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Les orphelines d'Idlib, aux portes du Maroc

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RÉFUGIÉS - En acceptant de ramener quatre orphelines syriennes vers l'Allemagne, Chaher ne savait pas qu'il allait subir une galère et une humiliation sans nom aux portes d'un pays musulman. Il a vu ses compatriotes syriens se faire maltraiter par la police des frontières en Hongrie ou encore en Macédoine dans leur fuite vers l'Allemagne et l'Europe du Nord.

Maintenant que cette route est presque coupée, les retardataires se sont rabattus sur le chemin du sable en traversant les pays d'Afrique du Nord même en trouble pour regagner l'enclave espagnole de Melilla au Maroc, point de départ dans l'espace Schengen.

Chaher, la trentaine, m'a confié qu'il était à Damas et qu'il a horreur de la violence. Le régime lui impose de s'enrôler dans l'armée comme soldat de réserve, chose qui lui est insupportable parce qu'il ne pourra pas pointer une arme à feu face à ses semblables et de surcroît en direction de ses compatriotes. Il n'avait plus d'autre choix que de partir.

Son meilleur ami Mahmoud, installé en Allemagne depuis deux ans, lui demande de ramener les petites afin qu'elles puissent rejoindre leur mère, partie il y a un an en traversant l'Europe. Le regroupement familial requière sa présence sur place trois ans minimum. Rien n'est fait pour faciliter la vie des Syriens et leurs venues par des voies légales, alors ils choisissent une aventure qui leur était imposée.

C'est comme ça que Chaher s'est retrouvé au Soudan pour rejoindre Asmaa, Israa, Chaymaa et Ayat, des fillettes de 3 à 14 ans. Puis ils sont venus en Libye pour traverser l'Algérie et se retrouver aux portes de Figuig refoulés par la police mi avril. Et depuis ce temps, l'histoire des réfugiés à la frontière maroco-algérienne a fait le tour du monde, sans solution notable.

Au début du mois de ramadan, Chaher, avec d'autres compagnons d'infortune prend les quatre fillettes et suit la vallée, trompant ainsi la vigilance des gardes frontières marocains. Il arrive à passer par Figuig et avec l'aide de quelques habitants atteint la ville de Bouarfa et ensuite Oujda par les transports en commun.

Il rencontre le représentant du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) sur place et obtient un rendez-vous le 12 juin au bureau de Rabat, mais la destination de Chaher et les filles n'est pas le Maroc, mais l'Europe. Alors il va vers Nador pour tenter sa chance et passer vers l'enclave espagnole de Melilla.

Les autorités marocaines prises en défaut par le départ d'une douzaine de réfugiés, y compris la jeune femme enceinte Khaldia, remuent ciel et terre afin de les retrouver, fouillant ainsi des maisons et fermes à Figuig et quelques demeures de Syriens installés à Oujda.

De fil en aiguille, on attrape Chaher et deux des quatre filles à la frontière de Melilla, la même nuit. Utilisant le principe de la patate chaude, la police de Nador le ramène de nuit avec les fillettes vers le Sahara aux portes de Figuig, quelle imagination! Il faut savoir que la loi interdit le refoulement de mineurs. Les deux autres fillettes de 8 et 11 ans ont pu passer moyennant 1.500 euros chacune, ente prix des passeurs et corruption des agents.

Ainsi, vingt-huit syriens dont douze enfants et huit femmes sont toujours dans le désert. Sous surveillance renforcée, ils égrènent les journées chaudes du mois de ramadan et attendent une solution à leurs souffrances

LIRE AUSSI: Réfugiés syriens laissés dans le désert... L'injustice en plein ramadan



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