Chère dame croisée à la cafétéria,
Merci à vous! Même occupée à vous battre pour faire manger quatre petits, vous avez pris le temps de remarquer le gars assis à la table voisine, avec un nouveau-né et un enfant de cinq ans aussi remuant que bavard. Vous lui avez souri et lancé: "C'est bien que vous permettiez à votre femme de souffler!".
Je suis désolée de ce qui s'est passé ensuite. Il s'est figé, ses baguettes en l'air, en faisant tomber des nouilles sur la tête du bébé, que je l'ai aidé à nettoyer (c'est d'ailleurs comme ça que j'ai appris toute l'histoire), il vous a regardé fixement, puis il a continué son repas... vous obligeant à en faire de même, en rougissant.
En fait, s'il n'a rien dit, c'est parce qu'il n'a pas pris ça comme un compliment. Il était si sincèrement stupéfait qu'il n'a rien trouvé à vous répondre.
Alors je vous remercie d'avoir amené mon mari à prendre conscience d'une réalité qu'il n'avait encore jamais vraiment appréhendée, malgré toutes mes tentatives pour la lui expliquer (comme nombre d'entre nous, il ne peut vraiment comprendre quelque chose qu'après en avoir fait l'expérience). Merci d'avoir clairement montré que l'idée que les femmes restent à la maison pour s'occuper des enfants pendant que leurs maris vont au travail est solidement ancrée en nous.
Je vous remercie d'autant plus que mon mari s'occupait des petits pendant que je me faisais faire une pédicure: c'était la première fois que j'étais séparée de mon bébé de huit semaines, mais je voulais vraiment de jolis pieds car je peux DE NOUVEAU LES VOIR, et je sais à présent que je peux prendre quelques précieux moments pour moi sans que cela provoque de catastrophe.
Merci de l'avoir aidé à se montrer plus attentif à ce que je ressens, car j'en ai profité pour lui avouer que je suis confrontée à une résurgence des jugements à l'emporte-pièce. Pour l'instant, voici la liste des questions qui m'ont été posées de manière assez agressive par de parfaits inconnus:
Pourquoi est-ce que je nourris mon bébé au biberon?
Ses vêtements sont-ils en coton bio?
A-t-il assez chaud ou est-il assez au frais avec les vêtements que j'ai choisis?
Est-ce vraiment prudent de laisser son frère de cinq ans lui toucher la tête?
Merci de lui avoir fait ressentir, ne serait-ce qu'un instant, cette indignation et cette tristesse qu'inspire l'idée que certaines femmes ont une image précise de ce que devraient être les mères, et que cette image soit incompatible avec le fait d'avoir un emploi. Il croyait sincèrement que j'exagérais, ou que si le problème se posait, ce serait au travail, avec des hommes d'un certain âge.
Merci, vraiment. Et, tant que j'y suis, j'ai encore quelque chose à vous dire. Maintenant qu'on en a fini avec les remerciements, je voudrais vous demander de cesser de féliciter les hommes qui s'occupent de leurs enfants. Je n'ai pas envie d'une société où un conjoint qui a envie de le faire est considéré comme une chance. Parce que ça inclut le genre de mec qui nage déjà dans l'autosatisfaction et croit gagner des points à chaque "bonne action". Parce qu'un homme peut tout simplement avoir envie de passer du temps avec ses enfants. Mais surtout, parce que ce n'est pas un service à rendre aux parents en général. Les femmes devraient pouvoir choisir entre gagner leur vie, rester au foyer, ou trouver un équilibre entre les deux. Et leurs conjoints aussi.
C'est pour ce genre de choix qu'on s'est toutes battues. Pour des couples où règne l'égalité, où les deux parents sont autant impliqués, d'où que vienne l'argent du foyer. Et puis merde! On devrait toutes pouvoir aller se faire faire les ongles, d'autant que notre homme se fera complimenter parce qu'il consacre du temps à sa famille.
Remercier mon mari parce qu'il s'occupe de nos enfants? Très peu pour moi.
Merci à vous! Même occupée à vous battre pour faire manger quatre petits, vous avez pris le temps de remarquer le gars assis à la table voisine, avec un nouveau-né et un enfant de cinq ans aussi remuant que bavard. Vous lui avez souri et lancé: "C'est bien que vous permettiez à votre femme de souffler!".
