ENTREPRENEURIAT - Des millions de Marocains se sont fait dépouiller de leurs épargnes ces dernières années par de jeunes entreprises qui promettent la liberté financière pour un avenir meilleur. Certaines ont fermé leurs portes et ont quitté les frontières marocaines avec l'argent de leurs victimes.
D'autres, saisies par les pouvoirs publics, tentent de reprendre leurs activités et demandent à leurs adhérents de payer à nouveau pour récupérer leur argent. Les meilleurs de la classe créent de nouvelles entreprises sous d'autres formes et promettent de sauver ceux qui souhaitent continuer. Ces entreprises pratiquent de l'escroquerie à la pyramidale déguisée en vente multi-niveaux.
Qu'est-ce que la vente multi-niveaux?
La vente multi-niveaux, appelée aussi "marketing de réseau" ou "vente directe", est un système de distribution qui consiste à mettre en place un réseau de revendeurs à qui la société confie la commercialisation directe de ses produits via la publicité bouche-à-oreille et/ou la vente sur catalogue. Ces revendeurs, appelés "vendeurs à domicile indépendants", peuvent recruter d'autres distributeurs et se charger de leur accompagnement et leur formation, en contrepartie d'une rémunération (une commission, ou un pourcentage) sur le chiffre d'affaires qu'ils réalisent.
Vente multi-niveaux et système pyramidal: quelles différences?
Cette forme de distribution est souvent confondue avec le système pyramidal, qui n'est rien d'autre qu'une escroquerie, inventée la première fois en 1919 par Charles Ponzi. Elle suppose de convaincre des personnes d'investir, en leur promettant un retour sur investissement intéressant, qui provient de l'argent investi par les clients suivants. Ce système finit toujours par s'effondrer lui-même, puisqu'il arrive un moment où il n'y a plus suffisamment de nouveaux dépôts pour rémunérer les anciens adhérents.
Ces dernières années, le système pyramidal a pris de nouvelles formes avec le développement de la technologie et ses nombreux services.
Les principales différences entre la vente multi-niveaux et le système pyramidal sont les suivantes:
- Dans la vente directe on cherche avant tout à commercialiser un produit, qui a une véritable utilité pour le consommateur et qui peut être facilement vendu hors du circuit du marketing du réseau. Contrairement au système pyramidal ou le produit a peu d'importance ou est même parfois inexistant.
- Dans la vente directe on ne touche de commission que sur les ventes que nous effectuons ou qui sont faites par d'autres distributeurs que nous recrutons. Dans le système pyramidal, les commissions sont perçues sur les frais d'adhésion des nouveaux membres.
- Dans la vente directe, on peut gagner plus que notre parrain, car nos profits sont générés par le volume de vente que nous réalisons. Dans un système pyramidal, les personnes au sommet du système gagnent toujours plus.
- Dans la vente directe, les commissions sur le chiffre d'affaire réalisé par les filleuls sont perçues par un nombre limité de parrains. Par contre, un système pyramidal fait espérer des gains sur des niveaux illimités.
L'histoire de la vente multi-niveaux
La vente directe est apparue aux États-Unis vers la fin des années 40 avec la société de production des compléments alimentaires "California Vitamins" ou "Nutrilite". Elle a connu ensuite, depuis les années 70, une croissance fulgurante grâce à la société Amway, de produits de beauté, qui a été créée en 1959 par deux ex-distributeurs de Nutrilite. En 1979, elle a été reconnue, par la Federal Trade Commission, comme un système légal et efficace de distribution.
Au Maroc, ce système est apparu au milieu des années 1970 avec des entreprises de produits cosmétiques ou d'entretien domestique telles qu'Oriflame ou Tupperware. Et a connu une grande expansion vers le début des années 2000 avec l'arrivée de grandes entreprises multinationales comme Avon et Forever.
