Photo: Des jeunes Marocains arrivent au festival Gnaoua d'Essaouira, 2009
ÉCONOMIE - La question de l'égalité des chances et de la redistribution des richesses a toujours été au cœur des programmes électoraux des uns et des autres. Et si ce "slogan" est un point commun à l'ensemble des programmes papiers des partis politiques, force est de constater qu'il se cantonne à la distribution aléatoire faite des tracts partisans en période de campagne électorale, et qu'il fait vite de disparaître du jargon politique, donnant rendez-vous à ce peuple qu'il chérit à l'autre bout du tunnel du mandat électoral.
Et si cette question, historiquement prisonnière des discours électoraux a toujours élevé toutes sortes de passions, il convient aujourd'hui de la discuter de manière dépassionnée, éloignée des diatribes populistes; car c'est en mettant de côté toutes nos œillères partisanes et électorales que nous serons à même de faire avancer un débat ô combien important pour le présent autant que l'avenir de notre pays: celui de l'égalité des chances.
Le Maroc a fait le choix d'un développement inclusif et déconcentré. Les différents projets mis en place, qu'ils soient économiques ou institutionnels, tendent à promouvoir un développement porté par des régions fortes s'inscrivant dans le cadre du principe de solidarité nationale.
Cette approche, attrayante sur le papier, peine à se traduire sur le terrain, où la fracture sociale autant que la fracture géographique (les niveaux de développement entre différentes régions), ne cessent de se creuser.
Les efforts entrepris par les différents gouvernements, bien que louables, n'arrivent pas à entraîner de résultats concrets pour les populations, dont la confiance est mise à mal; entraînant leur colère et leur déception. Et malgré les différents investissements effectués, comme l'investissement dans les infrastructures routières, hospitalières et universitaires, les résultats peinent à voir le jour, et les projets ont du mal à sortir de terre.
Les grands projets économiques mis en place demandent du temps, la réalité de la démographie marocaine nous rappelle ce constat sans appel: nos concitoyens n'en disposent pas. En effet, le Maroc est rattrapé par sa réalité démographique: une population jeune en constante croissance, qui représente à la fois un défi et une chance. Un défi, car l'économie a besoin d'intégrer cette jeunesse qui arrive, et pour ce, elle a besoin de grandir, de se réinventer et d'innover. Et une chance, parce que dans un pays ne disposant de ressources naturelles pouvant constituer une rente, une jeunesse qui s'épanouit et qui travaille est la plus belle des richesses.
Ainsi, pour renforcer l'investissement (matériel) dans l'avenir effectué à travers les différents projets infrastructurels et institutionnels, il convient d'encourager un investissement (humain) dans l'avenir, à travers cette jeunesse qui ne demande qu'à s'épanouir et à participer à construire son pays.
Cet alliage ne peut donc s'arrêter à ce qui ne marche pas, il doit, pour pouvoir exister et se perpétuer, explorer de nouvelles voies, de nouvelles pistes; réfléchir à une égalité des chances, une redistribution des richesses, qui ne se contente pas de ressasser ce que tout le monde sait, mais qui traite du problème sous un autre angle, oublié: celui de "l'inégalité des chances dans les conditions d'accès à l'âge adulte".
Il n'est pas normal que deux jeunes ayant suivi exactement le même parcours scolaire, ne puissent pas être égaux devant "le temps d'attente" entre le jour de la diplomation et celui de l'embauche. Nous le savons, notre économie ne permet pas à tous les diplômés d'accéder directement à un emploi adapté à leur formation; et un diplômé qui dispose du "revenu nécessaire de subsistance" durant cette période a plus de chances de trouver un métier où il aura une forte valeur ajoutée, que celui qui n'en dispose pas, et dont la priorité est la recherche d'une source de revenu plutôt qu'un "travail idéal".
