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Entre ma mère et mon diplôme, je choisis ma mère

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Il y a 60 ans, des Algériens à la fleur de l'âge abandonnaient les bancs des lycées, les campus et prenaient les chemins du maquis et de la guérilla urbaine.

Il y a 60 ans, l'UGEMA décrétait la grève générale des étudiants/lycéens et déclenchait le "Novembre étudiant". À l'épreuve de la scolarité, ils étaient talentueux, mais ils savaient que leur statut de futurs diplômés était une espérance vaine dans l'Algérie coloniale à collèges.

Entre une hypothétique/incertaine promotion sociale et une émancipation nationale, ils ont choisi la deuxième option. À l'image de Abderrahmane Taleb,de Zoulikha Bekkadour, Amara Rachid, ils ont choisi le combat libérateur.

De la santé aux transmissions en passant par l'encadrement de la Révolution, les "étudiants soldats" ont servi dans tous les registres.

Parce que la France coloniale était convaincue que les "maquisards étudiants" constituaient un "plus" et un sacré "plus" au crédit de la "rébellion", elle a mobilisé son armée d'action psychologique et décrété le complot de la "bleuite". On en connaît les dommages !

L'indépendance acquise dans le sang, la logique aurait voulu que les "maquisards étudiants" prennent une place privilégiée dans le processus de construction de l'Algerie nouvelle. Les vainqueurs de la crise de l'été 1962 ne l'entendaient pas de cette oreille. On connaît la suite : exit forcé pour l'élite. Au débit de l'Algerie nouvelle.

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Congrès d'Ennahdha: L'heure de vérité éthique?

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Le congrès d'Ennahdha se tient ce week-end et on dit qu'il sera celui de l'aggiornamento. Or, il ne le sera que si de vraies décisions y sont prises, sur des questions sensibles constituant le coeur de cible du projet politique et idéologique du parti.

Une réelle rénovation du parti est d'autant plus nécessaire qu'on ne peut se passer de lui au gouvernement de Tunisie; sa présence y est non seulement fatale, mais utile.

Parmi les questions sur lesquelles les congressistes doivent se pencher le plus sérieusement, j'ai dénombré un certain nombre faisant encore figure d'interdits et ayant le mérite de mettre à bas le masque qu'affectionnent nos religieux voulant jouer aux démocrates. Alors, c'est le moment de vérité pour faire montre d'éthique en politique!

Oser traiter des sujets interpellant l'inconscient populaire

Ce sont des sujets relevant de ce dont on ne veut pas parler, les considérant tabous en prétextant un mythique conservatisme de la société, alors que cela ne traduit que le conservatisme de certaines élites, religieuses comme profanes d'ailleurs, et qui leur permet de garder en l'état une législation scélérate.

En effet, datant de la colonisation et de la dictature, de tels sujets sont à la base de lois dont la seule utilité est de contrôler la société et brimer sa jeunesse avide de libertés et de droits pourtant constitutionnellement garantis.

Pour cela, on prétend que ces textes juridiques injustes et illégitimes, désormais nuls de nullité absolue et ne devant plus être appliquées par les juges, seraient moraux, imposés par la religion.

Or, il a été démontré que l'islam correctement interprété est bien innocent de pareilles turpitudes qui le transforment en religion obscurantiste, alors qu'il a été et doit rester une foi avant-gardiste en matière de libertés du fidèle, surtout dans le cadre de sa vie privée.

Parmi ces droits inaliénables que l'islam consacre figure le droit à une libre vie sexuelle, quel que soit le partenaire, les rapports entre mêmes sexes n'ayant jamais été prohibés ni par le Coran ni par la Sunna authentique.

Au vrai, ils l'ont été par une doctrine entichée de tradition judéo-chrétienne, ce qu'on appelle Israilyet. Ainsi, la loi qui les fonde, l'article 230 du Code pénal, est un héritage de la pastorale chrétienne datant de la colonisation française.

Pareillement, l'égalité successorale est une option de l'islam qui a élevé le statut de la femme dans le cadre d'une dynamique devant finir par la parfaite égalité entre les sexes.

Par ailleurs, le commerce et la consommation d'alcool n'ont jamais été interdits, le commerce étant une activité libre et encouragée en islam et la consommation d'alcool n'est pas illicite, seule l'ivresse l'étant, surtout pour faire la prière.

Enfin, le jeûne n'a jamais été érigé en une obligation absolue, notre religion tolérante et respectueuse de la liberté de croyance dans le cadre d'un rapport direct entre Dieu et sa créature sans aucun intermédiaire, reconnaissant nombre de possibilités licites pour ne pas jeûner à qui ne le souhaite pas moyennant compensations prévues et précises.

Pourtant, des textes illégitimes et illégaux continuent à empêcher les Tunisiens de vivre librement leur foi en n'étant pas obligés d'affecter de jeûner en public ou de consommer s'ils le souhaitent l'alcool en plein ramadan.

De quel droit interdit-on ce que Dieu a permis en suivant un effort de jurisconsultes qui n'est plus valide? Applique-t-on le Coran ou plutôt l'œuvre jurisprudentielle, comme les juifs orthodoxes le font de l'effort de leurs rabbins? Est-ce encore l'islam authentique?

Oser une action politique éthique fondée sur le vrai islam

Voilà donc quelques cas concrets sur lesquels le parti Ennahdha, s'il souhaite vraiment devenir une Démocratie islamique et s'il puise dans l'islam et non dans la tradition judéo-chrétienne, doit se déterminer au plus vite et trancher durant son actuel dixième congrès en cette fin du joli mois de mai.

Qu'il soit vraiment celui d'une nouvelle naissance à un islam patriotique et national tunisien, ouvert à l'altérité, humaniste et tolérant! Ce qu'est l'islam populaire en Tunisie. Qu'il soit authentiquement islamique, renouant avec l'islam des origines et engageant la Tunisie sur le chemin d'une politique enfin éthique et sereine, respectueuse de toutes et de tous!

À cet effet, je rappelle à l'attention des congressistes que s'ils font aujourd'hui l'objet d'attentions de la part de leurs ennemis d'hier, j'ai été parmi les rares à saluer leur accession au pouvoir en 2011 y trouvant une chance pour la Tunisie et son intérêt bien compris.

Contrairement à ceux qui exagèrent en s'empressant sans réalisations concrètes à les couvrir d'éloges après les avoir voués aux gémonies, je n'ai critiqué le parti que lorsqu'il a fait montre de sa mauvaise foi, refusant de prendre la moindre initiative dans le bons sens.

Celui-ci est bien évident; c'est celui du vivre-ensemble paisible entre idéologies et obédiences en ce pays dont le peuple est foncièrement pluriel dans son envie de vivre sa vie avec cet hédonisme que son histoire a toujours attesté.

Témoin en sont mes nombreuses lettres adressées à cheikh Ghannouchi et que je me permets de rappeler ci-après avec la date de publication pour démontrer l'objectivité de mon attitude à l'égard des islamistes que je critique sévèrement aujourd'hui parce que leur inaction coupable l'impose.

Mais cela reste toujours une critique se voulant constructive, jamais hypocrite, ma façon d'être juste de voie et de voix, cette justesse si difficile en ce temps de confusion des valeurs et qui est une justesse tout autant qu'une justice dans la tenue de la parole de vérité.

Je me limite dans mon rappel ici aux missives libellées directement au nom du cheikh, sans référence aux nombreux billets à l'adresse d'Ennahdha ou de ses militants tout en n'étant pas moins sincères dans le conseil.

Pourvu donc que cela serve à quelque chose dans l'intérêt bien compris de notre patrie qui a bien besoin de tous ses enfants sincères! Or, ils se recrutent heureusement de tous bords, faut-il qu'ils osent se monter et tenir la parole de vérité!

Si je le fais, c'est à l'intention de ceux qui sont honnêtes au sein du parti, ayant enfin le sursaut de conscience pour oser dire stop à la basse politique politicienne qui viole leur foi, la morale et le droit, les faisant relever d'une pratique antique de la politique où on est réduit non plus à jouer vainement au lion et au renard, mais juste au chat se prenant pour un lion.

Or, en notre époque qui est l'âge des foules, le peuple est au fait de tout, et il est le seul vrai souverain; c'est la puissance sociétale que nous vérifions chez nous. Aussi, nos élites, si elles ne sont pas éthiques, s'adonnant à ce qui est désormais une poléthique, n'illustrent que ce qui a été déjà vilipendé par le Mutanabbi maghrébin :


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Florilège de lettres à Monsieur Rached Ghannouchi

Afin d'aider les congressistes à réussir leur mue enfin éthique, voici un florilège de mes lettres adressées à leur chef depuis 2012.

C'est une énième invitation à une pratique morale de la politique au nom de nos valeurs supposées communes, plus que jamais d'actualité, et que je veille scrupuleusement à honorer en ce moment crucial de l'histoire de notre patrie.

En effet, tout y est possible, le meilleur comme le pire; que les justes d'Ennahdha fassent donc que ce soit le meilleur. Je serais là pour le y aider pour le salut de la patrie afin que la Tunisie soit au plus vite l'exception qu'elle est déjà en puissance.




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19 mai 1956: les étudiants rejoignaient en masse les djebels

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La grève générale du 19 mai 1956, déclenchée à l'initiative de la section d'Alger de l'Union Générale des Etudiants Musulmans Algériens (UGEMA), a été une preuve, s'il en fallait encore une, de l'engagement massif des étudiants Algériens pour la cause nationale indépendantiste.

Bien qu'il ait existé des réticents parmi eux, il n'en reste pas moins que beaucoup d'entre eux ont rejoint le Front de Libération Nationale (FLN) et son bras armé, l'Armée de Libération Nationale (ALN).

D'ailleurs, la lutte des étudiants, depuis la création du mouvement nationaliste en 1926, s'inscrivait en parfaite symbiose avec les revendications du mouvement national. En effet, dans les années 1920 et 1930, les étudiants Algériens avaient créé respectivement l'Association des Etudiants Musulmans d'Afrique du Nord (AEMAN) et l'Association des Etudiants Musulmans nord-africains (AEMNA).


Toutefois, l'existence de plusieurs partis a fait que chaque parti nationaliste avait ses militants et sympathisants parmi les étudiants. D'où l'existence de plusieurs associations estudiantines.

Cependant, le combat politique ne pouvant conduire le peuple algérien à son émancipation, les militants nationalistes avaient opté, deux ans plus tôt, pour la lutte armée. Et dans ce contexte, toutes les organisations algériennes ont été invitées à rejoindre le Front de libération. Sous la houlette d'Abane Ramdane, tous les partis algériens, ayant existé avant 1954, ont accepté de rejoindre individuellement le FLN et l'ALN.

Tout compte fait, les dirigeants du Font avaient indubitablement besoin des étudiants pour participer à l'organisation et à l'encadrement de la lutte. C'est dans ces conditions qu'a eu lieu, le 8 juillet 1955, le congrès constitutif de l'UGEMA en vue d'unifier les syndicats estudiantins. D'ailleurs, la présidence est revenue à Ahmed Taleb El Ibrahimi, de l'association des Ulémas. Ainsi, tout en gardant un lien étroit avec le FLN, l'UGEMA a mené un combat sans discontinu, aux cotés des syndicats internationaux, pour que le peuple algérien recouvre son indépendance.

Itinéraire des étudiants et de leur syndicat pendant la guerre

Dix mois après la création de l'UGEMA, les dirigeants ont invité leurs camarades, inscrits à l'université d'Alger et ailleurs, à boycotter les cours et les examens. Ainsi, les universitaires algériens, mais aussi les lycéens, rejoignaient sans réticence les maquis pour lutter contre le joug colonial, imposé injustement au peuple algérien.

D'emblée, l'appel du 19 mai a souligné qu'"avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres !". A quoi serviraient-ils, a-t-on argué, ces diplômes qu'on continue à nous offrir pendant que notre peuple lutte héroïquement. En outre, l'appel a suggéré la voie à suivre en notant à juste titre : "Nous observons, tous, la grève immédiate des cours et des examens et pour une durée illimitée. Il faut déserter les bancs de l'université pour le maquis."

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Par ailleurs, une semaine plus tard, le comité directeur de l'UGEMA, dont le siège se trouvait à Paris, a exhorté, à son tour, les étudiants algériens en France, au Maroc et en Tunisie à adhérer au mouvement lancé par la section d'Alger. Au même moment, les étudiants, établis en Algérie, ont pris le chemin du maquis. Pour ces derniers, le rôle qui leur a été assigné était celui de renforcer l'organisme politique, le FLN.

Cet apport a été, bien entendu, bien accueilli par les dirigeants du FLN. En revanche, la puissance coloniale qui tablait sur la compréhension des universitaires algériens en vue d'une éventuelle coopération a été vite déçue. C'était en effet un pari insensé dans la mesure où les étudiants étaient pour la plupart acquis, depuis au moins les événements de mai 1945, au combat nationaliste.

