En 1828, aux Etats-Unis, Andrew Jackson, avocat, commandant en chef de la milice de Tennessee, chasseur d'Indiens et victorieux des derniers Britanniques présents aux Etats-Unis, se présente à l'élection présidentielle sous l'étiquette "du parti républicain démocrate" en 1824. Il obtient le plus de suffrages de la part des électeurs et des grands électeurs parmi tous les candidats, mais il n'obtient pas la majorité absolue pour remporter l'élection présidentielle.
En 1828, il se représente avec son parti "le parti démocrate" avec un symbole l'âne (qui montre l'entêtement d'A. Jackson) et gagne l'élection présidentielle grâce à sa réputation d'homme du peuple et son opposition farouche aux hommes politiques professionnels. Les fermiers et les citadins votent pour lui en raison de ses origines modestes. C'est le septième président des Etats-Unis, le seul dirigeant a ne pas avoir fait la guerre d'indépendance ou avoir contribué à la rédaction de la Constitution.
Son programme consiste à repousser la frontière américaine en éliminant les Indiens. Il se dispute avec son gouvernement et préfère gouverner avec ses conseillers (le système du Spoils system date de sa présidence: le remplacement de tous les cadres de l'administration par ses partisans).
Réélu pour un deuxième mandat, il utilise l'armée pour la première fois pour briser une grève. Il s'oppose à la création d'une banque centrale dirigée par une agence privée, deuxième banque des Etats-Unis, en retirant les fonds de l'Etat américain. En rétorsion, le propriétaire de la banque augmente les taux d'intérêt et restreint le crédit. Pour ne pas dépendre de cette banque, A. Johnson rembourse intégralement la dette des Etats-Unis et montre ainsi sa capacité à résister aux financiers.
Sa mémoire est controversée car on lui reproche d'avoir organisé la déportation et le massacre des Indiens et soutenu l'esclavage. Pour Tocqueville, dans De la démocratie en Amérique, "Jackson est l'esclave de la majorité, il la suit dans ses volontés, dans ses désirs, dans ses instincts à moitié découverts, ou plutôt il la devine et court se placer à sa tête (...) il foule aux pieds ses ennemis personnels partout où il les trouve, avec une facilité qu'aucun président n'a rencontrée; il prend sous sa responsabilité des mesures que nul n'aurait jamais avant lui osé prendre".
En pleine campagne présidentielle américaine, en avril 2016, le Trésor américain décide de retirer l'effigie d'Andrew Jackson sur les billets de 20 dollars présents depuis 1928 pour la remplacer par Harriet Tubman, une femme afro-américaine abolitionniste, espionne pour le Nord pendant la guerre de Sécession et militante pour le droit de vote des femmes. "Une femme, une leader et une combattante de la liberté! Je ne peux imaginer meilleur choix pour le billet de 20 dollars qu'Harriet Tubman", s'est exclamée dans un tweet d'H. Clinton. D. Trump, que a répliqué qu'Andrew Jackson représente le succès de l'histoire de son pays et qu'il voit cette décision comme le symptôme du politiquement correct qu'il a dénoncé pendant toute sa campagne. Même s'il considère H. Tubmann comme une femme "fantastique", D. Trump propose de la mettre sur un billet de 2 dollars...
D. Trump que les médias occidentaux traitent de fou dangereux, sorte de phénix politique mélange de V. Poutine et S. Berlusconi, n'est-il pas en train de revenir aux sources de la démocratie américaine? Celle d'Andrew Jackson [1], hostile aux politiciens professionnels de Washington, proche du peuple et de ses désirs, effaçant les frontières politiques, usant et abusant de la violence verbale avec ses contradicteurs et imprévisible quant à sa politique.
1. Qui est Donald Trump ?
Né à New York, il fait des études de finance et fait une carrière dans l'immobilier. Il est milliardaire (sa fortune est évaluée à 4 milliards de dollars, D. Trump parle de 10 milliards), il a fait fortune dans l'immobilier en achetant, rénovant et revendant des tours, des hôtels, des casinos, des terrains de golf. Il possède des grands magasins, des hôtels de luxe et résidences de luxe à New York. Ils possèdent des gratte-ciel d'habitations, de bureaux ou d'hôtels à Chicago, San Francisco, Washington, Las Vegas et Miami.
De 1990 à 1995, la société Trump est endettée, il y perd sa compagnie aérienne, ses casinos d'Atlantic City et sa gamme de produits alimentaires. Il arrive à se relever rétabli et devient plus économe et réaliste. Il a un quatrième échec avec son université de formation de commerciaux de haut niveau (2005 à 2011). Il a écrit plusieurs ouvrages sur la manière de réussir dans les affaires (une dizaine de livres) et un livre de réflexions sur la situation politique, économique et sociale des Etats-Unis.
Il produit sur NBC une émission de télé-réalité L'apprenti où D. Trump sélectionne des candidats pour travailler dans son entreprise. Il devient rapidement célèbre pour sa phrase: "Vous êtes viré". Les 14 saisons ont battu des records d'audience (7 à 40 millions de téléspectateurs).
Cette émission le fait connaître dans tout le pays dans les milieux populaires: lorsqu'il se présente aux élections, ce n'est pas un inconnu. Il est indépendant sur le plan politique: au début démocrate, il devient proche des républicains en soutenant R. Reagan. Il finance, par la suite, la campagne de B. Clinton (sa candidature à la présidentielle, la fondation Clinton reçoit 100.000 dollars) et d'H. Clinton (4.000 dollars pour être sénateur et 2.000 dollars pour la campagne pour les primaires démocrates en 2008).
En 1999, il se rapproche de l'indépendant Ross Perot et du Reform party. Depuis 1987, il pense à se présenter aux présidentielles, il fait une première tentative, en 2000, aux primaires des républicains, mais ne recueillant dans les sondages que 7 % des intentions de vote, il jette l'éponge. En 2011, il y pense encore. Mais ce n'est qu'en juin 2015 qu'il annonce sa candidature à la Maison Blanche.
Aux Etats-Unis, la religion est très importante pour la population. D. Trump est de religion presbytérienne fondée par l'Ecossais J. Knox (D. Trump a des origines écossaises). Le presbytérianisme rejette la hiérarchie, chaque instance possède sa propre instance de décision car chaque croyant est prêtre et appelé à la direction matérielle ou spirituelle. D. Trump collectionne ainsi les bibles et en envoie à ses connaissances.
Il a été très influencé par un prêcheur, N. Peale, qui mettait en avant la pensée positive, le rejet des pensées négatives et l'importance de l'initiative personnelle permet de vaincre tous les obstacles, ce qui s'est réalisé pour les primaires républicains: il a triomphé de 16 candidats.
N. Peale disait à ses adeptes qu'il devait prononcer plusieurs fois dans la journée des phrases comme "Dieu me donne le pouvoir d'atteindre ce que je veux vraiment". D. Trump et son père fréquentaient l'église presbytérienne de N. Peale: la vie politique et professionnelle de D. Trump est le symbole de la réussite de cette méthode auto-suggestive de la pensée positive.