De surcroit, la jeunesse est l'âge de la consommation de la culture par excellence. En privant les jeunes d'un revenu de subsistance, c'est tout le secteur culturel qui perd ses meilleurs clients, et des jeunes qui ne profitent pas du meilleur âge pour s'ouvrir sur le monde et développer les anticorps à l'obscurantisme et aux idéologies de la haine.
Aussi, cet outil pourrait servir la relance économique, notamment la consommation chez les jeunes: des jeunes avec un meilleur pouvoir d'achat sont plus à même de faire vivre l'économie du pays, notamment sa consommation intérieure, participant ainsi à plus de création de richesse dans leur pays.
Il est donc nécessaire aujourd'hui de créer un "revenu national pour la jeunesse", afin de permettre l'épanouissement des jeunes, et de mettre en place les mécanismes permettant de les accompagner dans la difficile transition vers l'âge adulte.
S'il se concrétise, le "revenu national pour la jeunesse" ne serait pas une mesure définitive, encore moins un revenu rentier, qui viendrait encourager les différentes formes d'assistanat. Tout au contraire, il serait une mesure d'accompagnement de la personne lui permettant de répondre aux besoins essentiels liés à l'âge et à la recherche de l'emploi: il lui offrirait la possibilité d'une mobilité, nécessaire dans la recherche d'emploi, mais également l'accès à la culture et au savoir; sans discrimination liée au statut (étudiant ou pas).
Comme précédemment évoqué, le revenu national pour la jeunesse n'a vocation à être ni une mesure définitive, ni renouvelable, sa durée de vie pour le bénéficiaire serait de 3 ans maximum, et conditionnée par un suivi semestriel auprès d'un "conseiller jeunesse" qui, au bout d'un an de recherche infructueuse d'emploi, pourrait réorienter le bénéficiaire vers des formations plus adaptées aux besoins du marché.
Bien sûr, les contours d'une telle mesure sont encore à définir, et sa concrétisation également, mais tel est mon espoir, et tel sera mon combat: débattre, penser et mettre en place les mécanismes nécessaires pour que le Maroc puisse offrir à chaque jeune à la recherche d'emploi un revenu minimum de subsistance et un accompagnement efficace pour le ciblage de potentiels employeurs, chacun en fonction de sa formation, et sans exception, que la formation soit académique ou professionnelle.
Il est évident que ce type de mesures pose un certain nombre de questionnements légitimes, relatifs au financement du revenu d'une part, et celui de l'économie informelle, très forte dans notre pays; mais ces difficultés ne doivent en aucun cas constituer un handicap au lancement du débat, et surtout, à la recherche de solutions adaptées à notre réalité et aux contraintes qui sont les nôtres.
Imposer le capital? Largement sous-imposé par rapport au travail. Faire appel au principe de solidarité nationale en créant une caisse de solidarité? Faire appel à la Responsabilité Sociale des Entreprises? Encourager et soutenir (plus concrètement et plus efficacement) les initiatives d'auto-entrepreneuriat et la création de petites et moyennes entreprises? Réorganiser nos caisses de mutuelles? etc.
Il nous sera nécessaire de répondre à l'ensemble de ces questions et à bien d'autres encore, ce sera un levier pour approfondir la réflexion, et pour mettre en place les conditions nécessaires à la concrétisation du revenu national pour la jeunesse, car cette mesure peut voir le jour, et doit voir le jour.
C'est donc avec beaucoup d'humilité que je m'engage dans cette lutte, qui me semble indispensable pour relancer la machine économique et rétablir la confiance de nos jeunes concitoyens en leur avenir, et à travers eux celui de notre pays.
L'égalité des chances doit cesser d'être un slogan de campagne et se placer au cœur de nos préoccupations et celles de nos dirigeants. Elle ne peut se cantonner ni aux discours, ni à la conjoncture, c'est pourquoi il m'a semblé nécessaire d'associer cette même jeunesse à une démarche de réflexion pour donner vie à ce rêve, car de nos rêves naîtra le Maroc que nous appelons tous de nos vœux: celui où développement économique et humain sont fortement corrélés, et où la croissance se met au service du bien-être de chaque citoyen.
