MÉDIAS - Il y a de ces batailles dans lesquelles l'homme moderne est engagé contre son gré et dès sa naissance. Il s'agit d'une bataille qui physiquement ne le blesse pas, ne le tue pas mais qui fait de lui le maître de son propre servage. C'est une bataille où l'ennemi le pousse sans qu'il ne le sache à quitter son propre camp et à se retourner contre lui en rejoignant les rangs adverses.
L'homme moderne croit qu'il mène l'assaut alors qu'il est guidé par son inaction et sa passivité. L'ennemi lui fait la fausse promesse de faire de lui un meilleur combattant en lui ôtant son bouclier, son plastron, ses jambières, son heaume puis peu à peu toute son armure, sa cotte de maille puis sa chemise et lui retire enfin toute sa dignité d'être humain.
Cet ennemi sait bien parler sa langue et lui fait alors croire qu'il est son ami, qu'il est là pour servir ses intérêts alors qu'en réalité il le fragilise et le désarme en lui donnant l'impression d'être fort, il l'asservit en lui donnant le sentiment de savoir, de connaitre et d'avoir raison, il lui fait croire qu'il est le porte-voix et la tribune de sa pensée alors qu'en réalité son ennemi parle et pense pour lui, son ennemi le berne par des berceuses et l'avilit constamment en lui faisant croire que son opinion est la plus digne de valeur puisque c'est celle de la majorité.
L'homme moderne finit alors par croire que l'opinion des autres est sienne, il croit avoir produit la réflexion que l'on a produite pour lui. Il croit surtout avoir le pouvoir de contredire, de s'insurger, de se montrer en désaccord alors que ses arguments sont le fruit de son formatage et n'évoluent qu'entre les bornes que l'on a préalablement fixées pour lui. L'homme moderne pense alors qu'il hurle avec les loups, en réalité il bêle avec les brebis de son troupeau, seul son ennemi est un loup et l'homme moderne croit qu'il s'agit de son berger.
Et c'est au sein de l'enclos que l'homme moderne a l'impression d'être le plus en liberté au point de ne plus se souvenir du grand air et des grands espaces. C'est alors qu'il perd la bataille en pensant la gagner et entoure ses mains et son cou de chaînes en pensant s'affranchir.
Cette bataille, l'homme moderne ne l'a pas choisie, on ne lui a pas demandé son avis mais il est forcé de combattre. Durant cette bataille il sera facile de le désarmer car lui-même ne sera pas conscient d'être armé. Ce n'est pas une bataille avec des armes classiques mais une bataille d'idées, l'esprit en est le champ de bataille, la critique et le recul y forment le bouclier et l'armure des combattants.
"Les médias sont devenus, par leur puissance, de souverains moyens d'occupation de l'esprit humain"
Cette bataille c'est celle qui oppose l'homme moderne aux médias. L'homme moderne ne peut triompher qu'au moment où il a conscience de prendre part à cette bataille et au moment où il a conscience que son arme la plus redoutable c'est son non-conformisme. Son triomphe n'est pas permanent et ses acquis disparaissent le lendemain car chaque jour est une nouvelle bataille, chaque jour il faudra être prêt à combattre pour faire sortir la vérité du puits. C'est alors que l'homme moderne deviendra citoyen.
Son pire ennemi c'est celui-ci, c'est celui qui lui fait croire qu'il parle pour lui mais qui parle contre lui et en son nom. Seul le citoyen peut agir pour ses droits et parler pour lui-même, il ne peut laisser aucun autre le faire à sa place, il est le seul gardien de son intelligence et ne peut déléguer la souveraineté qu'il a sur son esprit. Dès lors que le citoyen comprend que pour les médias de masse la population est un cheptel de bénis-oui-oui et que ces médias qui se font passer pour des pâtres protecteurs sont en réalité des loups, alors il peut ouvrir la barrière de l'enclos et entamer sa longue marche libératrice et redécouvrir sa latitude originelle.
Les médias ne doivent jamais jouir de notre confiance mais seulement de notre méfiance. Il doivent nous aider à construire notre pensée et ne doivent pas se substituer à la pensée-même.
Les grands médias sont devenus en un siècle l'instrument du pouvoir et la source de sa force. Les médias ont été aussi rapidement récupérés par le pouvoir que les poètes de rue par la cour du prince d'autrefois.
"Les médias sont devenus, par leur puissance, de souverains moyens d'occupation de l'esprit humain" disait le Québécois Vadeboncoeur. Ils ont une grande responsabilité vis-à-vis de la population car ils forment l'opinion publique. C'est l'opinion publique qui légitime le pouvoir en place, c'est elle qui gagne les élections, c'est elle qui mène les guerres, qui crée l'espoir ou le marasme, mais c'est aussi elle qui peut renforcer la démocratie et la liberté, mais seulement si elle est éveillée.
