SANTÉ -
La plupart des gens à qui je raconte mon histoire réagissent de la même façon : "C'est tellement triste", ou bien "Tu es si jeune, il te reste tant de choses à vivre", ou encore "Je suis vraiment désolé, c'est injuste". Au début, j'ai moi aussi pensé que mon cancer était ce qui pouvait m'arriver de pire. Tout juste diplômé de l'université, j'étais arrivé au stade où j'allais enfin pouvoir me faire une place, trouver un travail et être indépendant. Et puis me voilà coincé chez mes parents, obligé de me faire soigner pour un cancer, pendant que tous mes amis entrent dans la vie active aux quatre coins du monde. Je trouvais ça... assez injuste.
Avec le recul, j'ai l'impression d'avoir passé une année de dingue : mes études à Paris, l'obtention, avec les honneurs, de mon diplôme de l'USC, mon entraînement au Pérou pour le Peace Corps, le diagnostic d'un cancer annoncé comme non terminal, puis la confirmation que j'étais en phase terminale...
Pour moi, le 5 février représente la journée que tous les patients atteints de cancer redoutent en espérant ne jamais en faire l'expérience. Ce jour-là, les médecins nous ont informés, mes parents et moi, que mon cerveau était touché, que mon cancer était désormais incurable et qu'il ne me restait que quelques mois à vivre. Dans les centaines de scénarios que j'avais conçus, je sanglotais toujours de façon incontrôlable, totalement dévasté par cette nouvelle. La réalité était très différente. Bien sûr, je me suis effondré en sanglots pendant cinq minutes. Et puis, d'un seul coup, une grande sensation de calme s'est emparée de moi.
Les yeux fixés sur les collines de Hollywood que je voyais depuis la fenêtre de ma chambre d'hôpital, j'étais enfin en paix. J'avais étonnamment accepté et assimilé la nouvelle que l'on venait de m'annoncer. D'une certaine façon, j'étais infiniment soulagé de ne plus avoir à stresser et à m'inquiéter de l'efficacité ou non du traitement, de savoir si je vivrais ou non. Le pronostic terminal avait simplifié l'équation. Tout compte fait, je ne voyais pas pourquoi j'avais eu si peur de la mort.
Nous ne savons absolument rien sur la mort, ni sur ce qui se passe après. La seule certitude, c'est que nous allons tous mourir. Il n'y a donc aucune raison valide de craindre la mort. Il s'agit, encore une fois, d'une peur totalement irrationnelle de l'inconnu. Je n'avais plus qu'à profiter au maximum du temps qui me restait et consacrer mon énergie à savourer tout ce que la vie pouvait m'offrir, en m'efforçant de laisser une trace positive de mon passage sur Terre.
![frances chen]()
Mais ce n'est que récemment que j'ai compris à quel point ce cancer terminal était un cadeau pour moi. Bien sûr, j'avais déjà accepté mon sort et fait la paix avec lui, mais je suis aujourd'hui vraiment heureux de ce qui m'est arrivé. Je m'aperçois que sans tout ce que j'ai traversé ces derniers mois, la mort qui approche ne m'aurait pas donné à réfléchir et à revoir mes priorités. Je n'aurais pas su donner un sens à la vie en général, et à la mienne en particulier.
Si je ne m'étais pas retrouvé au pied du mur, je n'aurais pas su apprécier ma vie, ce merveilleux cadeau, comme il se doit ni tout ce qui m'entoure. Je n'aurais pas non plus réfléchi aussi profondément à la trace que je souhaite laisser de mon passage ici-bas.
![frances chan]()
Il n'y a rien de tragique dans tout cela. A vrai dire, je ne trouve même pas ça triste. J'ai eu tellement de chance dans la vie. J'ai vécu à Paris, servi le Peace Corps au Pérou, je suis tombé follement amoureux d'une fille extraordinaire, j'ai une famille incroyable, des amis dont tout le monde rêverait... et plus encore.
![frances chen]()
Je crois dur comme fer que rien n'arrive par hasard. Sans ce qui m'est arrivé, je n'aurais pas été capable d'inciter mes amis proches et ma famille à apprécier chaque jour de leur existence, et à se montrer plus positifs et reconnaissants. J'ai enfin trouvé un sens à ma vie : donner l'envie à un maximum de gens de la voir autrement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai décidé d'écrire cet article et de publier mon histoire. Je souhaite partager ma prise de conscience de ce don vraiment merveilleux qu'est la vie, dans l'espoir que cela permette à ceux qui traversent des épreuves d'en percevoir le côté positif. Voilà pourquoi, malgré tout ce que j'ai vécu ces derniers mois, je suis heureux d'avoir un cancer terminal.
![frances chen]()
Dès ce soir, faites comme nous: prenez le temps de contempler le coucher de soleil et pensez à tout ce dont nous pouvons nous réjouir. Ce rituel fait partie de l'héritage laissé par Shalin pour nous aider à profiter des joies simples et de la beauté de l'existence. Où que vous soyez dans le monde, partagez et taguez vos photos avec le hashtag #SunsetForShalin
Ce blog, publié à l'origine sur Le Huffington Post (États-Unis), a été traduit par Maëlle Gouret pour Fast for Word.
Shalin Shah a 22 ans. Il est né et a grandi dans le sud de la Californie. En août dernier, alors qu'il s'entraînait pour son service dans le Peace Corps au Pérou, il a été pris de quintes de toux épouvantables. Il avait du mal à respirer et souffrait de douleurs intenses dans les côtes. Une tomodensitométrie a révélé que la cause de ses symptômes était une tumeur de 15 cm dans sa cage thoracique. Après un rapatriement sanitaire aux États-Unis, on lui a diagnostiqué un sarcome synovial de stade IV avec des métastases sur la moelle épinière, un cancer extrêmement rare et agressif. Il a écrit le petit texte ci-dessous quelques jours après avoir eu la confirmation qu'il était en phase terminale et qu'il n'en avait plus que pour six à neuf mois. Il a profité de cette période pour vivre pleinement, notamment en épousant son amour de lycée, Frances Chen. Il est actuellement hospitalisé en Californie. Bien que les médecins ne lui donnent plus que quelques jours, il continue à se battre.
La plupart des gens à qui je raconte mon histoire réagissent de la même façon : "C'est tellement triste", ou bien "Tu es si jeune, il te reste tant de choses à vivre", ou encore "Je suis vraiment désolé, c'est injuste". Au début, j'ai moi aussi pensé que mon cancer était ce qui pouvait m'arriver de pire. Tout juste diplômé de l'université, j'étais arrivé au stade où j'allais enfin pouvoir me faire une place, trouver un travail et être indépendant. Et puis me voilà coincé chez mes parents, obligé de me faire soigner pour un cancer, pendant que tous mes amis entrent dans la vie active aux quatre coins du monde. Je trouvais ça... assez injuste.
Avec le recul, j'ai l'impression d'avoir passé une année de dingue : mes études à Paris, l'obtention, avec les honneurs, de mon diplôme de l'USC, mon entraînement au Pérou pour le Peace Corps, le diagnostic d'un cancer annoncé comme non terminal, puis la confirmation que j'étais en phase terminale...
Pour moi, le 5 février représente la journée que tous les patients atteints de cancer redoutent en espérant ne jamais en faire l'expérience. Ce jour-là, les médecins nous ont informés, mes parents et moi, que mon cerveau était touché, que mon cancer était désormais incurable et qu'il ne me restait que quelques mois à vivre. Dans les centaines de scénarios que j'avais conçus, je sanglotais toujours de façon incontrôlable, totalement dévasté par cette nouvelle. La réalité était très différente. Bien sûr, je me suis effondré en sanglots pendant cinq minutes. Et puis, d'un seul coup, une grande sensation de calme s'est emparée de moi.
Les yeux fixés sur les collines de Hollywood que je voyais depuis la fenêtre de ma chambre d'hôpital, j'étais enfin en paix. J'avais étonnamment accepté et assimilé la nouvelle que l'on venait de m'annoncer. D'une certaine façon, j'étais infiniment soulagé de ne plus avoir à stresser et à m'inquiéter de l'efficacité ou non du traitement, de savoir si je vivrais ou non. Le pronostic terminal avait simplifié l'équation. Tout compte fait, je ne voyais pas pourquoi j'avais eu si peur de la mort.
Nous ne savons absolument rien sur la mort, ni sur ce qui se passe après. La seule certitude, c'est que nous allons tous mourir. Il n'y a donc aucune raison valide de craindre la mort. Il s'agit, encore une fois, d'une peur totalement irrationnelle de l'inconnu. Je n'avais plus qu'à profiter au maximum du temps qui me restait et consacrer mon énergie à savourer tout ce que la vie pouvait m'offrir, en m'efforçant de laisser une trace positive de mon passage sur Terre.

