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Choisir c'est renoncer

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Dans quelques jours, nous aurons à choisir. Individuellement, puis, collectivement.

Parmi nous, il y a ceux qui sont convaincus, les inconditionnels. Ceux-là vous diront qu'il n'y a qu'une seule option: Soit vous êtes avec eux, soit vous êtes contre eux.

Ensuite, il y a les nostalgiques, les tenants du "avant c'était mieux". Ceux là scandent haut et fort qu'il n'y a jamais eu pire situation, qu'ils ne reconnaissent plus le pays. Ils omettent souvent de spécifier pour qui "avant c'était mieux".

Il y aussi ceux qui ne savent pas et ne veulent pas savoir. Ceux là vous diront qu'ils ne se sentent pas concernés "Akhta rassi ou adhrab".

Puis, il y a ceux qui ne savent plus. Ceux-là qui ont ce goût aigre-doux, parfois même amer à la bouche. Ceux-là se sentent perdus devant une offre qui ne leur convient pas. Convaincus qu'il faille choisir, mais ne sachant pas à quoi il est plus important de renoncer. Mais voilà, il faudra se prononcer dans les prochains jours. Ce qui semblait simple hier apparait aujourd'hui comme un jeu à somme nulle. Comment choisir?

J'ai toujours pensé qu'on devait juger les gens en fonction de leurs gestes. Amira Yahyaoui proposait dernièrement, et avec justesse d'ailleurs, de privilégier le parcours et les prises de positions d'un candidat à ceux de son parti quand sera venu le temps de voter.

J'ajoute à cela qu'il faut une attention spéciale à leurs choix. Quels étaient leurs choix alors qu'ils faisaient face à l'Histoire.

Ont-ils choisi le silence complice, leurs intérêts personnels ou l'intérêt commun? Ont-ils été lâches? Ont-ils fait preuve d'humilité ou d'arrogance? Ont-ils su se remettre en question ou ont-ils tout simplement choisi le chemin le plus facile qui est souvent le plus court d'ailleurs? Ont-ils confondu compromis et compromission? Nous avons tous un point de rupture.

Ce moment là où tout devient insoutenable, où se taire n'est plus une option. Ce moment où suivre le groupe, le parti, n'est plus possible. Ces partis d'ailleurs qui nous parlent d'une démocratie qu'ils n'ont même pas atteinte dans leurs structures. Quel aura été leur point de rupture?

Nous arrivons à ce qui commence pour paraphraser le fameux poète québécois Gaston Miron. La Deuxième République est à nos portes. Nous sommes à l'aube de l'élection du premier gouvernement élu démocratiquement. Il y a bientôt cinq ans, lors d'un échange que j'avais eu Niger avec mon ami de la société civile nigérienne, Moussa Tchangari, nous évoquions la transition démocratique que traversait son pays. Une nouvelle constitution venait d'être votée par une assemblée constituante. Je lui demandais s'il croyait que les choses allaient changer, s'il était optimiste.

Sa réponse fut limpide "Ce qui a changé maintenant, ce sont les textes (la constitution) les hommes eux, probablement ne changeront pas. Les projets politiques que ces hommes défendent probablement ne changeront pas non plus. Peut être que les gens seront quand même un peu plus humbles, peut être, ça encore, c'est à voir. Mais personne ne s'attend à ce que les choses changent fondamentalement. Et même les nouvelles règles que nous voulons mettre en place, personne ne garantit qu'elles seront respectées, c'est un pari, un challenge."


À l'instar du Niger en 2011, la Tunisie aujourd'hui fait face à son "challenge". À trop vouloir chercher des références ailleurs, notre pays aurait plutôt intérêt à trouver ses réponses sur son continent n'en déplaise à ses "élites" qu'elles soient encore colonisées ou sympathisantes des pétromonarchies.

Notre défi est immense: Arriver à une forte mobilisation citoyenne tout en sachant que nos acteurs politiques, eux, n'ont peut-être pas changé. Devant cette page blanche de l'Histoire que nous aurons à écrire dans les prochains jours, innovons! Créons une dynamique qui nous permettra de faire face à nos responsabilités.

Alors, à ce fameux appel au "vote utile", je réponds le vote intègre. Le vote de principe. Le vote authentique. Le vote libre.


Choisir c'est renoncer. Peut-être est-ce au passé qu'il faudra renoncer aujourd'hui. Et ainsi, avoir le courage d'imaginer l'avenir en dehors des sentiers battus.

Quoi qu'il advienne, le silence n'est plus une option.

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