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Pour combattre la barbarie du terrible conflit syrien, il faut scolariser les petits réfugiés

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LONDRES - En ce début d'année, nous constatons une montée effarante de la malnutrition, des maladies et du nombre de sans-abri en Syrie. Le nombre de réfugiés avoisine 12 millions.

L'impact à long terme de cette guerre civile, qui entrera bientôt dans sa sixième année, sur l'avenir des quelque 6 millions d'enfants déplacés est de plus en plus préoccupant.

Privés de leurs foyers, chassés de leurs communautés, la plupart se voient à présent refuser l'éducation dont ils ont besoin. Des petits garçons et des petites filles n'iront jamais en cours de toute leur scolarité.

On estime à plusieurs centaines de milliers le nombre d'enfants partis avec leurs familles faire le dangereux voyage vers l'Europe, mais les déplacés à l'intérieur du territoire syrien sont dix fois plus nombreux, soit quatre millions de petits garçons et de petites filles qui sont loin de leur foyer et de leur communauté. Deux autres millions vivent dans des tentes, des baraquements et des cabanes disséminés entre le Liban, la Turquie et la Jordanie.

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Un petit garçon kurde, âgé de cinq ans, pose dans un camp de migrants et de réfugiés près de Dunkerque, le 12 janvier 2016. (PHILIPPE HUGUEN/AFP/Getty Images)

Selon un rapport récent de l'UNICEF et de l'ONG Save the Children, de très nombreux enfants déplacés sont aujourd'hui obligés de travailler, notamment en Jordanie, où près de la moitié des enfants syriens sont dans ce cas. Ils sont souvent exposés à des activités illégales et travaillent dans des conditions effroyables.

Une association dénommée Girls Not Brides rapporte que le taux de mariage est en rapide augmentation chez les petites filles, tout comme le trafic d'enfants.

On sait bien que la meilleure manière de combattre l'exploitation des enfants est de rendre la scolarité obligatoire. Ne voyant aucune possibilité d'éducation pour leurs enfants, de nombreux parents perdent tout espoir de pourvoir à leurs besoins dans les pays voisins de la Syrie et pensent qu'ils n'ont pas d'autre option que de partir pour l'Europe afin de leur assurer un avenir.

Mais dans ce tableau chaotique, il y a tout de même quelques bonnes nouvelles. Grâce à une formidable initiative consistant à instaurer un système de double vacation dans ses établissements scolaires, le gouvernement libanais a permis à 200 000 enfants réfugiés de retourner en classe.

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Une petite Irakienne, issue de la minorité yazidie, porte du bois sur le mont Sinjar, dans le nord de l'Irak, en janvier 2015. (AP Photo/Seivan Selim, File)

Dans ce système, les petits Libanais suivent des cours en français et en anglais le matin. L'après-midi et en début de soirée, ces mêmes classes sont ouvertes aux enfants réfugiés, dont l'enseignement se fait souvent en arabe.

Le système de double vacation repose en outre sur les écoles existantes, ce qui évite les énormes surcoûts liés à la construction d'établissements supplémentaires. Le Liban prévoit de porter à plus de 1 200 le nombre d'écoles publiques ouvertes aux enfants réfugiés, en plus de 259 établissements qui mettront en place la double vacation pour environ 450 € par élève seulement.

Le succès de cette expérience libanaise va permettre d'offrir une scolarité à un million de petits réfugiés au Liban, en Turquie et en Jordanie au cours de l'année 2016. Tandis que le Liban se propose de quasiment doubler le nombre d'élèves pris en charge, la Turquie prévoit de faire passer le nombre de places d'un peu plus de 200 000 à presque 400 000 cette année. En Jordanie, où plus de 120 000 réfugiés sont déjà scolarisés, l'objectif est d'en accueillir 90 000 de plus.

Grâce aux dons de l'Union européenne et aux contributions des secteurs public et privé dans la région, un tiers des presque 700 millions d'euros nécessaires ont déjà été réunis pour financer cette initiative.

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Ousama, dix ans, fait paître des moutons dans une ferme près de la ville syrienne de Douma. (ABD DOUMANY/AFP/Getty Images)

Quand la conférence pour la Syrie se déroulera début février, à Londres, sous l'égide de la Norvège, du Royaume-Uni, de l'Allemagne et du Koweït, son défi sera de solliciter les donateurs du monde entier pour lever les 500 millions d'euros restants.

L'initiative pour les réfugiés syriens est essentielle pour résoudre le problème de l'éducation dans les situations de crise. En septembre dernier, les gouvernements du monde entier se sont engagés à assurer l'accès à l'école primaire et secondaire à tous les enfants d'ici à 2030. Mais, cette semaine encore, l'UNICEF rapportait qu'un quart des 24 millions d'enfants non scolarisés vivent dans des zones de conflit. Pour assurer l'accès de tous les petits garçons et petites filles à l'école primaire et secondaire, nous devrons donc combler le manque de moyens de l'éducation en situation de crise. Or, la part qui lui est aujourd'hui consacrée ne représente qu'une fraction du budget des aides humanitaires: le minimum vital - nourriture, abris et santé - est prioritaire.

Il est donc logique de créer de nouvelles opportunités de financement pour les aides humanitaires d'urgence consacrées à l'éducation. C'est pourquoi nous aurons besoin d'une nouvelle avancée décisive lors du Sommet humanitaire mondial qui se tiendra en mai à Istanbul, afin d'assurer l'éducation des enfants en situation de crise.

Peut-être verrons-nous alors un signe d'espoir dans cette tragédie et ce chaos.

Ce blog, publié à l'origine sur le Huffington Post américain, a été traduit par Guillemette Allard-Bares pour Fast for Word.


LIRE AUSSI: Réfugiés syriens au Maroc: L'exil pour survivre (REPORTAGE)



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