Bien que la scolarisation, dans les années de colonisation, ait été réservée à certaines familles préconisant l'assimilation, il en reste pas moins que leur progéniture avait une conscience nationaliste précoce. D'ailleurs, plusieurs étudiants et lycéens avaient quitté, suite aux événements de Sétif et de Guelma, les bancs de l'école pour militer au sein du principal parti nationaliste le Parti du Peuple Algérien (PPA) et ensuite le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD).

Ainsi, anticolonialiste, l'étudiant se trouvait du coup comme un poisson dans l'eau aux cotés des maquisards de l'ALN. Et l'organisation à laquelle elle appartenait, l'UGEMA en l'occurrence, s'est assigné quelques objectifs dont :

  • La proclamation de l'indépendance du peuple algérien ;

  • La libération de tous les patriotes emprisonnés ;

  • Des négociations avec le Front de Libération Nationale.


Toutefois, l'engagement de l'UGEMA a été aperçu positivement par les congressistes de la Soummam, le 20 août 1956. En effet, dans le texte soummamien, le rôle des universitaires a été mis en exergue et souligné en notant que "Le FLN devra assigner aux étudiants et étudiantes, d'une manière rationnelle, des taches précises dans les domaines où ils peuvent rendre le mieux service : politique, administratif, culturel, économique, etc". Et en signe de reconnaissance, l'étudiant Brahim Chargui a été nommé à la direction de la Zone Autonome d'Alger (ZAA), créée à l'issu du congrès.

Cependant, bien que la mission ait été périlleuse, les étudiants en France ont été chargés d'expliquer au milieu ouvrier, désorienté par le Mouvement National Algérien (MNA), mouvement concurrent créé par Messali Hadj, que le FLN se battait pour la libération nationale sans qu'il y ait la moindre compromission avec la France. Sur le sol hexagonal, le président de l'UGEMA a rejoint la direction de la fédération de France.

Cependant, sur le plan international, l'UGEMA devait mener le combat sur trois fronts : l'anticolonialisme, l'indépendance et l'action. Pour ce faire, l'UGEMA a défini sa politique en clarifiant sa politique : "Notre but était clair : informer, expliquer la tragique réalité algérienne, démystifier le monde étudiant qui distingue mal la France culturelle de la France colonialiste, gagner les sympathies à notre juste cause, obtenir l'engagement concret de la communauté étudiante mondiale dans la lutte que nous menons".

Cet engagement a été chèrement payé. Du côté colonial, les étudiants subissaient, durant toute la période de la guerre, les arrestations, les procès voire les liquidations physiques. Mais grâce à la mobilisation, ces abus ont été sus par la communauté internationale du fait de la campagne menée par l'UGEMA auprès de l'Union Internationale des Etudiants (UIE).

Du côté algérien, l'intoxication des maquis par les services psychologiques ont semé le doute chez certains maquisards. Le capitaine Paul Alain Léger et le colonel Godard ont inventé l'infiltration et la manipulation dans le but de déstabiliser l'ALN. Cette tactique, qui a déclenché la terrible vague de "bleuite", a causé la disparition d'un nombre considérable des étudiants.

Pour conclure, on peut dire que les étudiants algériens ont été à la hauteur des attentes placées en eux. Bien qu'ils aient rompu la grève, pour la rentrée 1957-1958, les étudiants ont poursuivi leur combat de mobilisation de l'opinion internationale. Toutefois, l'indépendance apparaissant inéluctable, les responsables du FLN ont envoyé nombre d'entre eux vers des facultés européennes et maghrébines pour former les cadres susceptibles d'assumer des responsabilités dans l'Algérie indépendante.

D'ailleurs, dans son message au IV congrès de l'UGEMA, Ferhat Abbas, président du GPRA, a admis ceci : "En six ans, la Révolution algérienne a formé parmi vous plus de techniciens que le régime colonial n'en a formé en 130 ans d'occupation". En somme, lors des négociations franco-algériennes, plusieurs militants de l'UGEMA ont représenté le peuple algérien lors des pourparlers ayant abouti le 18 mars 1962 au cessez-le-feu.

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Femme de Souamâa entre hier et aujourd'hui

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A première vue, pour le visiteur de passage à Souamâa, à plus forte raison encore, s'il est étranger au pays et à la culture autochtone, il est frappé par l'omniprésence de la femme dans l'espace public. On est loin de la représentation paradoxale de la femme dans la société kabyle ! Sa présence dans tous les secteurs d'activité est saisissante: de la femme au foyer qui va chercher son enfant à l'école, à l'institutrice, l'étudiante ou l'agent administrative, la couturière ou le médecin, jeunes et vielles, elles sont en activité permanente, chacune dans son domaine...

Les choses n'ont pas été toujours ainsi. Il a fallu du temps et des sacrifices et, surtout, de la volonté pour faire évoluer les mentalités, briser tous les tabous pour avancer.

La femme de Souamâa, comme toutes les femmes kabyles a connu beaucoup de difficultés liées à la condition sociale ou au statut juridique ou traditions. "Éternelle sacrifiée, la femme dès sa naissance est accueillie sans joie. Quand les filles se succèdent (...) cette naissance devient une malédiction. Jusqu'à son mariage, c'est une bombe à retardement qui met en danger l'honneur patriarcal. Elle sera donc recluse et vivra une vie secrète dans le monde souterrain des femmes. On n'entend pas la voix des femmes. C'est à peine un murmure. Le plus souvent orageux. Car ce silence engendre le don de la parole".


Cet extrait de Kateb Yacine, résume parfaitement la situation de la femme dans le village de Souama et, surement, la condition est la même dans tous les villages de l'Algérie profonde. Autrefois, les parents refusaient à leurs filles de se déplacer dans les villes avoisinantes pour l'apprentissage, elles se contentaient des premiers niveaux d'instruction primaire puis collège, puisque ces institutions scolaires sont dans le village. Ces dernières sont les plus chanceuses, d'autres parents sont contre le principe de scolarisation de leurs filles.

Même chose pour l'héritage. La femme cédait sa part à ses frères; un gendre ne peut bénéficier des biens de la famille; c'était un principe fondamental imposé par la tradition. Dans son foyer conjugal, la femme n'avait qu'à vivre sous la volonté de son époux, son père ou ses frères, jusqu'à la fin de ses jours; elle n'avait aucun mot à dire. On ne demande pas son avis même pour le choix de son futur époux.

Aujourd'hui, les choses ont changé. La Souamaienne a gagné du terrain en matière d'existence sociale et, ce, après plusieurs sacrifices. Elle a désormais son mot à dire dans la plus part des décisions concernant son foyer, sa vie et ses choix. Si l'enseignement est généralisé, le niveau de l'instruction est différent d'une femme à une autre; elles ont accès à toutes les fonctions, jadis réservées exclusivement aux hommes: à l'extérieur comme à l'intérieur du village, elles sont institutrices, fonctionnaire dans l'administration de l'Etat, elles sont ingénieurs, journalistes, médecins... etc.

Aucun domaine ou fonction sociale ne leur est interdit. Elles s'impliquent même dans l'action associative et politique. Cette évolution des mœurs est due en partie à l'association du village Issegh qui a contribué énormément à l'émancipation de la femme dans la région. Des cours de soutien sont donnés aux femmes analphabètes, et ce depuis le début des années 90. Des classes dans l'ancien collège (Alma) sont aménagées pour les formations dans de différents métiers (couture, broderie, coiffure, cuisine, et même informatique ces dernières années).

Aujourd'hui, à Souamâa, presque dans chaque foyer, on trouve une femme travailleuse. Même l'ancienne génération qui n'a pas pu profiter des avantages de la formation ou de l'instruction, elles ont trouvé des emplois de femmes de ménage soit dans les écoles, mairie, ou poste ou à la polyclinique ou cuisinière à la cantine scolaire du village.

A Souamâa, modernité et tradition sont mêlées. Cette même femme instruite ne dédaigne pas les travaux agraires; elle peut élever du bétail ou faire la cueillette des olives, il y'en a même celles, salariées à plein temps, qui choisissent cette période dévolue à cette activité pour avoir leurs vacances annuelles. D'autres viennent de l'étranger pour la même occasion. Il est hors de question d'abandonner son champs d'oliviers ! Cette même femme que tu croises en jean ou en jupe le matin pour aller dans son bureau, tu la croiseras, le soir avec sa robe kabyle entrain de faire les courses, ou chercher de l'eau à la fontaine du village.


A Souamâa, comme partout en Kabylie, la femme est avant tout la gardienne de la tradition, sa première mission est culturelle : garder l'âme kabyle par un ensemble de coutumes et traditions qui sont transmises de mère en fille, tel que le métier de Lqivla (sage femme) dont le nom de certaines qui l'ont exercé est passé à la postérité. Ou la préservation de contes ou de chants rituels entonnés, à diverses occasions heureuses, (asvoughar) invoqués à l'occasion des fêtes de mariage, circoncision ou rites de passage ou lors des cérémonie funèbres (adekkar).

Véritables gardiennes de la mémoire, ces femmes sont un symbole et une source inépuisable de valeurs morales qu'elles transmettent aux futures générations.

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Quand Mokded Mejri assassine le jeune Yassine une deuxième fois

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Le présentateur de la chaine Zitouna TV - chaine généraliste privée - a profité de l'horrible crime perpétré contre un enfant de 4 ans à Hay Helal pour régler ses comptes avec ceux qui ne pensent pas comme lui (à partir de 12:09 dans la vidéo ci-dessus)

Mokded Mejri s'en prend à tout le monde: Les homosexuels, les femmes, les journalistes, les universitaires, les politiciens, les publicitaires, les chanteurs et le modèle social en Tunisie.

Les journalistes et les politiciens

Parlant de l'assassin qui a perpétré le crime de Hay Helal, le présentateur affirme qu' "Il s'agit d'un Tunisien faisant partie de la société tunisienne, dans laquelle se trouve beaucoup de politiciens hypocrites mais aussi des journalistes qui apparaissent à la télévision. Dans ce cas, il est tout à fait normal qu'un tel crime se produise".

Pour Mokded Mejri, violer et égorger un enfant est donc du aux politiciens excepté ceux qu'il soutient, et aux journalistes qui apparaissent à la télévision. Drôle de raccourci.

Les publicitaires

Mokded Mejri se prend même de sympathie pour "le diable" vis à vis des hommes et des femmes composant la société tunisienne affirmant que "C'est normal que meure Yassine, quand le diable travaille 11 mois en Tunisie et prend un congé pendant le ramadan, alors que les diables de l'humanité continuent de travailler même durant ramadan, et ils nous passent -seulement pendant ramadan- de l'alcool en publicité au moment de l'Iftar."

Entre le mensonge (aucune publicité pour un produit alcoolisé n'est passée à la télévision tunisienne, la loi régissant la publicité ne le permettant pas) et l'hostilité déclarée à ceux qu'il qualifie de "diable de l'humanité", soit une bonne partie de la société tunisienne, Mokded Mejri use et abuse de la dialectique de la division, et oublie un tant soit peu ses propos sur le présumé assassin de Chokri Belaïd.

Et quand bien même ses propos concerneraient quelques scènes de séries télévisées, rien n'empêche M. Mejri de "zapper" comme il le dit si bien.

Les universitaires et les femmes

Le présentateur de la chaine, n'hésite pas à imputer la responsabilité de ce crime aux enseignants universitaires et aux femmes qui portent des "bretelles":

"C'est normal que meure Yassine puisque le diable (...) considère nos enfants comme musulmans alors les personnes qui enseignent à l'université, ces doctorants(...) en bretelles, ne considèrent pas que nos enfants soient obligatoirement musulmans" a t-il affirmé.


Entre les universitaires qui enseignent les sciences d'une façon objective et les femmes qui portent des "bretelles" et Mokded Mejri, cela n'a jamais été l'amour fou.

L'on se rappelle la diatribe de l'animateur à l'encontre de l'universitaire, Amel Grami, qu'il accuse d'avoir offensé le prophète parce qu'elle a relaté un fait historique dans le cadre de ses études scientifiques et académiques.

Les homosexuels

Après, les politiciens, les journalistes, les femmes, les universitaires et les publicitaires, Mokded Mejri se tourne vers les homosexuels qui selon lui sont aussi la cause de la mort de l'enfant de 4 ans.

"C'est normal que meure Yassine puisque (...) en Tunisie(...) de la mosquée El Zitouna et de Kairouan, abrite une association d'homosexuels" a t-il affirmé avant d'ajouter: "C'est normal que meure Yassine, quand le ministre des Affaires Religieuses demande des cours de mémorisation pour 100.000 jeunes et que des manifestations, des protestations des médias, alors qu'ils ne protestent pas contre ce viol ou contre les personnes qui vénèrent Satan en Tunisie, ou quand ils voient qu'il y a une association d'homosexuels, là ils ne font rien".

Le raccourci est encore tout fait pour Mokded Mejri: L'homosexualité conduit au meurtre.

Les chanteurs

Pour le présentateur de la chaine Zitouna TV, le fait de parler de drogues, principalement dans les chansons serait ce qui a conduit l'assassin du jeune enfant à passer à l'acte: "C'est normal que meure Yassine, puisque les stupéfiants deviennent des chansons en Tunisie et que le mot 'zatla' dont on avait honte devienne une locution utilisée et répétée à la télévision".

