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Entre Donald Trump et Barack Obama, va-t-on passer de la guerre froide à la guerre ouverte?

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On observe aujourd'hui qu'il y a des nouvelles tensions entre les Etats-Unis et la Russie, et on a presque l'impression d'un retour à la guerre froide entre les deux pays: le Président américain a donc fait connaître une partie des mesures de rétorsion qu'il avait annoncées voici quelques jours afin de répondre à l'ingérence supposée de la Russie dans l'élection présidentielle de novembre dernier. Barack Obama a précisé que les sanctions ne s'arrêteront pas là mais que celles à venir ne seront pas connues du grand public. Les mesures qui ont été révélées comprennent notamment l'expulsion de 35 membres des services de renseignement russes; les agents ont 72 heures pour quitter le territoire américain.

Le Président américain a aussi indiqué qu'il a sanctionné "neuf entités ou individus", dont le GRU (les services de renseignement russes) et le FSB (les services secrets russes), et des entreprises qui ont fourni "un soutien matériel" aux hackers, principalement des sociétés qui travaillent aux opérations informatiques du GRU. De plus, le Trésor américain a également sanctionné économiquement deux Russes accusés de piratages visant à collecter des fonds ou des données personnelles, dont Igor Korobov, le directeur du GRU.

La virulence de la riposte en a surpris plus d'un, d'autant que l'annonce a été faite de façon très formelle et par écrit, alors que le président se trouvait en déplacement à Hawaii, où il a commémoré l'attaque sur Pearl Harbor. Les Russes, de leur côté, ne sont pas restés sans réaction: le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé des mesures qu'il juge contre-productives et nuisibles au rétablissement de liens bilatéraux et Vladimir Poutine a promis à son tour une riposte adaptée à ce qu'il juge une attaque intolérable, puisqu'il dément toute implication dans l'ingérence reprochée. Il faut dire que Barack Obama n'a toujours pas dévoilé les preuves dont il dispose, hormis un rapport fourni par la CIA; mais il a promis de leur faire parvenir très rapidement au Congrès.

Pour l'anecdote, on peut voir dans cette énième anicroche avec les Russes un pied de nez à Donald Trump, qui n'a pour sa part jamais caché son amitié pour le dirigeant russe. Avec son action forte et volontaire, le président sortant met en effet en difficulté son successeur, d'autant que la plupart des leaders républicains ont approuvé cette action. Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants, la trouve "adaptée" et deux faucons du Sénat, John McCain et Lindsey Graham, en rajoutent même une couche en annonçant qu'ils vont proposer à la chambre haute de voter des mesures encore plus fortes contre le pays qui fut l'ennemi désigné après la seconde guerre mondiale et durant toute la période de la guerre froide.

Il s'agit aussi pour Barack Obama de se rappeler à tous, et surtout de rappeler aux Américains et au monde qu'il reste le président en exercice jusqu'au 20 janvier 2017. Il affirme très fortement donc qu'il est, à ce titre, seul détenteur de l'autorité suprême aux Etats-Unis. Car on a coutume d'appeler le président américain "le canard boiteux", dès lors qu'un autre président a été élu et pendant toute la période de transition. Barack Obama tient pourtant à marquer l'histoire et à démontrer que son mandat n'est pas le mandat raté que certains décrivent et qu'il peut encore agir: il en profite donc, certes, pour régler quelques derniers comptes avec les Russes avec qui ses relations n'ont cessé de se dégrader. Il rappelle aussi qu'il a également énormément agi en faveur de l'environnement, et vient de le faire encore, en ordonnant l'interdiction des forages gazier et pétroliers dans l'Arctique, et en étendant la protection sur l'Atlantique: Barack Obama a en effet désigné 31 canyons sous-marins où tout forage sera également proscrit. Ce sont, en tout, un peu plus de 50 millions d'hectares qui sont concernés par cette décision écologique.

Cette dernière mesure sera difficile à inverser pour Donald Trump, car la décision exécutive -qui peut normalement être annulée par un nouveau président- s'appuie cette fois sur une loi non réversible: il faudra donc que le nouveau locataire de la Maison Blanche passe par l'étape du Congrès pour faire adopter une nouvelle loi, une procédure un peu complexe, donc. Barack Obama multiplie actuellement les actions qui vont poser des problèmes à son successeur. Ainsi, alors que Donald Trump a nommé Scott Pruitt à la tête de l'agence pour l'environnement, Rick Perry à l'énergie et Ryan Zinke aux territoires, trois hommes climato-sceptiques et extrêmement favorables aux forages gaziers et pétroliers, même sur les terres protégées des parcs nationaux, Barack Obama réplique en élevant deux sites au statut de monument nationaux: Bear Ears en Utah et Gold Butt dans le Nevada, qui couvrent 6500 km2 de terres, seront désormais exclus des zones potentielles de forage.

Enfin, on peut aussi voir sa patte dans l'abstention lors une résolution condamnant Israël, la semaine dernière: il s'agit, c'est vrai, d'un autre camouflet pour son successeur qui, avec David Friedman come ambassadeur en Israël et Jason Greenblatt nommé aux négociations internationales, montrait une intention forte de repositionner l'Amérique dans une politique de soutien fort à l'état hébreu. On peut y voir plus prosaïquement un moyen pour le -toujours- Président des Etats-Unis de rappeler que si sa politique étrangère n'était pas définie par une doctrine, elle était toutefois guidée par des principes, dont le droit pour les Palestiniens à pouvoir eux aussi revendiquer une terre. Et cela peut ennuyer un peu Donald Trump, cela ne doit pas être pour lui déplaire. Il s'est même amusé à faire savoir qu'il est sûr qu'il l'aurait battu si la constitution lui avait donné le droit de se représenter!

Jean-Eric Branaa, Make America Great Again : l'Amérique de Donald Trump, contempory Bookstore ed., 2017


LIRE AUSSI:"Grizzly Steppe", l'opération de piratage russe pointée du doigt par le FBI



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