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Des jeunes qui s'inspirent des traditions amazighs et subsahariennes pour trouver des solutions aux maux de la société (2/2)

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Parfois innover c'est savoir faire avec ce qu'on a déjà. C'est peut-être "moins sexy et cool" que de parler d'innovations technologiques, "mais ça marche" s'était exprimée Alaa Murabit, membre de l'éminent groupe des Défenseurs du Développement durable, à l'occasion des Journées européennes du développement du 7 au 8 juin dernier. Un conseil que semble avoir mis en pratique Rachid Ennassiri, le poète de la COP22, qui a puisé dans les traditions amazighs de son village pour mettre en place des projets de protection de l'environnement. Rencontre.

Rachid Ennassiri: les traditions amazighs du Maroc au service de l'environnement et du social

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Rachid Ennassiri, lors du panel "Tirer parti des possibilités d'adaptation et d'atténuation du changement climatique dans les villes" aux Journées européennes du développement - le 8 juin 2017 (c) Union européenne


Rachid est l'un des 16 jeunes leaders à avoir été sélectionné pour participer à la onzième édition des Journées européennes du développement (JED). La première fois qu'il avait été remarqué, c'était à l'occasion de la COP22 au Maroc, où il avait remporté le premier prix du concours de la poésie environnementale avec son poème : "La Pluie".

La Pluie

Que le tonnerre gronde
Qu'il pleuve à verse
Pour que le blé soit arrosé
Pour que le brasier soit étouffé

Que l'eau pure ruisselle
Partout sur la terre
Pour que nous ne soyons plus assoiffés
Pour que nos cœurs soient purifiés

Que le vent bienfaiteur souffle
Pour qu'il ravive les visages chagrins
Pour que la sève remonte dans les germes
Et que les belles fleurs arrivent à terme

Entre nous tant de barrières et de ténèbres
L'hiver et les cris des chacals
Regardons vers l'avant, cherchons le bonheur
Si nous voulons que l'avenir soit meilleur


Poème de Rachid Ennassiri, lauréat du concours de la poésie environnementale organisé par la société autrichienne Human Dynamics à l'occasion de la COP22



"Je ne peux pas me séparer de l'art et de la culture, surtout de la culture berbère" nous dit Rachid. "Un jeune lorsqu'il quitte son village laisse derrière lui des richesses, des ressources naturelles, des traditions et des pratiques", des savoirs traditionnels relatifs à la gestion des ressources naturelles et de la biodiversité qui pourraient disparaître d'ici 2020.

"Alors j'ai décidé de mettre en place un projet qui valorise ces traditions, qui peut les faire revivre". Pour faire cela, il s'appuie sur des travaux de recherche académique, comme ceux du professeur Mohamed Alifriqui, qui est allé dans des villages isolés pour décrire le potentiel socio-écologique qui pouvait y être exploité. "J'ai mis en action ce qui a été écrit".

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Atelier de production de tapis selon les procédés amazighs qui emploie une vingtaine de femmes à Tinghir, co-fondé par Rachid (c) Espace Tamount


Dans l'un de ses projets, Rachid profite des grands espaces vides de son village pour les transformer en atelier de production de tapis.

La pratique amazigh de création de tapis, sans utilisation d'électricité, crée "un cercle qui respecte l'environnement et qui relie l'homme à l'animal", pour reprendre les mots de Rachid. Les moutons broutent les plantes de leur terre, tandis que hommes et femmes lors de l'Aïd el-Kebir consomment leur viande. Et plutôt que de jeter la laine, on l'utilise pour produire des tapis. Voilà le retour à la terre.

Cela permet aussi à Rachid d'employer une trentaine de femmes de son village, à la production comme à la commercialisation des tapis mais aussi aux activités annexes de protection des plantes de la région. Lors de son panel aux JED, il fait remarquer que "l'action pour le climat peut réduire les inégalités hommes-femmes et conduire à l'inclusion sociale". Son projet renforce ainsi le pouvoir économique et social de ces femmes qu'il emploie, leur donne une occupation tout en respectant leur rythme de vie traditionnel.



La chanson Ɛlulu, un hommage en berbère "aux mères sublimes de ce monde", composée par le groupe Tawargit dont fait partie Rachid

"Je suis fier de ce qu'on a pu faire". "On arrive à réaliser le concept de développement durable [...] : on protège l'environnement et on assure une certaine croissance économique de la main-d'oeuvrel* montagnarde, mais [pour la composante] sociale, c'est une responsabilité de l'Etat". Il a en tête les manifestations qui secouent le Rif au Maroc : "c'est leurs droits [aux services basiques], ils ne devraient même pas être censés le demander".

Rachid réfléchit encore à de nombreux autres projets, comme des formations pour apprendre à construire des bâtiments "100% écologiques" sur le modèle berbère. En novembre prochain, Rachid sera présent à la COP23 en Allemagne pour présenter certaines de ses réalisations. Car ces traditions amazighs de protection de l'environnement "je veux les promouvoir à l'échelle locale, régionale, nationale, et à l'échelle internationale" confie-t-il avec passion.

Cet article a été écrit lors d'un reportage sur les Journées européennes du Développement du 7-8 juin 2017 dans le cadre du partenariat entre l'Institut Open Diplomacy et Toute l'Europe.

LIRE AUSSI: Des jeunes qui s'inspirent des traditions amazighs et subsahariennes pour trouver des solutions aux maux de la société (1/2)


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