Dans la logique de M. Mejri, les chansons parlant de "drogue" et l'usage répété du mot "Zatla" à la télévision, voire même l'usage de ces substances conduiraient au meurtre. Digne des "fatwas" les plus loufoques.

Conclusion:

Les raccourcis de M. Mejri sont édifiants: le petit enfant ne serait pas mort s'il n'y avait pas eu de femmes, d'homosexuels, d'universitaires, de médias, de publicitaires, de chanteurs et de politiciens dans notre société.

Or, je souhaiterai rappeler à M. Mejri que jusqu'à preuve du contraire, l'assassin présumé n'est ni une femme, ni un homosexuel, ni un universitaire, ni un journaliste, ni un publicitaire, ni un chanteur et ni un politicien.

Mokded Mejri ou la défense d'un modèle de société intolérant et ethnocentré

Par ailleurs et indépendamment de la récupération de l'affaire, oeuvre du présentateur, quelle société ce monsieur veut-il offrir à la Tunisie?

Récapitulons: Une société sans politiciens, une société sans publicitaires, une société sans chanteurs, une société sans homosexuels, une société sans universitaires, une société sans médias, une société sans journalistes, et enfin une société sans femmes.

Que restera t-il donc selon Mokded Mejri? La chaine Zitouna TV, sa propre personne et leurs avatars probablement.

"Si l'assassin avait à un moment ou à un autre zappé et s'était retrouvé devant une chaine de télévision avec un présentateur respectable expliquant un verset ou qui redresse (les torts d') un humain, lui donne des conseils ou lui raconte une belle histoire, peut-être que ce moment-là aurait changé la destinée de ce criminel (...) Paix à ton âme Tunisie" a t-il affirmé.

A un jeune enfant qui n'a rien demandé, à un jeune enfant qui ne souhaitait que vivre, à un jeune enfant dont la vie n'était qu'innocence, Mokded Mejri répond par la haine: la haine de la différence, la haine des autres, la haine de la Tunisie, assassinant une deuxième fois ce jeune enfant qui n'avait rien demandé.

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Crash d'EgyptAir MS804, le malaise terroriste

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L'Égypte, objet d'incidents aériens

Le crash soudain de l'avion EgyptAir, MS804, soulève la question relative au pourquoi un pays devient, en six mois, la cible ou l'objet d'une série d'incidents aériens. Lorsqu'un avion disparaît, surgissent les deux hypothèses inévitables : accident technique ou attentat terroriste ? Seules les données de l'enquête et l'écoute de la boite noire, sont les éléments qui permettent de tirer une conclusion définitive. Mais avec la disparition du vol EgyptAir, Paris-Le Caire, le constat montre que les incidents aériens se multiplient en Égypte. De son côté, la compagnie EgyptAir est mise en cause pour la deuxième fois en moins de deux mois. De ce point de vue, c'est le troisième incident aérien en moins de six mois dans le pays des Pharaons. La disparition de l'Airbus A320-200, parti de l'aéroport Roissy CDG vers Le Caire, soulève des craintes, malgré la fiabilité, reconnue par les spécialistes aéronautiques à la compagnie EgyptAir.

Il y a six mois, le 31 octobre 2015, un avion russe avait explosé dans le Sinaï, tuant ses 224 occupants. Les autorités égyptiennes ont longuement trainé des pieds avant de reconnaître la piste terroriste. Durant des mois, l'Egypte affirmait ne pas avoir les preuves d'un possible attentat terroriste en soutenant des causes techniques. Mais les autorités égyptiennes finissent par reconnaître l'origine terroriste, qui avait provoqué l'explosion de l'avion Airbus A321. Le groupe terroriste de l'Etat islamique (Daesh), avait revendiqué l'attentat et affirme, le 18 novembre 2015, avoir réussi à introduire une bombe à bord de l'avion, avant son départ de Charm El-Cheikh. Il s'agissait d'une canette de boisson gazeuse. C'est seulement le 24 février 2016, que le président égyptien Abdel Fattah El-Sissi reconnaît, pour la première fois, que la cause de l'explosion de l'avion de touristes russes était bien le fait d'un attentat. Lorsqu'il y a deux mois, le 29 mars 2016, le vol EgyptAir MS181, avait été détourné, les craintes terroristes ont spontanément surgi. Mais l'Airbus A 320, parti d'Alexandrie vers Le Caire, a été détourné vers Chypre par un égyptien, pour des raisons personnelles, et connaît un happy end. En effet, le dénouement avait été heureux puisque tous les occupants avaient été libérés et le pirate de l'air avait été arrêté.

Les raisons d'un show terroriste

Le phénomène de la terreur prend de plus en plus l'aspect d'une course et d'une mise en scène macabre, afin de provoquer l'effet de choc. L'avion constitue alors l'un des objets recherchés pour provoquer cet état de choc, depuis les attentats du World Trade Center à New York en 2001. Pourquoi l'Égypte est-elle alors devenue la cible ? Parmi les multiples facteurs qui résident derrières les actions contre l'Égypte, deux hypothèses se dégagent et peuvent être avancées. La première est d'ordre politique alors que la deuxième hypothèse est d'ordre économique et historique. Politiquement, la situation est chargée de tension autour de la légitimité du président El-Sissi, depuis son élection en 2014. Les Frères musulmans mènent une opposition farouche depuis la destitution, par l'armée, du président islamiste Mohamed Morsi, en juillet 2013. Depuis cette date, l'Égypte est en proie aux violences des groupes djihadistes, notamment dans le Sinaï. Les Autorités ont souvent recours aux solutions sécuritaires, impliquant une répression forte envers les sympathisants de Morsi, issu de la confrérie islamiste des Frères musulmans. Sur le plan économique, les groupes armés, qui basent leurs lutte sur des conceptions djihadistes, soutiennent les actions d'attentats, contre les forces de police et de l'armée, afin d'affaiblir le secteur de tourisme, source de devises étrangères pour le pays. S'attaquer aux avions, comme moyen de transport de touristes, vise à frapper de plein fouet le secteur de tourisme par ces actions.

Symbolique d'un Airbus

Le président François Hollande, déclare qu' "aucune hypothèse n'est écartée" ni "privilégiée", évoquant autant la piste d'un "accident" que d'un acte terroriste. Le Premier ministre Manuel Valls parle de victimes. Si la cause de la disparition est liée à l'hypothèse d'un attentat, cela signifie que les auteurs ont visé la France suite à la vente des avions de chasse Rafal et les navires Mistral, et l'avionneur européen Airbus. Lorsque le groupe Daesh a visé un avion russe, son message a été clair envers Moscou, qui soutient le président syrien Bashar El-Assad. Après les explosions, le 22 mars dans l'aéroport de Bruxelles-Zaventem, l'avion EgyptAir, qui a quitté l'aéroport de Roissy CDG, porte en lui plusieurs symboles. Premièrement l'avion a quitté l'un des aéroports le plus sécurisés en France, dans une situation d'état d'urgence. Deuxièmement, l'avion est fabriqué par l'avionneur européen Airbus. Sur le plan politique, en février 2015, la France a vendu 25 avions de combat Rafale, utilisés par l'armée égyptienne contre les positions des groupes terroristes dans le Sinai. A ce contrat de 5 milliards d'euros, s'ajoute la vente de deux navires Mistral, initialement construits pour la Russie, qui ont été livrés à l'Egypte début mars 2016. Le président François Hollande a été l'invité d'honneur, en aout 2015, de l'inauguration de la seconde voie du canal de Suez. Ce projet gigantesque bouclé en un an a symbolisé le renouveau économique et diplomatique entre l'Egypte et la France. Depuis, la coopération entre le Caire et Paris s'est accrue. Les groupes terroristes souhaitent frapper toute forme de coopération entre la France et l'Égypte.

Entre deux hypothèses

Flightradar classe l'A320 comme l'un des avions les plus vendus au monde. Il est considéré comme l'un des plus fiables. Selon Airbus, l'avion d'EgyptAir, comptait 48000 heures de vol et a été mis en service en 2003. L'avion d'EgyptAir n'est donc pas en bout de course. Quant au pilote de l'équipage, il est expérimenté et EgyptAir explique qu'il cumulait plus de 6000 heures de vol, dont 2000 heures sur cet appareil. L'avion s'est écrasé auprès de l'île grecque de Karpathos. Il se trouvait dans l'espace aérien égyptien lorsqu'il a effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en chutant de 37000 à 15000 pieds. Son image a été perdue à 10000 pieds d'altitude", a expliqué le ministre grec de la Défense Panos Kammenos. L'hypothèse d'une attaque terroriste est plus probable que celle d'une cause technique, a déclaré le ministre de l'Aviation égyptien. C'était son 5e trajet de la journée. Plusieurs témoins grecs ont dit avoir vu une "boule de feu" dans le ciel au moment et au lieu de la disparition de l'avion.

La disparition d'un avion de ligne EgyptAir a tous les symptômes d'un sabotage par un groupe terroriste. La France est visée, au même point que l'Égypte. Il s'inscrirait alors dans la lignée des attaques de Charlie Hebdo, du Bataclan ou encore l'aéroport de Bruxelles-Zaventem. La terreur n'a pas de nationalité et l'extrémisme qui prône le djihad montre, une fois de plus, son visage. Si la piste terroriste est confirmée, les conséquences politiques et géopolitiques seront importantes. Cela signifie d'abord qu'il y a eu des failles sécuritaires dans les aéroports de Paris. Du côté égyptien, ce sera le signe de l'échec de la politique sécuritaire et la conséquence de l'échec de la révolution réduite au silence. L'oppression contre l'opposition, les civils et les activistes politiques, aide les groupes terroristes à trouver des candidats à rejoindre leurs rangs.

Il serait temps de renforcer la coopération euro-méditerranéenne, afin d'apporter l'aide nécessaire aux pays concernés, leur permettant de faire face au fléau de la terreur. Il est aussi grand temps qu'une mobilisation globale se mette en place dans le monde arabe contre toute forme de pensée extrémiste. La sortie passe par l'éducation, par le fait de reconnaître que l'Islam refuse toute forme de violence et de rappeler le rejet de toute référence au djihad par les moyens de recours à la terreur.

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La reconnaissance et la rémunération du travail domestique, deux outils à contre-pied du capitalisme

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TRAVAIL - "Tu vois, le monde se divise en deux catégories: ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses", est une citation connue tirée du film "Le Bon, la Brute et le Truand" (Sergio Leone, 1966). Ce passage illustre, en quelque sorte, ce que le ministre de l'Emploi est en train de proposer aux travailleurs domestiques au Maroc, dans le cadre du projet de loi n°19.12 relatif aux conditions de travail et d'emploi des travailleurs domestiques, qui a fait couler beaucoup d'encre depuis sa publication.

Au cœur de ce projet de loi, se trouve le fondement du système dans lequel nous vivons, à savoir le Travail. Le travail occupe une place centrale dans la vie d'un individu. Ainsi, les gens travaillent pour gagner un salaire qui leur permet de vivre et de répondre à leurs besoins, tout en inscrivant cela dans le respect de la dignité de la personne, ainsi que de l'épanouissement personnel.

Cependant, l'Etat et la société ne voient pas dans le travail domestique, un travail, comme tout autre, dans lequel le respect, la dignité et l'épanouissement social doivent être respectés. Quand je vois que le projet de loi propose de faire travailler les enfants dès l'âge de 16 ans, d'instaurer un nombre d'heures de travail qui s'élève à 48h par semaine (soit 8 heures de travail durant 6 jours sur 7), de les payer à 50% du SMIG (soit 1200 dirhams par mois, l'équivalent de 6,25 dirhams par heure), cela me pousse à me demander pourquoi la situation du travailleur domestique est-elle si sous-estimée, voire dévalorisée? Les raisons de cette perception sont probablement multiples. Toutefois, nul ne peut nier que l'aspect idéologique y est très présent.

Quelle différence entre "travail domestique" et "travailleur domestique"?

Il est tout d'abord important de faire une différence entre les deux concepts. Exercer un travail domestique n'est pas forcément synonyme de travailleur domestique. Selon la Convention nº 189 de l'Organisation Internationale du Travail, le "travail domestique" désigne le travail effectué au sein de, ou pour, un ou plusieurs ménages. Le "travailleur domestique" désigne toute personne de genre féminin ou masculin exécutant un travail domestique dans le cadre d'une relation de travail (femme de ménage, jardinier, chauffeur, etc.) Selon l'OIT, cette forme de travail reste très féminisée, vu que 83% des travailleurs domestiques sont des femmes.

La rémunération du travail domestique, un outil à contre-pied du capitalisme

Le travail domestique n'est reconnu par aucun salaire, et ne produit ainsi aucune valeur économique aux yeux de l'Etat. C'est justement la raison pour laquelle les travailleurs domestiques exercent leur activité dans de mauvaises conditions de travail. Il existe un continuum, un effet domino, qui explique que puisque le travail domestique est, à la base, gratuit, les travailleurs domestiques n'ont aucune raison d'être payés correctement. Pourquoi payer pour un travail qui est naturellement gratuit?

