SOCIÉTÉ - Alors que la majeure partie du sud s'embrase l'été, à la ville d'Ifni, il fait éternellement beau. Selon une légende locale, le sous-sol de la ville serait habité par des djinns qui ne souffriraient pas de la canicule, d'où la brume qui enveloppe ce paisible lieu durant toute l'année, sur décret paraphé par les vrais maîtres de céans. Légende à prendre ou à laisser, point de marchandage. Point barre (barrière et houle)! Laissons la légende de côté et parlons un peu histoire, mais sans histoires...
Éden créé à partir de rien
Ifni fut bâtie par les Espagnols, en 1934, autour d'un jardin ovale conçu par eux-mêmes, selon le style architectural art-déco, qui connut son plein essor dans les années 20 et 30. Un joyau de verdure au milieu d'un désert rocheux. Le sens du mot berbère "Ifni" n'étant justement (d'après le linguiste français Émile Laoust, 1876-1952), rien d'autre que "désert rocheux".
Les "Infidèles" ont tout créé ex-nihilo (exploit, sinon divin, du moins héroïque!), sur ce terrain qui a su garder sa virginité maritime jusqu'à leur arrivée, au climat doux, et qui a une belle vue (d'où le nom d'un bar mitoyen du tribunal de première instance) sur une bande de l'océan atlantique, mer des ténèbres pour les premiers conquérants musulmans: routes, électricité, jardins publics, cinémas, aérodrome, port, écoles, collège, marchés, maisons, phare, corniche, trottoirs, stade, que sais-je encore, club féminin, avant d'être poussés à quitter les lieux en 1969, le 30 juin pour être méticuleux dans la datation: data show! Départ spectaculaire, involontaire des anciens colons qui ont débarqué, un certain 7 avril 1934, dans ce désert, avec en tête le mythique colonel Capaz, gouverneur des îles Canaries.
Chaque année, à l'occasion de la journée de commémoration de l'indépendance de la ville et ses commandements, on organise une foire (inspirée des fêtes des conges carthaginoises? Dieu seul le sait et les historiens peut-être), et un festival de cactus, plante emblématique de la région (un peu de symbolisme de temps à autre ne cause de tort à personne, même s'il charrie dans son passage tout un budget exorbitant), et cerise sur le gâteau, une compétition de beauté: "Miss Ifni."
SOS, la ville perd son charme
Les nouveaux propriétaires, les "Fidèles", cette fois-ci, avec un grand F de Majesté (grand M de malice) n'ont presque rien, mais rien de rien, ajouté à l'œuvre (d'art) de leurs prédécesseurs, à une exception près: un lotissement connu sous le nom d'Amicale, un lycée et une mosquée récemment construite sur la route qui mène à Tiznit, financée selon toute vraisemblance par des mécènes locaux, travaillant à l'étranger. Façon concrète, en plâtre et mortier, d'exprimer leur reconnaissance au bled des schizos, dirait l'autre.
Aujourd'hui, Ifni menace de s'écrouler sous les yeux de ses habitants, yeux hagards, braqués sur un passé glorieux, peu attachés à un présent aux feux d'artifice, insipide, banal, ennuyeux jusqu'à saturation. Certes, il y a des travaux de rénovation qui émergent, de temps en temps, à brûle- pourpoint, ici ou là, du fin fond de l'oubli, comme des champignons solitaires, mais ne sont pas toujours faits dans les règles de l'art. À cause de l'indifférence générale, la perle perd, insensiblement, sa pureté, mais (encore heureux) garde espoir.
Éden créé à partir de rien
Ifni fut bâtie par les Espagnols, en 1934, autour d'un jardin ovale conçu par eux-mêmes, selon le style architectural art-déco, qui connut son plein essor dans les années 20 et 30. Un joyau de verdure au milieu d'un désert rocheux. Le sens du mot berbère "Ifni" n'étant justement (d'après le linguiste français Émile Laoust, 1876-1952), rien d'autre que "désert rocheux".
Les "Infidèles" ont tout créé ex-nihilo (exploit, sinon divin, du moins héroïque!), sur ce terrain qui a su garder sa virginité maritime jusqu'à leur arrivée, au climat doux, et qui a une belle vue (d'où le nom d'un bar mitoyen du tribunal de première instance) sur une bande de l'océan atlantique, mer des ténèbres pour les premiers conquérants musulmans: routes, électricité, jardins publics, cinémas, aérodrome, port, écoles, collège, marchés, maisons, phare, corniche, trottoirs, stade, que sais-je encore, club féminin, avant d'être poussés à quitter les lieux en 1969, le 30 juin pour être méticuleux dans la datation: data show! Départ spectaculaire, involontaire des anciens colons qui ont débarqué, un certain 7 avril 1934, dans ce désert, avec en tête le mythique colonel Capaz, gouverneur des îles Canaries.
Chaque année, à l'occasion de la journée de commémoration de l'indépendance de la ville et ses commandements, on organise une foire (inspirée des fêtes des conges carthaginoises? Dieu seul le sait et les historiens peut-être), et un festival de cactus, plante emblématique de la région (un peu de symbolisme de temps à autre ne cause de tort à personne, même s'il charrie dans son passage tout un budget exorbitant), et cerise sur le gâteau, une compétition de beauté: "Miss Ifni."
SOS, la ville perd son charme
Les nouveaux propriétaires, les "Fidèles", cette fois-ci, avec un grand F de Majesté (grand M de malice) n'ont presque rien, mais rien de rien, ajouté à l'œuvre (d'art) de leurs prédécesseurs, à une exception près: un lotissement connu sous le nom d'Amicale, un lycée et une mosquée récemment construite sur la route qui mène à Tiznit, financée selon toute vraisemblance par des mécènes locaux, travaillant à l'étranger. Façon concrète, en plâtre et mortier, d'exprimer leur reconnaissance au bled des schizos, dirait l'autre.
Aujourd'hui, Ifni menace de s'écrouler sous les yeux de ses habitants, yeux hagards, braqués sur un passé glorieux, peu attachés à un présent aux feux d'artifice, insipide, banal, ennuyeux jusqu'à saturation. Certes, il y a des travaux de rénovation qui émergent, de temps en temps, à brûle- pourpoint, ici ou là, du fin fond de l'oubli, comme des champignons solitaires, mais ne sont pas toujours faits dans les règles de l'art. À cause de l'indifférence générale, la perle perd, insensiblement, sa pureté, mais (encore heureux) garde espoir.
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