Lorsque les médias français critiquent en Trump "la peoplisation" de la vie politique, ils oublient la dimension religieuse de la mise en avant de son succès qui est considéré comme un signe de Dieu et un exemple à suivre pour les Américains. Ses discours usent d'ailleurs fréquemment des paraboles bibliques et des phrases de l'Evangile, mais D. Trump n'est pas pratiquant.
Son colistier s'appelle Mike Pence. Il s'est fait connaître en animant une émission de radio et de télévision, ce qui lui a permis d'être élu député de l'Indiana à la chambre des représentants (2001-2013) et gouverneur de l'Indiana depuis 2013. Il a été président du groupe républicain au Congrès et est a été proche des Tea Party.
Catholique, il devient chrétien évangélique et est conservateur dans les mœurs, l'immigration et l'écologie. Il a l'avantage pour Trump d'être la personne qui peut rallier la droite chrétienne et le parti républicain derrière sa candidature. D. Trump finance des associations patriotiques (la ligue sportive de la police, une association d'anciens combattants du Vietnam de New York), des projets d'intérêt général (des patinoires de Central Park et à Harlem à New York) et religieux (restauration de la cathédrale St John the Devine). Comme pratiquement tout lui réussit, sa principale faiblesse est son égocentrisme.
2. D. Trump président des Etats-Unis et sa vision comptable des relations internationales
L'analyse sur la politique étrangère de D. Trump repose sur le livre programme de D. Trump Crippled America. How make America Great Again (2015) et ses entretiens avec le journaliste A. Bercoff en janvier 2016, ses propos lors du premier débat avec H. Clinton, le 27 septembre [2]. D. Trump est considéré comme imprévisible, mais l'est-il vraiment?
En 1987, il se présente aux élections pour être gouverneur de New York et publie des encarts publicitaires dans les grands journaux. On y trouve pratiquement les mêmes idées qu'il défendra près de 30 ans plus tard. Ses qualités de président-directeur général seront utiles pour la gestion de l'Etat: il géra l'Etat comme il a géré avec succès son entreprise: "Notre pays a besoin de quelqu'un qui ait du bon sens mais aussi le sens des affaires (...). Quelqu'un qui puisse véritablement le mener vers ce qui faisait de nous dans le passé un grand pays. On a besoin de quelqu'un qui ait déjà démontré son talent dans les affaires" (programme Crippled America).
Il défendra dans les négociations les intérêts américains. Il conduira ses négociations internationales comme il mène ses affaires en utilisant les mêmes principes d'action: se saisir des opportunités, de négocier sans rien lâcher, montrer sa force pour intimider et obtenir des concessions, refuser de faire des concessions de son côté, discuter avec tout le monde sauf avec les ennemis des Etats-Unis.
Pour faire aboutir ses revendications, il n'hésitera pas à intervenir militairement lorsque la ligne rouge sera dépassée par des dictateurs ou d'interrompre ou de rompre les négociations lorsque les décisions défavorisent les Etats-Unis dans des discussions commerciales.
Les deux leviers qu'il compte utiliser pour faire céder ses adversaires ou concurrents sont la puissance économique et la force militaire. Il utilisera le moyen de pression économique pour arriver à ses fins: "Nous devons utiliser notre puissance économique pour récompenser les pays qui coopèrent avec nous et sanctionner les pays qui ne coopèrent pas" (programme Crippled America).
Il veut une armée moderne pour venir à bout des ennemis de l'Amérique. "Je me suis engagé à ce que nous ayons une armée plus puissante, une armée préparée et équipée pour tenir tête à nos ennemis". Il veut augmenter les effectifs et moderniser l'armée américaine (aviation, marine, missiles, cyberguerre) pour que l'Amérique soit forte et respectée à l'étranger tout en fournissant des emplois aux Américains.
Il veut "moderniser l'arsenal nucléaire" (programme Crippled America). Ce n'est pas qu'il veuille mener des guerres, mais il souhaite que cette force suscite la crainte des adversaires des Etats-Unis et pouvoir ainsi agir en position de force. L'intervention militaire ne doit être utilisée qu'en "tout dernier recours" et de "menace directe qui pèse sur nos intérêts nationaux", par exemple par l'envoi de troupes au sol et une campagne de bombardement contre l'Etat islamique et ses puits de pétrole car la politique d'entraînement des troupes irakiennes et kurdes est inefficace.
Il utilisera le moyen de pression économique pour arriver à ses fins dans les négociations: "nous devons utiliser notre puissance économique pour récompenser les pays qui coopèrent avec nous et sanctionner les pays qui ne coopèrent pas". Si jamais il déclare une guerre, ce sera pour la gagner.
D. Trump n'est pas isolationniste, il veut que les interventions militaires profitent uniquement aux intérêts américains. Il n'y aura donc pas d'intervention pour des raisons humanitaires ou des intérêts qui ne mettent pas en jeu ceux des Américains.
3. Les relations avec les pays occidentaux: du donnant-donnant
Pour D. Trump, seuls comptent les intérêts américains et la manière de redonner sa grandeur aux Etats-Unis. Si les Américains s'investissent dans la défense d'alliés, il faut un retour d'investissement en termes financiers, de lutte commune (le terrorisme) et davantage d'implications militaires des alliés.
Les interventions étrangères seront décidées en fonction des intérêts des Etats-Unis et non en fonction des décisions de l'ONU. A propos de l'OTAN, D. Trump explique lors de son débat du 27 septembre 2016, "On m'a demandé que pensez-vous de l'OTAN? Je suis un homme d'affaires, j'ai du bon sens. J'ai répondu: les 28 pays membres de l'OTAN ne participent pas suffisamment. On les défend, il devrait au moins nous payer grâce à des traités ou des contrats. L'OTAN pourrait être obsolète. On ne se concentre pas suffisamment sur le terrorisme. L'OTAN ouvre enfin une division contre le terrorisme. Lorsqu'on paye 73 % du coût de l'OTAN, tout cet argent pour protéger les autres. J'ai dit qu'il fallait se concentrer contre le terrorisme, ils vont le faire. Il faut que l'OTAN aille au Moyen-Orient avec nous contre l'Etat islamique".
L'Europe doit pouvoir se débrouiller seule pour sa défense: il regrette ainsi que l'Allemagne et ses alliées ne se soient pas portées au secours de l'Ukraine lorsque la Russie l'a attaquée (programme Crippled America). Les alliés doivent prendre leur part de la guerre et ne pas attendre uniquement l'intervention américaine. Israël est le modèle militaire à suivre pour les pays. Les Etats-Unis n'ont pas pour vocation d'intervenir dans une nouvelle guerre pour la défendre, comme en juin 1944.
On comprend que l'article 5 de riposte immédiate des Etats-Unis en cas d'attaque d'un membre de l'OTAN est remis en cause. Faut-il interpréter les déclarations de Donald Trump concernant l'OTAN comme un signal favorable vis-à-vis de la Russie qui s'inquiète depuis les années 1990 de l'extension indéfinie de l'OTAN ou comme un chantage visant à augmenter la participation financière des Etats européens à l'organisation militaire? Cette politique risquerait de léser les Etats européens situés aux marches de la Russie (Pologne et Etats baltes). On retrouve la même position de contreparties financières en échange d'une protection militaire concernant les alliés traditionnels des Etats-Unis.