En 2013, de jeunes entrepreneurs ont tenté de donner naissance à une entreprise dite de vente directe "purement marocaine" à laquelle ils ont donné le nom de "Argana". Celle-ci proposait à ses distributeurs de commercialiser des produits cosmétiques à base d'Argan moyennant un système de commissionnement et des bonus très généreux. Malheureusement, le système s'est effondré avant même de dépasser ces six premiers mois d'activité, ce qui a été une réelle déception pour le marché. Les distributeurs et clients marocains n'ont pas tardé à déduire que ce n'était qu'une escroquerie à la Ponzi.
Mais en dépit de ces contraintes, l'industrie a continué à se développer au Maroc pour atteindre en 2015 un chiffre d'affaires national de 112 millions de dollars américain et un nombre qui dépasse 153.200 vendeurs directs au Maroc (WFDSA, Rapport annuel 2015).
Ces résultats ont séduit plusieurs investisseurs marocains et étrangers. Notamment de jeunes ambitieux qui prétendent faire de la vente multi-niveaux pour monter leur escroquerie à la pyramidale.
Comment fonctionnent ces entreprises?
D'abord, on demande des frais d'adhésion de quelques centaines de dollars pour acheter un "kit de démarrage", ou pour avoir accès à un bureau virtuel qui facilite la gestion de son "business". Ensuite, ces entreprises collectent des sommes d'argent importantes sous forme d'investissements. En faisant espérer des gains quotidiens à des taux d'intérêts fixes sur une durée limitée, de six mois à une année, pour générer jusqu'au double du montant déposé. Or, les adhérents n'obtiennent aucune contrepartie sous forme de produits ou de services sur ces fonds déposés.
Elles prétendent générer ces gains par une activité de vente de produits ou de publicité en ligne. Certaines vont jusqu'à obliger leurs adhérents à aimer et partager quotidiennement sur leurs comptes Facebook personnels (qu'ils communiquent en fait au moment de leur adhésion) les publicités qu'elles partagent sur leurs pages. Et ce, comme condition ou travail qu'ils doivent remplir pour générer les gains quotidiens sur l'argent qu'ils déposent. En réalité, l'argent qui circule ne provient nullement d'une activité commerciale, mais uniquement des dépôts des nouveaux adhérents.
C'est donc de l'arnaque pyramidale déguisée en marketing de réseau. Sachant que la vente pyramidale est interdite depuis des années dans de nombreux pays dont le Maroc.
En effet, l'article 53 sur la vente ou prestations de service "à la boule de neige ou pyramidale", de la loi marocaine de protection des consommateurs, interdit:
"- la vente pratiquée par le procédé dit "de la boule de neige" ou tous autres procédés analogues, consistant en particulier à offrir des produits, biens ou services à un consommateur en lui faisant espérer l'obtention de ces produits, biens ou services à titre gratuit ou à un prix inférieur à leur valeur réelle et en subordonnant les ventes au placement de bons ou de tickets à des tiers ou à la collecte d'adhésions ou inscriptions;
- le fait de proposer à un consommateur de collecter des adhésions ou de s'inscrire sur une liste en lui faisant espérer des gains financiers résultant d'une progression géométrique du nombre des personnes recrutées ou inscrites."
La question: Comment arrivent-ils à convaincre autant de monde?
D'abord, il y aura toujours des gens aveuglés par les gains faciles. Le fait que les comptes d'épargne en banque proposent des rendements peu intéressants pousse certaines personnes à vouloir investir autrement.
Ensuite, il y a l'effet du bouche-à-oreille. Ces entreprises font gagner de l'argent fou en très peu de temps aux premiers adhérents, parfois le double ou le triple de l'argent déposé en quelques mois. Ces derniers doivent faire de la publicité auprès de leurs réseaux de connaissances pour gagner davantage. Alors qu'en fait elles ne font que les arnaquer. C'est avec l'argent des nouveaux adhérents que les anciens sont payés. Au fur et à mesure, les sommes générées par les nouvelles adhésions deviennent inférieures aux sommes que l'entreprise doit verser aux anciens. Et tout d'un coup, le système s'effondre.
Et ce n'est pas tout!
