
Le temps est assurément venu pour que la société civile maghrébine appelle à placer l'année qui commence sous la nécessité de l'inéluctable abolition de l'homophobie au Maghreb.
La dernière agression qui a endeuillé récemment le Maroc impose même d'agir en urgence pour sortir de l'impasse actuelle marquée par l'inadéquation du discours anti-homophobie aux réalités des pays maghrébins.
En effet, les militants n'ont usé jusqu'ici que d'un langage qui n'est perçu, et pas seulement par les homophobes bien minoritaires au Maghreb au demeurant, que comme une agression contre les traditions et la religion des pays musulmans.
Ce qui nécessite impérativement de faire la démonstration préalable que l'islam n'a jamais été homophobe; ce qui a été fait. En effet, tant sur le plan religieux qu'académique, le travail théorique ne fait plus défaut rendant donc éthiquement inéluctable l'abolition de l'homophobie en islam, maghrébin pour le moins.
Or, si les armes efficaces existent et qu'il suffit de les utiliser pour en finir avec la tare homophobe, les militants associatifs les snobent, par laïcisme. Pourtant, ils ne disconviennent pas que la question primordiale en la matière est désormais de savoir comment parler utilement de l'homophobie au Maghreb et en terre d'islam.
Le meilleur moyen assurément, outre les analyses scientifiques déjà citées, pourrait être de préciser qu'il est parfaitement possible d'être pieux musulman et gay. On a désormais des imams gays qui ne font que rappeler que l'islam est justice et ne saurait brimer des innocents pour une nature placée en eux par leur créateur.
C'est ce qu'atteste, d'ailleurs, un témoignage émouvant que j'ai réceptionné, en ma qualité de soufi spirite, d'un esprit en peine. Édité à Bruxelles et à Paris, il s'agit du terrible drame d'Ihsane Jarfi qui devrait intéresser non seulement les militants contre l'homophobie, mais aussi et surtout tous les humanistes, y compris parmi les croyants musulmans.
D'autant plus qu'il s'agit d'un véritable hymne à l'amour de son prochain, une sorte de commandement divin à abolir la tare de l'homophobie en terre d'islam, cette foi n'étant nullement homophobe.

J'ai, au demeurant, déjà parlé ici du terrible drame de ce jeune belgo-marocain de 32 ans, victime à la fleur de l'âge, à Liège en Belgique, en avril 2012, d'une abominable agression pour cause de son homosexualité et sa foi islamique qu'il honorait à la perfection selon les normes soufies que lui a inculquées son papa.
Ce dernier lui a consacré un livre, hommage insigne d'un père à son fils chéri. Aussi, le message spirituel que j'ai eu la charge providentielle de recevoir se présente-t-il volontiers en réponse du fils à son papa, une réponse amoureuse, mais intransigeante sur les principes d'amour et d'humanisme qui sont, d'après ce parfait croyant, le vrai message islamique.
J'ai d'ailleurs appelé, au Maroc, à envisager de célébrer la mémoire d'un tel martyr de l'islamohomophobie en osant abolir l'injuste article 489 du Code pénal - équivalent de l'article 230 en Tunisie et de l'article 333 en Algérie - par un texte plus juste auquel on donnerait le nom d'Ihsane Jarfi en symbole d'un islam maghrébin redevenu enfin tolérant et juste.
En effet, le fait que ce jeune homme, ravi atrocement à la vie par des sauvages homophobes, était un modèle de piété ayant parfaitement honoré l'islam et ses valeurs selon le témoignage de toutes ses connaissances, pourrait servir la cause anti-homophobie bien mieux que tout autre argument.
Le fait que son père se soit rangé de son côté dans l'hommage qu'il lui a rendu dans son livre, défendant sa cause et sa moralité, est aussi un atout que les militants ne devraient pas négliger pour s'adresser aux musulmans trompés sur leur foi.
Il en va de même de cet autre fait que représente la décision de justice solennellement rendue à Ihsane par les autorités judiciaires belges qui ont condamné à la peine maximale trois des quatre terroristes à part un seul, relativement moins sévèrement puni faute de preuves suffisantes. En effet, elle a été l'occasion de magnifier les qualités personnelles de la victime.

Ce livre de l'esprit du martyr a été transmis aux humains par psychographie, l'écriture automatique bien connue et parfaitement reconnue, y compris par la justice, comme c'est le cas au Brésil. Il se veut un message adressé aux homophobes au Maroc, le pays d'origine du martyr, mais aussi au Maghreb et partout, notamment en terre d'islam.
Il comporte, d'ailleurs, une lettre adressée à son roi l'exhortant à oser abolir enfin l'homophobie au royaume, car elle est source de drames et d'injustices, surtout maintenant que la démonstration a été faite que l'homophobie viole la lettre et l'esprit du vrai islam.
Comment, au reste, peut-on continuer à croire à un islam homophobe alors qu'il est une foi de justice? Or, l'homosexualité est une nature dans certains humains, placée en eux par Dieu. Est-il donc juste de punir la créature pour ce qui n'est que la volonté de son créateur ?
Pour l'esprit d'Ihsane jarfi, être homophobe en islam aujourd'hui, c'est tout simplement ne plus être musulman; au mieux, c'est être un hypocrite !
En Belgique, il existe déjà une fondation, créée par M. Hassan Jarfi, pour perpétuer le souvenir de son fils, se servant de son martyre pour lutter contre toutes les manifestations homophobes.
Le livre en parle, au demeurant, et se montre même sévère à l'égard de ses responsables, leur reprochant de garder le silence sur ce qui compte le plus aux yeux du martyr : l'abolition de l'homophobie au Maroc et dans les pays musulmans.
La fondation écoutera-t-elle cette exhortation en transportant son combat au Maghreb ? Pourquoi donc ne crée-t-elle pas une antenne marocaine ou ne s'associe-t-elle pas à une ou plusieurs structures militantes du Maghreb qui feraient du nom d'Ihsane Jarfi un emblème, ce qui assurément renforcerait leur combat tristement coupé aujourd'hui des masses, non par défiance mais par manque de communication judicieuse ?

Ce serait tout bénéfice pour la lutte anti-homophobe en islam, car les militants ne savent ou ne veulent pas encore défendre efficacement leur cause en évitant d'user du seul argument de nature à la servir dans un pays musulman. Cela consiste, disons-le encore une fois, à rappeler que l'homophobie n'a jamais été islamique et qu'elle n'est qu'un héritage de l'impérialisme dans tous les pays du Maghreb et d'ailleurs en terre d'islam.
Car les pays musulmans avaient les mêmes libertés que les pays du Nord développé aujourd'hui avant de subir la loi de l'Occident colonisateur qui était encore soumis à l'anathème homophobe de la tradition judéo-chrétienne.
D'ailleurs, le drame d'Ihsane a bien rencontré au Maroc une large sympathie auprès du peuple qui, comme tous les peuples arabes, n'est nullement homophobe quant au fond et dans sa majorité, à l'exception d'une minorité intégriste violant sa foi, imposant sa loi faussement morale, islamiquement caricaturale.
Les études sociologiques les plus sérieuses démontrent même que le sexe arabe est bisexuel, comme il l'est dans la nature. Aussi, si l'on semble homophobe, c'est juste de l'artifice, par peur des lois scélérates et des zélotes intégristes qui n'hésitent pas à user de violence pour imposer leur fausse lecture de l'islam.
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