Lors de son débat du 27 septembre 2016, D. Trump affirme: "On défend et protège plusieurs pays, le Japon, l'Arabie saoudite, l'Allemagne [La Grande-Bretagne est également citée dans son programme Crippled America] qui ne nous payent pas et devraient nous payer. Nous leur offrons un énorme service et nous perdons énormément d'argent. Nous payons et ils ne nous payent pas. Nous perdons sur tous les plans. Le Japon: ils doivent peut-être se défendre eux-mêmes ou nous payer. Nous sommes un pays endetté, ils doivent nous aider".
Il compte donc renégocier les traités de défense en prolongeant les traités en échange de contreparties financières ou énergétiques. "Je souhaite aider tous nos alliés, mais nous perdons des milliards et des milliards de dollars, nous ne pouvons pas être la police du monde, nous ne pouvons pas protéger tous les pays du monde sans qu'ils nous payent. Elle ne le dit pas car elle n'a pas le sens des affaires (...). Pour l'Arabie saoudite, tout leur argent. On les défend et ils ne nous payent pas". Il tient les mêmes arguments financiers et militaires à propos du Koweït et de la Corée du Sud. Cette position est dans la droite ligne de celle qu'il défendait en 1987: "Les Etats-Unis doivent arrêter de payer pour la défense de pays qui ont parfaitement les moyens de le faire eux-mêmes" et de citer le Japon et l'Arabie saoudite à qui il préconisait qu'"ils doivent participer à la protection que nous leur fournissons".
Il y a donc des risques, qu'avec l'arrivée de D. Trump au pouvoir, il y ait un désengagement ou un allègement du dispositif militaire américain en Europe (Belgique, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie, Grèce, Pays-Bas), en Asie (Corée du Sud, au Japon, aux Philippines), dans les pays du Golfe (Bahreïn, Arabie saoudite, Qatar), voire en Turquie en fonction des intérêts ou des contreparties financières. Il est pour la remise en cause des interventions militaires pour des objectifs ne servant pas les intérêts américains. Il cite la guerre du Golfe pour protéger un allié non reconnaissant et la guerre en Irak pour éliminer le dictateur S. Hussein: "Nous avons dépensé 5.000 milliards de dollars au Moyen-Orient. En contrepartie, à cause de dirigeants aussi stupides que les nôtres, nous n'avons rien eu, à part des vétérans blessés et des morts. Même pas le pétrole qu'on aurait dû contrôler et garder. L'Amérique ne se bat plus pour gagner".
Sur la guerre en Irak, il donne l'appréciation du bilan: "Cette guerre d'Irak est une très grosse connerie. Des milliers de nos GI sont morts pour rien. Nous avons dépensé des trillions de dollars. Nous avons hérité de l'Etat islamique avec ses fanatiques (...) qui viennent nous tuer à domicile, à San Bernardino et ailleurs. Bravo les Bush! Quelle réussite".
En revanche, il regrette que des Etats alliés des Etats-Unis vulnérables aient été négligés par B. Obama comme Israël, la Pologne et la République tchèque.
4. Les nouvelles relations avec les puissances émergentes et régionales qui doivent bénéficier aux Etats-Unis
D. Trump veut faire faire une autre politique avec les concurrents des Etats-Unis, soit en remettant en cause la politique d'Obama de discussions avec l'Iran et de boycott de la Russie ou de la Corée du Nord, soit en faisant pression en retirant ses troupes si les Etats-Unis n'obtiennent pas des accords privilégiés (Arabie, Koweït, Japon, Corée du Sud) ou en les concentrant en cas de tensions (Chine), voire en rompant toutes relations économiques, diplomatiques et militaires avec eux ("les mettre au placard").
D. Trump veut renégocier les traités de libre-échange qui concurrencent les produits américains et favorisent les délocalisations. Il cite l'ALENA avec le Mexique et le Canada, le TAFTA avec l'Europe, le traité trans-Pacifique avec l'Asie du Sud-Est. Est-il pour autant protectionniste? Il veut surtout réguler le libéralisme pour qu'il favorise les Etats-Unis. Peut-être utilisera-t-il ses dons de négociateur de l'immobilier qui reposent sur deux principes: "montrer le pire tout en laissant entrevoir la possibilité du meilleur" et planifier une action sans rien révéler pour bénéficier de l'effet de surprise.
5. Relations avec le voisin mexicain
Le Mexique pose deux problèmes essentiels à D. Trump: "Nous perdons contre le Mexique à la fois sur le plan du commerce comme celui des frontières" (programme Crippled America). D. Trump veut rendre étanche les 1.600 kilomètres de frontière américano-mexicaine en terminant et améliorant le mur avec le Mexique, sur modèle de la barrière de sécurité d'Israël, pour mettre fin à l'immigration clandestine des latinos et à la criminalité, dont "certains sont violeurs, vendeurs de drogue, d'autres encore viennent vivre à nos crochets". Cette délinquance a un coût pour la société: 350.000 délinquants clandestins sont en prison en 2011, selon les chiffres avancés par D. Trump.
Il réfute les arguments de racisme en affirmant qu'il ne confond pas l'immigration clandestine des latinos avec les américains hispaniques présents aux Etats-Unis. Il n'est pas contre l'immigration, puisque lui-même est un descendant d'immigrants écossais et allemands et il affirme: "Je ne m'oppose pas à l'immigration (...). J'aime l'immigration" (programme Crippled America). Il dénonce le double jeu du Mexique qui, par des brochures, incite à venir clandestinement aux Etats-Unis.
Le modèle de la frontière sécurisée pour Trump est le mur construit par la ville américaine de Yuma qui comprend 3 murs avec caméras, radios, radars et système d'éclairage sur 200 kilomètres. Le Mexique doit financer ce mur par le biais d'une taxe douanière et d'une taxe sur les visas temporaires, la saisie lors des transferts des salaires des clandestins ou en ponctionnant les crédits américains d'aide au développement du Mexique.
En cas de refus de retour des clandestins expulsés par les pays d'origine, les visas seront restreints pour faire pression sur ces pays. Pour empêcher les clandestins d'avoir un travail, il veut mettre en place un système informatique pour les employeurs vérifient si le travailleur est citoyen américain. Il veut remettre le droit du sol pour empêcher que des enfants d'immigrés n'obtiennent automatiquement la nationalité américaine.
Un immigré clandestin ne doit plus pouvoir obtenir la nationalité s'il est présent sur le sol américain mais doit la demander dans son pays d'origine. Il veut, en revanche, que les étudiants étrangers brillants aient des facilités pour rester aux Etats-Unis une fois leur diplôme obtenu (programme Crippled America). Sur le plan économique, il y a la volonté de remettre les accords de libre-échange de l'ALENA pour mettre fin aux délocalisations au Mexique.
6. Relations avec l'Iran: renégocier les accords sans sanctions unilatérales
D. Trump veut remettre en cause l'accord avec l'Iran qualifié, "de pire accord que je connaisse" parce que cet accord n'est pas favorable aux Etats-Unis et que l'Iran n'a pas abandonné son projet atomique et de destruction d'Israël. De plus cet Etat soutient le terrorisme (Hezbollah au Liban?), les milices chiites en Irak et profite de l'affaiblissement de l'Irak pour étendre son hégémonie dans la région.
