Comme beaucoup d'enfants qui ont perdu un parent la question de l'héritage s'est posée dans ma famille.
Mon père avec qui je partage totalement son avis sur la question a toujours défendu la liberté et l'égalité dans l'héritage : l'héritage appartient à la personne qui est décédé et elle et seulement elle a le droit de décider comment elle veut qu'il soit partagé. La Tunisie permet et accepte le testament, en absence de testament c'est l'égalité qui s'applique. La modification dans la loi tunisienne doit donc être de partager l'héritage également entre les enfants sauf si la personne décédée a laissé des vœux pour faire autrement.
Plus drôle encore, dans une interview qu'il a fait avec Haythem El Mekki il dit "personnellement je suis pour que la fille hérite le double des garçons, nous les hommes avons trop hérité".
Alors comme vous le savez, son départ a été subit, et en tant que juge il a beaucoup fait pour l'héritage des femmes, les juristes d'entre vous connaissent. Mais malgré tout à son départ, nous, ses enfants en avons parlé.
Je connais ma famille, je connais nos valeurs, jamais un jour nous n'avons été éduqué différemment entre filles et garçons. Mes parents nous ont toujours dans chaque étape de la vie laissé libre, libre de choisir avec qui on vit, libre de choisir ce qu'on veut faire, libre de vivre comme on veut, libres dans nos croyances, libres dans nos avis sur le monde et même sur eux. Mais malgré ça en tant que femme vivant dans ce pays j'ai eu des doutes.
Nous sommes deux filles et deux garçons, et nous allons hériter de manière égale. Sans testament ou dirai-je un testament plus fort que tous les testament : une éducation qui met l'égalité au dessus de tout. Mes frères n'ont pas hésité une seconde, c'était une évidence. Et rien ne me rends aussi fière que d'avoir des frères comme eux.
Je vous raconte ça parce que je connais plusieurs d'entre vous frustrés et dégoûtés par le comportement de leur famille, de leurs frères, etc.. Alors bien que la loi n'est pas de votre côté et que nous devons continuer à nous battre pour cette égalité sachez une chose : nous gagnerons cette bataille si chacun et chacune d'entre nous sème la graine de l'égalité dans ses enfants. La loi ne pourra rien faire, elle changera malgré elle.
C'est dans des moments comme ça que je me rend compte de la chance que j'ai eu que d'avoir Mokhtar Yahyaoui comme papa.
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