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Nouri El Maliki, l'Irakien incontournable

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Depuis que la crise syrienne a pris les devants de l'actualité internationale et que l'entreprise d'abattre le régime de Bachar El Assad est devenue la principale préoccupation diplomatique du moment, l'Irak et sa sanglante guerre communautaire sont passés au second plan. Même quand les attentats font rage avec des dizaines de morts au bout, les titres de l'actualité mondiale frissonnent à peine. Sans doute trop habitués aux carnages irakiens. Leurs éditorialistes font souvent ressortir le désespoir à traiter un pays que les Américains ont fini par quitter avec le sentiment de l'œuvre inachevée.

Pendant la "présence" américaine, un homme était au cœur du pouvoir irakien. Le Premier ministre Nouri El Maliki en poste depuis 2006. Rarement un homme n'aura été autant critiqué par sa propre classe politique. Porte drapeau de la commuante chiite, Nouri El Maliki subit malgré tous les violentes charges de son influente icône Moqtada Al-Sadr: "La politique, c'est la porte d'entrée de l'injustice, de l'irresponsabilité et des malversations pour permettre à un dictateur et un tyran de détourner de l'argent, éliminer des gens et bombarder des villes", a-t-il dit en référence directe au bilan et à la politique de Nouri El Maliki.

Le Premier ministre irakien aura réussi cette petite performance de décevoir les chiites, d'exciter à mort les sunnites et de se mettre à dos les kurdes trop préoccupés par leurs obsessions autonomistes. Rien dans ce qu'il a entrepris jusqu'à présent ne fait de Nouri El Maliki un homme d'avenir. Crise sécuritaire et impasse économique sur fond de guerres confessionnelles presque institutionnalisée...voilà en gros le bilan dont peut se prévaloir le chef du parti chiite Al Daawa, devenu et resté Premier ministre par la magie des alliances communautaires.

C'est pourquoi lorsque la date des élections législatives irakiennes avait été annoncée, rares étaient ceux qui pariaient sur leur tenue dans des conditions paisibles. Tous les observateurs misaient sur le contexte sécuritaire explosif que vit l'Irak depuis des années pour affirmer que les Irakiens allaient voter entre deux flambées terroristes. Et pourtant le scrutin s'est passé dans des conditions relativement calmes. Le nombre de morts ce jour là avait considérablement baissé... sept seulement au lieu des dizaines tragiquement quotidiennes... comme si les auteurs d'attentats ont observé une trêve le temps que le scrutin puisse se dérouler...

Premier bénéficiaire de ce vote et des conditions de son déroulement, le premier ministre chiite Nouri El Maliki. À voir son incapacité chronique à assurer la sécurité en Irak depuis le départ des américains fin 2011, le premier ministre irakien donnait l'impression de vivre en sursis. Il était tellement affaibli par les vagues successives d'attentats qui faisaient parfois plus de morts en Irak qu'en Syrie que ces jours semblaient vraiment comptés. Et pourtant tout indique qu'en fin manœuvrier Nouri El Maliki est assuré, sauf coup de théâtre, de rempiler pour un troisième mandat au poste de premier ministre de l'Irak.

L'administration américaine qui s'est précipitée pour féliciter le peuple irakien au sujet de ces élections, ce qu'elle n'a pas encore fait pour le quatrième mandat de l'algérien Abdelaziz Bouteflika, a toutes les raisons de vouloir son départ. Et ce, pour au moins deux raisons. La première est son incapacité à gérer politiquement les grandes tensions irakiennes qui menacent le pays de partition entre kurdes, chiites et sunnites. La création de cette fameuse EIIL, l'Etat islamique en Irak et au Levant est à mettre à son passif et son déficit de dialogue politique qui a radicalisé son opposition sunnite. Ce déficit sécuritaire handicape lourdement l'économie irakienne dont les moteurs de production énergétique fonctionnent au ralenti, pénalisant beaucoup les Irakiens.

La seconde est sa gestion du conflit syrien. Au moment où la pression internationale s'accentuait sur Bachar El Assad pour faire craquer son régime, Damas a trouvé en Nouri El Maliki un précieux allié et un indéfectible soutien. De nombreux observateurs ont attribué cette posture à la trop voyante influence qu'exerce le régime iranien sur Nouri El Maliki au point de rendre nulle sa marge de manœuvre. Dans ce cas précis, Nouri El Maliki est décrit comme une marionnette que Téhéran fait bouger à sa guise. Le nouvel Irak censé être pro américain, puisqu'arrivé au pouvoir sur le dos des chars américains qui avaient violemment démantelé le régime de Saddam Hussein, adopte souvent des positions antinomiques aux objectifs affichés de la diplomatie américaine dans la région.

Non content de susciter l'ire souvent silencieuse de Washington, Nouri El Maliki concentra sur sa personne la haine acrimonieuse des saoudiens. Surtout lorsque sans crier gare, il se livra à des déclarations fracassantes contre le Qatar et l'Arabie saoudite en les accusant ouvertement d'être "les premiers responsables des violences entre communautés, du terrorisme et de la crise de sécurité en Irak" et "d'acheter des armes au bénéfice (des) organisations terroristes". Ces accusations ont valu à Nouri El Maliki une disgrâce auprès des pays du Golfe qui se mettent à espérer son renvoi politique. Comme sur le théâtre libanais et syrien, l'Irak s'est transformé depuis des années en une scène de combats entre Iraniens et Saoudiens par chiites et sunnites interposés. Mais à voir les premières indications de la performance de son parti "la coalition de l'Etat du droit", Nouri El Maliki semble avoir la peau dure. Les résultats officiels des urnes et des tractations de couloir sont prévus pour la mi-mai.

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