Lors de son débat du 27 septembre 2016, D. Trump affirme: "Ce pays allait s'effondrer sous l'effet des sanctions en renouant, il va devenir une grande puissance très rapidement au Moyen-Orient". Il craint que l'Iran n'acquière l'arme nucléaire. De plus, Israël, "notre allié le plus important et notre partenaire de longue date", se détourne des Etats-Unis au Moyen Orient en raison de cette politique d'ouverture à l'égard de l'Iran et du fait que l'Iran n'a pas abandonné son idée de détruire Israël. Enfin, cette politique pro-iranienne coûte cher aux Etats-Unis (programme Crippled America).
Pour D. Trump, "tant que ces fanatiques religieux restent au pouvoir, l'Iran sera notre ennemi et une menace pour Israël" (programme Crippled America). Israël, "que j'ai toujours aimé et admiré" est un pays important pour les Etats-Unis, "seule démocratie stable de la région (...) partenaire commercial et un pionnier dans le domaine de la médecine, des communications, de la technologie et des énergies ce qui aura un impact positif pour l'avenir de nos deux pays". (programme Crippled America).
D. Trump aurait aggravé les sanctions et demander le démantèlement complet des installations nucléaires. Les accords sont permis d'enrichir les Iraniens des milliards de dollars gelés dans les banques. Mais D. Trump nuance en affirmant qu'il n'y a plus de retour en arrière possible et que des sanctions unilatérales n'auraient aucune utilité. Mais il surveillera si l'Iran respecte ses engagements concernant le nucléaire.
Les Etats-Unis procéderait à un repositionnement géopolitique qui n'aurait rien d'un bouleversement: un rapprochement s'effectuerait avec la Russie, mais arbitré par Israël qui exigerait en contrepartie une fin de non-recevoir à la poursuite des négociations avec l'Iran. Cette inflexion serait accueillie favorablement par l'Arabie saoudite - terrifiée par une montée en puissance iranienne - et envers laquelle les Etats-Unis pourraient octroyer des aides financières visant à accompagner sa transition vers l'après-pétrole [3]. De son côté, Téhéran, qui sent déjà intuitivement qu'elle pourrait être sacrifiée, n'hésite pas à relayer des articles de la presse libérale américaine qualifiant le candidat de dangereux [4].
7. Relations avec la Russie: une nouvelle grande puissance avec qui il faut collaborer
Il admire le charisme de Poutine et son action de rétablissement de l'ordre en Russie. Il veut discuter avec Poutine et s'allier avec Moscou pour détruire l'EI, malgré l'hostilité d'une partie des républicains. La stratégie militaire en Syrie de V. Poutine est plus efficace que celle des Etats-Unis: il intervient brutalement à l'improviste. Il trouve des alliés régionaux (Syrie, Iran). Les frappes sont efficaces. La Russie devient incontournable. La stratégie d'Obama est mauvaise car il n'arrive pas à ce résultat.
La stratégie de V. Poutine en fait "le seul dirigeant efficace du monde" (programme Crippled America). Mais un repositionnement géopolitique des Etats-Unis se heurterait à des obstacles institutionnels: un rapprochement avec la Russie rencontrerait immédiatement l'hostilité du camp républicain au Congrès [5]. Dans la presse russe, Donald Trump apparaît comme un personnage ambivalent: il est vu à la fois comme un homme d'affaires pragmatique prêt à s'engager aux côtés des Russes en Syrie et simultanément gratifié du surnom de bouffon du palais, à l'image de Vladimir Zhirinovsky.
8. Relations avec la Chine : des relations commerciales plus équilibrées
Il distingue deux Chines, une bonne sur le plan économique, l'autre mauvaise sur le plan démocratique (contrôle de la presse et d'internet, arrestation des dissidents, auteur de cyberattaques). La rivalité avec la Chine est "à l'heure actuelle économique". D. Trump veut prendre sa revanche sur la Chine qui est le troisième partenaire commercial des Etats-Unis car pour D. Trump "nous perdons contre la Chine" (programme Crippled America).
Il veut s'opposer à la ratification du traité transPacifique, ce qu'approuvent les Chinois. Sur le plan économique, il compte engager des négociations pour réduire le déficit commercial de 1,3 milliard en faveur de la Chine en supprimant tous les avantages dont bénéficient les Chinois (programme Crippled America) et obliger la Chine à arrêter les dévaluations du yuan. La Chine sera obligée de céder car elle dépend des Etats-Unis pour l'achat de ses biens de consommation (20 % des exportations chinoises sont à destination des EU).
La Chine est accusée "d'augmenter le chômage [délocalisations], voler les technologies, revendre des copies à prix cassé". Effectivement, selon une étude américaine, les Etats-Unis ont perdu 2,4 millions d'emplois, entre 2004 et 2011, en raison des importations de produits chinois moins chers [6]. Les Chinois sont accusés ainsi d'avoir "coûté des milliers d'emplois, espionné nos entreprises, volé nos technologies" (programme Crippled America). Il est hostile à toute ingérence au nom des droits de l'homme ce qui est également vu comme un point positif par la Chine qui espère un allègement du dispositif américain à proximité de la Chine (Japon, Philippines).
Il se méfie en revanche des Chinois qu'il traite de "menteurs" et il veut les obliger à arrêter leurs provocations. La presse chinoise répond de façon rationnelle aux outrances de Trump, tout en calculant prudemment le décalage entre ses discours électoraux et sa politique future. La Chine espère en réalité une position plus réaliste des Etats-Unis dans l'océan Indien, voire une coopération dans la lutte contre le terrorisme.
D. Trump ne peut que provoquer l'aversion des médias, des grandes entreprises, des banques, des notables des deux partis en place car il rebat l'ensemble des cartes du débat idéologique. En faisant retrouver le chemin des urnes aux Américains, il coupe les pieds aux lobbies et les entreprises qui finançaient les campagnes et influençaient tous les candidats. Il montre le caractère artificiel de la gestion des deux grands partis.
L'arrivée au pouvoir de D. Trump risque de reconfigurer les deux partis et de provoquer ralliements ou éclatement des deux partis traditionnels. Les équilibres fragiles mis en place dans le monde seront remis en cause obligeant les alliés des Etats-Unis à prendre de manière autonome leur défense. Sa politique étrangère sera volontariste et bouleversera les alliances traditionnelles et les accords signés par l'administration Obama.
Les Etats-Unis continueront à intervenir diplomatiquement et militairement dans le monde entier mais d'une manière plus pragmatique et probablement plus efficace. Les interventions moins nombreuses et plus brutales auront comme objectif principal de sauvegarder les intérêts des Etats-Unis.
En 1828, il se représente avec son parti "le parti démocrate" avec un symbole l'âne (qui montre l'entêtement d'A. Jackson) et gagne l'élection présidentielle grâce à sa réputation d'homme du peuple et son opposition farouche aux hommes politiques professionnels. Les fermiers et les citadins votent pour lui en raison de ses origines modestes. C'est le septième président des Etats-Unis, le seul dirigeant a ne pas avoir fait la guerre d'indépendance ou avoir contribué à la rédaction de la Constitution.
