"Oumm al-dounia": l'Egypte, mère du monde, est un sujet passionnant, qui déchaîne aussi les passions. La sortie d'Exodus nous rappelle combien le sujet est délicat.
Diverses associations d'influence aux Etats-Unis œuvrent au révisionnisme de l'Histoire égyptienne. Des théories absurdes au sujet de l'ethnogénie égyptienne circulent sur l'Internet, alimentées par les travaux de "chercheurs".
Elles défendent l'idée que des Egyptiens de l'Antiquité fussent d'origine africaine, alors que la majorité des travaux de recherches indiquent, a contrario, deux probables origines: l'une sémitique palestinienne, l'autre berbère libyenne.
L'analyse en 1976 des données hématologiques mondiales par l'équipe de Mourant montre, en effet, pour l'Égypte ancienne une ethnogénie originaire de la Palestine. Tandis que les analyses phylogénétiques les plus récentes indiquent que les Égyptiens appartiendraient au sous-ensemble génétique "berbère", et les rapprocheraient des Libyens et des Tunisiens.
La théorie de l'origine africaine des Egyptiens de l'Antiquité est donc un mensonge d'ordre idéologique. Je m'oppose fermement, à toute récupération de l'Histoire de mon grand peuple. Les Egyptiens étaient des Méditerranéens de souche sémitique, ce qu'ils sont demeurés, d'ailleurs!
Comme beaucoup de films d'Hollywood, Exodus manque substantiellement d'intérêt artistique. C'est un divertissement à l'intention du "grand public". Exodus est bien plus qu'un simple péplum. Attribuant la construction des pyramides aux Hébreux, le film est attrapé en flagrant délit de révisionnisme historique, de négationnisme.
Que nie-t-il? Il usurpe l'héritage historique des Egyptiens pour l'attribuer aux Hébreux, participant d'une campagne très vive depuis l'avènement d'Hollywood: dénier la participation des peuples arabes aux civilisations antérieures.
Il s'agit de priver les peuples arabes de leurs références historiques antérieures à l'Islam. A d'autres le droit de revendiquer les territoires du Nil à l'Euphrate. D'autres qui sont pour Ridley Scott les authentiques bâtisseurs des Pyramides.
Comme l'historien Charles Saint-Prost, Président de l'Observatoire d'Etudes Géopolitiques, a coutume de le rappeler, les Américains sont en train de tuer le fait national arabe. Exodus s'inscrit dans cette guerre idéologique des Etats-Unis contre le nationalisme arabe.
Au sujet du nationalisme arabe, rappelons, en outre, qu'une excellente conférence a eu lieu dernièrement, organisée par l'Ambassade d'Egypte et l'OEG, coprésidé par Zeina al-Tibi et Charles Saint-Prost.
Sur les Pyramides, le mensonge de Ridley Scott est évident, puisque leur construction est antérieure de 1 000 ans à l'exode supposé des Hébreux. Moïse vécut, en effet, sous le règne de Ramsès II, et les Juifs seraient arrivés en Egypte deux siècles avant. Or, la dernière pyramide connue date du règne d'Ahmôsis Ier (- 1550 à - 1524), 3 siècles avant la naissance de Moïse.
Exodus est insupportable d'approximations historiques et religieuses, qui sont autant de provocations. Il est impossible de rester insensible à cette scène où Dieu est représenté sous les traits d'un enfant. C'est une liberté sur le texte biblique, où il apparait sous l'image d'un buisson ardent, qui est d'ailleurs très intéressante du point de vue de la métaphore.
Pour certains chrétiens, l'incarnation divine est en Jésus, 1 300 ans plus tard. La référence renvoie indubitablement au christianisme. Certains chrétiens pourraient d'autant plus y voir un blasphème contre l'incarnation "authentique", qu'on s'interroge sur l'effet artistique, apparemment nul, de cette liberté prise contre les textes. Un acte gratuit, dénué de signification artistique. De la provocation, in fine.
Pour certains musulmans, la figuration de Dieu est un crime. Seule sa parole peut être reproduite. C'est, toutefois, une restriction discutée par les théologiens musulmans eux-mêmes, qui est en outre inappropriée dans le cadre de la représentation d'un passage biblique "judéo-chrétien". D'une sourate, s'il s'eût agit, l'on aurait mieux compris les critiques d'inspiration islamique.
Toutefois, les détournements historiques et religieux du film, qui prétend se faire la fresque cinématographique de l'Exode, ont raison d'attiser la colère tant des historiens que des clercs, parce qu'il s'agit d'un acte de révisionnisme, de négationnisme, susceptible d'influencer la perception de l'Histoire de beaucoup de personnes, et notamment du jeune public européen.
Or, cela a une signification politique évidente. Il s'agit d'influencer la perception historique générale de l'Antiquité orientale, dont on sait que le débat autour de l'historicité a des conséquences politiques sensibles, notamment sur le conflit israélo-palestinien et sur les mouvements indépendantistes (kurdes, berbères, maronites etc).
Quand le Gouvernement de la République arabe d'Egypte accuse Exodus d'être un instrument idéologique, j'ai tendance à le rejoindre et c'est pourquoi je le soutiens dans sa décision d'interdire la diffusion du film.