Toute cette histoire est très idéologique. Il n'y a rien de naturel à payer tel ou tel travail, c'est une construction sociale, c'est l'image que nous nous faisons de la société et du projet de société dans lesquels nous souhaiterions vivre. Feu Driss Benali disait que "le système néolibéral n'est pas un état de nature, c'est un état de culture". Comme mentionné au préalable, la non-reconnaissance du travail domestique peut être expliquée par de multiples arguments.

Cependant, l'aspect de la philosophie économique a rarement été traité dans la littérature. Il est important de comprendre que le constituant principal du mode de production du capitalisme est le salariat, l'instaurant comme issue quasi unique pour accéder à l'argent. Autrement dit, s'employer sous l'égide du Capital, à son service et à ses conditions. C'est ce qui forme l'architecture de la domination du rapport salarial.

Or la reconnaissance du travail domestique s'émancipe de cette architecture. Sa rémunération, sous forme de salaire inconditionné par le capital, l'inscrit dans une dimension libérée du marché de travail. La reconnaissance du travail domestique est synonyme de l'octroi d'un salaire, non une allocation, une aide ou une subvention. Car le salaire exprime la reconnaissance d'un travail et d'une production de valeur.

Les allocations et les aides reconnaîtront les personnes exerçant le travail domestique comme des êtres de besoin qui attendent qu'on leur donne de quoi survivre, tandis que les autres travailleurs produisent de la vraie valeur économique. Voilà pourquoi la reconnaissance et la rémunération du travail domestique peuvent révolutionner le paysage social et économique, et voilà aussi pourquoi elles sont présentées comme un épouvantail économique par les défenseurs du système néolibéral.

Parce qu'elles sont tout simplement construites sur la base d'un rapport social qui ne se soumet pas au capitalisme. Un travail fondé sur des considérations humaines et familiales.

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Considérations subjectives à propos de la Tunisie

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Où va la Tunisie ? Dans quelques jours, le congrès du parti Ennahdha va focaliser l'attention, susciter les commentaires, provoquer l'ire des uns, la satisfaction des autres, l'inquiétude (la panique ?) de certains et l'inévitable fascination de plusieurs observateurs, notamment occidentaux. Programme annoncé, la sécularisation de l'action politique.

Oubliée donc la dawla islamiya, la république islamique ? Le Califat (quatrième ou cinquième, on ne sait plus...) ? On peut y croire ou pas, la mutation serait d'importance à l'heure où des logiques souterraines se mettent en place. De passage, le visiteur enregistre et compile. Sans sortir de carnet, sans tendre de micro. A l'instinct...

Ce que l'on capte, ce sont plusieurs petites musiques entendues ici et là, jamais de manière officielle, franche ou directe. Des messages subliminaux, des remarques anodines, des agacements à peine masqués, des emportements vite réprimés, des raisonnements ébauchés.

Que disent ces voix diverses qui cherchent à modeler la Tunisie de demain ou qui, du moins, espèrent le faire ? Il y a avant tout l'idée que la révolution est terminée ou, plus exactement, qu'elle doit s'arrêter pour être sauvée. Sauvée d'elle-même...

Car l'impératif, c'est la stabilité. Sta-bi-li-té ! Le mot tourne en boucle. Souvent, il va de pair avec sécurité. Les attaques armées dans le sud du pays, les accrochages et le démantèlement de filières dans les quartiers populaires de Tunis, les rumeurs, incessantes et multiformes, tout cela renforce cette exigence de stabilité.

Il faut que les choses se calment, dit un interlocuteur qui reconnaît que ce calme tant désiré peut sonner comme un renoncement politique. Souffler, le temps que les choses s'arrangent... Les communicants gouvernementaux n'ont pas encore eu recours à ce terme mais on sent que le mot « consolidation » est dans l'air.

Au nom de cette stabilité, il est demandé de la patience. Celles et ceux qui manifestent à Kasserine ou dans les îles Kerkennah sont plus ou moins accusés de dépasser les bornes, de servir de sombres desseins, de faciliter, voire de prêter main-forte au complotisme revanchard, celui de l'ancien régime.

Mais qu'est-ce qu'une révolution si elle ne remet pas définitivement en cause l'ordre ancien ? Si elle ne se satisfait pas de solutions médianes ? Si elle refuse la tiédeur ? Continuer l'agitation, c'est aller vers la terreur, souligne un autre interlocuteur qui connaît ses classiques.

L'exigence de stabilité, d'autant plus revendiquée que le contexte régional n'est guère rassurant, impliquerait donc l'abandon ou le gel des revendications sociales. Chômeurs de Sidi Bouzid, grévistes de Zarzis, soyez patients, le laboratoire tunisois concocte, réfléchit, se réunit en colloques et séminaires, accueille des foules d'ONG aux financements généreux...

On y parle encore de la révolution, des défis, des urgences, mais, entre deux pauses-café, on se laisse aller à des considérations savantes sur le rythme idéal, pas trop rapide, du changement en période de transition.

Pendant ce temps-là, quelques réformes, se mettent en place. Trop peu nombreuses, affirment les bailleurs de fond qui s'impatientent, qui ne comprennent pas ce qui se passe, qui aimeraient bien savoir ce que fait "ce" gouvernement. L'une de ces réformes interpelle. La Banque centrale de Tunisie (BCT) est désormais indépendante.

Une grande victoire, disent ses défenseurs. La garantie que le pouvoir politique ne pourra plus l'utiliser pour manipuler les statistiques, pour faire marcher la planche à billet ou, tout simplement, pour donner un caractère artificiel à l'évolution de l'économie.

Moue dubitative du présent visiteur. L'indépendance de la Banque centrale : tout ça pour ça ? Une révolution, des rues prises d'assaut, des morts et des blessés, tout cela pour adopter une pierre de base du consensus, libéral, de Washington ?

C'est une exigence du Fonds monétaire international (FMI) et nous avons un besoin urgent d'argent, se défend un interlocuteur. Ah, oui, mais c'est bien sûr... Une réforme votée aussi par Ennahdha qui y trouve son compte puisque la BCT, mandatée par le gouvernement tunisien, pourra émettre des "sukuks", autrement dit de la dette halal ou bien encore chariâ compatible...

Mais revenons à l'exigence de stabilité. Quel autre usage en fait-on que celui d'imposer, clandestino, des réformes plus ou moins libérales ? Eh bien, la musique décrite en préambule cherche à convaincre qu'il est peut être plus raisonnable, qu'il serait plus censé, plus pragmatique... heu... peut-être... qu'il faudrait pour un temps, pour le bénéfice de tous, qu'il faudrait donc mettre le pied sur le frein quant à la justice transitionnelle.

Voilà, c'est dit. Pas d'enquêtes, pas de jugements... Oh, se défend-on, il ne s'agit pas de pardonner aux cadors de l'ancien régime ni de permettre au couple exilé chez les al-Saoud de revenir au pays... Mais, ajoute-t-on, il faut de la mesure. Du discernement (ah, beau terme que celui-ci, très efficace). Vous comprenez, la marche des affaires, le tissu économique, les investisseurs... Il faut que les gens soient raisonnables...

Une révolution pour être raisonnable ? Pour pardonner aux filous et aux crapules ? Aux tortionnaires ? L'air de ne pas y toucher, c'est ce message nauséabond que distillent quelques prestigieux producteurs de réflexion venus du nord et de l'ouest : de la justice transitionnelle, d'accord, mais point trop s'en faut...

Pour la stabilité, bien évidemment. A cela, le présent chroniqueur n'a pu opposer que cette phrase : "no justice, no peace" la préférant à notre bon vieux "ulac smah", ce "pas de pardon" algérien, qui telle une braise qui couve, finit toujours par naître ou renaître des injustices mal ou peu réparées.


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La croissance économique par l'amnistie de la corruption ou théorie économique revue par Me Ksentini

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L'avocat qui a occupé durant 14 ans la fonction de liquidateur de la société par actions "SPA années 1990" propose une amnistie sur les faits de corruption. Sur le modèle de l'amnistie sur les crimes de sang. La symétrie est bien inspirée.

La concorde civile, puis la loi sur la réconciliation nationale ont, en mode subliminal, ramené la confiance dans le pays. Elles ont rendu la croissance économique possible. Aujourd'hui que la confiance et la croissance sont entrain de se retirer, agissons donc sur le levier qui permet de les restituer : amnistions les égarés de la république qui ont altéré le climat des affaires. Aux analystes qui s'étripent à trouver un sens caché à la tournée nationale de Chakib Khelil dans les zaouias, Farouk Ksentini suggère donc une piste herméneutique.

Racheter son âme dans les cieux avant de la monnayer sur terre. L'idée d'une amnistie des faits de corruption durant les années Bouteflika ne doit pas être balayée d'un revers de la main. Il faut espérer que Ahmed Attaf qui a rejoint l'opposition de Zeralda depuis deux ans, n'en dira pas trop vite qu'elle est rejetée "globalement et dans le détail". Il l'avait dit de la proposition du "contrat national" de Sant Egidio en 1995 lorsqu'il était ministre des affaires étrangères.

L'Etat algérien peut récupérer beaucoup d'argent avec une loi d'amnistie. C'est ce que fait le parti communiste chinois depuis 2013 sous Xi. Qui il est vrai envoie tout de même les corrupteurs et les corrompus en prison.

La notion d'intégrer une clause de remboursement par laquelle un processus d'amnistie peut être engagé est au cœur de l'action de l'administration américaine avec les fraudeurs du fisc. De nombreux pays européens s'en sont inspirés pour rapatrier des flux sortants vers les paradis fiscaux. Il faut pour cela avoir une administration forte, compétente, adossée à une gouvernance politiquement légitime. L'inverse du casting actuel en Algérie.

L'idée de Ksentini en devient un peu plus compliquée lorsqu'il ne s'agit pas simplement d'évasion fiscale mais de faits de corruption. Sonatrach s'est équipée entre 2004 et 2010 en moyenne entre 5% et 10% plus cher en choisissant des fournisseurs liés en affaires avec Chakib Khelil à travers le versement de commissions sur les contrats (Saipem, Hyundai, Samsung ...).

Cela peut faire des montants extravagants dont le chèque de 197 millions de dollars fait par Saipem à Farid Bedjaoui donne une première mesure. Il apparaît donc difficile d'engager une négociation d'amnistie sur la base de la contre partie remboursement. Même par jeu intellectuel. Tant pis pour la croissance que la tête sauvée de Chakib Khelil est supposée ramener en Algérie. Plus sérieusement. La proposition de Farouk Ksentini porte les limites cognitives du siècle passé. Elle n'est pas adaptée à celui là. Pourquoi ? Parce que la corruption est une information asymétrique que l'ère digitale a rendue démocratique. Et cela change tout.

L'émergence des lanceurs d'alerte rendue possible par la digitalisation des flux d'information est entrain de ruiner l'industrie du maquillage d'actifs financiers et de "l'optimisation fiscale". C'est une donnée qui échappe à Me Farouk Ksentini.

La mise à nue de la corruption n'est plus un incident impromptu qui se produit tous "les mandats olympiques", un peu comme une guerre civile qui ne se révèle pas toutes les générations. C'est une activité connexe de l'économie numérique mondiale. Les multinationales ont inventé seules, à la fin des années 70 des "solutions" de "prix de transferts" de "localisations d'actifs" et de "délocalisation d'adresse fiscale" qui se sont démocratisées dans le monde des affaires ensuite.

La majorité des revenus du capital se sont mis à chercher à ne pas en restituer les prélèvements prévus dans le pays hôte de l'activité. Les vendeurs d'influence, en exercice comme Chakib Khelil ou candidat potentiel comme Abdeslam Bouchouareb, se sont emparés depuis eux aussi, depuis longtemps pour certains, de ces outils masquants des flux d'affaires. Mais la mondialisation n'a pas que son mauvais côté, celui du rapprochement des paradis fiscaux.

Elle a ouvert une plate forme unique des flux d'information qui corrige l'asymétrie historique entre les faiseurs d'affaires et les citoyens contributeurs au trésor public. Cette tendance au rattrapage a débuté avec l'ère des Wikileaks, les fuites mises en liens. Le grand public en sait autant que les grands présidents de conseil d'administration sur les pratiques de gestion invisible d'actifs.

C'est le début d'une révolution gigantesque qui rend la délinquance en col blanc aussi dangereuse que le dopage à l'EPO avant l'invention du marqueur qui le rend visible dans les urines des cyclistes et des coureurs de fonds.

Les élites d'argent et celles, politiques, toujours prêtes pour une partie d'entre elles, à vendre leur parcelle de pouvoir trouveront bien sur de nouvelles parades pour relancer le commerce de la commission et de l'évasion fiscale. Quitte à en rendre licite les formes les plus douces, comme nous le suggère l'anthropologue de la corruption Farouk Ksentini.

