Alors, qui es-tu étranger? Toi qui as dû quitter ton rivage? Toi qui as quitté ton sol et ta terre, tes blanches maisons, les senteurs de la rose et du jasmin et les bougainvilliers fleuris? Qui es-tu étranger, dont en mémoire, tu te souviens encore des couleurs de tes portes bleues, des fioles à parfum, des poteries de toutes les formes? Te souviens-tu des jolies cages à oiseaux que l'on trouve dans ton pays? De toutes les couleurs qui illuminaient ton monde? Revois-tu ce rouge chatoyant, ce bleu turquoise, l'orange tonifiant et piquant, le jaune chaleureux et stimulant, le doré de tes bijoux? Les montagnes de l'Atlas, les rives enchantées, la houle, les vagues, la mer, ta Méditerranée. Entends-tu encore l'Oud? Le chant mélodieux qui berçait ton enfance? Revois-tu les allées et les ruelles qui parsemaient ton chemin? Tu n'avais pas à te cacher, tu pouvais parler l'arabe sans craindre que l'on te regarde de travers.
Qui es-tu étranger qui pouvait encore marcher sans craindre d'être vu comme un étranger?
Certes, tu t'inquiétais de voir que des choses en ton pays ne vont pas. Tu dénonçais quelquefois la corruption, le patriarcat, la "féodalité", peut-être, parce que tu voyais que les/des riches s'enrichissent et que le pouvoir peut corrompre. Parce que des choses ne vont pas, forcément. Et, il te semblait que tu devrais emprunter d'autres routes, car malgré la beauté de tes paysages, il te manquait de travailler et de subvenir aux besoins de ta famille. L'Europe t'appelait. Comme un souffle vers la liberté, pensais-tu. Sans penser forcément qu'ici, tu ne serais pas le bienvenu.
Te voici maintenant ici.
Avec l'autoroute comme seul paysage, avec le gris comme seule couleur, avec la pluie comme seul temps. Si tu travailles dans une épicerie ou dans un marché, les gens diront qu'ils vont... "chez l'arabe". Si tes habits diffèrent, ils y verront une atteinte, ou une étrangeté, ils concluront que tu ne t'assimiles pas. Ils vous compteront. "Ils sont de plus en plus nombreux", diront-ils, entre eux. "À quand l'invasion?", oseront certains. Si tu parles en arabe, ils entendront des sonorités qui hérissent leurs poils. Ils craindront que tu ne sois exalté, ils verront en toi peut-être un islamiste, que sais-je encore? Comme parler l'arabe dans un train, un wagon peut susciter l'indignation silencieuse des méchants et la crainte.
La force du préjugé
On te colle dans tes cases, on n'entend pas ce que tu peux ou pourrais produire, ce que tu apportes aussi. Ce que, in fine, tu es. Les gens vont t'enfermer dans des cases. Mais, toi aussi, peut-être enfermes-tu les gens dans des cases, lorsque tu parles d'eux? Lorsque tu les regardes de travers, lorsque le ressentiment te vient? Lorsque tu ne veux pas les aimer. Ou bien, lorsque tu parles de "mécréance", "d'incroyance", "d'athéisme": "Kufr"? Qui es-tu pour qualifier de "mécréant", ton prochain? Ou bien, lorsque tu interdirais à une femme d'épouser un non musulman? Ou bien, lorsqu'il ne te paraîtrait pas que l'égalité entre hommes et femmes ait un sens profond. Et d'autres choses encore que tu ne peux ou ne veux voir.
Au final, ils procèderont de la même manière
Les préjugés et les clichés alimentent notre quotidien et sont autant de fantasmes. Puissants, destructeurs, ravageurs, méchants, lorsque nous collons des individus, en fonction de leur couleur, nationalité, sexe et genre ou religion dans des cases formatées, dans des cases, de petites cases rigides. Préjugés sexistes, préjugés religieux, préjugés racistes: le préjugé en l'opinion à priori défavorable qu'on se fait sur quelqu'un ou quelque chose en fonction de critères personnels ou d'apparences; l'opinion hâtive et préconçue souvent imposée par le milieu, l'époque, l'éducation, ou due à la généralisation d'une expérience personnelle ou d'un cas particulier. Préjugé, tu me tues. Lorsque nous ne voyons plus que la couleur, lorsque l'autre est perçu comme un étranger, parce qu'il est autre, étrange peut-être, différent sûrement. Mais autre. Pour tenter de s'en sortir, je me souviens alors de cette citation... de Martin Luther King: "Vivons ensemble comme des frères, ou nous finirons comme des fous."
