POLITIQUE - La sphère politique marocaine ne cesse de bouger. Elle se bouscule dans tous les sens. Une véritable valse, mais désordonnée, où les acteurs se piétinent et s'échangent des petites boutades très musclées.
Une scène politique surréaliste
Un chef de gouvernement désigné qui, par ses sorties médiatiques, ne cherche que deux objectifs: minimiser au maximum ses adversaires mais aussi ses partenaires probables, et garder son électorat mobilisé pour d'éventuelles élections prématurées. Pour l'atteinte de ces deux objectifs, tous les moyens sont permis.
En face, un ensemble d'acteurs qui se regroupe et dont les liens politiques s'endurcissent davantage malgré les clivages idéologiques. En effet, rien en termes idéologiques ne milite en faveur d'un rapprochement, même tactique, entre les socialistes de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et les anciens partis du Wifaq -le Rassemblement national des indépendants (RNI), l'Union constitutionnelle (UC) et le Mouvement populaire (MP)-, exception faite de la volonté de faire face au raz-de-marée islamiste.
C'est le cas d'ailleurs de la coalition entre les communistes du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD). Cette coalition risque dans les jours à venir de connaître des mouvements tectoniques qui peuvent créer des fissures voire creuser un fossé entre les deux partis, notamment avec la mise en œuvre du plan Tajador (enracinement). Ce dernier vise, entre autres, selon le communiqué du bureau politique du parti du livre daté du 20 février 2017, à prendre l'ensemble des initiatives permettant de renforcer le rayonnement de l'identité socialiste et gauchiste du PPS.
Ces coalitions sont donc contre nature au niveau idéologique mais largement défendues au nom de l'intérêt politique, voire partisan.
De leur côté, sur la même piste de bal, le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l'Istiqlal (PI) mènent chacun sa danse en solitaire. Le premier se conforte de plus en plus dans sa position de parti d'opposition (même s'il est forcé de l'occuper) alors que le deuxième, fragilisé par les déclarations de son secrétaire général au sujet de la Mauritanie tente sans fin de remonter la pente et gagner des combats fictifs contre le néant.
Une scène politique qui apparait surréaliste à première vue. Mais qui cache un bousculement sérieux entre les acteurs. Ce bousculement est certes rude mais il est maîtrisé et maîtrisable.
Les raisons de l'inquiétude
Le pire n'est pas là. Le pire réside dans un autre schéma: celui d'un scénario de rapprochement entre le PJD (Mouvement unicité et réforme compris, ou inversement) et Justice et bienfaisance (Al Adl Wal Ihsane) d'un côté, et le parti de la Voix démocratique (Annahj) avec l'ensemble de la nébuleuse gauchiste à laquelle peuvent s'ajouter les "refuzniks" de tout bord.
Un scénario qui peut paraitre peu probable mais qui commence à se dessiner à travers les événements de ces dernières semaines. Pourquoi est-il qualifié de pire? Il y a deux raisons de s'inquiéter.
La première raison tient au fait que le rapprochement entre les diasporas islamistes, même avec l'existence de divergences politiques entre ses composantes, notamment en matière de nature du régime politique (le khalifat pour les uns et l'acceptation de la monarchie voire la monarchie exécutive pour les autres), peut tirer ceux considérés comme modérés vers la radicalisation.
Une radicalisation qui trouvera des justifications dans le non aboutissement de la transition démocratique et des entraves posées dans le processus de la constitution du troisième gouvernement dirigé par le parti islamiste en individualisant l'USFP (avec tout ce que ce parti représente pour les islamistes comme idéologie et histoire) comme facteur principal du blocage.
Cette radicalisation s'est manifestée ces derniers jours à travers les discours d'Abdelilah Benkirane devant son syndicat, les jeunes de son parti et le plus important lors de son discours devant les participants à la Conférence sur la justice sociale organisée par la Chambre des conseillers lundi dernier. Elle s'est également manifestée dans le communiqué du bureau exécutif du MUR et du centre des droits de l'Homme proche de ladite mouvance.
Au-delà de la radicalisation, la capacité de mobilisation de la mouvance islamiste (qui est importante il faut le reconnaitre), peut lorsqu'elle est conjuguée au rapprochement avec les radicaux des autres bords (l'extrême gauche et autres), créer une force de nuisance importante qui dépassera le mouvement du 20 février, et de loin.
La deuxième raison, qui est en relation avec la première, consiste au fait de l'absence ou du moins de l'affaiblissement des partis dits historiques et des syndicats, ou plus généralement des autres institutions de la médiation sociale et politique.
En effet, les partis historiques, notamment l'USFP et l'Istiqlal et les syndicats ouvriers (CDT et UMT essentiellement) sont d'une fragilité sans précédent. Une fragilité qui trouve son explication dans les guerres intestines qui ont résulté des choix de leurs directions, mais aussi et surtout dans la guerre d'usure que le "Makhzen" a menée à leurs encontre tout au long des décennies précédentes ou parfois d'une conjugaison des deux guerres au même moment.
La fragilité des institutions de médiation sociale et politique fait que le choc entre la mouvance radicale (islamiste et autres) et les institutions de l'État profond sera brutale. Les exemples dans la région arabe en constituent la parfaite illustration.
La voie de la sagesse
L'inquiétude ainsi décrite n'est pas pour faire peur mais au-delà, elle constitue, sans pour autant être un donneur de leçon à quiconque, une vive invitation à agir, à revoir le processus et à redessiner l'avenir d'une nation et d'un État millénaires.
Autrement, il est temps de redonner à la sagesse sa place dans un champ politique de plus en plus en ruine. Seule la sagesse des acteurs peut redessiner le Maroc rêvé et voulu: le Maroc des institutions et de la citoyenneté.
