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Galerie de portraits

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Depuis quelques jours, la Tunisie vit au rythme du dépôt des candidatures à l'élection présidentielle. Nous avons vu, ainsi, défiler des candidats présidant des partis connus de tous, désignés par leurs pairs, pour briguer un mandant présidentiel, et nous avons également vu des illustres inconnus dont personne n'a jamais entendu parler auparavant, mais qui se sont estimés dignes de cette mission, simplement soutenus par les seuls membres de leurs familles respectives, parfois même, par quelques amis.

Nous vous proposons dans ce billet de dresser le portrait de certains d'entre eux, selon notre perception personnelle.

Hamma Hammemi

Jeune étudiant communiste, militant de la gauche radicale, ayant été persécuté par la machine répressive des deux premiers présidents tunisiens, Hamma Hammemi n'a certainement pas imaginé qu'il puisse connaître ce jour. Le 14 janvier 2011, au matin, il était encore enfermé dans les geôles du dictateur déchu. Il a charmé les Tunisiens par son accent du terroir, par son amour inconditionnel pour son épouse, Radhia Nasraoui, par ses prises de position courageuses, et surtout par son refus de bénéficier des indemnisations que les nahdhaouis avaient jugés nécessaires pour se réconcilier avec le passé, justement parce que les caisses du pays sont désespérément vides et qu'y puiser en ce moment entraînerait la ruine totale de la patrie et l'appauvrissement des classes dont il est censé défendre les intérêts.

Conscient de la mauvaise presse de la notion du "communisme" auprès de ses compatriotes, il a supprimé cette dénomination tant abhorrée par les Tunisiens, parce que assimilée par certains mauvais esprits à l'athéisme. Aujourd'hui, après les années de braise, il se retrouve, en tant que secrétaire général du Parti des travailleurs, désigné par ses pairs pour briguer la magistrature suprême. Quelle belle revanche sur le destin!

Beji Caïd Essebsi

Le dinosaure de l'échiquier politique tunisien. Jeune avocat frais émoulu des universités françaises, il s'est trouvé propulsé sur la scène politique tunisienne aux lendemains de l'indépendance. Il a été, successivement, conseiller auprès du Premier ministre Bourguiba, directeur de la sûreté nationale, ministre de l'Intérieur et des Affaires étrangères durant le long règne du Président Bourguiba.

Le 14 mars 1990, deux ans et demi après le coup d'État médical perpétré par Ben Ali, on retrouve Beji Caïd Essebsi à la tête de la Chambre des députés, fonction qu'il a occupée jusqu'au 9 octobre 1991. Beji Caïd Essebsi pensait pouvoir jouir d'une retraite tranquille quand, aux lendemains de la "pseudo-révolution", il se retrouve aux devants de la scène politique. C'est que le sieur Foued Mbazzaa l'a sollicité pour occuper le poste de Premier ministre, et il assumera en effet cette responsabilité jusqu'aux élections dont les résultats accordent une majorité, certes relative, aux élus du parti islamiste Ennahdha.

Aujourd'hui, quelques trois ans plus tard, Beji Caïd Essebsi, fort de l'appui des membres de son parti qu'il a créé en mars 2012, brigue la magistrature suprême. Certes, BCE est un homme politique chevronné, bien à même de sonder les arcanes de la politique, tant nationale qu'internationale. Cependant, réussira-t-il à atteindre la majorité tant appelée de ses vœux?

Moncef Marzouki

Nous l'avions connu avant le 14 janvier 2011 comme fervent défenseur des droits de l'Homme et nous avions admiré ses positions courageuses, sa verve. Cependant, dès son retour en Tunisie, nous avions été choqués par sa déclaration tonitruante et indécente: "Je me présenterai aux élections présidentielles". Déclaration intervenue alors que le sang des martyrs n'avait pas encore séché, il n'a pas manqué de nous décevoir et a laissé apparaître un pan entier de sa personnalité: il est obnubilé par le pouvoir et ses fastes!

Depuis qu'il est à la tête de l'État, ses attitudes, ses coups de gueule, ses interventions et ses allocutions télévisées ont dévoilé le vrai personnage: opportuniste et velléitaire. Force est pour nous d'admettre que les attraits du pouvoir ont agi sur cet ancien militant qui se disait défenseur des droits de l'Homme.

Ce prétendu défenseur droit de l'hommiste a jeté aux orties les principes pour lesquels il avait milité, pour un poste, sans prérogative aucune, à part celle d'être une marionnette entre les mains de ses maîtres.

Rappelons juste qu'il n'a pas été élu au suffrage universel, mais a plutôt été désigné par les partis majoritaires à l'issue du scrutin.

Le voilà, à présent, de nouveau briguant la magistrature suprême, confiant en son charisme et en ses chances d'être élu. Mais les Tunisiens, qui ont eu le temps d'éprouver sa théorie des chaussures et des chaussettes, les Tunisiennes qui, par ses soins, ont été divisées en trois franges - niquabées, voilées, et safirats - seraient-ils assez masochistes pour élire celui qui s'est ingénié à les discréditer, aussi bien dans leur pays qu'à l'étranger?

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