INTERNATIONAL - Je suis arrivé en Europe en août dernier, après avoir passé cinq ans, en prison, jusqu'en 2014, à cause de mes activités politiques pacifiques en Iran. Mon séjour en Europe m'a permis de découvrir avec étonnement que les responsables de ce continent sous-estiment la répulsion du peuple iranien envers ce régime théocratique et la profondeur du désir pour le changement démocratique parmi la jeunesse iranienne. Je trouve que les dirigeants occidentaux sont trop pessimistes par rapport aux aspirations des Iraniens, mais sont beaucoup trop optimistes concernant l'avenir de l'Iran sous la présidence d'Hassan Rohani.
J'ai été arrêté en février 2009 et relâché en février 2014 après avoir purgé ma peine. Durant ces cinq ans d'emprisonnement, la présidence est passée de Mahmoud Ahmadinejad à Hassan Rohani. J'ai été incarcéré dans les tristement célèbres prisons d'Evin à Téhéran et de Gezel-Hessar à Karaj. J'ai subi toutes sortes de tortures, aussi bien physiques que psychologiques, dont six mois en isolement, totalement coupé du monde. J'étais détenu pour avoir collaboré avec le principal groupe d'opposition, l'Organisation des Moudjahidines du Peuple d'Iran. Mon activité consistait à répandre des informations sur la Résistance, notamment à diffuser des slogans et des messages en soutien à une jeunesse éprise de liberté et de laïcité dans le pays.
Quand le président iranien a été désigné, certains ont fait confiance à ses promesses de modération. Mais lorsqu'il a confié des postes clés de son gouvernement à des gens qui faisaient partie de la faction la plus extrémiste du pouvoir, notamment Mostafa Pour-Mohammadi au poste de ministre de la Justice, beaucoup ont vite été désillusionnés. Ce dernier faisait partie des juges qui, en 1988, ont condamné 30.000 prisonniers politiques à la pendaison en l'espace de quelques mois.
Naturellement, quelques citoyens sincères gardaient l'espoir que Rohani tiendrait au moins quelques-unes des promesses de campagne évoquées dans son agenda. Mais il est désormais impossible de conserver cet espoir. Son gouvernement n'a pris aucune mesure concrète pour libérer les prisonniers politiques, arrêter les abus judiciaires, ou mettre fin à la censure dans les médias et sur Internet. Mais il y a pire, Rohani a justifié les exécutions comme étant des applications "fondées sur la loi divine ou sur les lois du pays..."
En effet, la situation s'est même aggravée sous son mandat. Je sais que les statistiques corroborent mes dires, et j'ai personnellement assisté au résultat. J'étais en prison lorsque Rohani a été choisi comme président du régime. La situation dans les prisons a changé. Mais pour empirer.
Environ 2000 personnes ont été exécutées depuis la prise de fonction de Rohani. Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme reconnaissant qu'il s'agit d'une crise et ont demandé que des mesures soient prises. Mais autant que je sache, ces demandes n'ont pas abouti. Pendant ce temps, des gens ont perdu leur père, leur mère, des frères, des sœurs et des amis sur de fausses accusations ou simplement parce qu'ils ont osé parler en public contre une dictature qui se justifie par la religion.
J'ai eu de la chance d'être relâché après la fin de ma peine et de pouvoir déjouer mon interdiction de voyager afin de m'échapper vers l'Europe, où je peux continuer mon combat pour la liberté du peuple iranien. Beaucoup de mes amis n'ont pas eu cette chance et ont été pendus pour leurs convictions.
On peut trouver un certain courage dans l'idée que la plupart de ces gens sont morts en pensant qu'ils servaient une cause, qu'ils aideraient à attirer l'attention de la communauté internationale sur les souffrances des Iraniens. Un de mes compagnons de cellule, Jafar Kazemi, a évoqué les paroles de Thomas Jefferson lorsqu'il a appris la date de son exécution. "Si l'arbre de la liberté avait besoin d'être revigoré par le sang, alors je serais fier si cela pouvait être le mien".
Il y a également un nombre croissant d'expatriés iraniens qui se battent pour attirer l'attention sur les mêmes faits. Ils le font, non pas avec des statistiques et des rapports ennuyeux, mais avec leur propre expérience d'emprisonnements sans procès, de passages à tabac, d'aveux forcés, de menaces faites aux familles et des exécutions de masse injustifiées et injustifiables.
J'ai personnellement vécu beaucoup de ces choses, et maintenant que je vis en Europe j'ai envie de raconter mon histoire à toutes les personnes qui ne croient pas que la situation en Iran est aussi mauvaise qu'elle l'a été pendant ces 36 dernières années.