Une scène politique surréaliste
Un chef de gouvernement désigné qui, par ses sorties médiatiques, ne cherche que deux objectifs: minimiser au maximum ses adversaires mais aussi ses partenaires probables, et garder son électorat mobilisé pour d'éventuelles élections prématurées. Pour l'atteinte de ces deux objectifs, tous les moyens sont permis.
En face, un ensemble d'acteurs qui se regroupe et dont les liens politiques s'endurcissent davantage malgré les clivages idéologiques. En effet, rien en termes idéologiques ne milite en faveur d'un rapprochement, même tactique, entre les socialistes de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et les anciens partis du Wifaq -le Rassemblement national des indépendants (RNI), l'Union constitutionnelle (UC) et le Mouvement populaire (MP)-, exception faite de la volonté de faire face au raz-de-marée islamiste.
C'est le cas d'ailleurs de la coalition entre les communistes du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD). Cette coalition risque dans les jours à venir de connaître des mouvements tectoniques qui peuvent créer des fissures voire creuser un fossé entre les deux partis, notamment avec la mise en œuvre du plan Tajador (enracinement). Ce dernier vise, entre autres, selon le communiqué du bureau politique du parti du livre daté du 20 février 2017, à prendre l'ensemble des initiatives permettant de renforcer le rayonnement de l'identité socialiste et gauchiste du PPS.
Ces coalitions sont donc contre nature au niveau idéologique mais largement défendues au nom de l'intérêt politique, voire partisan.
De leur côté, sur la même piste de bal, le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l'Istiqlal (PI) mènent chacun sa danse en solitaire. Le premier se conforte de plus en plus dans sa position de parti d'opposition (même s'il est forcé de l'occuper) alors que le deuxième, fragilisé par les déclarations de son secrétaire général au sujet de la Mauritanie tente sans fin de remonter la pente et gagner des combats fictifs contre le néant.
Une scène politique qui apparait surréaliste à première vue. Mais qui cache un bousculement sérieux entre les acteurs. Ce bousculement est certes rude mais il est maîtrisé et maîtrisable.
Les raisons de l'inquiétude
Le pire n'est pas là. Le pire réside dans un autre schéma: celui d'un scénario de rapprochement entre le PJD (Mouvement unicité et réforme compris, ou inversement) et Justice et bienfaisance (Al Adl Wal Ihsane) d'un côté, et le parti de la Voix démocratique (Annahj) avec l'ensemble de la nébuleuse gauchiste à laquelle peuvent s'ajouter les "refuzniks" de tout bord.
Un scénario qui peut paraitre peu probable mais qui commence à se dessiner à travers les événements de ces dernières semaines. Pourquoi est-il qualifié de pire? Il y a deux raisons de s'inquiéter.
La première raison tient au fait que le rapprochement entre les diasporas islamistes, même avec l'existence de divergences politiques entre ses composantes, notamment en matière de nature du régime politique (le khalifat pour les uns et l'acceptation de la monarchie voire la monarchie exécutive pour les autres), peut tirer ceux considérés comme modérés vers la radicalisation.
Une radicalisation qui trouvera des justifications dans le non aboutissement de la transition démocratique et des entraves posées dans le processus de la constitution du troisième gouvernement dirigé par le parti islamiste en individualisant l'USFP (avec tout ce que ce parti représente pour les islamistes comme idéologie et histoire) comme facteur principal du blocage.
Cette radicalisation s'est manifestée ces derniers jours à travers les discours d'Abdelilah Benkirane devant son syndicat, les jeunes de son parti et le plus important lors de son discours devant les participants à la Conférence sur la justice sociale organisée par la Chambre des conseillers lundi dernier. Elle s'est également manifestée dans le communiqué du bureau exécutif du MUR et du centre des droits de l'Homme proche de ladite mouvance.
Au-delà de la radicalisation, la capacité de mobilisation de la mouvance islamiste (qui est importante il faut le reconnaitre), peut lorsqu'elle est conjuguée au rapprochement avec les radicaux des autres bords (l'extrême gauche et autres), créer une force de nuisance importante qui dépassera le mouvement du 20 février, et de loin.
La deuxième raison, qui est en relation avec la première, consiste au fait de l'absence ou du moins de l'affaiblissement des partis dits historiques et des syndicats, ou plus généralement des autres institutions de la médiation sociale et politique.
En effet, les partis historiques, notamment l'USFP et l'Istiqlal et les syndicats ouvriers (CDT et UMT essentiellement) sont d'une fragilité sans précédent. Une fragilité qui trouve son explication dans les guerres intestines qui ont résulté des choix de leurs directions, mais aussi et surtout dans la guerre d'usure que le "Makhzen" a menée à leurs encontre tout au long des décennies précédentes ou parfois d'une conjugaison des deux guerres au même moment.
La fragilité des institutions de médiation sociale et politique fait que le choc entre la mouvance radicale (islamiste et autres) et les institutions de l'État profond sera brutale. Les exemples dans la région arabe en constituent la parfaite illustration.
La voie de la sagesse
L'inquiétude ainsi décrite n'est pas pour faire peur mais au-delà, elle constitue, sans pour autant être un donneur de leçon à quiconque, une vive invitation à agir, à revoir le processus et à redessiner l'avenir d'une nation et d'un État millénaires.
Autrement, il est temps de redonner à la sagesse sa place dans un champ politique de plus en plus en ruine. Seule la sagesse des acteurs peut redessiner le Maroc rêvé et voulu: le Maroc des institutions et de la citoyenneté.
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