"La paresse est la source de la naïveté"
Jadis, les médias miroitaient l'opinion de la rue, aujourd'hui la rue miroite les propos des médias. Le quatrième pouvoir a échappé des mains du peuple. Aujourd'hui les médias écrasent le peuple. Le citoyen a le droit et le devoir de contrôler ces médias en étant dans une position et dans un état d'esprit actif et non passif, en étant constamment sur le qui-vive. Le citoyen est dans l'obligation de faire des recherches pour former son opinion propre et doit cesser de consommer les idées qui ne sont pas les siennes et qu'on lui sert sur un plateau. La paresse est la source de la naïveté.
Il faut en finir avec les médias de masse, le peuple doit cesser d'être la masse pour entrer dans la vraie citoyenneté, la citoyenneté active. Il doit enfin rejoindre l'équation dont il a été expulsé pour de nouveau influer sur le résultat. Le peuple doit participer à l'élaboration et la découverte de l'information vraie, il doit incarner ce cinquième pouvoir pour combattre la cinquième colonne médiatique.
De même les grands médias doivent cesser de servir le pouvoir pour servir le peuple.
Nietzsche disait: "L'État, c'est le plus froid de tous les monstres froids: il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche: 'Moi, l'État, je suis le Peuple'." Aujourd'hui les médias mentent froidement en disant: "Nous les médias, nous sommes la voix du peuple". La seule chose dont les médias ont peur, c'est de TOI et de ton aptitude à leur faire respecter ton intelligence en remettant constamment en cause ce qu'ils disent!
Evidemment, lu d'une perspective populiste, ce texte peut sembler hostile aux médias. Il peut être repris par les pensées les plus radicales afin de décrédibiliser et amoindrir le rôle conséquent que doivent jouer les médias au sein de la société et dans certains cas engendrer la création de médias uniformes prétendument au service de la vox populi comme l'a été la Pravda. Car rappelons qu'il ne saurait y avoir de médias uniformes et monocordes comme il ne saurait y avoir une opinion publique mais des opinions publiques.
Si les médias ne sont pas dissonants et contradictoires entre eux, s'ils ne sont pas diversifiés, alors il n'y que des communiqués émanant de l'exécutif ou alors il n'y a même plus de médias et le peuple est livré à lui-même. Il ne s'agit pas de discuter de l'indépendance des médias par rapport au pouvoir, qui est un autre sujet, mais de l'indépendance du citoyen par rapport aux médias.
Les médias sont théoriquement l'allié le plus privilégié du peuple, mais la pratique nous enseigne simplement que le peuple ne doit pas trop se fier aux médias. C'est le peuple qui doit utiliser les médias et non l'inverse pour achever son idéal démocratique.
L'homme moderne croit qu'il mène l'assaut alors qu'il est guidé par son inaction et sa passivité. L'ennemi lui fait la fausse promesse de faire de lui un meilleur combattant en lui ôtant son bouclier, son plastron, ses jambières, son heaume puis peu à peu toute son armure, sa cotte de maille puis sa chemise et lui retire enfin toute sa dignité d'être humain.
Cet ennemi sait bien parler sa langue et lui fait alors croire qu'il est son ami, qu'il est là pour servir ses intérêts alors qu'en réalité il le fragilise et le désarme en lui donnant l'impression d'être fort, il l'asservit en lui donnant le sentiment de savoir, de connaitre et d'avoir raison, il lui fait croire qu'il est le porte-voix et la tribune de sa pensée alors qu'en réalité son ennemi parle et pense pour lui, son ennemi le berne par des berceuses et l'avilit constamment en lui faisant croire que son opinion est la plus digne de valeur puisque c'est celle de la majorité.
L'homme moderne finit alors par croire que l'opinion des autres est sienne, il croit avoir produit la réflexion que l'on a produite pour lui. Il croit surtout avoir le pouvoir de contredire, de s'insurger, de se montrer en désaccord alors que ses arguments sont le fruit de son formatage et n'évoluent qu'entre les bornes que l'on a préalablement fixées pour lui. L'homme moderne pense alors qu'il hurle avec les loups, en réalité il bêle avec les brebis de son troupeau, seul son ennemi est un loup et l'homme moderne croit qu'il s'agit de son berger.
Et c'est au sein de l'enclos que l'homme moderne a l'impression d'être le plus en liberté au point de ne plus se souvenir du grand air et des grands espaces. C'est alors qu'il perd la bataille en pensant la gagner et entoure ses mains et son cou de chaînes en pensant s'affranchir.
Cette bataille, l'homme moderne ne l'a pas choisie, on ne lui a pas demandé son avis mais il est forcé de combattre. Durant cette bataille il sera facile de le désarmer car lui-même ne sera pas conscient d'être armé. Ce n'est pas une bataille avec des armes classiques mais une bataille d'idées, l'esprit en est le champ de bataille, la critique et le recul y forment le bouclier et l'armure des combattants.
