Ah ces Tunisiens, nous dit la carte postale: Ils ne sont en fin de compte que des méditerranéens comme les autres! Leur rapport au temps est élastique, leur rapport au lieu est ancrage.
Sentimentaux ils le sont, sentimentaux ils le seront toujours. Il fait beau à Tunis comme il fait beau à Marseille ou à Palerme, avec un soleil incitant au farniente, ou alors à un certain épicurisme. "Carpe Diem" disent-ils, profitons du moment car on ne sait jamais de quoi demain sera fait.
"Demain" est justement pétri d'incertitudes en Tunisie. Il semble bien lointain le temps où un certain 14 Janvier 2011 promettait des lendemains qui chantent et de bien meilleurs auspices. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis et les Tunisiens ont dû subir quatre années durant lesquelles toutes les boites de Pandore ont explosé, et tous les débats initiés.
Fatigué, larvé, déçu et dégouté, le Tunisien lambda se retrouve aujourd'hui à faire face à un quotidien fait de difficultés financières liées à la cherté de la vie, à une qualité de vie justement de moins en moins bonne même dans les grandes villes, à une administration qui tourne au ralenti, à un chômage rampant, et - cerise sur le gâteau-, à un terrorisme avec lequel il faut désormais compter.
L'attaque du musée du Bardo est un épisode ensanglanté, un de plus, dans cette longue marche que le peuple tunisien a entamé il y a quatre ans. Elle fait peur par sa barbarie, elle fait redouter le pire pour l'avenir, elle fait fuir les capitaux, elle fait réfléchir quant au futur immédiat.
Pourtant, le monde le voit et le monde le réalise: La réaction de l'écrasante majorité des Tunisiens est des plus dignes, des plus civilisées, des plus "modernes" aussi; sur la toile mais aussi dans la rue, le génie créatif local a su trouver en quelques mots et en quelques gestes le moyen de communiquer son rejet de la barbarie: en un hashtag, en un rassemblement, avec des bougies et des chœurs, ce peuple exprime clairement qu'il n'est pas Bardo pour rien, comme il n'avait pas été Charlie pour rien.
C'est cela qui fait de ce pays un bastion imprenable pour les forces obscures malgré tout le mal que leurs attaques ponctuelles peuvent causer. Il y a une nation tunisienne, un esprit local fait de pragmatisme, d'ouverture, de passion et de raison. Aucune organisation terroriste au monde ne peut venir à bout de ça.
Nous voici donc dans une démocratie créée par la volonté populaire, une démocratie que les partis politiques ont investi et récupéré, sans pour autant s'élever au génie créatif de leur propre population. C'est là un décalage qui doit être rectifié.
La République fête aujourd'hui son indépendance dans un contexte marqué par les évènements d'il y a 48 heures. Plus que jamais la République appelle ses élites politiques à s'élever à leurs responsabilités historiques et à se mettre au niveau des revendications populaires.
Plus que jamais cette fragile république, ce fragile édifice bâti par les sacrifices de générations de Tunisiens, a besoin de ses enfants pour faire face aux menaces.
Joyeux anniversaire et longue vie, Ya Tounès.
Sentimentaux ils le sont, sentimentaux ils le seront toujours. Il fait beau à Tunis comme il fait beau à Marseille ou à Palerme, avec un soleil incitant au farniente, ou alors à un certain épicurisme. "Carpe Diem" disent-ils, profitons du moment car on ne sait jamais de quoi demain sera fait.
"Demain" est justement pétri d'incertitudes en Tunisie. Il semble bien lointain le temps où un certain 14 Janvier 2011 promettait des lendemains qui chantent et de bien meilleurs auspices. Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis et les Tunisiens ont dû subir quatre années durant lesquelles toutes les boites de Pandore ont explosé, et tous les débats initiés.
Fatigué, larvé, déçu et dégouté, le Tunisien lambda se retrouve aujourd'hui à faire face à un quotidien fait de difficultés financières liées à la cherté de la vie, à une qualité de vie justement de moins en moins bonne même dans les grandes villes, à une administration qui tourne au ralenti, à un chômage rampant, et - cerise sur le gâteau-, à un terrorisme avec lequel il faut désormais compter.
L'attaque du musée du Bardo est un épisode ensanglanté, un de plus, dans cette longue marche que le peuple tunisien a entamé il y a quatre ans. Elle fait peur par sa barbarie, elle fait redouter le pire pour l'avenir, elle fait fuir les capitaux, elle fait réfléchir quant au futur immédiat.
Surtout, cette attaque montre le visage hideux d'une certaine jeunesse récupérée par l'international terroriste, soit par désœuvrement soit par idéalisme, et elle nous crache en plein visage cette réalité immonde: que le monstre Daechien est désormais parmi nous.
Pourtant, le monde le voit et le monde le réalise: La réaction de l'écrasante majorité des Tunisiens est des plus dignes, des plus civilisées, des plus "modernes" aussi; sur la toile mais aussi dans la rue, le génie créatif local a su trouver en quelques mots et en quelques gestes le moyen de communiquer son rejet de la barbarie: en un hashtag, en un rassemblement, avec des bougies et des chœurs, ce peuple exprime clairement qu'il n'est pas Bardo pour rien, comme il n'avait pas été Charlie pour rien.
Là où le Président de la République et le Premier ministre peinent à communiquer, balbutiant des discours qui se veulent rassurants mais qui trahissent fatalement une certaine improvisation, le bon peuple s'est chargé de la vraie com', celle récupérée par les télés étrangères, unanimes à saluer le courage des Tunisiens si orgueilleux de leur démocratie naissante, si jaloux de leurs acquis modernistes.
C'est cela qui fait de ce pays un bastion imprenable pour les forces obscures malgré tout le mal que leurs attaques ponctuelles peuvent causer. Il y a une nation tunisienne, un esprit local fait de pragmatisme, d'ouverture, de passion et de raison. Aucune organisation terroriste au monde ne peut venir à bout de ça.
Un regret? Que la classe politique actuelle ne soit pas au diapason de sa propre population. Le peuple a toujours une longueur d'avance sur cette élite incapable de convaincre, incapable de prendre le taureau par les cornes et de prendre les décisions qui tranchent.
Nous voici donc dans une démocratie créée par la volonté populaire, une démocratie que les partis politiques ont investi et récupéré, sans pour autant s'élever au génie créatif de leur propre population. C'est là un décalage qui doit être rectifié.
La République fête aujourd'hui son indépendance dans un contexte marqué par les évènements d'il y a 48 heures. Plus que jamais la République appelle ses élites politiques à s'élever à leurs responsabilités historiques et à se mettre au niveau des revendications populaires.
Plus que jamais cette fragile république, ce fragile édifice bâti par les sacrifices de générations de Tunisiens, a besoin de ses enfants pour faire face aux menaces.
Joyeux anniversaire et longue vie, Ya Tounès.
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