SANTÉ - Dans mon cabinet Injab, j'ai reçu Houda, une jeune femme de 26 ans, à terme de sa première grossesse. Houda a fait des études, me parle dans un bon français, elle a été licenciée de son travail précaire dans un centre d'appel, il y a 4 mois et de fait a perdu sa prise en charge maladie et grossesse. L'assurance de son mari ne veut pas prendre en charge son accouchement parce qu'il aurait fallu y être affiliée depuis au moins 6 mois.
Voilà comment un couple éduqué et qui travaille peut basculer dans une certaine précarité à cause d'un licenciement abusif. Les frais d'accouchement dans les cliniques sont exorbitants pour le commun des mortels. Ils peuvent varier de 4.000 dh si l'accouchement est normal à 8.000 dh en cas de césarienne. Et ce ne sont que les prix les plus bas. Ce couple ne possède pas ces sommes. Houda est venue me voir il y a trois semaines pour une consultation et me dit souhaiter accoucher dans un hôpital public d'autant plus qu'en principe les accouchements y sont gratuits. En principe, parce qu'il faudra compter avec le mauvais accueil et traitement et le ballottement des femmes à droite et à gauche.
Houda est partie voir trois hôpitaux, à chaque fois elle a eu juste un examen gynécologique avec des résultats différents, on lui a annoncé que le col est ouvert, puis fermé et on lui a prescrit des antispasmodiques qui calment les mauvaises contractions en lui disant qu'elles sont censées ouvrir le col! Aucun monitorage ni examen échographique du fœtus n'ont été réalisés pour s'enquérir de son état. Entre mauvaise foi, manque de moyens et surbooking par le nombre impressionnant de consultantes, Houda et toutes les femmes enceintes ne savent plus comment se frayer un chemin pour accoucher dans de bonnes conditions.
Houda est désemparée, la date de la fin du neuvième mois est dans deux jours, et c'est à cette date qu'on doit en principe commencer une surveillance soutenue de la femme et son fœtus puis réfléchir sur les moyens de déclencher le travail si ce dernier ne survient pas spontanément. Mais aucun rendez-vous n'a été donné à Houda.
Houda voudrait bien aller accoucher dans une structure privée, mais elle n'a pas les moyens. Ces structures sont connues pour les césariennes faciles et par conséquent aux frais plus conséquents. Houda a peur eu égard aux comportements des agents de santé publique et aux écarts des diagnostics qu'elle a eu à subir. En effet, elle a été hospitalisée après 7 mois de grossesse avec le diagnostic de rupture de la poche des eaux dans une polyclinique de la CNSS avec mise sous antibiotiques. Bien évidemment, la poche n'était pas rompue, puisque je retrouve une bonne quantité de liquide amniotique et si c'était le cas, comment on pouvait ne pas suivre de près une rupture prématurée de la poche des eaux avec les risques importants d'infection et de prématurité. C'est le b.a.-ba de la prise en charge des grossesses dites à risques, je crois rêver, mais non!
J'écris ces lignes devant mon impuissance de venir en aide à ce genre de femmes enceintes et d'autres qui subissent les affres du système. Un système injuste et malsain qui sacrifie les femmes enceintes et surtout beaucoup de nouveau-nés, puisqu'il ne les surveille pas de façon adéquate avec d'importants risques dans leurs conditions de naissance et leur avenir. Je suis effectivement impuissant parce que je ne possède pas de maternité et je n'ai pas accès aux maternités publiques pour y travailler. Tout ce que je fais actuellement est un apprentissage des techniques d'obstétrique d'urgence pour les sages-femmes afin de les sensibiliser sur la noblesse de leur métier et les former à agir avec leurs moyens de bord et à faire face à la défaillance du système de santé maternelle publique.
En attendant, j'ai contacté une des sages-femmes que j'ai formée sur Casablanca ainsi qu'une gynécologue fatiguée et désabusée par le système qui a accepté de prendre en charge Houda. Mais il y en a combien de Houda qui errent dans les couloirs et se font balloter entre les hôpitaux? Alors quand on me parle de programme maternité sans risque, qui n'a abouti qu'à de très peu de résultats sur le terrain, je réponds qu'il faut commencer par le premier des risques, celui de l'humain qui au lieu d'être une miséricorde pour son frère (ou sa sœur), s'est adapté au système de la Hogra et l'humiliation. Il la subit puis la répercute. Le ministère de la santé qui ne recrute presque plus et ne remplace pas les départs à la retraite ne fait qu'aggraver la situation des femmes.