"Les médias sont devenus, par leur puissance, de souverains moyens d'occupation de l'esprit humain"
Cette bataille c'est celle qui oppose l'homme moderne aux médias. L'homme moderne ne peut triompher qu'au moment où il a conscience de prendre part à cette bataille et au moment où il a conscience que son arme la plus redoutable c'est son non-conformisme. Son triomphe n'est pas permanent et ses acquis disparaissent le lendemain car chaque jour est une nouvelle bataille, chaque jour il faudra être prêt à combattre pour faire sortir la vérité du puits. C'est alors que l'homme moderne deviendra citoyen.
Son pire ennemi c'est celui-ci, c'est celui qui lui fait croire qu'il parle pour lui mais qui parle contre lui et en son nom. Seul le citoyen peut agir pour ses droits et parler pour lui-même, il ne peut laisser aucun autre le faire à sa place, il est le seul gardien de son intelligence et ne peut déléguer la souveraineté qu'il a sur son esprit. Dès lors que le citoyen comprend que pour les médias de masse la population est un cheptel de bénis-oui-oui et que ces médias qui se font passer pour des pâtres protecteurs sont en réalité des loups, alors il peut ouvrir la barrière de l'enclos et entamer sa longue marche libératrice et redécouvrir sa latitude originelle.
Les médias ne doivent jamais jouir de notre confiance mais seulement de notre méfiance. Il doivent nous aider à construire notre pensée et ne doivent pas se substituer à la pensée-même.
Les grands médias sont devenus en un siècle l'instrument du pouvoir et la source de sa force. Les médias ont été aussi rapidement récupérés par le pouvoir que les poètes de rue par la cour du prince d'autrefois.
"Les médias sont devenus, par leur puissance, de souverains moyens d'occupation de l'esprit humain" disait le Québécois Vadeboncoeur. Ils ont une grande responsabilité vis-à-vis de la population car ils forment l'opinion publique. C'est l'opinion publique qui légitime le pouvoir en place, c'est elle qui gagne les élections, c'est elle qui mène les guerres, qui crée l'espoir ou le marasme, mais c'est aussi elle qui peut renforcer la démocratie et la liberté, mais seulement si elle est éveillée.
"La paresse est la source de la naïveté"
Jadis, les médias miroitaient l'opinion de la rue, aujourd'hui la rue miroite les propos des médias. Le quatrième pouvoir a échappé des mains du peuple. Aujourd'hui les médias écrasent le peuple. Le citoyen a le droit et le devoir de contrôler ces médias en étant dans une position et dans un état d'esprit actif et non passif, en étant constamment sur le qui-vive. Le citoyen est dans l'obligation de faire des recherches pour former son opinion propre et doit cesser de consommer les idées qui ne sont pas les siennes et qu'on lui sert sur un plateau. La paresse est la source de la naïveté.
Il faut en finir avec les médias de masse, le peuple doit cesser d'être la masse pour entrer dans la vraie citoyenneté, la citoyenneté active. Il doit enfin rejoindre l'équation dont il a été expulsé pour de nouveau influer sur le résultat. Le peuple doit participer à l'élaboration et la découverte de l'information vraie, il doit incarner ce cinquième pouvoir pour combattre la cinquième colonne médiatique.
De même les grands médias doivent cesser de servir le pouvoir pour servir le peuple.
Nietzsche disait: "L'État, c'est le plus froid de tous les monstres froids: il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche: 'Moi, l'État, je suis le Peuple'." Aujourd'hui les médias mentent froidement en disant: "Nous les médias, nous sommes la voix du peuple". La seule chose dont les médias ont peur, c'est de TOI et de ton aptitude à leur faire respecter ton intelligence en remettant constamment en cause ce qu'ils disent!
Evidemment, lu d'une perspective populiste, ce texte peut sembler hostile aux médias. Il peut être repris par les pensées les plus radicales afin de décrédibiliser et amoindrir le rôle conséquent que doivent jouer les médias au sein de la société et dans certains cas engendrer la création de médias uniformes prétendument au service de la vox populi comme l'a été la Pravda. Car rappelons qu'il ne saurait y avoir de médias uniformes et monocordes comme il ne saurait y avoir une opinion publique mais des opinions publiques.
Si les médias ne sont pas dissonants et contradictoires entre eux, s'ils ne sont pas diversifiés, alors il n'y que des communiqués émanant de l'exécutif ou alors il n'y a même plus de médias et le peuple est livré à lui-même. Il ne s'agit pas de discuter de l'indépendance des médias par rapport au pouvoir, qui est un autre sujet, mais de l'indépendance du citoyen par rapport aux médias.
Les médias sont théoriquement l'allié le plus privilégié du peuple, mais la pratique nous enseigne simplement que le peuple ne doit pas trop se fier aux médias. C'est le peuple qui doit utiliser les médias et non l'inverse pour achever son idéal démocratique.
LIRE AUSSI: Pour l'avènement de nouveaux médias au Maroc
- Pour suivre les dernières actualités en direct sur Le HuffPost Maroc, cliquez ici
- Chaque jour, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost Maroc
- Retrouvez-nous sur notre page Facebook
- Suivez notre fil Twitter
-- This feed and its contents are the property of The Huffington Post, and use is subject to our terms. It may be used for personal consumption, but may not be distributed on a website.