Son programme consiste à repousser la frontière américaine en éliminant les Indiens. Il se dispute avec son gouvernement et préfère gouverner avec ses conseillers (le système du Spoils system date de sa présidence: le remplacement de tous les cadres de l'administration par ses partisans).
Réélu pour un deuxième mandat, il utilise l'armée pour la première fois pour briser une grève. Il s'oppose à la création d'une banque centrale dirigée par une agence privée, deuxième banque des Etats-Unis, en retirant les fonds de l'Etat américain. En rétorsion, le propriétaire de la banque augmente les taux d'intérêt et restreint le crédit. Pour ne pas dépendre de cette banque, A. Johnson rembourse intégralement la dette des Etats-Unis et montre ainsi sa capacité à résister aux financiers.
Sa mémoire est controversée car on lui reproche d'avoir organisé la déportation et le massacre des Indiens et soutenu l'esclavage. Pour Tocqueville, dans De la démocratie en Amérique, "Jackson est l'esclave de la majorité, il la suit dans ses volontés, dans ses désirs, dans ses instincts à moitié découverts, ou plutôt il la devine et court se placer à sa tête (...) il foule aux pieds ses ennemis personnels partout où il les trouve, avec une facilité qu'aucun président n'a rencontrée; il prend sous sa responsabilité des mesures que nul n'aurait jamais avant lui osé prendre".
En pleine campagne présidentielle américaine, en avril 2016, le Trésor américain décide de retirer l'effigie d'Andrew Jackson sur les billets de 20 dollars présents depuis 1928 pour la remplacer par Harriet Tubman, une femme afro-américaine abolitionniste, espionne pour le Nord pendant la guerre de Sécession et militante pour le droit de vote des femmes. "Une femme, une leader et une combattante de la liberté! Je ne peux imaginer meilleur choix pour le billet de 20 dollars qu'Harriet Tubman", s'est exclamée dans un tweet d'H. Clinton. D. Trump, que a répliqué qu'Andrew Jackson représente le succès de l'histoire de son pays et qu'il voit cette décision comme le symptôme du politiquement correct qu'il a dénoncé pendant toute sa campagne. Même s'il considère H. Tubmann comme une femme "fantastique", D. Trump propose de la mettre sur un billet de 2 dollars...
D. Trump que les médias occidentaux traitent de fou dangereux, sorte de phénix politique mélange de V. Poutine et S. Berlusconi, n'est-il pas en train de revenir aux sources de la démocratie américaine? Celle d'Andrew Jackson [1], hostile aux politiciens professionnels de Washington, proche du peuple et de ses désirs, effaçant les frontières politiques, usant et abusant de la violence verbale avec ses contradicteurs et imprévisible quant à sa politique.
1. Qui est Donald Trump ?
Né à New York, il fait des études de finance et fait une carrière dans l'immobilier. Il est milliardaire (sa fortune est évaluée à 4 milliards de dollars, D. Trump parle de 10 milliards), il a fait fortune dans l'immobilier en achetant, rénovant et revendant des tours, des hôtels, des casinos, des terrains de golf. Il possède des grands magasins, des hôtels de luxe et résidences de luxe à New York. Ils possèdent des gratte-ciel d'habitations, de bureaux ou d'hôtels à Chicago, San Francisco, Washington, Las Vegas et Miami.
De 1990 à 1995, la société Trump est endettée, il y perd sa compagnie aérienne, ses casinos d'Atlantic City et sa gamme de produits alimentaires. Il arrive à se relever rétabli et devient plus économe et réaliste. Il a un quatrième échec avec son université de formation de commerciaux de haut niveau (2005 à 2011). Il a écrit plusieurs ouvrages sur la manière de réussir dans les affaires (une dizaine de livres) et un livre de réflexions sur la situation politique, économique et sociale des Etats-Unis.
Il produit sur NBC une émission de télé-réalité L'apprenti où D. Trump sélectionne des candidats pour travailler dans son entreprise. Il devient rapidement célèbre pour sa phrase: "Vous êtes viré". Les 14 saisons ont battu des records d'audience (7 à 40 millions de téléspectateurs).
Cette émission le fait connaître dans tout le pays dans les milieux populaires: lorsqu'il se présente aux élections, ce n'est pas un inconnu. Il est indépendant sur le plan politique: au début démocrate, il devient proche des républicains en soutenant R. Reagan. Il finance, par la suite, la campagne de B. Clinton (sa candidature à la présidentielle, la fondation Clinton reçoit 100.000 dollars) et d'H. Clinton (4.000 dollars pour être sénateur et 2.000 dollars pour la campagne pour les primaires démocrates en 2008).
En 1999, il se rapproche de l'indépendant Ross Perot et du Reform party. Depuis 1987, il pense à se présenter aux présidentielles, il fait une première tentative, en 2000, aux primaires des républicains, mais ne recueillant dans les sondages que 7 % des intentions de vote, il jette l'éponge. En 2011, il y pense encore. Mais ce n'est qu'en juin 2015 qu'il annonce sa candidature à la Maison Blanche.
Aux Etats-Unis, la religion est très importante pour la population. D. Trump est de religion presbytérienne fondée par l'Ecossais J. Knox (D. Trump a des origines écossaises). Le presbytérianisme rejette la hiérarchie, chaque instance possède sa propre instance de décision car chaque croyant est prêtre et appelé à la direction matérielle ou spirituelle. D. Trump collectionne ainsi les bibles et en envoie à ses connaissances.
Il a été très influencé par un prêcheur, N. Peale, qui mettait en avant la pensée positive, le rejet des pensées négatives et l'importance de l'initiative personnelle permet de vaincre tous les obstacles, ce qui s'est réalisé pour les primaires républicains: il a triomphé de 16 candidats.
N. Peale disait à ses adeptes qu'il devait prononcer plusieurs fois dans la journée des phrases comme "Dieu me donne le pouvoir d'atteindre ce que je veux vraiment". D. Trump et son père fréquentaient l'église presbytérienne de N. Peale: la vie politique et professionnelle de D. Trump est le symbole de la réussite de cette méthode auto-suggestive de la pensée positive.
Lorsque les médias français critiquent en Trump "la peoplisation" de la vie politique, ils oublient la dimension religieuse de la mise en avant de son succès qui est considéré comme un signe de Dieu et un exemple à suivre pour les Américains. Ses discours usent d'ailleurs fréquemment des paraboles bibliques et des phrases de l'Evangile, mais D. Trump n'est pas pratiquant.
Son colistier s'appelle Mike Pence. Il s'est fait connaître en animant une émission de radio et de télévision, ce qui lui a permis d'être élu député de l'Indiana à la chambre des représentants (2001-2013) et gouverneur de l'Indiana depuis 2013. Il a été président du groupe républicain au Congrès et est a été proche des Tea Party.
Catholique, il devient chrétien évangélique et est conservateur dans les mœurs, l'immigration et l'écologie. Il a l'avantage pour Trump d'être la personne qui peut rallier la droite chrétienne et le parti républicain derrière sa candidature. D. Trump finance des associations patriotiques (la ligue sportive de la police, une association d'anciens combattants du Vietnam de New York), des projets d'intérêt général (des patinoires de Central Park et à Harlem à New York) et religieux (restauration de la cathédrale St John the Devine). Comme pratiquement tout lui réussit, sa principale faiblesse est son égocentrisme.
