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Santé: Osons des réformes pour réparer la machine

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SANTÉ - Il y a dizaine de jours, un jeune ange, Idya, nous a quittés. Un de plus. Une tragédie tellement récurrente, mais dont la douleur est toujours aussi forte. Une vague d'indignation et de colère a traversé le pays pour protester contre un système de santé inadéquat, insuffisant et surtout injuste.

Notre système de santé est désuet, souffrant, gangréné. Tous les fondamentaux l'attestent en terme de financement, de ressources humaines médicales et paramédicales et de couverture régionale.

• Un financement insuffisant: Avec 14 millions de dirhams, le budget de l'Etat pour la santé représente 6% du budget total, contre 10% pour la Tunisie et 11% pour l'Algérie

• Une pénurie en ressources humaines: Avec moins de 7 médecins pour 10.000 habitants, le Maroc est encore une fois derrière la Mauritanie (10), la Tunisie (12) et l'Algérie (12). C'est 4 fois moins que le nombre de médecins recommandés par l'OMS (28)

• Une grande disparité régionale: certaines régions comptent même moins de 4 médecins pour 10.000 habitants, notamment les régions de Taza/Houceima/Taounat, Oued Dahab/Lagouira, Tadla/Azilal et le Souss/Mass/Draa.

Pour résoudre cette équation compliquée, plusieurs leviers existent:

1. L'élargissement des sources de financements
2. La construction d'hôpitaux pour augmenter l'offre de soins
3. L'accélération de la formation de médecins (ou en accueillir) et le développement d'un système qui encourage une meilleure allocation des ressources humaines
4. Faire preuve d'innovation et de pragmatisme pour utiliser au mieux les ressources disponibles

Ces leviers ont tous, dans une certaine mesure, été identifiés et activés par H. El Ouardy, ministre de la santé depuis 2012. Plusieurs projets sont en cours pour étoffer l'offre de soins:

• Cinq CHU supplémentaires sont en cours de construction, ainsi qu'un certain nombre d'hôpitaux.
• En termes de formation, plusieurs centres ont été lancés.
• La couverture des citoyens a été élargie avec le RAMED, même s'il reste un problème important et évident de pérennité des fonds alloués.

Il s'agit maintenant de pousser encore et d'aller jusqu'au bout de l'implémentation de certaines mesures nécessaires pour réformer un système en deçà des attentes (et c'est un euphémisme).

Des exemples de mesures à étudier ou réétudier sont la privation, un service civique des médecins et la création d'un observatoire de la santé.

Une privatisation maîtrisée est un pas dans le bon sens

En termes de financements, la libéralisation du secteur de la santé est un exemple de mesure dont le Maroc a besoin. Elle ne doit certainement pas se substituer au rôle du public (dont l'implication financière doit encore augmenter). Néanmoins, s'en priver et laisser ce droit à 20.000 médecins (soit près de 2.000 seulement avec des moyens suffisants) revient à se priver de milliards d'investissements.

Le Maroc est l'un des derniers pays au monde à ne pas avoir libéralisé le secteur de la santé. Le Cheikh Zaid Hospital est la preuve et l'exemple de projets utiles que la privatisation peut amener. Les fonds sont certes privés, mais le management reste aux mains des médecins.

Le ministère a perdu la bataille de l'opinion contre ce qui a été perçu comme de la prédation de certaines entreprises, et contre une poignée de médecins soucieux de défendre leurs propres intérêts. Il faut persévérer, et cette fois, en contrôlant la période transitoire afin de mettre en avant des projets sérieux, ou en mettant en place plus de garde-fous. Cette mesure n'est pas la panacée, mais un pas dans le bon sens.

Un service civique où tous les médecins investissent un nombre fixe par année dans des déserts médicaux

Néanmoins, il faut également considérer des solutions et des systèmes innovants pour résoudre la question de l'allocation régionale. En ce qui concerne les déserts médicaux, en plus de réquisitionner les étudiants, pourquoi ne pas rendre obligatoire un système civique où les médecins du privé se doivent de passer un jour par semaine (soit 52 par an) dans une région en manque de ressources? Les médecins qui refuseraient pourraient avoir le droit de racheter ces jours pour un certain montant, aidant à financer la médicalisation de ces régions.

Des solutions innovantes de télémédecine existent, dont l'impact reste à évaluer et à implémenter pour lutter contre la disparité régionale.

Lançons un Observatoire Citoyen de la Santé

Enfin, pour s'assurer de l'avancée des projets, il est nécessaire de lancer un Grand Observatoire Citoyen de la Santé pour suivre les promesses et projets ministériels. L'objectif est d'obtenir de la visibilité sur les actions et les réalisations en cours et surtout d'être un moteur et une force de propositions positives.

Il est temps de déclarer un état d'urgence de la santé afin de réparer notre machine santé, d'augmenter les budgets alloués, de mobiliser les médecins et surtout d'optimiser les opérations pour recréer une confiance dans notre système et que ces tragédies ne se reproduisent plus.

Le plus long chemin commence par un premier pas.

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