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Non Mme May, Brexit ne signifie pas Brexit

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BREXIT - Comme des millions de personnes, je me suis ​​couché très tard dans la nuit du référendum avec la conviction, un peu inquiète, que le vote contre le Brexit allait l'emporter et fus choqué au réveil en apprenant le résultat final. Et comme beaucoup de gens, je suis devenu accro aux commentaires et aux débats interminables sur les médias britanniques, français et internationaux.

Quatre mois plus tard, et après une pause d'été salutaire, je suis venu à voir le Brexit seulement comme la pointe visible d'un iceberg immergé profondément et bien au-delà des limites géographiques du Royaume-Uni. Contrairement à la phrase célèbre de Mme May, "Brexit signifie Brexit", je soutiens que le "Brexit ne signifie pas Brexit" et doit être considéré comme l'expression localisée, britannique, de problèmes beaucoup plus profonds et complexes que les Britanniques, tous seuls, ne peuvent pas régler.

L'iceberg dont la pointe a surgi au Royaume-Uni en juin 2016 s'est formé au cours de plusieurs décennies en réaction à la face sombre de la mondialisation. Alors que la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux est moralement et économiquement bonne, les politiciens et les dirigeants d'entreprise qui les ont promus ont ignoré, ou bien n'ont pas voulu reconnaître que les sociétés humaines sont des systèmes complexes où les actions, même quand elles sont très bien intentionnées, génèrent, souvent, des conséquences contre-productives.

Deux de ces conséquences ont été l'appauvrissement de larges couches des sociétés occidentales et un sentiment de perte, véritable ou imaginaire, d'identité.

Ces symptômes ne sont pas spécifiques au Royaume-Uni et sont visibles à l'œil nu ailleurs en Europe et aux États-Unis. Podemos en Espagne, le mouvement Cinq Etoiles en Italie, le parti Afd en Allemagne, le Front National en France et M. Trump aux Etats-Unis sont des pointes du même iceberg.

C'est pour ces raisons que j'affirme que le Brexit ne signifie pas seulement Brexit et qu'il exprime des questions plus profondes et largement partagées que ni le Royaume-Uni, ni l'Union européenne seules peuvent résoudre. La majorité des citoyens britanniques qui ont soutenu le Brexit ont non seulement voté contre l'appartenance à l'Union européenne mais ont aussi saisi l'opportunité du référendum pour forcer leurs dirigeants à prendre acte du côté obscur de la mondialisation qui est venue à être incarnée, aux yeux des citoyens britanniques, par le projet de l'Union européenne.

Ironiquement, les politiciens britanniques qui ont fait campagne pour le Brexit ne semblent pas réaliser la contradiction radicale entre le message exprimé par la majorité du peuple britannique et leur promesse de faire du Royaume-Uni un champion renouvelé du libre-échange et de la mondialisation, engagement qu'un supposé carcan européen interdirait à leur pays. Au lieu de s'attaquer aux externalités négatives du libre-échange et de la mondialisation, les politiciens britanniques veulent les escalader. Suivre ce chemin reviendrait à guérir la maladie avec ce qui l'a causée.

Mme May, qui a soutenu le vote 'remain' du bout des lèvres pendant la campagne, semble consciente de la contradiction et a adopté une attitude "sociale" dans le congrès du parti conservateur. Le slogan "un pays qui fonctionne pour tous" résume sa tentative de s'adresser aux problèmes sociaux révélés par le référendum. Il reste à voir si ce discours a été un simple "truc tactique'-" pour apaiser les angoisses exprimées par la majorité des Britanniques ou le début d'une véritable réorientation idéologique, qui risque d'être difficile voire impossible, du parti conservateur vers une économie sociale de marché.

Ceux qui s'attendent à ce que Mme May et son parti, seuls, construisent une Grande-Bretagne prospère post-Brexit doivent modérer leurs attentes. Ce qui est en jeu n'est rien moins que l'invention d'un nouvel ordre économique et social mondial où les gens, au Royaume-Uni et ailleurs, peuvent profiter des avantages de la libre circulation sans être économiquement laissés à l'écart et sans sentir leurs identités collectives assiégées. Pour réussir son post-Brexit, le Royaume-Uni devra travailler et coopérer avec le reste de l'Europe et du monde.

La tâche peut ressembler à la quadrature du cercle, mais je suis un optimiste et espère que les dirigeants de notre monde prendront le Brexit et les autres sommets du même iceberg comme une injonction à équilibrer la mondialisation, s'ils ne veulent pas que leurs peuples jettent le bébé avec l'eau du bain.

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