2. D. Trump président des Etats-Unis et sa vision comptable des relations internationales
L'analyse sur la politique étrangère de D. Trump repose sur le livre programme de D. Trump Crippled America. How make America Great Again (2015) et ses entretiens avec le journaliste A. Bercoff en janvier 2016, ses propos lors du premier débat avec H. Clinton, le 27 septembre [2]. D. Trump est considéré comme imprévisible, mais l'est-il vraiment?
En 1987, il se présente aux élections pour être gouverneur de New York et publie des encarts publicitaires dans les grands journaux. On y trouve pratiquement les mêmes idées qu'il défendra près de 30 ans plus tard. Ses qualités de président-directeur général seront utiles pour la gestion de l'Etat: il géra l'Etat comme il a géré avec succès son entreprise: "Notre pays a besoin de quelqu'un qui ait du bon sens mais aussi le sens des affaires (...). Quelqu'un qui puisse véritablement le mener vers ce qui faisait de nous dans le passé un grand pays. On a besoin de quelqu'un qui ait déjà démontré son talent dans les affaires" (programme Crippled America).
Il défendra dans les négociations les intérêts américains. Il conduira ses négociations internationales comme il mène ses affaires en utilisant les mêmes principes d'action: se saisir des opportunités, de négocier sans rien lâcher, montrer sa force pour intimider et obtenir des concessions, refuser de faire des concessions de son côté, discuter avec tout le monde sauf avec les ennemis des Etats-Unis.
Pour faire aboutir ses revendications, il n'hésitera pas à intervenir militairement lorsque la ligne rouge sera dépassée par des dictateurs ou d'interrompre ou de rompre les négociations lorsque les décisions défavorisent les Etats-Unis dans des discussions commerciales.
Les deux leviers qu'il compte utiliser pour faire céder ses adversaires ou concurrents sont la puissance économique et la force militaire. Il utilisera le moyen de pression économique pour arriver à ses fins: "Nous devons utiliser notre puissance économique pour récompenser les pays qui coopèrent avec nous et sanctionner les pays qui ne coopèrent pas" (programme Crippled America).
Il veut une armée moderne pour venir à bout des ennemis de l'Amérique. "Je me suis engagé à ce que nous ayons une armée plus puissante, une armée préparée et équipée pour tenir tête à nos ennemis". Il veut augmenter les effectifs et moderniser l'armée américaine (aviation, marine, missiles, cyberguerre) pour que l'Amérique soit forte et respectée à l'étranger tout en fournissant des emplois aux Américains.
Il veut "moderniser l'arsenal nucléaire" (programme Crippled America). Ce n'est pas qu'il veuille mener des guerres, mais il souhaite que cette force suscite la crainte des adversaires des Etats-Unis et pouvoir ainsi agir en position de force. L'intervention militaire ne doit être utilisée qu'en "tout dernier recours" et de "menace directe qui pèse sur nos intérêts nationaux", par exemple par l'envoi de troupes au sol et une campagne de bombardement contre l'Etat islamique et ses puits de pétrole car la politique d'entraînement des troupes irakiennes et kurdes est inefficace.
Il utilisera le moyen de pression économique pour arriver à ses fins dans les négociations: "nous devons utiliser notre puissance économique pour récompenser les pays qui coopèrent avec nous et sanctionner les pays qui ne coopèrent pas". Si jamais il déclare une guerre, ce sera pour la gagner.
D. Trump n'est pas isolationniste, il veut que les interventions militaires profitent uniquement aux intérêts américains. Il n'y aura donc pas d'intervention pour des raisons humanitaires ou des intérêts qui ne mettent pas en jeu ceux des Américains.
3. Les relations avec les pays occidentaux: du donnant-donnant
Pour D. Trump, seuls comptent les intérêts américains et la manière de redonner sa grandeur aux Etats-Unis. Si les Américains s'investissent dans la défense d'alliés, il faut un retour d'investissement en termes financiers, de lutte commune (le terrorisme) et davantage d'implications militaires des alliés.
Les interventions étrangères seront décidées en fonction des intérêts des Etats-Unis et non en fonction des décisions de l'ONU. A propos de l'OTAN, D. Trump explique lors de son débat du 27 septembre 2016, "On m'a demandé que pensez-vous de l'OTAN? Je suis un homme d'affaires, j'ai du bon sens. J'ai répondu: les 28 pays membres de l'OTAN ne participent pas suffisamment. On les défend, il devrait au moins nous payer grâce à des traités ou des contrats. L'OTAN pourrait être obsolète. On ne se concentre pas suffisamment sur le terrorisme. L'OTAN ouvre enfin une division contre le terrorisme. Lorsqu'on paye 73 % du coût de l'OTAN, tout cet argent pour protéger les autres. J'ai dit qu'il fallait se concentrer contre le terrorisme, ils vont le faire. Il faut que l'OTAN aille au Moyen-Orient avec nous contre l'Etat islamique".
L'Europe doit pouvoir se débrouiller seule pour sa défense: il regrette ainsi que l'Allemagne et ses alliées ne se soient pas portées au secours de l'Ukraine lorsque la Russie l'a attaquée (programme Crippled America). Les alliés doivent prendre leur part de la guerre et ne pas attendre uniquement l'intervention américaine. Israël est le modèle militaire à suivre pour les pays. Les Etats-Unis n'ont pas pour vocation d'intervenir dans une nouvelle guerre pour la défendre, comme en juin 1944.
On comprend que l'article 5 de riposte immédiate des Etats-Unis en cas d'attaque d'un membre de l'OTAN est remis en cause. Faut-il interpréter les déclarations de Donald Trump concernant l'OTAN comme un signal favorable vis-à-vis de la Russie qui s'inquiète depuis les années 1990 de l'extension indéfinie de l'OTAN ou comme un chantage visant à augmenter la participation financière des Etats européens à l'organisation militaire? Cette politique risquerait de léser les Etats européens situés aux marches de la Russie (Pologne et Etats baltes). On retrouve la même position de contreparties financières en échange d'une protection militaire concernant les alliés traditionnels des Etats-Unis.
Lors de son débat du 27 septembre 2016, D. Trump affirme: "On défend et protège plusieurs pays, le Japon, l'Arabie saoudite, l'Allemagne [La Grande-Bretagne est également citée dans son programme Crippled America] qui ne nous payent pas et devraient nous payer. Nous leur offrons un énorme service et nous perdons énormément d'argent. Nous payons et ils ne nous payent pas. Nous perdons sur tous les plans. Le Japon: ils doivent peut-être se défendre eux-mêmes ou nous payer. Nous sommes un pays endetté, ils doivent nous aider".
