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L'authentique apostasie en Islam (Dernière partie)

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L'apostasie est le passage d'un état à un autre sur le plan de la pensée, abandonnant la foi pour une fidélité à une autre religion ou pour aucune autre, incluant l'athéisme. Il s'agit ici de l'apostasie en tant que variation intellectuelle ou pacifique que le Coran a consacré dans sa lettre et son esprit. (1)

Ce qui est islamiquement prohibé, c'est l'apostasie en tant que variation en religion qui mue en trahison de la patrie, une déclaration de désobéissance civile avec engagement de guerre civile.

C'est une insurrection contre l'ordre, avec tout ce que cela comporte de violence politique et renversement de l'autorité légitime, que la Sunna et les docteurs de la loi ont mis à l'index. 

LIRE AUSSI: Droit actuel de l'apostasie en Islam (6/7)


L'apostasie religieusement 

L'apostasie personnelle, relevant de la liberté de croyance, est le parallèle nécessaire de la liberté de conversion à l'Islam; aussi n'est-elle ni interdite ni punie sauf dans l'au-delà, si Dieu le veut et le décide, la menace de malheur et de perte dans l'au-delà ne relevant que de l'exhortation.

Quand elle est collective, incarnant dissidence civile et haute trahison, elle est ce que nous qualifions de variation. Comme elle met en cause la survie de la société et sa pérennité, elle est condamnée, la sanction pouvant être la mise à mort si cette peine n'est pas prohibée, comme le recommande l'Islam.

Comme l'est la conversion, la renonciation volontaire à la foi est donc libre, éloquemment confirmée: "À vous votre religion; à moi, ma Religion". (2)


L'apostasie politiquement 

L'apostasie connue des Arabes est la variation en religion avec la tentative de renversement de l'ordre institué.

Ce qui le confirme est le lien que les jurisconsultes ont établi entre l'apostat et le brigand, assimilant ce dernier au premier pour le trouble à l'ordre et la menace pour l'État. (3)

C'est que la nature hybride de l'Islam, foi religieuse et gestion de cité, suppose un pacte de vie paisible, spirituelle et aussi matérielle. (4)  

L'Islam en tant que foi demeure la religion de la liberté, le rapport étant direct avec le créateur. Ni l'État ni ses représentants ne peuvent prétendre incarner la religion, la seule référence pour le Musulman demeurant le Livre de Dieu et la Tradition du prophète. (5)   

La religion est l'affaire de Dieu et de sa créature dans un rapport exclusif, sans intermédiaire. Et en ce domaine, il n'est nulle apostasie interdite et nulle interférence possible dans la conscience humaine, sauf si elle se révèle être le renversement de la condition juridique et politique instituée, comme lors d'un pronunciamiento.


Nonobstant, l'histoire islamique regorge d'exemples d'exploitation de la religion aux propres fins de l'autorité politique et de répression de savants pour leur contestation de l'ordre établi. (6)
    
L'apostasie culturellement 

Les sociétés humaines sont fondées sur la diversité; or, les libertés sont pilier du vivre-ensemble représenté particulièrement par la libre croyance. Et l'Islam a assez tôt confirmé pareille profession de foi dans les libertés en un temps qui ne les connaissait pas.

L'apostasie, en son acception sensée qui est la liberté de quitter une foi embrassée en toute indépendance, est absolument conforme à la direction culturelle de la civilisation des humains. Celle-ci est en progrès incessant dans l'exigence constante de latitude humaine plénière en tout ce qui relève des choses de la foi et de la conscience, de la pensée et de la conviction.
  
Au demeurant, les Musulmans commencent de s'éveiller à cette vérité que l'apostasie n'est pas prohibée tant qu'elle se situe sur le plan de la conscience personnelle, le libre consentement étant le socle du dogme en Islam,(7) puisqu'il y est à la base de tout. La tradition suivante du prophète ne dit rien d'autre: "J'agrée Dieu en seigneur, l'Islam en foi et Mohamed en prophète et envoyé divin." (8)

Ceux qui allèguent le contraire interprètent faussement une religion éminemment tolérante (9) selon leurs caprices ou ceux des maîtres de leur fortune. (10)

Terminons avec ce qui a été rapporté du prophète sur l'impossibilité de coexistence de deux religions dans la péninsule arabique, amenant le calife Omar d'en éloigner ceux qui n'étaient pas Musulmans.

Cela relevait de la synchronie de l'aspect civil et politique de l'Islam avec les contingences de l'époque et ses exigences, y compris les principes politiques qui sont restés prégnants dans le monde jusqu'à un temps récent. On l'a vérifié en Andalousie, à la chute de Séville.

De plus, l'état de l'Islam à la mort de l'envoyé de Dieu n'avait pas atteint un degré suffisant de puissance et d'enracinement pour lui permettre de mettre en œuvre ses enseignements révolutionnaires et principes d'avant-garde.

Il serait donc malvenu de critiquer aujourd'hui l'Islam pour une initiative conforme à la morale du temps.

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NOTES :

(1) L'Islam a protégé les gens du Livre à une époque qui ne donnait nul droit à l'étranger hors sa communauté.  
(2) Sourate Les Incrédules, verset 6. Autre preuve de cette liberté : la constitution de Médine.
(3) La peine encourue par l'apostat diffère selon qu'il est ou non brigand. Bandit public, l'apostat est mis à mort à l'unanimité des légistes; sinon, il y a débat : l'amener d'abord à résipiscence ou le tuer d'office.
(4) Une fausse conception de la religion a fait qu'on passe de l'opposition comme alternative, dilemme au désaccord pour évoluer vers la disconvenance, la divergence et finir en dissidence, combat.
(5) Il s'agit de l'islam sunnite, l'islam chiite soumettant la foi à l'idéologie politique.
(6) Pas moins de 150 savants ont été victimes d'accusation d'apostasie pour raisons politiques, tels les imams Amidi, savant Chafaïte, et Balkini.
(7) La contrainte annule les tractations et les droits civiques; ainsi, est nul le mariage sous la contrainte ou sans possibilité de divorce. Il en va de même pour le credo, plus important dans la religion et la vie. 
(8) cf. Mouslim.
(9) 200 versets au moins spécifient la liberté de croyance.
(10) Ce n'est pas nouveau en islam, bien répandu depuis l'avènement des Omeyyades. Ainsi, nombre de religieux étaient spécialisés dans l'instrumentalisation politique de la religion.

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