Mais ce n'est que récemment que j'ai compris à quel point ce cancer terminal était un cadeau pour moi. Bien sûr, j'avais déjà accepté mon sort et fait la paix avec lui, mais je suis aujourd'hui vraiment heureux de ce qui m'est arrivé. Je m'aperçois que sans tout ce que j'ai traversé ces derniers mois, la mort qui approche ne m'aurait pas donné à réfléchir et à revoir mes priorités. Je n'aurais pas su donner un sens à la vie en général, et à la mienne en particulier.
Si je ne m'étais pas retrouvé au pied du mur, je n'aurais pas su apprécier ma vie, ce merveilleux cadeau, comme il se doit ni tout ce qui m'entoure. Je n'aurais pas non plus réfléchi aussi profondément à la trace que je souhaite laisser de mon passage ici-bas.

Il n'y a rien de tragique dans tout cela. A vrai dire, je ne trouve même pas ça triste. J'ai eu tellement de chance dans la vie. J'ai vécu à Paris, servi le Peace Corps au Pérou, je suis tombé follement amoureux d'une fille extraordinaire, j'ai une famille incroyable, des amis dont tout le monde rêverait... et plus encore.

Je crois dur comme fer que rien n'arrive par hasard. Sans ce qui m'est arrivé, je n'aurais pas été capable d'inciter mes amis proches et ma famille à apprécier chaque jour de leur existence, et à se montrer plus positifs et reconnaissants. J'ai enfin trouvé un sens à ma vie : donner l'envie à un maximum de gens de la voir autrement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai décidé d'écrire cet article et de publier mon histoire. Je souhaite partager ma prise de conscience de ce don vraiment merveilleux qu'est la vie, dans l'espoir que cela permette à ceux qui traversent des épreuves d'en percevoir le côté positif. Voilà pourquoi, malgré tout ce que j'ai vécu ces derniers mois, je suis heureux d'avoir un cancer terminal.

Dès ce soir, faites comme nous: prenez le temps de contempler le coucher de soleil et pensez à tout ce dont nous pouvons nous réjouir. Ce rituel fait partie de l'héritage laissé par Shalin pour nous aider à profiter des joies simples et de la beauté de l'existence. Où que vous soyez dans le monde, partagez et taguez vos photos avec le hashtag #SunsetForShalin
Ce blog, publié à l'origine sur Le Huffington Post (États-Unis), a été traduit par Maëlle Gouret pour Fast for Word.
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