Ces arnaques perdurent. Ces mêmes escrocs créent de nouvelles sociétés ou de nouvelles activités et font croire, au pigeon, que pour récupérer son argent, il faut réinvestir!
D'autres, saisies par les pouvoirs publics, tentent de reprendre leurs activités et demandent à leurs adhérents de payer à nouveau pour récupérer leur argent. Les meilleurs de la classe créent de nouvelles entreprises sous d'autres formes et promettent de sauver ceux qui souhaitent continuer. Ces entreprises pratiquent de l'escroquerie à la pyramidale déguisée en vente multi-niveaux.
Qu'est-ce que la vente multi-niveaux?
La vente multi-niveaux, appelée aussi "marketing de réseau" ou "vente directe", est un système de distribution qui consiste à mettre en place un réseau de revendeurs à qui la société confie la commercialisation directe de ses produits via la publicité bouche-à-oreille et/ou la vente sur catalogue. Ces revendeurs, appelés "vendeurs à domicile indépendants", peuvent recruter d'autres distributeurs et se charger de leur accompagnement et leur formation, en contrepartie d'une rémunération (une commission, ou un pourcentage) sur le chiffre d'affaires qu'ils réalisent.
Vente multi-niveaux et système pyramidal: quelles différences?
Cette forme de distribution est souvent confondue avec le système pyramidal, qui n'est rien d'autre qu'une escroquerie, inventée la première fois en 1919 par Charles Ponzi. Elle suppose de convaincre des personnes d'investir, en leur promettant un retour sur investissement intéressant, qui provient de l'argent investi par les clients suivants. Ce système finit toujours par s'effondrer lui-même, puisqu'il arrive un moment où il n'y a plus suffisamment de nouveaux dépôts pour rémunérer les anciens adhérents.
Ces dernières années, le système pyramidal a pris de nouvelles formes avec le développement de la technologie et ses nombreux services.
Les principales différences entre la vente multi-niveaux et le système pyramidal sont les suivantes:
- Dans la vente directe on cherche avant tout à commercialiser un produit, qui a une véritable utilité pour le consommateur et qui peut être facilement vendu hors du circuit du marketing du réseau. Contrairement au système pyramidal ou le produit a peu d'importance ou est même parfois inexistant.
- Dans la vente directe on ne touche de commission que sur les ventes que nous effectuons ou qui sont faites par d'autres distributeurs que nous recrutons. Dans le système pyramidal, les commissions sont perçues sur les frais d'adhésion des nouveaux membres.
- Dans la vente directe, on peut gagner plus que notre parrain, car nos profits sont générés par le volume de vente que nous réalisons. Dans un système pyramidal, les personnes au sommet du système gagnent toujours plus.
- Dans la vente directe, les commissions sur le chiffre d'affaire réalisé par les filleuls sont perçues par un nombre limité de parrains. Par contre, un système pyramidal fait espérer des gains sur des niveaux illimités.
L'histoire de la vente multi-niveaux
La vente directe est apparue aux États-Unis vers la fin des années 40 avec la société de production des compléments alimentaires "California Vitamins" ou "Nutrilite". Elle a connu ensuite, depuis les années 70, une croissance fulgurante grâce à la société Amway, de produits de beauté, qui a été créée en 1959 par deux ex-distributeurs de Nutrilite. En 1979, elle a été reconnue, par la Federal Trade Commission, comme un système légal et efficace de distribution.
Au Maroc, ce système est apparu au milieu des années 1970 avec des entreprises de produits cosmétiques ou d'entretien domestique telles qu'Oriflame ou Tupperware. Et a connu une grande expansion vers le début des années 2000 avec l'arrivée de grandes entreprises multinationales comme Avon et Forever.
En 2013, de jeunes entrepreneurs ont tenté de donner naissance à une entreprise dite de vente directe "purement marocaine" à laquelle ils ont donné le nom de "Argana". Celle-ci proposait à ses distributeurs de commercialiser des produits cosmétiques à base d'Argan moyennant un système de commissionnement et des bonus très généreux. Malheureusement, le système s'est effondré avant même de dépasser ces six premiers mois d'activité, ce qui a été une réelle déception pour le marché. Les distributeurs et clients marocains n'ont pas tardé à déduire que ce n'était qu'une escroquerie à la Ponzi.