Il en reste pas moins que la transparence des pratiques frauduleuses est une splendide opportunité pour construire un vrai pacte citoyen de la recevabilité des élus à l'égard de leurs mandants. Le surcroît de croissance économique par la promotion de l'image pays vient de là. C'est pour cela que les IDE dans les pays de droits continuent, en dépit du dumping social planétaire, à être supérieurs à ceux qui vont dans les pays Ksentiniens.

Le gouvernement a choisi le secteur de l'automobile pour faire sa première victime expiatoire de la crise montante des finances publiques. La publication des quotas d'importation de véhicules en 2016 a provoqué un séisme dans le microcosme de la distribution automobile. Les licences d'importation ont été attribuées pour un total de 87 000 véhicules. Bien en deçà des 150 000 promis. L'Algérie a importé plus de 550 000 véhicules en 2012. La décélération est de type létal.

Elle peut tuer un secteur d'activité. A cette échelle un calcul économique s'impose. Pour un ou deux milliards de dollars d'importation économisés par la balance commerciale combien d'emplois détruits en 2016 dans la filière de la distribution ? Quelle assiette fiscale perdue ?

Les Algériens ont généralement une image peu amène des concessionnaires automobiles. Enfants gâtés dans la décennie dorée du pétrole cher ils ont autant fait rêver les Algériens qu'ils les ont exaspéré. Délais de livraison, Qualité du service après vente, politique des prix : les clients râlaient sur tous les fronts. Aujourd'hui que cette filière est mise au ban, deux observations surviennent.

Elle détient une force lobbying spectaculairement faible comme l'atteste le quasi silence religieux de son organisation professionnelle l'ACAA.
Elle risque d'entraîner dans sa chute celle du secteur des assurances, largement précarisé par une politique de marge peu incitative, et aujourd'hui en première ligne pour subir les contre coup d'un tel recul des nouvelles immatriculations.

Parmi les assureurs il y a des entreprises publiques. Peut être que le gouvernement va regarder de plus près la portée réelle de ce qu'il a à gagner à laminer à ce point la distribution automobile en Algérie après l'avoir porté aux nues.


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Tunisie: La rue exige la peine capitale et l'exécution du meurtrier du petit Yassine

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Le 17 mai 2016, le petit Yassine, un garçon âgé de quatre (4) ans, issu d'un milieu où paupérisme et promiscuité sont légion, fut enlevé, violé et sauvagement assassiné par un gradé de l'armée nationale.

Un militaire rompu à la discipline de l'armée et qui a prêté sermon pour protéger le pays et ses enfants!

Dans ces milieux désargentés, les familles ont une seule richesse: Leurs enfants!

Ce meurtre défraya les chroniques tunisiennes et continue de nourrir la toile et les réseaux sociaux. La Tunisie est encore sous le choc.

Un meurtre devant lequel, l'innocence même perd courage. C'est un abîme d'atrocités, un vertige d'inhumanité absolue!

Au début, certains individus, essayèrent sur les réseaux sociaux, de faire passer le meurtrier pour un malade mental, dans une tentative d'alléger sa sentence si jugement il y a!

Même avéré, que fait un malade mental dans l'armée nationale?

En effet, le meurtrier, après avoir commis l'innommable, feint la folie, en offrant à sa mère, dans un sac, le corps ensanglanté et sans vie du petit.

La mère outragée dénonça son fils de militaire à la police: "Nice Try" dirait un américain!

Autre fait qui laisse perplexe, le médecin légiste, fonctionnaire de l'Etat, déclara ne pas avoir décelé des violences sexuelles sur la victime bien que le meurtrier avoua le contraire!

Lors du cortège funèbre de Yassine, la foule dont la crispation et la colère se voyaient sur les visages, ne faisait pas dans la nuance en clamant hautement: "Mort à l'assassin"!

Quant à ses proches, les visages burinés, témoignant d'une vie difficile, le regard noyé de désarroi et d'une douleur indicible, font leurs derniers adieux au petit Yassine qui ne fêtera pas l'Aïd cet été.

2015: La peine capitale applicable uniquement aux terroristes!

Ce message aux autorités, soulève la question de l'application effective de la peine capitale en Tunisie.

Après les attentats meurtriers de Sousse en Juin 2015, où périrent 38 touristes, la peine de mort fut légalisée en Juillet de la même année, par l'assemblée nationale, pour les terroristes, seulement pour les terroristes!

Le nouveau texte annule et remplace la loi antiterroriste de 2003, adoptée et largement utilisée, pour réprimer l'opposition, selon les diverses organisations se réclamant de la défense des droits de l'homme!

Il est à signaler, que la peine capitale existe dans le code pénal tunisien. Officiellement, la dernière exécution date de 1991.

En Tunisie, depuis son indépendance en 1956, seulement 264 exécutions furent menées.

À date, prés de 140 personnes attendent dans le couloir de la mort. Leurs peines pouvant être commuées en des condamnations à perpétuité.

Pour la petite histoire, en France, le couperet tomba une dernière fois un 10 septembre 1977 pour trancher sa tête au dénommé "Hmida Jendoubi", un franco-tunisien accusé de meurtre et de proxénétisme.

La peine de mort en France fut abolie en 1981.

De par le monde, 39 États appliquent la peine de mort. Alors que 50 autres Etats ne l'appliquent pas, bien que inscrite dans leurs code pénal. 105 États ont tout bonnement aboli la peine capitale.

Depuis 2007, une coalition nationale tunisienne de lutte contre la peine de mort fait du lobbying, sous la tutelle de l'ECPM (Ensemble Contre la Peine de Mort), pour abolir la peine capitale en Tunisie.

Au demeurant, et du coté de la rue, en avril 2013, une enquête d'opinion révéla que 70% des Tunisiens étaient contre l'abolition de la peine capitale et insistaient pour son maintien et surtout son application.

Pour l'heure, la peine capitale n'est pas abolie, mais un projet de loi l'interdisant circule dans les coulisses de l'assemblée nationale.

Je dirais qu'une telle loi, doit être soumise à un référendum national, car une loi votée par le peuple ne peut être injuste.

Aucune clémence pour ceux qui font fi de la vie d'autrui. Un tel crime écarte de la pensée et du cœur la moindre indulgence.

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C'est officiel, Ennahdha passe à la 4G

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Le mouvement Ennahdha a inauguré son 10ème congrès, vendredi 20 mai 2016, et pour cela, le parti n'a pas hésité à sortir le grand jeu.

Respectant son image de "grand parti", Ennahdha a impressionné ses adeptes et ses concurrents en mettant le paquet: lumières, personnalités nationales et internationales, drapeaux, grand écran et plus, dans la prestigieuse salle omnisport de Radès, avec -cerise sur le gâteau- monsieur le président de la République Béji Caid Essebsi comme guest VIP.

En relisant mes phrases, je ne sais plus s'il est encore correct de qualifier Ennahdha de mouvement, cette organisation, cette rigueur, cette communication et cette précision reflète le savoir-faire d'un grand parti.

Je n'écris pas pour faire reluire l'image d'Ennahdha ni pour servir les intérêts d'un quelconque parti, j'écris ce que je vois, j'exprime mon étonnement, et dresse ma propre analyse, loin des éventuelles critiques car il faut rendre à César ce qui appartient à César.

Le congrès du mouvement se poursuivra jusqu'au dimanche 22 mai 2016 et verra la participation de près de 12000 personnes dont près de 5900 congressistes. Les invités d'honneur de ce congrès de Tunisie et de l'étranger avoisinent les mille personnes.

Avez-vous remarqué le changement?

Gandhi a dit "soyons le changement que nous voulons voir dans le monde" et Ennahdha semble l'avoir compris; le changement constaté dans ce 10ème congrès apparaît dans l'effort de communication.

Désormais Ennahdha ne veut plus être le mouvement islamiste, mais il veut être mêlé à la Tunisie, représenter la Tunisie et être son égal ce qui s'explique par le grand drapeau de la Tunisie, hissé au devant la scène, un peu comme la politique de Nidaa Tounes.

En effet, on voit moins de drapeaux d'Ennahdha, moins de bleu, plus de rouge, la formule gagnante!

Ennahdha a compris que pour continuer à rafler des voix, il fallait passer à la 4G aussi en devenant le parti "civil", réunissant "tous" les Tunisiens ou presque.

Le parti semble avoir appris de ses erreurs et a compris qu'un jour ou l'autre, la religion sera séparée de la politique, Ghannouchi refuse manifestement de passer à côté de ce manque à gagner.

On le voit d'ailleurs, heureux dans son costume bleu, ravi de la présence de BCE, songeant à appâter les lions, promettant monts et merveilles, confiant en l'avenir avec un air de revenant.

Ennahdha "the Revenant"?

Le parti revient de sa longue absence, le fait est qu'il reculait pour mieux sauter, Ennahdha voulait laisser le temps nécessaire aux Tunisiens pour avaler la pilule des élections, leur laisser le temps de digérer leur nouveau gouvernement et le devenir de leurs voix et leur "vote utile".

Et ils ont aussi compris, que Nidaa n'est qu'un dérivé du radical verbal "Ennahdha", ils ont compris que Rached voit en Béji son âme sœur et vice versa, que le vrai dialogue national était celui des conflits d'intérêts et que le prix Nobel de la Paix était celui de l'équilibre entre islamisme et "modernisme".

C'est fini, désormais Ennahdha est un parti "civil" et tous les moyens sont bons pour rester dans la course. Après tout la fin justifie les moyens.

Les tonneaux vides font beaucoup de bruit, mais les tonneaux mettent du temps à se remplir. En attendant les outputs du congrès, on peut dire que les dés sont jetés et que le plus gros reste à venir; en attendant le congrès de Nidaa, les 203 partis auront du pain sur la planche.

C'est aujourd'hui que commence la campagne.

Allô la gauche?

Cela fait un moment qu'on se demande même si une gauche tunisienne digne de ce nom existe, on se demande où sont passés les leaders, et si la gauche a encore un avenir à Carthage.

Le silence des agneaux, cache une bien triste réalité, celle des grandes gueules absentes, des politiciens qui parlent pour ne rien dire, ceux qui font honte au communisme, léninisme et même au marxisme.

Même pas un brin de résistance, même pas un soupçon de fierté, la gauche se disperse, s'enlise dans le sable et disparaît de la scène et de la circulation.

C'est pourtant maintenant plus que jamais, que la gauche doit se ressaisir et faire un vrai travail de consolidation et de restructuration, à communiquer plus tard.

C'est maintenant que les temps sont durs, que la vie est chère, que les Tunisiens ont du mal à boucler les fins de mois, que la Gauche a toutes ses chances, mais non, appelez-les "les gens absents".

Regardez Ennahdha, Hamma, regardez et inspirez vous.

Mettez-vous au travail aujourd'hui si vous ne voulez plus faire partie des archives.

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Pour en finir avec la manipulation du terme "Zouaves"

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On a beaucoup spéculé au sujet des Zouaves et les origines de ce corps. On peut voir dans ces images des zouaves en chair et en or. Ils font partie d'un régiment qui a été créé en août 1830 avec un effectif qui, au mieux, ne dépassait pas 500 personnes ... 10 ans plus tard, il a évolué à 4000 à 5000 hommes, une bonne partie d'entre eux n'étaient pas des Algériens. A partir de ce moment, le corps des Zouaves s'est de plus en plus européanisé.

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Des zouaves à Oran: un mélange multinational


Cette expérience au sein de l'armée coloniale française a fait des émules dans d'autres pays, du Brésil à la Pologne, qui ont créé leurs propres Zouaves. De nos jours encore, partout dans le monde, y compris dans la marine US, des gens n'ayant pu se frayer un chemin vers la stabilité et la réussite sociale s'engagent dans l'armée qui assure le toit, le manger et un peu de sécurité.

Les Zouaves ont été le plus souvent recrutés sur cette base. Il est possible que certains aient été animés par le ressentiment contre les pseudos "Turcs" ou avaient des comptes à régler avec leurs communautés, mais cela des cas individuels limités...

Il faut rappeler ces vérités historiques car aujourd'hui, sur fond de crise politique, des Algériens ont tendance à faire feu de tout bois, à tout manipuler, y compris leur propre histoire. Mais l'histoire ne s'écrit pas par les manipulateurs. Elle fait la part des faits et nous devons les rappeler avec d'autant plus de force que dans le brouhaha des conflits et des règlements de comptes, on a du mal à faire entendre les voix de la raison et de la vérité...


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Un zouave brésilien


Ce n'est pas un hasard que le sujet des "Zouaves" suscite, sur les réseaux sociaux, une passion soudaine ces temps-ci. On n'en parlait pas quand le pays vivait dans une relative stabilité... Nous traversons une période de crise grave et ces périodes-là donnent souvent naissance des aberrations et des "mal-informations" qui ajoutent aux complications et les nourrissent.

La manipulation du terme "Zouaves" en fait partie... La discorde, quand elle mine une communauté, s'installe à plusieurs niveaux et notamment celui des termes utilisés. Cela a donné lieu, dans les années 90, à une guerre cruelle et une terrible régression...