Confus: c'est le mot qui pour moi qualifie le mieux Exodus.
Diverses associations d'influence aux Etats-Unis œuvrent au révisionnisme de l'Histoire égyptienne. Des théories absurdes au sujet de l'ethnogénie égyptienne circulent sur l'Internet, alimentées par les travaux de "chercheurs".
Elles défendent l'idée que des Egyptiens de l'Antiquité fussent d'origine africaine, alors que la majorité des travaux de recherches indiquent, a contrario, deux probables origines: l'une sémitique palestinienne, l'autre berbère libyenne.
L'analyse en 1976 des données hématologiques mondiales par l'équipe de Mourant montre, en effet, pour l'Égypte ancienne une ethnogénie originaire de la Palestine. Tandis que les analyses phylogénétiques les plus récentes indiquent que les Égyptiens appartiendraient au sous-ensemble génétique "berbère", et les rapprocheraient des Libyens et des Tunisiens.
La théorie de l'origine africaine des Egyptiens de l'Antiquité est donc un mensonge d'ordre idéologique. Je m'oppose fermement, à toute récupération de l'Histoire de mon grand peuple. Les Egyptiens étaient des Méditerranéens de souche sémitique, ce qu'ils sont demeurés, d'ailleurs!
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Comme beaucoup de films d'Hollywood, Exodus manque substantiellement d'intérêt artistique. C'est un divertissement à l'intention du "grand public". Exodus est bien plus qu'un simple péplum. Attribuant la construction des pyramides aux Hébreux, le film est attrapé en flagrant délit de révisionnisme historique, de négationnisme.
Que nie-t-il? Il usurpe l'héritage historique des Egyptiens pour l'attribuer aux Hébreux, participant d'une campagne très vive depuis l'avènement d'Hollywood: dénier la participation des peuples arabes aux civilisations antérieures.
Il s'agit de priver les peuples arabes de leurs références historiques antérieures à l'Islam. A d'autres le droit de revendiquer les territoires du Nil à l'Euphrate. D'autres qui sont pour Ridley Scott les authentiques bâtisseurs des Pyramides.
Comme l'historien Charles Saint-Prost, Président de l'Observatoire d'Etudes Géopolitiques, a coutume de le rappeler, les Américains sont en train de tuer le fait national arabe. Exodus s'inscrit dans cette guerre idéologique des Etats-Unis contre le nationalisme arabe.
Au sujet du nationalisme arabe, rappelons, en outre, qu'une excellente conférence a eu lieu dernièrement, organisée par l'Ambassade d'Egypte et l'OEG, coprésidé par Zeina al-Tibi et Charles Saint-Prost.
Sur les Pyramides, le mensonge de Ridley Scott est évident, puisque leur construction est antérieure de 1 000 ans à l'exode supposé des Hébreux. Moïse vécut, en effet, sous le règne de Ramsès II, et les Juifs seraient arrivés en Egypte deux siècles avant. Or, la dernière pyramide connue date du règne d'Ahmôsis Ier (- 1550 à - 1524), 3 siècles avant la naissance de Moïse.
Exodus est insupportable d'approximations historiques et religieuses, qui sont autant de provocations. Il est impossible de rester insensible à cette scène où Dieu est représenté sous les traits d'un enfant. C'est une liberté sur le texte biblique, où il apparait sous l'image d'un buisson ardent, qui est d'ailleurs très intéressante du point de vue de la métaphore.
Pour certains chrétiens, l'incarnation divine est en Jésus, 1 300 ans plus tard. La référence renvoie indubitablement au christianisme. Certains chrétiens pourraient d'autant plus y voir un blasphème contre l'incarnation "authentique", qu'on s'interroge sur l'effet artistique, apparemment nul, de cette liberté prise contre les textes. Un acte gratuit, dénué de signification artistique. De la provocation, in fine.
Pour certains musulmans, la figuration de Dieu est un crime. Seule sa parole peut être reproduite. C'est, toutefois, une restriction discutée par les théologiens musulmans eux-mêmes, qui est en outre inappropriée dans le cadre de la représentation d'un passage biblique "judéo-chrétien". D'une sourate, s'il s'eût agit, l'on aurait mieux compris les critiques d'inspiration islamique.
Toutefois, les détournements historiques et religieux du film, qui prétend se faire la fresque cinématographique de l'Exode, ont raison d'attiser la colère tant des historiens que des clercs, parce qu'il s'agit d'un acte de révisionnisme, de négationnisme, susceptible d'influencer la perception de l'Histoire de beaucoup de personnes, et notamment du jeune public européen.
Or, cela a une signification politique évidente. Il s'agit d'influencer la perception historique générale de l'Antiquité orientale, dont on sait que le débat autour de l'historicité a des conséquences politiques sensibles, notamment sur le conflit israélo-palestinien et sur les mouvements indépendantistes (kurdes, berbères, maronites etc).
Quand le Gouvernement de la République arabe d'Egypte accuse Exodus d'être un instrument idéologique, j'ai tendance à le rejoindre et c'est pourquoi je le soutiens dans sa décision d'interdire la diffusion du film.
Confus: c'est le mot qui pour moi qualifie le mieux Exodus.
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