Voilà comment un couple éduqué et qui travaille peut basculer dans une certaine précarité à cause d'un licenciement abusif. Les frais d'accouchement dans les cliniques sont exorbitants pour le commun des mortels. Ils peuvent varier de 4.000 dh si l'accouchement est normal à 8.000 dh en cas de césarienne. Et ce ne sont que les prix les plus bas. Ce couple ne possède pas ces sommes. Houda est venue me voir il y a trois semaines pour une consultation et me dit souhaiter accoucher dans un hôpital public d'autant plus qu'en principe les accouchements y sont gratuits. En principe, parce qu'il faudra compter avec le mauvais accueil et traitement et le ballottement des femmes à droite et à gauche.
Houda est partie voir trois hôpitaux, à chaque fois elle a eu juste un examen gynécologique avec des résultats différents, on lui a annoncé que le col est ouvert, puis fermé et on lui a prescrit des antispasmodiques qui calment les mauvaises contractions en lui disant qu'elles sont censées ouvrir le col! Aucun monitorage ni examen échographique du fœtus n'ont été réalisés pour s'enquérir de son état. Entre mauvaise foi, manque de moyens et surbooking par le nombre impressionnant de consultantes, Houda et toutes les femmes enceintes ne savent plus comment se frayer un chemin pour accoucher dans de bonnes conditions.
Houda est désemparée, la date de la fin du neuvième mois est dans deux jours, et c'est à cette date qu'on doit en principe commencer une surveillance soutenue de la femme et son fœtus puis réfléchir sur les moyens de déclencher le travail si ce dernier ne survient pas spontanément. Mais aucun rendez-vous n'a été donné à Houda.
Houda voudrait bien aller accoucher dans une structure privée, mais elle n'a pas les moyens. Ces structures sont connues pour les césariennes faciles et par conséquent aux frais plus conséquents. Houda a peur eu égard aux comportements des agents de santé publique et aux écarts des diagnostics qu'elle a eu à subir. En effet, elle a été hospitalisée après 7 mois de grossesse avec le diagnostic de rupture de la poche des eaux dans une polyclinique de la CNSS avec mise sous antibiotiques. Bien évidemment, la poche n'était pas rompue, puisque je retrouve une bonne quantité de liquide amniotique et si c'était le cas, comment on pouvait ne pas suivre de près une rupture prématurée de la poche des eaux avec les risques importants d'infection et de prématurité. C'est le b.a.-ba de la prise en charge des grossesses dites à risques, je crois rêver, mais non!
J'écris ces lignes devant mon impuissance de venir en aide à ce genre de femmes enceintes et d'autres qui subissent les affres du système. Un système injuste et malsain qui sacrifie les femmes enceintes et surtout beaucoup de nouveau-nés, puisqu'il ne les surveille pas de façon adéquate avec d'importants risques dans leurs conditions de naissance et leur avenir. Je suis effectivement impuissant parce que je ne possède pas de maternité et je n'ai pas accès aux maternités publiques pour y travailler. Tout ce que je fais actuellement est un apprentissage des techniques d'obstétrique d'urgence pour les sages-femmes afin de les sensibiliser sur la noblesse de leur métier et les former à agir avec leurs moyens de bord et à faire face à la défaillance du système de santé maternelle publique.
En attendant, j'ai contacté une des sages-femmes que j'ai formée sur Casablanca ainsi qu'une gynécologue fatiguée et désabusée par le système qui a accepté de prendre en charge Houda. Mais il y en a combien de Houda qui errent dans les couloirs et se font balloter entre les hôpitaux? Alors quand on me parle de programme maternité sans risque, qui n'a abouti qu'à de très peu de résultats sur le terrain, je réponds qu'il faut commencer par le premier des risques, celui de l'humain qui au lieu d'être une miséricorde pour son frère (ou sa sœur), s'est adapté au système de la Hogra et l'humiliation. Il la subit puis la répercute. Le ministère de la santé qui ne recrute presque plus et ne remplace pas les départs à la retraite ne fait qu'aggraver la situation des femmes.
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