Pour terminer, il faut rappeler que les corps des Zouaves, créé en août 1830 par un arrêté datant du 1er octobre 1830 comprenait aussi bien s "Arabes", des "Kabyles", des "Kouloughlis issus de mariages algéro-ottomans, des "Turcs", des noirs autochtones ou subsahariens... L'encadrement était bien évidemment français, dont les acteurs les plus "brillants" furent les fameux criminels Cavaignac et Lamoricière.

Ceux qui cherchent des détails, trouveront des informations sur ce site. Histoire d'en finir avec cette manipulation honteuse et anachronique du terme des Zouaves.

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Des Zouaves embarquant pour le Tonkin au port d Alger



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L'impossible reconstruction économique et institutionnelle libyenne?

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Il y a déjà plus d'un mois, le 5 avril 2016, les autorités sortantes de Tripoli cèdent officiellement le pouvoir à Fayez el-Sarraj, désigné désormais chef de l'exécutif Libyen. Comme une réponse à cette nomination et à la création d'une chambre d'opération contre Daesh, les terroristes s'emparent d'Abu Grein, une ville prés de Syrthe.

Une reconstruction économique dans un chaos politique.

Reconstruire l'économie Libyenne. Tel est l'objectif du nouvel exécutif libyen dirigé par Fayez el-Sarraj qui s'est installé à Tripoli désormais à la tête d'un gouvernement, soutenu par la communauté internationale qui a réussi à rallier la banque centrale ainsi que les principales institutions économiques du pays.

Cependant 5 ans après la vague du printemps arabe qui a mené à la chute de Kadhafi, la stabilité politique et institutionnelle ne semblent que chimères en Libye.

Si la signature le 17 décembre 2015 dernier des accords de Skhirat au Maroc d'une entente nationale entre les représentants des deux parlements libyens sous l'égide de l'ONU a permis la désignation d'El Sarraj et a initié des négociations entre les deux camps, les concessions et la relaxe semblent fragiles en Libye.

L'économie Libyenne dépend principalement des revenus du secteur pétrolier, qui composent la presque totalité des exportations et plus de la moitié du PIB, le secteur privé demeure très faible, les infrastructures sont insuffisantes ou inexistantes et le tertiaire n'est que très peu développé.

L'économie libyenne est donc du fait de sa dépendance, soumise aux aléas des fluctuations de la production en hydrocarbure du pays.

Les principaux aspects du mauvais état de l'économie libyenne sont donc la baisse de la production du pétrole couplée à une forte dépréciation de la monnaie locale (en 2014 le taux de change était de l'ordre de 1.3 LYD=1$ et maintenant il est de l'ordre de >3LYD=1$).

Si à ce constat d'une monnaie fondante l'on rajoute la chute du prix du baril de pétrole sur les marchés depuis plus de deux ans on obtient le résultat d'une économie non viable, qui, si elle veut se diversifier a le devoir de retrouver les fonds nécessaires afin de pouvoir investir dans d'autres secteurs d'activité.

Le recouvrement de la production en hydrocarbures d'avant 2013 est une nécessité dans cette perspective.

Néanmoins avec une production journalière oscillant entre 300.000 et 400.000 barils/jours, le rétablissement d'une économie pétrodependante au niveau de 2010-2013 semble illusoire.

Ainsi quelles solutions pour redresser les finances et les institutions d'un pays en proie au terrorisme?

À l'aube d'une nouvelle intervention occidentale?

Aux origines du chaos les deux guerres civiles initiées par l'intervention de l'OTAN en Libye.

Si l'intervention a eu le mérite de chasser la dictature elle a laissé la Libye en proie à la débâcle politique ayant accouché sur la naissance du monstre.

Apres les attentas de Paris est réapparue l'idée d'une intervention en Libye, là où le premier ministre français considérait qu'il faudra combattre Daesh sur ce territoire.

Leur constat est là. Plus de despote, que des illuminés.

La Libye représente ainsi une zone à risque du fait de la forte implantation terroriste lançant la menace d'un nouveau "Moyen-orient" aux portes de l'Europe du fait de l'instabilité de la région du Maghreb.

L'Algérie pays-continent tente tant bien que mal de contenir l'expansion du terrorisme au Maghreb et semble faire figure de rempart méditerranéen.

Le terrorisme, vieille chimère de l'Algérie qui a connu la bête sous plusieurs formes que ce soit le FIS, AQMI ou ISIS ne peut à elle seule constituer le seul soldat de la politique de Containment du terrorisme subsaharien.

La Tunisie, aux frontières de la Libye, a elle tenté de le chasser par les urnes et se trouve être la cible de deux réponses: Trois attentats en 2015.

Les interventions française au Mali et en Centrafrique ont certes permis une perte de territoire des islamistes en Afrique Subsaharienne, mais, néanmoins le repli ne se fait qu'au détriment de la Libye, qui semble se retrouver dans le même cas que l'Irak il y a quelques années.

Le parallèle se fait facilement et est appuyé par la possibilité d'une intervention très prochaine initiée par le conseil de sécurité de l'ONU qui dans une résolution 2259 se réserve le droit d'aider (comprendre intervenir militairement) le gouvernement d'union nationale- que l'ONU à en partie mis en place- à lutter contre tout ce qui constitue une menace pour la paix et la sécurité internationale.

Couplée avec les dispositions de l'article 39 des accords de Skhirat, l'ONU dispose ainsi des moyens juridiques nécessaires afin de justifier une potentielle ingérence.

La troisième voie

Si l'on doit retenir la principale limite/erreur de la "communauté internationale" ces quinze dernières années et en l'espèce en 2014 en Libye c'est son désir de vouloir à tout prix designer une seule entité représentante et légitime en estimant qu'une fois désignée, elle mettrai fin à la débâcle politique et institutionnelle.

Deux ans auparavant, elle désignait le parlement de Tobrouk comme seul parlement légitime représentatif du peuple libyen avec le résultat que l'on connait.

Une nouvelle intervention étrangère au mieux, décrédibilisera le gouvernement, et au pire fera percevoir ce dernier uniquement comme un pion occidental dans l'échiquier politique déjà très complexe, le rendant de ce fait illusoire d'une quelconque légitimité populaire; peuple à qui on semble offrir le choix entre se noyer aux côtes italiennes, périr sous les bombes occidentales et islamistes ou encore être avalé par le monstre.

Néanmoins le rétablissement d'institutions viables et d'une économie durable peut se faire sans les pressions extérieures.

En effet, comme vu au Maroc, et déjà initiée auparavant, le dialogue entre les forces politiques du pays semble ouvrir une frêle brèche vers une série de compromis qui peuvent amener à une ébauche de stabilité du territoire.

Une entente entre Tripoli et l'Ouest Libyen pourrait à elle seule faire à nouveau redécoller la production de pétrole libyenne.

Néanmoins, même si à ce jour une telle entente semble assez peu probable, rappelons nous qu'il y a quelques mois un dialogue entre Tobrouk et Tripoli paraissait illusoire et utopique.

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Congrès d'Ennahdha: Modernisation de l'Islam ou islamisation de la modernité?

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Pendant des décennies, les penseurs arabes et musulmans se sont acharnés sur la question de la modernisation de l'Islam et de comment concilier Islam et démocratie.

Les plus progressistes en sont arrivés à la conclusion que pour protéger la religion, il fallait séparer la religion de la politique, supprimant ainsi plusieurs obstacles et freins à la modernité.

Les plus conservateurs ont eux cherché à trouver dans l'Islam des valeurs de la modernité que l'on pourrait réactualiser et utiliser aujourd'hui afin de faire renaître "l'âge d'or du monde arabo-musulman".

Dans les deux cas, on se basait sur le texte coranique pour arriver à la réalité politique et sociale.

Malheureusement, en Tunisie, nous faisons les choses à l'envers.

Ennahdha, parti fondamentalement islamiste s'est réuni ce week-end pour son 10ème congrès.

"Un congrès historique" comme le prétendent les différents dirigeants Nahdhaouis, où le parti se détacherait finalement de son volet islamiste, tout en revendiquant rester le parti qui défendra les valeurs traditionnelles de l'Islam.

Un peu paradoxal certes, mais en politique, la logique est rarement la norme.

Là n'est pas le problème. Le fait est qu'aujourd'hui, Ennahdha se présente comme un parti tunisien patriote conservateur.

Un parti dont les membres ont milité contre la dictature de Ben Ali, non pas par patriotisme, mais par défense d'une idéologie islamiste qui s'étend à plus loin que les frontières tunisiennes.

Faut-il rappeler les paroles de Jebali qui parlait de califat dès la victoire d'Ennahdha aux élections?

Faut-il énumérer les tentatives Nahdhaouis d'abolir l'héritage bourguibien au profit de l'idéologie des frères musulmans?

Au delà de ça, Ennahdha se place comme un parti démocrate. Un parti démocrate qui est resté plus de deux ans au pouvoir alors qu'il avait été élu pour un an.

Un parti démocrate qui n'a quitté le pouvoir qu'après deux assassinats politiques et des semaines de manifestations où le peuple ne voulait qu'une chose: la tête de ses leaders.

Aujourd'hui, Ennahdha transforme toutes ses défaites en victoires. Elle se présente comme le porte drapeau d'une révolution à laquelle elle n'a que partiellement contribué.

Elle se présente comme le parti qui a fait réussir l'expérience démocratique alors qu'elle a été la première à la mettre en danger.

Elle s'attribue les valeurs du consensus alors qu'elle y a été obligée.

En somme, au lieu de contribuer à moderniser l'Islam politique, elle a islamisé la modernité.

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Wahran El Bahia, Abdelkader Djemaï et une vie presque vraie

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Abdelkader Djemaï est de retour sur la scène littéraire avec un roman inspiré de la vie du 33e maire d'Oran, l'abbé Lambert, de son plein nom Gabriel Irénée Séraphin.

Djemaï, qui nous avait précédemment plongés dans la biographie romancée avec La dernière nuit de l'émir (Barzakh, 2013), retrace ici les événements qui amenèrent Gabriel Lambert, abbé défroqué, en Algérie.

C'est en novembre 1932 "vers 19h" que l'abbé Lambert arrive à Oran avec sa maîtresse Clara Pardini qu'il avait rencontrée à Annaba. Lambert, ordonné prêtre à Seilh, un petit village près de Toulouse, catholique un peu trop hédoniste se voit "interdit de paroisse et de sacerdoce par l'évêque de Toulouse" mais continue tout de même à porter sa soutane noire, son col blanc, et à prêcher la bonne parole.

Lambert, fervent admirateur du prestidigitateur Robert-Houdin, d'Hitler et de Franco, au comportement cocasse comme le dépeint Djemaï, est abbé mais surtout sourcier. Depuis tout jeune, avec sa baguette en forme de V, il cherche et trouve l'eau de sources souterraines. C'est d'ailleurs pour ce don qu'il est invité en Algérie en 1930. Il séjournera à Alger puis à Annaba avant d'être invité par Paul Ménudier, le maire d'Oran, pour aider là où les études et prospections ont failli : trouver une eau "claire, cristalline et douce", vitale pour la ville et ses habitants.

Amical, charmant, bon orateur et raciste, Lambert s'insère aisément dans cette petite communauté de colons. Avec sa compagne, il s'installera dans la deuxième ville du pays, dont les habitants sont recensés à 160.000 habitants en 1930.

C'est lorsque l'abbé Lambert découvre une source souterraine qui n'en est pas une que Ménudier comprend que cet homme est une ombre à son autorité, et surtout à son prochain mandat... Dès lors, Gabriel Irénée Séraphin "remplaçant sa soutane par un habit de lumière" va devenir "toréador casqué". Le duel pour contrôler la mairie d'Oran va commencer...


Adelkader Djemaï est un enfant d'Oran. Ses lecteurs connaissent son attachement pour sa ville natale, depuis au moins son essai Camus à Oran. Oran et ses lions continuent à inspirer l'auteur à travers cette nouvelle biographie romancée qui retrace les pas d'un personnage excentrique des registres officiels de l'histoire coloniale de la région.

Si Djemaï choisit de peindre cet homme et son parcours avec humour et sans sarcasme, il n'omet pas la tragédie vécue par la population algérienne. Ces souffrances décrites avec pudeur ponctuent la narration, silencieuses et profondes comme l'eau des nappes phréatiques de cette région.

Cette histoire presque vraie est celle de l'abbé Lambert, mais elle constitue surtout un chapitre dans la biographie de la ville d'Oran, que l'auteur continue de nous faire découvrir, de jour et de nuit, souffrante et éclatante. L'abbé Lambert reste secondaire face au charisme et à l'envergure historique de cette ville qu'il n'aura marqué que pendant 7 ans, mais qui elle l'aura marqué pour le restant de sa vie.


La vie (presque) vraie de l'abbé Lambert est parue aux éditions Seuil le 12 mai 2016. Il sortira en Algérie à la rentrée aux éditions Barzakh et sera disponible et dans nos librairies lors du SILA.

