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Les motivations des électeurs du Front national? Vote de protestation ou d'adhésion?

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Nous le savons maintenant, Marine Le Pen, la présidente du Front national, accède au second tour de la présidentielle, en France. Certes, elle n'obtient pas les résultats escomptés par son parti (21,7% des suffrages exprimés, alors que le FN espérait en obtenir de 24 à 28% - 30%). Il convient de souligner ici que 7,3 millions d'électeurs ont voté pour le FN, un million de plus par rapport aux régionales, de 2015. Comment pourrions-nous expliquer ce vote? S'agit-il essentiellement d'un vote de protestation et/ou également d'un vote d'adhésion?

Les analystes souvent conviennent que les électeurs se prononcent pour le FN, parce qu'ils sont déboussolés et ne veulent plus voter pour les partis traditionnels et républicains de droite comme de gauche. Parce qu'au fond, ils se sentent abandonnés et ne croient plus en un certain exercice du pouvoir. Il s'agit alors d'un vote de protestation ou d'opposition. Mais, les commentateurs soulignent également que le vote FN est un vote d'adhésion et/ou un vote utile, comprenant également une forme d'adhésion.

Le 23 mars 2017, l'institut Harrys interactive avait sondé les électeurs, dans une enquête intitulée: "Intentions et motivations de vote pour l'élection présidentielle de 2017". Selon l'institut, 61% des électeurs de Marine Le Pen se reconnaissent en le projet de leur candidate et 61% reconnaissent en Marine Le Pen sa capacité à parler de leurs préoccupations. 97% des sympathisants FN ont une intention de vote de 1er tour pour l'élection présidentielle par proximité partisane avec leur candidate.

Dans un contexte où la défiance vis-à-vis des responsables politiques reste forte, le vote FN est donc aussi un vote d'adhésion à un programme politique et à une vision politique. Les fondamentaux du FN n'ont donc échappé à personne et surtout pas aux électeurs du FN, lorsqu'ils sont convaincus. Il s'agit donc bien alors d'un vote "à l'unisson" pour leur candidate.

Alors, en quoi votent-ils? Nous pourrions ainsi résumer les fondamentaux du FN:

  1. La matrice du FN est toujours constituée par le rejet DE ou D'UN ennemi de préférence très ethnicisé (hier le Juif, aujourd'hui: l'immigré ou le musulman). N'est-ce pas là la fameuse recette du bouc émissaire? Pour Alexandre Dézé, la dénonciation de l'islamisme occupe "une place de plus en plus importante" dans le discours du FN parce que cette thématique "permet de dénoncer l'immigration d'une façon bien plus acceptable pour l'électorat". Et de conclure: "L'arrière-fond xénophobe ne change pas. La manière de l'enrober, si."

    Marine Le Pen ne peut plus dire comme son père que les étrangers prennent le travail des Français; aussi parler de laïcité lui permet-il d'éviter les accusations de xénophobie: ce n'est pas à l'immigré, à l'étranger que l'on s'attaque, mais à l'islamiste, au nom des valeurs de la République (cité par Abel Mestre, Le Monde, 20 septembre 2012).


  2. Marine Le Pen reprend sans hésitation les thèmes porteurs, démagogiques et populistes de l'extrême droite française. Le FN continue de proposer un programme qui a pour thème central la préférence nationale.


  3. Pour le Front national, il s'agit de donner des droits sociaux pour les seuls Français. Les autres en seront automatiquement exclus. Le Front national propose la suppression du droit du sol, il revient ainsi sur un héritage qui est républicain.


  4. Le FN propose de remettre en cause le droit d'asile (les personnes persécutées pour leurs opinions à travers le monde).


  5. Le Front national est opposé à la double nationalité.


  6. Autre marqueur idéologique: l'opposition aux élites. Nous le voyons ici, le "bon vieux" populisme, qui divise en deux la nation entre le peuple et les élites, est une vieille tradition de cette famille politique qu'est l'extrême droite. Abel Mestre résume cette position de la manière suivante: dès sa naissance, le FN se constitue comme un parti qui doit être le "réceptacle des mécontentements", selon la définition de François Duprat. Un objectif défini dans le programme de 1973 est en effet de "défendre les Français contre les visées étrangères, les menées subversives, l'égoïsme de classe, la dictature des oligarchies". En somme, un parti qui veut s'ériger en rempart contre le "système", dira-t-on plus tard.


  7. Rappelons que, durant cette campagne, engagée contre les "élites établies" donc et prétendant parler au nom du peuple, Marine Le Pen n'a pas cessé d'opposer le "pays réel" au "pays légal" et de diriger ses principales flèches contre les prétendus "ennemis de l'intérieur": à savoir les étrangers présents sur le sol de France et ceux qui obtiennent la nationalité française.


  8. Marine Le Pen propose de supprimer les subventions aux "associations communautaires" car selon elle le communautarisme étant un élément de dissolution de la Nation. Bien évidemment, il faut comprendre que pour Marine Le Pen et le FN, toutes les associations de lutte contre le racisme, l'antisémitisme, sont des associations communautaires.


  9. On trouve également une dénonciation de la mondialisation, décrite comme une machine à "casser" les nations.


Voici donc les terribles fondamentaux de l'extrême-droite française, si représentés par le Front National de Marine Le Pen. Et c'est là, une très grave menace pour la République.

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