ÉCONOMIE - La question de l'égalité des chances et de la redistribution des richesses a toujours été au cœur des programmes électoraux des uns et des autres. Et si ce "slogan" est un point commun à l'ensemble des programmes papiers des partis politiques, force est de constater qu'il se cantonne à la distribution aléatoire faite des tracts partisans en période de campagne électorale, et qu'il fait vite de disparaître du jargon politique, donnant rendez-vous à ce peuple qu'il chérit à l'autre bout du tunnel du mandat électoral.
Et si cette question, historiquement prisonnière des discours électoraux a toujours élevé toutes sortes de passions, il convient aujourd'hui de la discuter de manière dépassionnée, éloignée des diatribes populistes; car c'est en mettant de côté toutes nos œillères partisanes et électorales que nous serons à même de faire avancer un débat ô combien important pour le présent autant que l'avenir de notre pays: celui de l'égalité des chances.
Le Maroc a fait le choix d'un développement inclusif et déconcentré. Les différents projets mis en place, qu'ils soient économiques ou institutionnels, tendent à promouvoir un développement porté par des régions fortes s'inscrivant dans le cadre du principe de solidarité nationale.
Cette approche, attrayante sur le papier, peine à se traduire sur le terrain, où la fracture sociale autant que la fracture géographique (les niveaux de développement entre différentes régions), ne cessent de se creuser.
Les efforts entrepris par les différents gouvernements, bien que louables, n'arrivent pas à entraîner de résultats concrets pour les populations, dont la confiance est mise à mal; entraînant leur colère et leur déception. Et malgré les différents investissements effectués, comme l'investissement dans les infrastructures routières, hospitalières et universitaires, les résultats peinent à voir le jour, et les projets ont du mal à sortir de terre.
Les grands projets économiques mis en place demandent du temps, la réalité de la démographie marocaine nous rappelle ce constat sans appel: nos concitoyens n'en disposent pas. En effet, le Maroc est rattrapé par sa réalité démographique: une population jeune en constante croissance, qui représente à la fois un défi et une chance. Un défi, car l'économie a besoin d'intégrer cette jeunesse qui arrive, et pour ce, elle a besoin de grandir, de se réinventer et d'innover. Et une chance, parce que dans un pays ne disposant de ressources naturelles pouvant constituer une rente, une jeunesse qui s'épanouit et qui travaille est la plus belle des richesses.
Ainsi, pour renforcer l'investissement (matériel) dans l'avenir effectué à travers les différents projets infrastructurels et institutionnels, il convient d'encourager un investissement (humain) dans l'avenir, à travers cette jeunesse qui ne demande qu'à s'épanouir et à participer à construire son pays.
Cet alliage ne peut donc s'arrêter à ce qui ne marche pas, il doit, pour pouvoir exister et se perpétuer, explorer de nouvelles voies, de nouvelles pistes; réfléchir à une égalité des chances, une redistribution des richesses, qui ne se contente pas de ressasser ce que tout le monde sait, mais qui traite du problème sous un autre angle, oublié: celui de "l'inégalité des chances dans les conditions d'accès à l'âge adulte".
Il n'est pas normal que deux jeunes ayant suivi exactement le même parcours scolaire, ne puissent pas être égaux devant "le temps d'attente" entre le jour de la diplomation et celui de l'embauche. Nous le savons, notre économie ne permet pas à tous les diplômés d'accéder directement à un emploi adapté à leur formation; et un diplômé qui dispose du "revenu nécessaire de subsistance" durant cette période a plus de chances de trouver un métier où il aura une forte valeur ajoutée, que celui qui n'en dispose pas, et dont la priorité est la recherche d'une source de revenu plutôt qu'un "travail idéal".
De surcroit, la jeunesse est l'âge de la consommation de la culture par excellence. En privant les jeunes d'un revenu de subsistance, c'est tout le secteur culturel qui perd ses meilleurs clients, et des jeunes qui ne profitent pas du meilleur âge pour s'ouvrir sur le monde et développer les anticorps à l'obscurantisme et aux idéologies de la haine.