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*Mes remerciements aux éditions Seuil pour la copie-presse de ce roman.


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Reportage à Kelaat Mgouna, pour le festival des roses (PHOTOS)

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CULTURE - Alors que le festival des roses s'est tenu du 12 au 15 mai à Kelaat Mgouna, le photographe itinérant Chris Griffiths livre un aperçu visuel de certains paysages, visages et scènes en marge des festivités.




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La diplomatie tunisienne a soixante ans: Une excellente excellence

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Depuis le 3 mai, la Tunisie célèbre le soixantième anniversaire de la création du ministère des Affaires étrangères. Lancées au siège du ministère à la date anniversaire par une manifestation tout en éloquence dans sa simplicité et sa dignité, celles-là mêmes qui semblent redevenir la marque de ce ministère de souveraineté, les festivités ont connu leur point d'orgue à Carthage, comme il se doit, par une grandiose cérémonie à l'honneur de l'âge d'or du ministère, donnant ainsi officiellement le départ à la commémoration.

Éternelle jeunesse de la diplomatie tunisienne

Il faut rappeler que le président de la République a bien connu cette époque épique que l'actuel ministre, en bon disciple, s'emploie à refaire vivre; car le lustre d'antan n'a jamais été perdu malgré une éclipse forcée ces derniers temps. En effet, M. Caïd Essebsi fut un diplomate chevronné, dirigeant le département avec maestria au début des années quatre-vingt.

Ce passé grandiose, l'orateur de la soirée, M. Ahmed Ounaies, qui a eu aussi l'honneur de diriger le ministère, le rappela amplement dans sa conférence magistrale sur le génie de la diplomatie tunisienne et ses hauts faits d'armes.

Or, en de telles occasions, ce qui compte est moins de chanter les louanges avérées mais passées, que d'en tresser de nouvelles pour une plus grande et incessante gloire. C'est que la nature humaine est ainsi faite qu'elle est condamnée à toujours tendre vers l'excellence si elle ne veut pas risquer de tomber dans la mièvrerie.

Ce qui faillit, au demeurant, arriver à notre diplomatie lors de ces dernières années troubles et troublées. Toutefois, ne triomphe-t-on pas avec gloire quand la victoire fait suite aux plus graves périls? C'est bien ce qu'illustre la diplomatie de l'exception Tunisie renaissant de ses cendres pour faire revivre son lustre de toujours.

Car les diplomates patriotes se rappelleront toujours de ce temps où ils se virent obligés, pendant un laps de temps plus ou moins long, au ministère comme en dehors de son enceinte, de s'évertuer à sauvegarder l'essentiel, entretenir la flamme sacrée, la protégeant des assauts de la médiocrité, la gardant comme un Graal, quitte à tout risquer, tout perdre.

C'est cela qui a permis au ministère des Affaires étrangères de préserver une jeunesse éclatante à l'orée de ses soixante ans. Et c'est à l'honneur de ce pays jeune méritant le meilleur.

Une Diplomatie au diapason du génie populaire

Il y a donc des défis à relever et à remporter; le plus éminent est assurément celui du libéralisme qui a marqué et marque la diplomatie tunisienne ainsi que l'a si pertinemment noté le ministre Ounaies.

C'est même un défi titanesque; car si le libéralisme est essentiel pour le salut de la Tunisie, il ne doit pas se transformer en étouffoir pour les élans libertaires de sa jeunesse et de son peuple. Le libéralisme ne doit pas être sauvage, en se limitant à n'être que juste économique, mercantiliste donc!

Ainsi, déjà, si les marchandises doivent circuler librement, le commerce devant être celui du libre-échange, elles ne doivent pas être mieux traitées que les humains, car la Tunisie ne sait que pratiquer le commerce des hommes. Aussi, le libre-échange qui est bien nécessaire doit-il être précédé par la libre circulation humaine!

Pareillement, ce libéralisme incontournable ne doit pas se limiter à une démocratie formelle, se suffisant du mécanisme électoral; il doit aussi toucher la société, érigée en État civil par la Constitution, en libéralisant les moeurs par l'abolition des lois liberticides héritées de la dictature et même de la colonisation.

Certes, cela dépasse le strict cadre diplomatique, mais la plus fine diplomatie n'est-elle pas l'incarnation de l'âme du peuple? Or, l'âme tunisienne est libertaire, et elle est spirituelle, non de pure et simple religiosité; et l'islam tunisien est soufi. Aussi, tout comme la politique devant être inspirée de cette éthique islamique, la diplomatie tunisienne ne saurait qu'être éthique aussi.

Une diplomatie dont la proue est éthique

La Tunisie a un principe diplomatique qui l'honore, celui de ne pas interférer dans les affaires intérieures des États. Ce qui ne manque pas de poser aux politiciens dans le monde un sérieux cas de conscience quand les valeurs se heurtent aux intérêts du pays. Comment naviguer entre les écueils? La Tunisie a su et sait le faire.

Assurément, c'est en naviguant à vue, lentement et sûrement; mais c'est aussi en pratiquant une politique éthique, ce que je qualifie du néologisme de poléthique. Ainsi nos diplomates ont-ils eu et auront la possibilité d'agir en parfaite congruence avec ce que recommande l'islam, religion du pays, en ce qu'il impose comme piété et éthique authentiques.

C'est cela le vrai islam politique tel qu'incarné déjà par la Tunisie de Bourguiba, véritable premier et suprême jihadiste, au sens de jihad sur soi, le plus dur qui soit, le moins mineur.

C'est ainsi que la diplomatie, aux heures les plus sombres, a su honorer l'ouverture tunisienne, de tradition et fatale, à son environnement international. Une telle ouverture a toujours été de mise malgré ses contradictions et ses avatars. Aussi a-t-elle été souvent célébrée -- et doit-elle le rester, plus que jamais -- en véritable ouverture d'esprit incarnant la raison en politique après la déraison héritée d'une catastrophique gestion politique en prolongement d'un passé récent.

Exit donc les rapports conflictuels avec les pays frères et amis, voisins ou lointains ; la diplomatie tunisienne renoue enfin -- et c'est heureux -- avec sa traditionnelle politique d'équilibre, même s'il peut paraître instable; c'est sa finesse qui l'exige et son génie propre.

N'est-ce pas cela, au vrai, le talent tunisien, cette touche de tunisianité qui n'est plus à démontrer? Il suffit juste de le vérifier à ce qu'apporte la nouvelle donne politique comme impératif moral.

Et c'est ce qui a permis à la diplomatie tunisienne, cette éternelle jeunesse, de conserver son empreinte de toujours, celle de tendre vers l'idéal en tenant compte du réel. Or, ce n'est plus seulement du courage, mais c'est aussi et surtout ce qui fait et confirme être une excellente excellence.

Qui douterait donc encore que la plus belle jeunesse commence parfois à soixante ans, alliant la sagesse et l'expérience à l'allant et à l'enthousiasme à servir un peuple alerte et mûr, ayant soif du meilleur?

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Médias tunisiens: Nul n'est prophète en son pays!

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Que Libération, Le Point, le Figaro et d'autre journaux, magazines et médias français reprennent une information faite par le quotidien le Monde, quoi de plus "naturel".

C'est une pratique courante entre médias français et fréquente entre médias internationaux.

Mais que des journaux, des magazines et des médias tunisiens s'ignorent et négligent des sources toutes proches pour privilégier celles étrangères et plus lointaines, c'est "mouch normal", comme l'on dit en franco-tunisien.

En effet, les médias tunisiens ont repris l'entretien accordé par M. Rached Ghannouchi au journal Le Monde le 19 mai, la veille de la tenue du Xème congrès de sa formation, Ennahdha.

Or, le président islamiste, a tenu des propos encore plus explicites et bien plus tôt, en l'occurrence le 15 mai, dans un entretien-fleuve à un magazine tunisien, Leaders el Arabiya, entretien qui a été repris, traduit en français et diffusé par la version française de Leaders, les 17, 18 et 19 mai.

Les déclarations fracassantes de M. Ghannouchi et ses révélations concernant les changements et les révisions idéologiques et doctrinales de son parti sont donc restées dans l'indifférence pendant cinq jours.

Elles n'ont suscité l'intérêt des commentateurs, des analystes et des hommes et femmes des médias tunisiens qu'après la publication de l'interview de Ghannouchi par le quotidien français.

Comment expliquer un tel comportement et que révèle-t-il du paysage médiatique tunisien? Et au-delà, de la société tunisienne dans son ensemble?

Une jalousie infantile et une concurrence féroce peuvent dicter des attitudes aussi triviales et si peu professionnelles consistant à ignorer ce que fait l'autre voire à nier son existence.

La peur, le manque d'assurance et l'absence de confiance poussent au repli sur soi et au rejet de tout ce qui vient d'ailleurs et au déni: ce qui vient me contrarier ou compromettre mes intérêts n'existe pas.

D'où l'absence de réactivité au sein du paysage médiatique tunisien: comme si la reprise d'une nouvelle ou la citation d'une source était un aveu de la supériorité du média repris et une reconnaissance de sa propre faiblesse ou défaillance.

Mais alors, c'est cette attitude qui devrait s'appliquer à tous les concurrents et notamment étrangers. Or, ce n'est pas le cas. Au contraire, l'étranger et particulièrement le Français, l'Européen, l'Occidental...se trouve idéalisé et valorisé ainsi que tout ce qui le touche de près ou de loin: ses produits, ses diplômes, ses universités...ses médias!

Bref tout ce qui est "souri" est synonyme de modernité et de qualité.

Cette survalorisation se remarque dans l'exaltation des Tunisiens porteurs de diplômes occidentaux, dans l'admiration éprouvée face aux Tunisiennes et Tunisiens qui ont réussi ailleurs ou qui se sont vu décerner des prix, des récompenses, bref une reconnaissance hors du Pays.

Que l'on se souvienne de la fierté et de la ferveur qu'a provoqué l'attribution du Prix Nobel au Quartet national!

Mais cette idéalisation de l'autre n'est pas sans danger. Elle peut entrainer la dévalorisation voire la haine de soi.

Ainsi en est-il de certaines choses quand elles sont qualifiées péjorativement de "arbi".

Y aurait-il un reliquat de la mentalité du "colonisé", décrite jadis par Albert Memmi, dans l'attitude des médias tunisiens entre eux?

A moins que l'on trouve ici une illustration du fameux "désir mimétique"cher à René Girard.

Ce désir n'est jamais direct entre le sujet désirant et l'objet désiré, il passe toujours par un tiers.

Le tiers ici est le média étranger, Le Monde en l'occurrence, qui rend attrayante, l'information jusque là négligée voire méprisée, celle de Leaders, comme le regard d'un rival rend désirable une personne qui était jusque là indifférente et ignorée.

Morale de l'histoire pour être reconnu à Tunis, il faut d'abord être reconnu à Paris, à New York ou à Berlin, ou...

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La Tunisie, cet homme malade

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L'inquiétude est palpable en Tunisie chez tout le monde: les politiques, les milieux d'affaires, la société civile, les professionnels et chez l'homme de la rue.

Jamais la confiance dans la classe politique et les partis n'a été aussi faible.

Tout le monde s'accorde à dire que le pays manque de leadership politique, certains l'expliquent par le régime politique de la 2eme république et appellent à une révision de la Constitution et chacun selon ses préférences.

Pourquoi n'avançons nous pas? Pourquoi l'impression générale est à l'immobilisme et que rien n'avance? Pourquoi n'arrive t-on pas à réformer le pays et à l'engager dans la voie du progrès et de la justice sociale? Pourquoi l'opinion publique tunisienne est déçue par la révolution et même par la démocratie? Pourquoi n'arrive t-on pas à insuffler l'espoir et la brise du changement? Pourquoi il n'y a pas de vrai débat politique sur les questions de fond?

Autant de questions qui expliquent ce mal-être général dans le pays tant au niveau de l'opinion publique que des classes politiques ou les élites en général.

Après cinq ans d'une "révolution" de plus en plus remise en cause, il est temps de nous regarder en face tels que nous sommes et pas tels que nous souhaitons qu'on soit et de poser franchement les raisons des blocages sur la table et d'en discuter sans agressivité, sans arrière pensées politiciennes pour le bien de notre pays et pour le succès de notre transition démocratique.

La Tunisie est un homme malade... pour emprunter l'expression de Nicolas 1er à propos d'un empire ou plus rien n'allait plus.

La Tunisie, cet État malade que nous n'arrivons pas à instaurer, et dont la construction d'ailleurs n'a jamais pu être achevée. (Et c'est autre débat tout aussi important).

L'homme malade n'a ni la force d'insuffler le changement et de donner la direction, ni d'imposer la force de la loi à tous. Et il est au même moment sujet aux convoitises de ses sujets pour se disputer ses attributs et son pouvoir.

Dans cette guerre pour le pouvoir ou ses attributs, l'intérêt du pays est en général le dernier souci des protagonistes soucieux d'avoir la plus grosse part du gâteau pour servir leurs intérêts propres.