Il compte donc renégocier les traités de défense en prolongeant les traités en échange de contreparties financières ou énergétiques. "Je souhaite aider tous nos alliés, mais nous perdons des milliards et des milliards de dollars, nous ne pouvons pas être la police du monde, nous ne pouvons pas protéger tous les pays du monde sans qu'ils nous payent. Elle ne le dit pas car elle n'a pas le sens des affaires (...). Pour l'Arabie saoudite, tout leur argent. On les défend et ils ne nous payent pas". Il tient les mêmes arguments financiers et militaires à propos du Koweït et de la Corée du Sud. Cette position est dans la droite ligne de celle qu'il défendait en 1987: "Les Etats-Unis doivent arrêter de payer pour la défense de pays qui ont parfaitement les moyens de le faire eux-mêmes" et de citer le Japon et l'Arabie saoudite à qui il préconisait qu'"ils doivent participer à la protection que nous leur fournissons".
Il y a donc des risques, qu'avec l'arrivée de D. Trump au pouvoir, il y ait un désengagement ou un allègement du dispositif militaire américain en Europe (Belgique, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie, Grèce, Pays-Bas), en Asie (Corée du Sud, au Japon, aux Philippines), dans les pays du Golfe (Bahreïn, Arabie saoudite, Qatar), voire en Turquie en fonction des intérêts ou des contreparties financières. Il est pour la remise en cause des interventions militaires pour des objectifs ne servant pas les intérêts américains. Il cite la guerre du Golfe pour protéger un allié non reconnaissant et la guerre en Irak pour éliminer le dictateur S. Hussein: "Nous avons dépensé 5.000 milliards de dollars au Moyen-Orient. En contrepartie, à cause de dirigeants aussi stupides que les nôtres, nous n'avons rien eu, à part des vétérans blessés et des morts. Même pas le pétrole qu'on aurait dû contrôler et garder. L'Amérique ne se bat plus pour gagner".
Sur la guerre en Irak, il donne l'appréciation du bilan: "Cette guerre d'Irak est une très grosse connerie. Des milliers de nos GI sont morts pour rien. Nous avons dépensé des trillions de dollars. Nous avons hérité de l'Etat islamique avec ses fanatiques (...) qui viennent nous tuer à domicile, à San Bernardino et ailleurs. Bravo les Bush! Quelle réussite".
En revanche, il regrette que des Etats alliés des Etats-Unis vulnérables aient été négligés par B. Obama comme Israël, la Pologne et la République tchèque.
4. Les nouvelles relations avec les puissances émergentes et régionales qui doivent bénéficier aux Etats-Unis
D. Trump veut faire faire une autre politique avec les concurrents des Etats-Unis, soit en remettant en cause la politique d'Obama de discussions avec l'Iran et de boycott de la Russie ou de la Corée du Nord, soit en faisant pression en retirant ses troupes si les Etats-Unis n'obtiennent pas des accords privilégiés (Arabie, Koweït, Japon, Corée du Sud) ou en les concentrant en cas de tensions (Chine), voire en rompant toutes relations économiques, diplomatiques et militaires avec eux ("les mettre au placard").
D. Trump veut renégocier les traités de libre-échange qui concurrencent les produits américains et favorisent les délocalisations. Il cite l'ALENA avec le Mexique et le Canada, le TAFTA avec l'Europe, le traité trans-Pacifique avec l'Asie du Sud-Est. Est-il pour autant protectionniste? Il veut surtout réguler le libéralisme pour qu'il favorise les Etats-Unis. Peut-être utilisera-t-il ses dons de négociateur de l'immobilier qui reposent sur deux principes: "montrer le pire tout en laissant entrevoir la possibilité du meilleur" et planifier une action sans rien révéler pour bénéficier de l'effet de surprise.
5. Relations avec le voisin mexicain
Le Mexique pose deux problèmes essentiels à D. Trump: "Nous perdons contre le Mexique à la fois sur le plan du commerce comme celui des frontières" (programme Crippled America). D. Trump veut rendre étanche les 1.600 kilomètres de frontière américano-mexicaine en terminant et améliorant le mur avec le Mexique, sur modèle de la barrière de sécurité d'Israël, pour mettre fin à l'immigration clandestine des latinos et à la criminalité, dont "certains sont violeurs, vendeurs de drogue, d'autres encore viennent vivre à nos crochets". Cette délinquance a un coût pour la société: 350.000 délinquants clandestins sont en prison en 2011, selon les chiffres avancés par D. Trump.
Il réfute les arguments de racisme en affirmant qu'il ne confond pas l'immigration clandestine des latinos avec les américains hispaniques présents aux Etats-Unis. Il n'est pas contre l'immigration, puisque lui-même est un descendant d'immigrants écossais et allemands et il affirme: "Je ne m'oppose pas à l'immigration (...). J'aime l'immigration" (programme Crippled America). Il dénonce le double jeu du Mexique qui, par des brochures, incite à venir clandestinement aux Etats-Unis.
Le modèle de la frontière sécurisée pour Trump est le mur construit par la ville américaine de Yuma qui comprend 3 murs avec caméras, radios, radars et système d'éclairage sur 200 kilomètres. Le Mexique doit financer ce mur par le biais d'une taxe douanière et d'une taxe sur les visas temporaires, la saisie lors des transferts des salaires des clandestins ou en ponctionnant les crédits américains d'aide au développement du Mexique.
En cas de refus de retour des clandestins expulsés par les pays d'origine, les visas seront restreints pour faire pression sur ces pays. Pour empêcher les clandestins d'avoir un travail, il veut mettre en place un système informatique pour les employeurs vérifient si le travailleur est citoyen américain. Il veut remettre le droit du sol pour empêcher que des enfants d'immigrés n'obtiennent automatiquement la nationalité américaine.
Un immigré clandestin ne doit plus pouvoir obtenir la nationalité s'il est présent sur le sol américain mais doit la demander dans son pays d'origine. Il veut, en revanche, que les étudiants étrangers brillants aient des facilités pour rester aux Etats-Unis une fois leur diplôme obtenu (programme Crippled America). Sur le plan économique, il y a la volonté de remettre les accords de libre-échange de l'ALENA pour mettre fin aux délocalisations au Mexique.
6. Relations avec l'Iran: renégocier les accords sans sanctions unilatérales
D. Trump veut remettre en cause l'accord avec l'Iran qualifié, "de pire accord que je connaisse" parce que cet accord n'est pas favorable aux Etats-Unis et que l'Iran n'a pas abandonné son projet atomique et de destruction d'Israël. De plus cet Etat soutient le terrorisme (Hezbollah au Liban?), les milices chiites en Irak et profite de l'affaiblissement de l'Irak pour étendre son hégémonie dans la région.
Lors de son débat du 27 septembre 2016, D. Trump affirme: "Ce pays allait s'effondrer sous l'effet des sanctions en renouant, il va devenir une grande puissance très rapidement au Moyen-Orient". Il craint que l'Iran n'acquière l'arme nucléaire. De plus, Israël, "notre allié le plus important et notre partenaire de longue date", se détourne des Etats-Unis au Moyen Orient en raison de cette politique d'ouverture à l'égard de l'Iran et du fait que l'Iran n'a pas abandonné son idée de détruire Israël. Enfin, cette politique pro-iranienne coûte cher aux Etats-Unis (programme Crippled America).