Je suis désolée de ce qui s'est passé ensuite. Il s'est figé, ses baguettes en l'air, en faisant tomber des nouilles sur la tête du bébé, que je l'ai aidé à nettoyer (c'est d'ailleurs comme ça que j'ai appris toute l'histoire), il vous a regardé fixement, puis il a continué son repas... vous obligeant à en faire de même, en rougissant.
En fait, s'il n'a rien dit, c'est parce qu'il n'a pas pris ça comme un compliment. Il était si sincèrement stupéfait qu'il n'a rien trouvé à vous répondre.
Alors je vous remercie d'avoir amené mon mari à prendre conscience d'une réalité qu'il n'avait encore jamais vraiment appréhendée, malgré toutes mes tentatives pour la lui expliquer (comme nombre d'entre nous, il ne peut vraiment comprendre quelque chose qu'après en avoir fait l'expérience). Merci d'avoir clairement montré que l'idée que les femmes restent à la maison pour s'occuper des enfants pendant que leurs maris vont au travail est solidement ancrée en nous.
Je vous remercie d'autant plus que mon mari s'occupait des petits pendant que je me faisais faire une pédicure: c'était la première fois que j'étais séparée de mon bébé de huit semaines, mais je voulais vraiment de jolis pieds car je peux DE NOUVEAU LES VOIR, et je sais à présent que je peux prendre quelques précieux moments pour moi sans que cela provoque de catastrophe.
Je suis confrontée à une résurgence des jugements à l'emporte-pièce.
Merci de l'avoir aidé à se montrer plus attentif à ce que je ressens, car j'en ai profité pour lui avouer que je suis confrontée à une résurgence des jugements à l'emporte-pièce. Pour l'instant, voici la liste des questions qui m'ont été posées de manière assez agressive par de parfaits inconnus:
Pourquoi est-ce que je nourris mon bébé au biberon?
Ses vêtements sont-ils en coton bio?
A-t-il assez chaud ou est-il assez au frais avec les vêtements que j'ai choisis?
Est-ce vraiment prudent de laisser son frère de cinq ans lui toucher la tête?
Merci de lui avoir fait ressentir, ne serait-ce qu'un instant, cette indignation et cette tristesse qu'inspire l'idée que certaines femmes ont une image précise de ce que devraient être les mères, et que cette image soit incompatible avec le fait d'avoir un emploi. Il croyait sincèrement que j'exagérais, ou que si le problème se posait, ce serait au travail, avec des hommes d'un certain âge.
Les femmes devraient pouvoir choisir entre gagner leur vie, rester au foyer, ou trouver un équilibre entre les deux. Et leurs conjoints aussi.
Merci, vraiment. Et, tant que j'y suis, j'ai encore quelque chose à vous dire. Maintenant qu'on en a fini avec les remerciements, je voudrais vous demander de cesser de féliciter les hommes qui s'occupent de leurs enfants. Je n'ai pas envie d'une société où un conjoint qui a envie de le faire est considéré comme une chance. Parce que ça inclut le genre de mec qui nage déjà dans l'autosatisfaction et croit gagner des points à chaque "bonne action". Parce qu'un homme peut tout simplement avoir envie de passer du temps avec ses enfants. Mais surtout, parce que ce n'est pas un service à rendre aux parents en général. Les femmes devraient pouvoir choisir entre gagner leur vie, rester au foyer, ou trouver un équilibre entre les deux. Et leurs conjoints aussi.
C'est pour ce genre de choix qu'on s'est toutes battues. Pour des couples où règne l'égalité, où les deux parents sont autant impliqués, d'où que vienne l'argent du foyer. Et puis merde! On devrait toutes pouvoir aller se faire faire les ongles, d'autant que notre homme se fera complimenter parce qu'il consacre du temps à sa famille.
Remercier mon mari parce qu'il s'occupe de nos enfants? Très peu pour moi.
Ce blog, publié à l'origine sur le Huffington Post australien, a été traduit par Guillemette Allard-Bares pour Fast for Word.
LIRE AUSSI: J'ai "oublié" d'avoir des enfants. Arrêtez de me juger, merci!
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