"C'est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c'est notre regard aussi qui peut les libérer".
Le camp des réfugiés syriens basé au sud de la Turquie illustre un temple dont les souffrances se mélangent à une atmosphère lugubre de précarité accablante et d'incertitudes.
Selon l'ONU, 2,5 millions de syriens ont quittés leur demeure vers l'abime du néant. Un exil qui semble trainer avec lui des âmes errantes ayant perdu de vue tout attachement et toute identité.
En effet, leur deuil ne se limite pas à la perte d'un être cher. Pour certains d'entre eux, cet exil forcé vient rompre tout lien d'attachement "ancestralement" ancré dans leur inconscient et vivement animé dans leur conscience.
Loin de la victimisation, le photographe britannique basé en Turquie Bradley Secker a eu l'idée de photographier les clés syriennes dès lors qu'il couvrait la situation des réfugiés dans un camp dans le sud de la Turquie. Cette série de photographies est intitulée "Syrian Nakba" et illustre des mains de réfugiés hommes, femmes et enfants ayant laissé derrière eux leur maison. Seules les clés demeurent accrochées à leurs doigts.
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Un œil aguerri s'inspirant de la symbolique des clefs pour refléter l'intimité de tout un chacun, un bout d'espoir dans les ténèbres de l'exode témoignant d'une sorte d'incorporation de l'appartenance et de la contenance d'un intérieur dont il ne reste plus rien. Pour les syriens, cette identité se concrétise généralement à travers la demeure familiale, une demeure qui symbolise et perpétue la lignée des ancêtres.
Bradley s'inspirait ainsi des histoires vécues et relatées par les réfugiés syriens pour saisir une photo, dans un élan de reviviscence absolue. Sur un fond noir, seule une main tenant entre ses doigts des clés est capturée comme pour figer tout ressentiment et personnifier une crise des plus dévastatrices. La clé est mise en scène en représentant un élément extrêmement symbolique qui témoigne de la construction psychique primaire.
En essayant de tracer un chemin dans un sentier de destruction et d'abandon, le réfugié enfante son "chez soi " dans un espoir de retour, un élan de préservation de la mémoire individuelle et collective, un non lieu intemporel face au traumatisme du déracinement.
Les clichés viennent alors esquisser le contour d'un vécu psychique et corporel violent, un fragment d'une adresse de la demeure délaissée et probablement en ruine comme pour saisir le fil de l'affiliation et maintenir unifié un "Moi" au-delà des fragmentations sociales et politiques.
Ces clés qui n'ouvrent malheureusement plus aucune porte, demeurent l'unique attache à une réalité subjective qui se veut rebelle et revendicatrice d'une appartenance. L'espoir de revenir échappe à la mort en soi dans une tentative d'exister au-delà des murs, de dépasser la chaine signifiante du langage pour s'apprivoiser le corps signifié dans une main qui serre l'être et l'avoir.
Le camp des réfugiés syriens basé au sud de la Turquie illustre un temple dont les souffrances se mélangent à une atmosphère lugubre de précarité accablante et d'incertitudes.
Selon l'ONU, 2,5 millions de syriens ont quittés leur demeure vers l'abime du néant. Un exil qui semble trainer avec lui des âmes errantes ayant perdu de vue tout attachement et toute identité.
En effet, leur deuil ne se limite pas à la perte d'un être cher. Pour certains d'entre eux, cet exil forcé vient rompre tout lien d'attachement "ancestralement" ancré dans leur inconscient et vivement animé dans leur conscience.
Loin de la victimisation, le photographe britannique basé en Turquie Bradley Secker a eu l'idée de photographier les clés syriennes dès lors qu'il couvrait la situation des réfugiés dans un camp dans le sud de la Turquie. Cette série de photographies est intitulée "Syrian Nakba" et illustre des mains de réfugiés hommes, femmes et enfants ayant laissé derrière eux leur maison. Seules les clés demeurent accrochées à leurs doigts.

Un œil aguerri s'inspirant de la symbolique des clefs pour refléter l'intimité de tout un chacun, un bout d'espoir dans les ténèbres de l'exode témoignant d'une sorte d'incorporation de l'appartenance et de la contenance d'un intérieur dont il ne reste plus rien. Pour les syriens, cette identité se concrétise généralement à travers la demeure familiale, une demeure qui symbolise et perpétue la lignée des ancêtres.
Bradley s'inspirait ainsi des histoires vécues et relatées par les réfugiés syriens pour saisir une photo, dans un élan de reviviscence absolue. Sur un fond noir, seule une main tenant entre ses doigts des clés est capturée comme pour figer tout ressentiment et personnifier une crise des plus dévastatrices. La clé est mise en scène en représentant un élément extrêmement symbolique qui témoigne de la construction psychique primaire.
En essayant de tracer un chemin dans un sentier de destruction et d'abandon, le réfugié enfante son "chez soi " dans un espoir de retour, un élan de préservation de la mémoire individuelle et collective, un non lieu intemporel face au traumatisme du déracinement.
Les clichés viennent alors esquisser le contour d'un vécu psychique et corporel violent, un fragment d'une adresse de la demeure délaissée et probablement en ruine comme pour saisir le fil de l'affiliation et maintenir unifié un "Moi" au-delà des fragmentations sociales et politiques.
Ces clés qui n'ouvrent malheureusement plus aucune porte, demeurent l'unique attache à une réalité subjective qui se veut rebelle et revendicatrice d'une appartenance. L'espoir de revenir échappe à la mort en soi dans une tentative d'exister au-delà des murs, de dépasser la chaine signifiante du langage pour s'apprivoiser le corps signifié dans une main qui serre l'être et l'avoir.