Qui es-tu étranger qui pouvait encore marcher sans craindre d'être vu comme un étranger?
Certes, tu t'inquiétais de voir que des choses en ton pays ne vont pas. Tu dénonçais quelquefois la corruption, le patriarcat, la "féodalité", peut-être, parce que tu voyais que les/des riches s'enrichissent et que le pouvoir peut corrompre. Parce que des choses ne vont pas, forcément. Et, il te semblait que tu devrais emprunter d'autres routes, car malgré la beauté de tes paysages, il te manquait de travailler et de subvenir aux besoins de ta famille. L'Europe t'appelait. Comme un souffle vers la liberté, pensais-tu. Sans penser forcément qu'ici, tu ne serais pas le bienvenu.
Te voici maintenant ici.
Avec l'autoroute comme seul paysage, avec le gris comme seule couleur, avec la pluie comme seul temps. Si tu travailles dans une épicerie ou dans un marché, les gens diront qu'ils vont... "chez l'arabe". Si tes habits diffèrent, ils y verront une atteinte, ou une étrangeté, ils concluront que tu ne t'assimiles pas. Ils vous compteront. "Ils sont de plus en plus nombreux", diront-ils, entre eux. "À quand l'invasion?", oseront certains. Si tu parles en arabe, ils entendront des sonorités qui hérissent leurs poils. Ils craindront que tu ne sois exalté, ils verront en toi peut-être un islamiste, que sais-je encore? Comme parler l'arabe dans un train, un wagon peut susciter l'indignation silencieuse des méchants et la crainte.
La force du préjugé
On te colle dans tes cases, on n'entend pas ce que tu peux ou pourrais produire, ce que tu apportes aussi. Ce que, in fine, tu es. Les gens vont t'enfermer dans des cases. Mais, toi aussi, peut-être enfermes-tu les gens dans des cases, lorsque tu parles d'eux? Lorsque tu les regardes de travers, lorsque le ressentiment te vient? Lorsque tu ne veux pas les aimer. Ou bien, lorsque tu parles de "mécréance", "d'incroyance", "d'athéisme": "Kufr"? Qui es-tu pour qualifier de "mécréant", ton prochain? Ou bien, lorsque tu interdirais à une femme d'épouser un non musulman? Ou bien, lorsqu'il ne te paraîtrait pas que l'égalité entre hommes et femmes ait un sens profond. Et d'autres choses encore que tu ne peux ou ne veux voir.
Au final, ils procèderont de la même manière
Les préjugés et les clichés alimentent notre quotidien et sont autant de fantasmes. Puissants, destructeurs, ravageurs, méchants, lorsque nous collons des individus, en fonction de leur couleur, nationalité, sexe et genre ou religion dans des cases formatées, dans des cases, de petites cases rigides. Préjugés sexistes, préjugés religieux, préjugés racistes: le préjugé en l'opinion à priori défavorable qu'on se fait sur quelqu'un ou quelque chose en fonction de critères personnels ou d'apparences; l'opinion hâtive et préconçue souvent imposée par le milieu, l'époque, l'éducation, ou due à la généralisation d'une expérience personnelle ou d'un cas particulier. Préjugé, tu me tues. Lorsque nous ne voyons plus que la couleur, lorsque l'autre est perçu comme un étranger, parce qu'il est autre, étrange peut-être, différent sûrement. Mais autre. Pour tenter de s'en sortir, je me souviens alors de cette citation... de Martin Luther King: "Vivons ensemble comme des frères, ou nous finirons comme des fous."
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