Mais en dépit de ces contraintes, l'industrie a continué à se développer au Maroc pour atteindre en 2015 un chiffre d'affaires national de 112 millions de dollars américain et un nombre qui dépasse 153.200 vendeurs directs au Maroc (WFDSA, Rapport annuel 2015).
Ces résultats ont séduit plusieurs investisseurs marocains et étrangers. Notamment de jeunes ambitieux qui prétendent faire de la vente multi-niveaux pour monter leur escroquerie à la pyramidale.
Comment fonctionnent ces entreprises?
D'abord, on demande des frais d'adhésion de quelques centaines de dollars pour acheter un "kit de démarrage", ou pour avoir accès à un bureau virtuel qui facilite la gestion de son "business". Ensuite, ces entreprises collectent des sommes d'argent importantes sous forme d'investissements. En faisant espérer des gains quotidiens à des taux d'intérêts fixes sur une durée limitée, de six mois à une année, pour générer jusqu'au double du montant déposé. Or, les adhérents n'obtiennent aucune contrepartie sous forme de produits ou de services sur ces fonds déposés.
Elles prétendent générer ces gains par une activité de vente de produits ou de publicité en ligne. Certaines vont jusqu'à obliger leurs adhérents à aimer et partager quotidiennement sur leurs comptes Facebook personnels (qu'ils communiquent en fait au moment de leur adhésion) les publicités qu'elles partagent sur leurs pages. Et ce, comme condition ou travail qu'ils doivent remplir pour générer les gains quotidiens sur l'argent qu'ils déposent. En réalité, l'argent qui circule ne provient nullement d'une activité commerciale, mais uniquement des dépôts des nouveaux adhérents.
C'est donc de l'arnaque pyramidale déguisée en marketing de réseau. Sachant que la vente pyramidale est interdite depuis des années dans de nombreux pays dont le Maroc.
En effet, l'article 53 sur la vente ou prestations de service "à la boule de neige ou pyramidale", de la loi marocaine de protection des consommateurs, interdit:
"- la vente pratiquée par le procédé dit "de la boule de neige" ou tous autres procédés analogues, consistant en particulier à offrir des produits, biens ou services à un consommateur en lui faisant espérer l'obtention de ces produits, biens ou services à titre gratuit ou à un prix inférieur à leur valeur réelle et en subordonnant les ventes au placement de bons ou de tickets à des tiers ou à la collecte d'adhésions ou inscriptions;
- le fait de proposer à un consommateur de collecter des adhésions ou de s'inscrire sur une liste en lui faisant espérer des gains financiers résultant d'une progression géométrique du nombre des personnes recrutées ou inscrites."
La question: Comment arrivent-ils à convaincre autant de monde?
D'abord, il y aura toujours des gens aveuglés par les gains faciles. Le fait que les comptes d'épargne en banque proposent des rendements peu intéressants pousse certaines personnes à vouloir investir autrement.
Ensuite, il y a l'effet du bouche-à-oreille. Ces entreprises font gagner de l'argent fou en très peu de temps aux premiers adhérents, parfois le double ou le triple de l'argent déposé en quelques mois. Ces derniers doivent faire de la publicité auprès de leurs réseaux de connaissances pour gagner davantage. Alors qu'en fait elles ne font que les arnaquer. C'est avec l'argent des nouveaux adhérents que les anciens sont payés. Au fur et à mesure, les sommes générées par les nouvelles adhésions deviennent inférieures aux sommes que l'entreprise doit verser aux anciens. Et tout d'un coup, le système s'effondre.
Et ce n'est pas tout!
Ces arnaques perdurent. Ces mêmes escrocs créent de nouvelles sociétés ou de nouvelles activités et font croire, au pigeon, que pour récupérer son argent, il faut réinvestir!
LIRE AUSSI: Bank Al-Maghrib alerte les banques contre les ventes pyramidales
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