Dans ce climat, les questions de fond ne sont jamais soulevées. Il n'y a que des polémiques stériles destinées à affaiblir un adversaire, et jamais un débat d'union autour de ce qui est communément appelé "l'intérêt général".

Le débat est nécessaire. Un débat franc sans langue de bois, sans faux fuyants.

Un débat constructif afin d'explorer les raisons qui font que cet homme soit si malade et afin surtout d'explorer les pistes de sortie de crise.

J'ai recensé cinq forces principales qui tiennent l'homme malade en otage:

1. L'administration tunisienne, ce "big brother"

On dit beaucoup de bien en général de notre administration, sa compétence, sa loyauté, mais on parle rarement de ses travers, populisme oblige.

Oui nous avons la chance d'avoir la tradition d'une bonne administration loyale et compétente mais en contrepartie cette administration tient le pays d'une main de fer, elle régente tout, a un œil sur tout, règlemente tout et ne veut pas lâcher une once de son pouvoir.

Habituée à diriger le pays à travers les seuls ministres issus de ses rangs (à quelques rares exceptions près), elle a du mal à accepter le leadership "politique" de ministres venus d'autres horizons -qui pour certains ne sont pas à la hauteur de la tâche assumons-le- .

L'administration a perdu beaucoup de son rayonnement et de sa compétence mais pas de sa loyauté envers l'État et le pays.

Les différents corps de métiers se mettent en mode "défense d'intérêts" et refusent tout changement et toute remise en cause.

L'erreur est de désavouer le "politique", de le diaboliser même au détriment de ce qu'on va appeler les indépendants ou technocrates.

L'approche est totalement fausse car dans toute démocratie, le projet est politique avant tout et doit être mené par des politiques, c'est leur responsabilité qui est engagée devant le peuple qui est le seul à les sanctionner par rapport à ses attentes.

En bref, un gouvernement gouverne et une administration exécute.

2. L'ARP, ce détenteur d'un pouvoir qui se veut absolu

Nous avons voté une Constitution consensuelle qui définit les prérogatives de chaque pouvoir et qui a distribué entre le pouvoir exécutif (à deux têtes) et l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) l'initiative législative en donnant la priorité au premier.

On constate aujourd'hui des blocages divers et même un blocage institutionnel qui fait que le gouvernement présente des lois (qui émanent dans la plupart des cas de l'administration, pas des partis politiques) a l'assemblée qui en fait ce qu'elle veut et va même jusqu'à le réécrire complètement.

Exemple de blocage criant: Le projet de loi du Conseil supérieur de la magistrature, qui a duré des mois.

Aucun projet de réforme économique ou social majeur n'a encore eu lieu, une année après.

On a vu aussi récemment des réformes (et encore) passer sous la pression étrangère, ce qui est un très mauvais signal à donner.

Ce blocage est institutionnel et trouve ses origines dans la volonté de l'ARP de gouverner et de régenter la vie politique du pays et de dénier au gouvernement le droit d'engager sa responsabilité dans les projets de loi socio-économiques.

Notre Constitution est un mélange non réussi de partage des pouvoirs par la pratique.

Les blocs parlementaires des partis de la coalition gouvernementale comprennent que chaque projet de loi doit être "re-travaillé et ré-écrit" par l'assemblée.

La commission du consensus est un échec institutionnel en soi. Ceci engendre des bagarres, des délais et surtout un blocage institutionnel grave dont personne ne veut parler.

Le gouvernement ne défend ses projets de lois que timidement en l'absence d'une disposition constitutionnelle d'engagement de la responsabilité gouvernementale.

Le manque de leadership politique n'a pas permis de trouver les compromis nécessaires à un pays qui a besoin de se réformer en profondeur et vite.


3. Le rôle des partenaires sociaux.

Les partenaires sociaux ont un rôle politique à jouer. Bien entendu.

La défense des intérêts des travailleurs, des agriculteurs et des chômeurs est politique et le rôle des syndicats est primordial afin de rétablir un équilibre entre les différents acteurs économiques et sociaux.

Toutes les revendications sociales ont une incidence politique et donc séparer le politique du syndical est une hérésie.

Sauf qu'en l'absence d'un État fort, on constate une dérive pour revendiquer la co-gestion et même la gestion.

Plusieurs secteurs, plusieurs entreprises publiques et plusieurs régions sont des lieux de combats publics pour le pouvoir où les syndicats dépassent largement les prérogatives qui sont les leurs.

La non institutionnalisation du dialogue social en est une cause principale mais pas la seule.

La situation sociale est intenable par le niveau de précarité au delà de l'acceptable et qui touche plus des trois-quarts de la population et aussi par le niveau alarmant des inégalités dans le pays.

4. Des lobbies qui veulent toujours gouverner

Il ne faut pas tomber dans les simplifications et l'esprit complotiste mais il est clair que l'esprit corporatiste n'arrive pas à se hisser au niveau des aspirations d'un peuple qui veut le partage du "pouvoir symbolique".

La Tunisie comprend comme tous les pays - quoique d'une manière parfois très caricaturale - toutes les catégories des "gouvernants de l'ombre".

Cela va des faiseurs de rois, qui se croient toujours indispensables pour faire fonctionner la machine, qui se donnent de l'importance par la connivence de l'opportunisme ambiant aux détenteurs du pouvoir économique et financier, qui sont là aux aguets pour protéger leurs intérêts.

Cela concerne aussi les détenteurs du "pouvoir symbolique", des familles qui croient que leur sang bleu leur donne le statut de propriétaires d'un pays à protéger de la convoitise des locataires un peu trop nombreux à leurs yeux, aux différents corporatismes plus soucieux de protéger leurs privilèges que de se remettre en cause.

Enfin n'oublions pas, les "derniers puissants" devenus puissants par la seule grâce d'un État faible.

5. Un État défaillant et un leadership politique absent

Cet homme ne serait pas malade s'il n'était pas aussi faible.

On pourrait même dire que le pouvoir est à terre. Et les marques de la faiblesse de l'État ne font que grandir et irriter la grande majorité des citoyens soucieux de retrouver un tant soi peu cette tranquillité d'un État fort et qui fait appliquer la loi.

Or il n'est toujours pas aussi simple d'expliquer aux gens qu'un État fort est aussi un État juste.

Plusieurs raisons font que l'État est défaillant, et plusieurs raisons expliquent l'absence de leadership.

La principale étant la manière choisie de concevoir et d'appliquer la Constitution pour choisir un gouvernement de coalition qui in fine n'en est pas un.

La faiblesse des partis politiques et leur effritement sont la principale cause de ce manque de leadership politique, et on peut dire sans trop de risques que nous sommes revenus à une situation de déséquilibre politique similaire à 2011.

Depuis 2011, la Tunisie a été gérée grâce à un consensus politique plus ou moins large qui a évité aux pays certains écueils , ce qui est une partie positive dans le processus de transition démocratique et qui a mené à l'élaboration d'une Constitution globalement acceptée par tous.

Seulement, le pays ne peut plus être gouverné par le consensus car par définition il est mou puisque le dénominateur commun ne peut être que minimaliste.

Le pays ne pourra être gouverné que par le compromis entre les différentes forces agissantes et celles qui se disputent le pouvoir avec comme objectif majeur: Instaurer l'État.

Le compromis consiste à ce que chaque partie prenante fasse des concessions et obtienne quelque chose en retour.

Le garant de ce compromis à mon sens ne peut être que l'institution de la présidence de la République dans son rôle extra constitutionnel autour d'une table qui comprend les trois présidences, les présidents des partis de la coalition et les premiers responsables des organisations nationales majeures.

Les pistes de la sortie de crise existent et sont simples à mettre en œuvre dans un pays comme le notre, moyennant une classe politique renouvelée qui porte un projet national d'instauration d'un État démocratique, moderne et égalitaire et sa gouvernance nécessaire pour donner un nouvel espoir au pays et à ses jeunes.

Le reste, tout le reste suivra.

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Ennahdha, ce pot de fer de la politique tunisienne

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Enfin clos le congrès d'Ennahdha, le dixième, celui qui survient après des décennies de vie commune entre la Tunisie et la pensée politico-islamique, décennies houleuses et une relation plus stable désormais.

Un congrès en grande pompe, donc, comme pour célébrer les cinq ans d'activisme politique public, après des décennies de clandestinité, d'exil et de traque.

Ce parti qui, au sein de ses structures, a noué avec la démocratie est, à l'échelle nationale, de plus en plus solide.

Son congrès, on en parlait longtemps avant et on en parlera longtemps après. Il faut dire que la rigueur politique, en Tunisie, c'est assez rare. La rigueur partisane, on ne l'a connue que par excès de zèle ou abus d'autorité.

La discipline du parti islamiste au pouvoir, l'organisation de ses adeptes, les échéances importantes réglées comme du papier à musique, cela surprend et laisse perplexe. A en faire envier les partisans frustrés des partis dits démocrates, qui peinent à s'identifier à ceux qui sont censés les représenter politiquement!

Si cela n'est pas voulu comme une démonstration de force, ça l'aura été, en définitive.

Le parti islamiste qui se veut désormais civil a offert à ses fidèles, aux officiels, aux concurrents politiques accessoirement alliés, aux Tunisiens et même à l'étranger qui scrute l'islam politique de près, un spectacle grandiloquent qui en dit long sur ses capacités et surtout sur son potentiel.

Le parti sorti gagnant des dernières élections et qui avait pris Ennahdha pour allié au pouvoir en perdrait presque sa primauté, en matière de communication et d'image. Presque? Gardons cela relatif, peut-être aurait-on droit à un sursaut même furtif.

La dialectique Ennahdha et Nidaa, le gagnant et le perdant, le conservateur et le progressiste, l'islamiste et le bourguibiste, enfin réconciliés autour du trophée Tunisie n'est pas sans rappeler la fable de La Fontaine et sa morale ô combien instructive et prédicative:

Ne nous associons qu'avecque nos égaux ;
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d'un de ces Pots.


Nidaa s'est réuni aussi ce weekend, à Tabarka, sans spectacle et sans spectateurs, non pas autour d'un leader mais d'un éventuel futur leader, en l'occurrence Youssef Chahed ministre des Affaires Locales.

A l'ordre du jour, entre autres, les élections municipales.

Prévue pour 2017, cette échéance élective est hautement politique et sera déterminante pour l'avenir des partis sur le court terme et pour les carrières des uns et des autres sur le long terme.

Rached Ghannouchi président de la République à l'avenir, une fois son parti bénéficiant d'une assise légitime, une fois sa perception comme figure consensuelle admise, une fois Ennahdha devenu parti national et non islamiste, une fois le bleu emblématique changé en rouge.

Nidaa à deux têtes n'y pourra plus rien. Stratégie politique et amateurisme politique obligent.

Les observateurs l'auront, toutefois, compris, pour Ennahdha ce ne sont pas les carrières qui importent mais le groupe et la pensée collective. Tous oeuvrent pour ce but commun.

Que le meilleur gagne la partie, c'est cela le jeu démocratique. Que le gagnant épargne la patrie, c'est cela la noblesse du jeu.

Les petits pots dans les grands, le parti de Rached Ghannouchi fait peau neuve pour affronter un avenir politique plus ambitieux qu'il ne l'a jamais été.

Le rêve du parti sorti de la clandestinité et désormais sous les feux des projecteurs est on ne peut plus réalisable.

La figure de son leader reconduit à la tête du parti a gagné- et on travaillera encore à la faire gagner- en crédibilité dans l'objectif d'un jour J.

La mutation est en marche au sein d'Ennahdha, comme à sa marge, dans les structures inhérentes au parti comme face à la masse.

Une masse électorale faite d'opposants de plus en plus sans teneur, de sceptiques sans alternatives et de conquis que l'on continue à prêcher comme pour les rassurer sur l'avenir du parti sur lequel ils ont depuis longtemps misé.

Il n'en demeure pas moins qu'Ennahdha version 2.0 n'est pas tout à fait réconcilié avec son avenir, du moins celui qu'il vise- ou dit viser.

Le parti qui se veut démocrate par sa manière de se gérer et d'appréhender son propre leadership a réélu à sa tête Rached Ghannouchi avec un taux de 75%. Point de changement majeur donc.

Le chef reconduit reste la figure phare de ce parti qui s'offre un lifting très partiel donc.

Pas de montée en puissance des femmes d'Ennahdha (10% environ des membres de Majles Choura), pas dans les structures décisionnelles, mais juste disposées, dans le sens de la parité, en avant-boutique.

Quant aux jeunes, ces chevilles ouvrières, qui constituent l'avenir et seront l'essence de la réelle mutation à venir, ils ne sont toujours pas très visibles à l'échelle nationale ou trop peu.

Leurs aînés, les militants d'avant-révolution, n'ont pas encore tout dit et l'ouvrage décennal, ils en sont encore les maîtres et les garants.

Tant que la scène politique nationale est en chantier, le travail stratégique est encore de mise et les cartes à jouer encore à l'abri des regards. La mise est importante et l'enjeu l'est encore plus.

Ennahdha l'a bien compris et travaille en fourmilière pour. D'autres ne font que bourdonner.

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