Aussi, cet outil pourrait servir la relance économique, notamment la consommation chez les jeunes: des jeunes avec un meilleur pouvoir d'achat sont plus à même de faire vivre l'économie du pays, notamment sa consommation intérieure, participant ainsi à plus de création de richesse dans leur pays.
Il est donc nécessaire aujourd'hui de créer un "revenu national pour la jeunesse", afin de permettre l'épanouissement des jeunes, et de mettre en place les mécanismes permettant de les accompagner dans la difficile transition vers l'âge adulte.
S'il se concrétise, le "revenu national pour la jeunesse" ne serait pas une mesure définitive, encore moins un revenu rentier, qui viendrait encourager les différentes formes d'assistanat. Tout au contraire, il serait une mesure d'accompagnement de la personne lui permettant de répondre aux besoins essentiels liés à l'âge et à la recherche de l'emploi: il lui offrirait la possibilité d'une mobilité, nécessaire dans la recherche d'emploi, mais également l'accès à la culture et au savoir; sans discrimination liée au statut (étudiant ou pas).
Comme précédemment évoqué, le revenu national pour la jeunesse n'a vocation à être ni une mesure définitive, ni renouvelable, sa durée de vie pour le bénéficiaire serait de 3 ans maximum, et conditionnée par un suivi semestriel auprès d'un "conseiller jeunesse" qui, au bout d'un an de recherche infructueuse d'emploi, pourrait réorienter le bénéficiaire vers des formations plus adaptées aux besoins du marché.
Bien sûr, les contours d'une telle mesure sont encore à définir, et sa concrétisation également, mais tel est mon espoir, et tel sera mon combat: débattre, penser et mettre en place les mécanismes nécessaires pour que le Maroc puisse offrir à chaque jeune à la recherche d'emploi un revenu minimum de subsistance et un accompagnement efficace pour le ciblage de potentiels employeurs, chacun en fonction de sa formation, et sans exception, que la formation soit académique ou professionnelle.
Il est évident que ce type de mesures pose un certain nombre de questionnements légitimes, relatifs au financement du revenu d'une part, et celui de l'économie informelle, très forte dans notre pays; mais ces difficultés ne doivent en aucun cas constituer un handicap au lancement du débat, et surtout, à la recherche de solutions adaptées à notre réalité et aux contraintes qui sont les nôtres.
Imposer le capital? Largement sous-imposé par rapport au travail. Faire appel au principe de solidarité nationale en créant une caisse de solidarité? Faire appel à la Responsabilité Sociale des Entreprises? Encourager et soutenir (plus concrètement et plus efficacement) les initiatives d'auto-entrepreneuriat et la création de petites et moyennes entreprises? Réorganiser nos caisses de mutuelles? etc.
Il nous sera nécessaire de répondre à l'ensemble de ces questions et à bien d'autres encore, ce sera un levier pour approfondir la réflexion, et pour mettre en place les conditions nécessaires à la concrétisation du revenu national pour la jeunesse, car cette mesure peut voir le jour, et doit voir le jour.
C'est donc avec beaucoup d'humilité que je m'engage dans cette lutte, qui me semble indispensable pour relancer la machine économique et rétablir la confiance de nos jeunes concitoyens en leur avenir, et à travers eux celui de notre pays.
L'égalité des chances doit cesser d'être un slogan de campagne et se placer au cœur de nos préoccupations et celles de nos dirigeants. Elle ne peut se cantonner ni aux discours, ni à la conjoncture, c'est pourquoi il m'a semblé nécessaire d'associer cette même jeunesse à une démarche de réflexion pour donner vie à ce rêve, car de nos rêves naîtra le Maroc que nous appelons tous de nos vœux: celui où développement économique et humain sont fortement corrélés, et où la croissance se met au service du bien-être de chaque citoyen.
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