Pour D. Trump, "tant que ces fanatiques religieux restent au pouvoir, l'Iran sera notre ennemi et une menace pour Israël" (programme Crippled America). Israël, "que j'ai toujours aimé et admiré" est un pays important pour les Etats-Unis, "seule démocratie stable de la région (...) partenaire commercial et un pionnier dans le domaine de la médecine, des communications, de la technologie et des énergies ce qui aura un impact positif pour l'avenir de nos deux pays". (programme Crippled America).
D. Trump aurait aggravé les sanctions et demander le démantèlement complet des installations nucléaires. Les accords sont permis d'enrichir les Iraniens des milliards de dollars gelés dans les banques. Mais D. Trump nuance en affirmant qu'il n'y a plus de retour en arrière possible et que des sanctions unilatérales n'auraient aucune utilité. Mais il surveillera si l'Iran respecte ses engagements concernant le nucléaire.
Les Etats-Unis procéderait à un repositionnement géopolitique qui n'aurait rien d'un bouleversement: un rapprochement s'effectuerait avec la Russie, mais arbitré par Israël qui exigerait en contrepartie une fin de non-recevoir à la poursuite des négociations avec l'Iran. Cette inflexion serait accueillie favorablement par l'Arabie saoudite - terrifiée par une montée en puissance iranienne - et envers laquelle les Etats-Unis pourraient octroyer des aides financières visant à accompagner sa transition vers l'après-pétrole [3]. De son côté, Téhéran, qui sent déjà intuitivement qu'elle pourrait être sacrifiée, n'hésite pas à relayer des articles de la presse libérale américaine qualifiant le candidat de dangereux [4].
7. Relations avec la Russie: une nouvelle grande puissance avec qui il faut collaborer
Il admire le charisme de Poutine et son action de rétablissement de l'ordre en Russie. Il veut discuter avec Poutine et s'allier avec Moscou pour détruire l'EI, malgré l'hostilité d'une partie des républicains. La stratégie militaire en Syrie de V. Poutine est plus efficace que celle des Etats-Unis: il intervient brutalement à l'improviste. Il trouve des alliés régionaux (Syrie, Iran). Les frappes sont efficaces. La Russie devient incontournable. La stratégie d'Obama est mauvaise car il n'arrive pas à ce résultat.
La stratégie de V. Poutine en fait "le seul dirigeant efficace du monde" (programme Crippled America). Mais un repositionnement géopolitique des Etats-Unis se heurterait à des obstacles institutionnels: un rapprochement avec la Russie rencontrerait immédiatement l'hostilité du camp républicain au Congrès [5]. Dans la presse russe, Donald Trump apparaît comme un personnage ambivalent: il est vu à la fois comme un homme d'affaires pragmatique prêt à s'engager aux côtés des Russes en Syrie et simultanément gratifié du surnom de bouffon du palais, à l'image de Vladimir Zhirinovsky.
8. Relations avec la Chine : des relations commerciales plus équilibrées
Il distingue deux Chines, une bonne sur le plan économique, l'autre mauvaise sur le plan démocratique (contrôle de la presse et d'internet, arrestation des dissidents, auteur de cyberattaques). La rivalité avec la Chine est "à l'heure actuelle économique". D. Trump veut prendre sa revanche sur la Chine qui est le troisième partenaire commercial des Etats-Unis car pour D. Trump "nous perdons contre la Chine" (programme Crippled America).
Il veut s'opposer à la ratification du traité transPacifique, ce qu'approuvent les Chinois. Sur le plan économique, il compte engager des négociations pour réduire le déficit commercial de 1,3 milliard en faveur de la Chine en supprimant tous les avantages dont bénéficient les Chinois (programme Crippled America) et obliger la Chine à arrêter les dévaluations du yuan. La Chine sera obligée de céder car elle dépend des Etats-Unis pour l'achat de ses biens de consommation (20 % des exportations chinoises sont à destination des EU).
La Chine est accusée "d'augmenter le chômage [délocalisations], voler les technologies, revendre des copies à prix cassé". Effectivement, selon une étude américaine, les Etats-Unis ont perdu 2,4 millions d'emplois, entre 2004 et 2011, en raison des importations de produits chinois moins chers [6]. Les Chinois sont accusés ainsi d'avoir "coûté des milliers d'emplois, espionné nos entreprises, volé nos technologies" (programme Crippled America). Il est hostile à toute ingérence au nom des droits de l'homme ce qui est également vu comme un point positif par la Chine qui espère un allègement du dispositif américain à proximité de la Chine (Japon, Philippines).
Il se méfie en revanche des Chinois qu'il traite de "menteurs" et il veut les obliger à arrêter leurs provocations. La presse chinoise répond de façon rationnelle aux outrances de Trump, tout en calculant prudemment le décalage entre ses discours électoraux et sa politique future. La Chine espère en réalité une position plus réaliste des Etats-Unis dans l'océan Indien, voire une coopération dans la lutte contre le terrorisme.
D. Trump ne peut que provoquer l'aversion des médias, des grandes entreprises, des banques, des notables des deux partis en place car il rebat l'ensemble des cartes du débat idéologique. En faisant retrouver le chemin des urnes aux Américains, il coupe les pieds aux lobbies et les entreprises qui finançaient les campagnes et influençaient tous les candidats. Il montre le caractère artificiel de la gestion des deux grands partis.
L'arrivée au pouvoir de D. Trump risque de reconfigurer les deux partis et de provoquer ralliements ou éclatement des deux partis traditionnels. Les équilibres fragiles mis en place dans le monde seront remis en cause obligeant les alliés des Etats-Unis à prendre de manière autonome leur défense. Sa politique étrangère sera volontariste et bouleversera les alliances traditionnelles et les accords signés par l'administration Obama.
Les Etats-Unis continueront à intervenir diplomatiquement et militairement dans le monde entier mais d'une manière plus pragmatique et probablement plus efficace. Les interventions moins nombreuses et plus brutales auront comme objectif principal de sauvegarder les intérêts des Etats-Unis.
- La comparaison entre les deux figures politiques du XIXe et du XXIe a été faite par le journal new-yorkais Observer (janvier 2015), le New York Times (février 2016) et l'agence de presse Reuters (mai 2016), Huffington Post (juillet 2016).
- D. TRUMP, L'Amérique paralysée, du Rocher, 2016, 268 p. A. BERCOFF, D. Trump, les raisons de la colère, First document, 2016, 250 p.
- Ces aides pourraient en outre être assorties de transferts de technologie, dans des secteurs de pointe comme l'industrie aéronautique et l'informatique de précision
- Tehran Times, 26 septembre 2016, "Trump is a dangerous person"
- Par exemple, le sénateur Barrosso, du Wyoming, écrivait un article dans le Wall Street Journal intitulé : "Why the Russians can't be trusted in Syria". L'on sait par ailleurs que le projet de loi du Sénat S 2277, qui souhaitait donner le pouvoir au président de déclarer la guerre à la Russie après l'affaire ukrainienne, était soutenu par 26 sénateurs républicains tels que Ben Nelson, Sander Levine ou bien Robert Menendez.
- C. Sellin, "Trump et l'électorat populaire blanc", IFRI Potamac paper, septembre 2016, citant une étude d'Acemoglu et D. Autor paru dans le Journal of Labor Economics.
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