Mon message est simple : le sang coule déjà dans mon pays. En passant sous le tapis le dossier des droits de l'Homme qui se dégrade et en optant pour une politique de complaisance vis-à-vis du gouvernement Rohani, l'Occident rend la tâche plus difficile pour les activistes qui veulent apporter un changement qui n'a que trop tardé. Quand il se rendra à Paris le 28 janvier prochain, il faudra lui faire valoir des valeurs de la France et lui demander des comptes sur la situation catastrophique des droits de l'Homme dans son pays.
J'ai été arrêté en février 2009 et relâché en février 2014 après avoir purgé ma peine. Durant ces cinq ans d'emprisonnement, la présidence est passée de Mahmoud Ahmadinejad à Hassan Rohani. J'ai été incarcéré dans les tristement célèbres prisons d'Evin à Téhéran et de Gezel-Hessar à Karaj. J'ai subi toutes sortes de tortures, aussi bien physiques que psychologiques, dont six mois en isolement, totalement coupé du monde. J'étais détenu pour avoir collaboré avec le principal groupe d'opposition, l'Organisation des Moudjahidines du Peuple d'Iran. Mon activité consistait à répandre des informations sur la Résistance, notamment à diffuser des slogans et des messages en soutien à une jeunesse éprise de liberté et de laïcité dans le pays.
Quand le président iranien a été désigné, certains ont fait confiance à ses promesses de modération. Mais lorsqu'il a confié des postes clés de son gouvernement à des gens qui faisaient partie de la faction la plus extrémiste du pouvoir, notamment Mostafa Pour-Mohammadi au poste de ministre de la Justice, beaucoup ont vite été désillusionnés. Ce dernier faisait partie des juges qui, en 1988, ont condamné 30.000 prisonniers politiques à la pendaison en l'espace de quelques mois.
Naturellement, quelques citoyens sincères gardaient l'espoir que Rohani tiendrait au moins quelques-unes des promesses de campagne évoquées dans son agenda. Mais il est désormais impossible de conserver cet espoir. Son gouvernement n'a pris aucune mesure concrète pour libérer les prisonniers politiques, arrêter les abus judiciaires, ou mettre fin à la censure dans les médias et sur Internet. Mais il y a pire, Rohani a justifié les exécutions comme étant des applications "fondées sur la loi divine ou sur les lois du pays..."
En effet, la situation s'est même aggravée sous son mandat. Je sais que les statistiques corroborent mes dires, et j'ai personnellement assisté au résultat. J'étais en prison lorsque Rohani a été choisi comme président du régime. La situation dans les prisons a changé. Mais pour empirer.
Environ 2000 personnes ont été exécutées depuis la prise de fonction de Rohani. Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme reconnaissant qu'il s'agit d'une crise et ont demandé que des mesures soient prises. Mais autant que je sache, ces demandes n'ont pas abouti. Pendant ce temps, des gens ont perdu leur père, leur mère, des frères, des sœurs et des amis sur de fausses accusations ou simplement parce qu'ils ont osé parler en public contre une dictature qui se justifie par la religion.
J'ai eu de la chance d'être relâché après la fin de ma peine et de pouvoir déjouer mon interdiction de voyager afin de m'échapper vers l'Europe, où je peux continuer mon combat pour la liberté du peuple iranien. Beaucoup de mes amis n'ont pas eu cette chance et ont été pendus pour leurs convictions.
On peut trouver un certain courage dans l'idée que la plupart de ces gens sont morts en pensant qu'ils servaient une cause, qu'ils aideraient à attirer l'attention de la communauté internationale sur les souffrances des Iraniens. Un de mes compagnons de cellule, Jafar Kazemi, a évoqué les paroles de Thomas Jefferson lorsqu'il a appris la date de son exécution. "Si l'arbre de la liberté avait besoin d'être revigoré par le sang, alors je serais fier si cela pouvait être le mien".
Il y a également un nombre croissant d'expatriés iraniens qui se battent pour attirer l'attention sur les mêmes faits. Ils le font, non pas avec des statistiques et des rapports ennuyeux, mais avec leur propre expérience d'emprisonnements sans procès, de passages à tabac, d'aveux forcés, de menaces faites aux familles et des exécutions de masse injustifiées et injustifiables.
J'ai personnellement vécu beaucoup de ces choses, et maintenant que je vis en Europe j'ai envie de raconter mon histoire à toutes les personnes qui ne croient pas que la situation en Iran est aussi mauvaise qu'elle l'a été pendant ces 36 dernières années.
Mon message est simple : le sang coule déjà dans mon pays. En passant sous le tapis le dossier des droits de l'Homme qui se dégrade et en optant pour une politique de complaisance vis-à-vis du gouvernement Rohani, l'Occident rend la tâche plus difficile pour les activistes qui veulent apporter un changement qui n'a que trop tardé. Quand il se rendra à Paris le 28 janvier prochain, il faudra lui faire valoir des valeurs de la France et lui demander des comptes sur la situation catastrophique des droits de l'Homme dans son pays.
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