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Non, le streaming ne va pas tuer la musique!

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MUSIQUE - Après Taylor Swift l'été 2014, c'est donc au tour de Francis Cabrel d'afficher publiquement son refus de voir "pour le moment" ses chansons être diffusées sur les plateformes de streaming. Son nouvel album, tout comme les précédents, fait défaut tant sur Deezer que sur Spotify et ce, à la demande explicite de l'intéressé. La posture a de quoi surprendre. Car Cabrel n'est pas un chanteur que l'on peut plaindre. Ses albums sont des références pour les amateurs de chanson française. "Sarbacane" ou encore "Samedi soir sur la terre" qui contient l'émouvante "Corrida" font partie des opus de référence dans de nombreuses discothèques. Le nouvel album fraichement sorti en ce mois d'avril 2015 est, dit-on, le meilleur démarrage de l'année et ne devrait donc pas inquiéter l'artiste quant à ses revenus. Alors pourquoi refuser de suivre le train du progrès?

En menant l'enquête pour écrire "Ils Ont Tué Mon Disque", j'ai perçu ce jeu étrange où chacun se renvoyait la balle. Les plateformes telles Deezer ou Spotify m'expliquaient qu'elles reversaient plus de 70% de leurs revenus aux ayants droits. Les patrons de labels me juraient que les taux appliqués à leurs artistes n'étaient pas si différents de ceux de l'époque du physique. Quant aux artistes, ils ne comprenaient pas pourquoi ils se retrouvaient avec quelques centaines d'Euros en poche pour récompenser des centaines de milliers d'écoutes.

Mais refuser le streaming en 2015 revient à faire la même erreur que celle commise par les maisons de disque en 2000. Elles avaient alors tardé à basculer vers le modèle du MP3 auquel elles ne croyaient pas alors que le public s'y était converti sans elles. Quinze ans après, elles payent toujours le prix de cette grave erreur. "Il est urgent d'attendre que tout change" chantait France Gall. Alors prenons ce temps. Un nouveau paysage se dessine. Certes, il ne rapporte pas grand chose pour l'instant, c'est peu dire, mais il est porteur d'un immense espoir, celui d'une nouvelle façon de produire, écouter et faire vivre la musique.

Jusqu'ici, le consommateur achetait en moyenne deux CD par an, soit un budget inférieur à quarante Euros annuels. Avec l'abonnement au streaming, il est incité à dépenser plus de cent vingt euros par ans. C'est donc près du triple dont bénéficie désormais l'industrie du disque qui pourra ainsi retrouver les couleurs d'avant la crise. Cabrel et ses amis ont-ils seulement compris l'enjeu ? Pour chaque clic, pour chaque écoute individuelle de leur morceau, ils seront rémunérés. Imaginez la révolution. Jusqu'ici, un disque se passait de main en main, à la maison, entre amis, de parents à enfants, sans que les ayants-droits ne puissent savoir qui l'écoute vraiment ni combien de fois. Avec le streaming, le moindre clic d'un auditeur en Afrique dans vingt ou trente ans générera du profit.

Alors pourquoi refuser à un public qui paye neuf euros par mois le droit d'écouter ses chansons ? C'est un combat d'arrière-garde.

Francis Cabrel et Taylor Swift se trompent d'ennemi

Le public a changé, la hiérarchie de ses dépenses aussi. Il ne veut plus payer quatorze Euros pour un album et des chansons qu'il ne connaît pas. A l'ère du "tout, tout de suite", l'auditeur est plus sélectif et souhaite pouvoir écouter ce qu'il souhaite sur des plateformes de streaming. Refuser ce principe revient à se mettre à dos une nouvelle génération qui n'a strictement aucun affect avec le support CD et qui d'ailleurs n'en achète plus. Certes, ce support représente à ce jour, plus de 70% du marché français quoi qu'on en dise. Mais l'étude du marché mondial nous montre une tendance certaine vers le déclin du CD et une poussée du streaming. S'il y a une meilleure rémunération à chercher, elle se trouve aujourd'hui ailleurs, principalement sur scène. Jamais le spectacle vivant ne s'est aussi bien porté, en témoignent les bons chiffres du Centre National des Variétés, tout comme le revival du vinyle, cet objet-souvenir que des ados sont prêts à acheter à la sortie d'un concert.

Cessons donc de faire la guerre au progrès et prenons ce train plein de promesses même s'il tarde à créer du profit. Taylor Swift et Francis Cabrel ne sont pas les plus à plaindre. Encore moins Jay-Z, dont le public n'a toujours pas compris l'intérêt de la plateforme Tidal, si ce n'est qu'elle rapporte plus d'argent à des stars qui en ont déjà beaucoup. Interrogeons-nous plutôt sur le sort des jeunes artistes en manque de visibilité, ceux qui ne bénéficieront que de quelques clics. C'est pour eux qu'il faut se battre aujourd'hui.

Alors cher Francis Cabrel, puisque "c'est écrit", reprenez votre guitare en bandoulière, reprenez contact avec ce public qui vous aime tant et qui ne demande qu'à vous entendre chanter sur tous les tons.... et sur toutes les plateformes.

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