MÉDIAS - Al Hoceima et sa couverture médiatique désastreuse ont mis à nu l'impuissance de la communication officielle au Maroc. Vidéos virales anti-Etat, déclarations d'inconnus appelant à la désobéissance civile, images de forces de l'ordre en déroute. La toile, déchaînée et impitoyable, a vite occupé le terrain abandonné par une communication officielle qui s'écroule sous le poids de l'inadaptabilité des méthodes et de l'attentisme.
Tout se passe comme si l'Etat n'avait aucune envie de se défendre. Il a perdu l'envie de convaincre les Marocains de la justesse de ses thèses. D'un revers de la main, il peut balayer les arguments des foules d'Al Hoceima mais il n'a plus la "niaque", il bafouille et espère que la tempête passe. La mort de Mohcine Fikri a été passée sous silence par l'audiovisuel public (SNRT, 2M, Medi1TV). Il a fallu que trois mois passent, que la contestation s'installe pour de bon, que les journalistes étrangers s'emparent du dossier (El Pais notamment) pour qu'Al Hoceima apparaisse au journal télévisé.
Du bout des lèvres, le journaliste présentait une version timide et distancée de la crise en troisième ou quatrième sujet du JT. Pendant ce temps, les Marocains du Maroc et de l'étranger découvraient, éberlués, sur Facebook les images des policiers se faisant rosser par les "militants de la liberté et de la dignité".
Incapables de construire une phrase correcte ou ayant peur de leur ombre, ni le ministre de la Santé (polémique du centre d'oncologie) ni le président de la région (fakenews sur la militarisation du Rif) ne se sont prononcés. Plus inquiétant encore est la totale impréparation des médias officiels face à la célérité des réseaux sociaux et à la parole libre.
Les rédactions attendent le communiqué de la MAP pour se mettre au travail. Aucune prise de risque éditorial. Il ne faut fâcher personne en haut lieu car les places ont été acquises par le bon vouloir des personnes influentes et non par le mérite. Et ceux qui veulent encore faire un travail de terrain se font accueillir par des insultes ou des jets de pierre à Al Hoceima (elle est belle la contestation populaire...).
Le débat a par conséquent pris ses quartiers sur la toile. Les illuminés de tous bords, qu'ils soient pro-hirak, "les traitres", ou anti-hirak, "les nationalistes", se sont fait la guerre à coup de diffamations, d'insultes et de canulars. Consternant. Si sur la voie publique il est interdit d'insulter et de diffamer, sur Internet, tout est permis: des menaces de mort aux appels aux lynchages en passant par les accusations d'hérésie et de déviation sexuelle. Quant au ministre de la Justice et à celui des Droits de l'Homme, ils brillent par leur silence assourdissant. Qui ne dit mot consent.
Une remise à niveau est plus qu'urgente. Elle est vitale. Un système politique qui ne communique pas se condamne lui-même. Le chantier est énorme: il faut réformer l'audiovisuel public, la MAP et la presse financée par le gouvernement. La réforme doit commencer par les ressources humaines car plusieurs de nos meilleurs journalistes sont à Dubaï (El Arabiya), Doha (Al Jazeera), Paris (France 24) ou Londres (MBC).
Le web a besoin de normes. Notre parlement, somnolent depuis une décennie sinon plus, a oublié de légiférer sur le sujet. Bien plus qu'écrire des règlements, il faut convaincre le parquet et les magistrats de les appliquer. Quand on insulte ou diffame quelqu'un sur Internet, il doit y avoir des poursuites. La loi de la jungle n'est pas le Maroc dont on rêvait il y a tout juste 5 ans lors de la promulgation de la nouvelle constitution.
Il est clair aujourd'hui que la presse partisane (la majorité des titres diffusés par écrit) ne suscite plus l'engouement, elle est dépassée et se contente tantôt de relever les faits divers de quartiers, tantôt de servir de plateforme pour des règlements de compte de façade entre partis. Peu la lisent, à en croire les chiffres des parutions en constante baisse.
La tendance mondiale aujourd'hui s'oriente en faveur des sites d'information continue plus ou moins affiliés à la parole officielle. Les chaînes de télévision s'affranchissent peu à peu des contraintes éditoriales et de forme pour traiter plus simplement et plus rapidement des sujets délicats via leurs extensions web et réseaux sociaux touchant ainsi, à nouveau, une audience perdue depuis plusieurs années.
Les fonds qui sont destinés à la presse partisane devraient aller vers des plateformes web prêtes à livrer la guerre des idées sur internet. Il s'agit bien d'une guerre contre ceux qui veulent changer l'ordre établi. Il n'y a que nos chers députés pour croire que Zefzafi est bienveillant et aimable. S'il peut prendre leur place, lui et ses compagnons, il le fera. Le combat sur le web se livre avec des community managers. Il y en a des bons. Il faut les recruter et les payer.
Ces gens auront besoin de contenus (image et édito) que seul le gouvernement peut donner. Il faut "séduire" les blogueurs influents, devant la perspective d'un salaire à la fin du mois, ils seront peu à cracher sur la main qui les nourrit. Il faut agir vite. Al Hoceima est un miroir grossissant de toutes les tares du système de communication de l'Etat. Au prochain coup dur, il faudra être prêt et en bonne forme. Il n'y a plus de place pour l'amateurisme.
