable et altruiste, plus préoccupée par l'intérêt et le bien être du citoyen qu'obnubilée par la conquête du pouvoir.
Je ne verrai pas les haines, les rancoeurs et la violence, laisser la place à la politesse, à la courtoisie et au respect des différences.
Je ne verrai pas la fin des incivilités dans les espaces publics et dans les villes, des trottoirs aux normes et libérés.
Je ne verrai pas partout, des espaces verts et des pistes cyclables, nos villes propres et des citoyens portant le respect du vivre ensemble et de l'environnement comme un sacrement.
Je ne verrai pas l'abandon des divertissements abrutissants pour de la pensée et un champ culturel plus foisonnant.
Je ne verrai pas nos hôpitaux publics, propres et prodiguant les soins nécessaires et de qualité pour tous.
Je ne verrai pas les écoles publiques bien équipées, performantes et ouvertes, rejouant leur rôle séculaire d'ascenseur social et dispensant des enseignements tournés vers l'avenir.
je ne verrai pas nos universités, ces phares de la recherche et ces hauts lieux de la quintessence du savoir, redevenir rayonnantes, guidant le plus grand nombre d'étudiants vers l'accomplissement de leurs rêves, les chemins de l'excellence et les issues créatrices.
Je ne verrai pas mon pays, devenir exportateur de technologies, doté d'une industrie solide, d'un secteur tertiaire développé et d'une agriculture florissante assurant l'autosuffisance alimentaire, etc.
Je peux continuer encore et encore cette anaphore.
Faut-il rester insensible, se montrer foncièrement égoïste, vivre sur ses acquis et conserver jalousement de maigres avantages de petit embourgeoisé, pour ne rien entreprendre dans le sens de la reconstruction et de l'édification d'un projet? Faut-il pour autant baisser les bras, pour rester nostalgique des années passées ou simplement maudire la malchance et la providence?
La mise au ban par ses voisins, du petit émirat gazier, ce sponsor officiel du printemps arabe qui s'est trouvé pointé du doigt comme un pestiféré pour avoir tenu un vilain rôle, a permis de l'aveu même des instigateurs, d'abréger un débat sémantique sur la signification des événements connus et de découvrir que cette image idyllique de révolutions et de printemps arabe n'était en réalité qu'un énorme canular et un macabre tour de passe-passe servant à renverser des régimes, certes pourris, pour redessiner le panorama de la région et créer de nouvelles alliances... En intégrant ces données, il en ressort qu'il est évident que les enjeux et convoitises sont de taille et que les obstacles sont si nombreux.
Le paysage politique est celui qu'on connait et qu'il faut avoir décidé d'être obstinément myope pour ne pas en discerner les contours. Il est marqué par un gouvernement en patchwork, lacunaire et composé plus de factotums que de compétences; un président de gouvernement jouant à l'équilibriste et cherchant, à travers des actions timorées sans vraiment rentrer dans le lard, de prétendue lutte contre la corruption, à accroitre son capital de confiance. Il se retrouve, tiraillé entre les diktats du fiston de son mentor, obsédé par son idée d'être le dauphin et perdu dans ses rêveries de pouvoir... Le parti du président, en plein schisme politique et composé de jeunes phacochères arrivistes, fraichement enrôlés et avides avec à côté, de vieilles figures sentant encore la naphtaline... Une opposition de gauche, immature, complexée, prisonnière de ses thèses archaïques, acculée dans ses contradictions et plus encline au verbiage séditieux qu'à la praxis ou l'expérience du pouvoir ... Sans oublier aussi, l'imposture du tenancier de l'officine islamiste, qui nous fait basculer de l'islam en colère au bannissement de l'islam politique et qui prêche, accoutrement et discours lisse à l'appui, pour un islam modéré et moderniste, joli oxymore! Piètre manoeuvre, que de se draper dans cette couverture pour nous berner et essayer désespérément de nous faire oublier que la caque sent toujours le hareng!
Au final, malgré une loi électorale taillée sur mesure pour les grandes formations et voulue pour écraser les petites listes citoyennes fortement souhaitées, et qu'on n'attend nullement un grand bouleversement ou un énorme saut qualitatif dans notre quotidien basique à l'issue de ce scrutin local, mais plutôt des conseils municipaux bridés et ankylosés, à l'image de l'assemblée actuelle du peuple; il faut sans candeur, poursuivre le rêve d'une vie simple et tranquille mais digne, saine et meilleure; il faut continuer sans relâche, à se battre, à combattre, à s'adresser à l'intelligence des gens, à dénoncer les dérives, à condamner, à proposer, à éveiller les esprits, à réveiller les consciences, à ancrer d'autres traditions; chacun dans son domaine, chacun fidèle au poste! Nul doute que ça finira tôt ou tard, par porter ses fruits, comme les oliviers plantés par notre bonhomme ...
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