
Au delà de la fête, l'Aïd est aussi ce cri de fond qui rappelle aux prodigues leur port d'attache. Akli Yahiathen le rappelle. Sous le couvercle de la tradition prophétique qui institua le sacrifice du jour de L'Aïd El K'bir s'amasse une profusion de sous rites qui firent de cette fête ce qu'elle était : des jours de grande joie. A travers le mouton se projetait la joie de rompre avec la frugalité de la vie et goûter à la profusion de quelques jours gras.
L'usage consacré était que le mouton de l'Aïd fût gras. De cette graisse on allait enrichir de protéines les mets des jours qui suivaient quand la viande fraîche venait à manquer. On salait les parties les moins prisées de la carcasse qu'on laissait ensuite sécher au soleil pour les conserver le plus longtemps possible.
L'occasion de la fête de Âachoura qui coïncide avec le 70e jour après l'Aïd se prêtait à la préparation des mets avec la nouvelle viande conditionnée (El Kadide). On jugeait de la bonne gouvernance d'une maîtresse de foyer à son économie. La plus économe serait celle qui pourrait se targuer d'avoir pu conserver ses bouts de gras jusque l'Aïd prochain. Bouts qu'elle enterrait comme un butin et qu'elle ne sortait qu'en des occasions bien précises (El Khlie).
L'année protéinique était donc rythmée par un calendrier marqué par le grand jour de l'Aïd. Nos aïeux ont longtemps vécu suivant ce cycle qui renaissait indéfiniment avec ce mouton béni des divinités.
Les mets des repas de l'Aïd répondent à un rituel immuable. Les abats sont consommés ou bien le jour même sinon le lendemain. Ils sont préparés dans un met caractéristique qu'on appelle Leklaia : une sauce rouge accompagnée de boules de semoules cuites dans la sauce même. La tête et les pieds peuvent, suivant les familles, se manger ou bien le jour de l'Aïd au soir ou le deuxième jour à midi.
Cette cure protéinique allait connaître son paroxysme au troisième jour avec le grand couscous (Ass ntghordhines). Le jour des épaules tant attendu où c'était carrément toute la partie haute du mouton qu'on consacrait à épaissir la sauce du couscous de l'année. On mangeait à sa faim appréciant ce moment de clémence ou l'on battait le rappel des siens pour les voir réunis pendant ces trois jours.
Parfois venaient-ils de loin, bien au-delà des mers, les exilés qui souvent choisissaient cette période pour rentrer au bercail et voir leur famille baigner dans la liesse du bien partagé et gracier dieu pour cette joie tolérée.
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