Tout se passe comme si l'Etat n'avait aucune envie de se défendre. Il a perdu l'envie de convaincre les Marocains de la justesse de ses thèses. D'un revers de la main, il peut balayer les arguments des foules d'Al Hoceima mais il n'a plus la "niaque", il bafouille et espère que la tempête passe. La mort de Mohcine Fikri a été passée sous silence par l'audiovisuel public (SNRT, 2M, Medi1TV). Il a fallu que trois mois passent, que la contestation s'installe pour de bon, que les journalistes étrangers s'emparent du dossier (El Pais notamment) pour qu'Al Hoceima apparaisse au journal télévisé.
Du bout des lèvres, le journaliste présentait une version timide et distancée de la crise en troisième ou quatrième sujet du JT. Pendant ce temps, les Marocains du Maroc et de l'étranger découvraient, éberlués, sur Facebook les images des policiers se faisant rosser par les "militants de la liberté et de la dignité".
Incapables de construire une phrase correcte ou ayant peur de leur ombre, ni le ministre de la Santé (polémique du centre d'oncologie) ni le président de la région (fakenews sur la militarisation du Rif) ne se sont prononcés. Plus inquiétant encore est la totale impréparation des médias officiels face à la célérité des réseaux sociaux et à la parole libre.
Les rédactions attendent le communiqué de la MAP pour se mettre au travail. Aucune prise de risque éditorial. Il ne faut fâcher personne en haut lieu car les places ont été acquises par le bon vouloir des personnes influentes et non par le mérite. Et ceux qui veulent encore faire un travail de terrain se font accueillir par des insultes ou des jets de pierre à Al Hoceima (elle est belle la contestation populaire...).
Le débat a par conséquent pris ses quartiers sur la toile. Les illuminés de tous bords, qu'ils soient pro-hirak, "les traitres", ou anti-hirak, "les nationalistes", se sont fait la guerre à coup de diffamations, d'insultes et de canulars. Consternant. Si sur la voie publique il est interdit d'insulter et de diffamer, sur Internet, tout est permis: des menaces de mort aux appels aux lynchages en passant par les accusations d'hérésie et de déviation sexuelle. Quant au ministre de la Justice et à celui des Droits de l'Homme, ils brillent par leur silence assourdissant. Qui ne dit mot consent.
Une remise à niveau est plus qu'urgente. Elle est vitale. Un système politique qui ne communique pas se condamne lui-même. Le chantier est énorme: il faut réformer l'audiovisuel public, la MAP et la presse financée par le gouvernement. La réforme doit commencer par les ressources humaines car plusieurs de nos meilleurs journalistes sont à Dubaï (El Arabiya), Doha (Al Jazeera), Paris (France 24) ou Londres (MBC).
Le web a besoin de normes. Notre parlement, somnolent depuis une décennie sinon plus, a oublié de légiférer sur le sujet. Bien plus qu'écrire des règlements, il faut convaincre le parquet et les magistrats de les appliquer. Quand on insulte ou diffame quelqu'un sur Internet, il doit y avoir des poursuites. La loi de la jungle n'est pas le Maroc dont on rêvait il y a tout juste 5 ans lors de la promulgation de la nouvelle constitution.
Il est clair aujourd'hui que la presse partisane (la majorité des titres diffusés par écrit) ne suscite plus l'engouement, elle est dépassée et se contente tantôt de relever les faits divers de quartiers, tantôt de servir de plateforme pour des règlements de compte de façade entre partis. Peu la lisent, à en croire les chiffres des parutions en constante baisse.
La tendance mondiale aujourd'hui s'oriente en faveur des sites d'information continue plus ou moins affiliés à la parole officielle. Les chaînes de télévision s'affranchissent peu à peu des contraintes éditoriales et de forme pour traiter plus simplement et plus rapidement des sujets délicats via leurs extensions web et réseaux sociaux touchant ainsi, à nouveau, une audience perdue depuis plusieurs années.
Les fonds qui sont destinés à la presse partisane devraient aller vers des plateformes web prêtes à livrer la guerre des idées sur internet. Il s'agit bien d'une guerre contre ceux qui veulent changer l'ordre établi. Il n'y a que nos chers députés pour croire que Zefzafi est bienveillant et aimable. S'il peut prendre leur place, lui et ses compagnons, il le fera. Le combat sur le web se livre avec des community managers. Il y en a des bons. Il faut les recruter et les payer.
Ces gens auront besoin de contenus (image et édito) que seul le gouvernement peut donner. Il faut "séduire" les blogueurs influents, devant la perspective d'un salaire à la fin du mois, ils seront peu à cracher sur la main qui les nourrit. Il faut agir vite. Al Hoceima est un miroir grossissant de toutes les tares du système de communication de l'Etat. Au prochain coup dur, il faudra être prêt et en bonne forme. Il n'y a plus de place pour l'amateurisme.
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