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Abécédaire d'Idées: J...comme Jaspers

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Demandons-nous un instant à quoi sert l'État. Nous pourrions en débattre des heures durant, allant de Locke à Schmitt, et nous n'en finirions pas.

Voici une de mes idées - issue de lectures. L'État sert à laisser l'être humain s'occuper d'autres choses que sa survie. L'État sert pour passer d'un état de Dasein (être) à celui d'Existenz (exister), comme dit Jaspers. L'État doit subvenir aux besoins de santé, d'éducation et d'arbitrage pour nous projeter en avant et nous laisser le temps de nous recentrer sur nous même, et peut-être chercher le bonheur décrit par Epicure.

Un étrange mélange entre plusieurs courants de pensée, n'est-ce pas?

Ce mélange me rend mécontent de ce que je vois. Les universités débordent de personnes qui n'ont rien à y faire. De ceux qui se veulent légistes, il y en a qui ignorent l'existence même de trois pouvoirs pour un État; de ceux qui se veulent scientifiques, il y en a qui ne peuvent même pas concevoir un fonctionnement systématique - ils ont appris à tout voir en séquentiel, étapes 1 2 3. Pourquoi des personnes sans "atomes crochus" avec leurs études persistent-ils à les suivre? Cela ne fait qu'aggraver la situation.

Le désintérêt de l'État par rapport à ces questions de validité, minent la légitimité même de l'État si l'on suit pour un petit moment l'idée résumée ci-dessus. Car dans un pays où l'on range les élèves comme du bétail étudiant, le passage de Dasein à mieux-que-Dasein se rate de plus en plus. Les cerveaux sont déplacés, ou les cerveaux n'existent tout simplement pas. L'on se met en sit-in pour demander un master et l'on essaie de se convaincre que l'argent est plus important que l'épanouissement personnel ou professionnel. L'on suit des voies éducatives ruinées et inutiles pour atterrir dans un monde glauque de chômage, de népotisme et de corruption qui vous rend amer à la moelle.

Est-ce vraiment le pays où nous voulons vivre? Est-ce vraiment l'état - l'État - que nous voulons?
Combien de personnes cherchent-elles le bonheur d'Epicure? C'est-à-dire, être entouré de ses amis alors que l'individualisme prime et que la solitude et l'isolement deviennent des questions d'actualité. C'est-à-dire, faire quelque chose que l'on aime et qui, à sa manière, nous fait ressentir que nous changeons le monde ou que ne le faisons perdurer, alors que les postes fictifs deviennent un droit et que la bureaucratie peine à se trouver de nouvelles bifurcations labyrinthiques. C'est-à-dire, prendre le temps de méditer sur sa condition, sur celle du monde dans un monde où notre attention est toujours requise ici, là, le parti X qui nous ment, l'officiel Y qui se fait arrêter, l'imbécile Z qui se fait prendre pour terrorisme, l'individu répugnant A.C. qui invite à épouser son violeur.

Parfois je désespère moi-même de ce qu'est l'Abécédaire, alors que je sais que sa raison d'être ne sera jamais complète. "...à l'usage du gouvernement". Mais quel gouvernement, celui de jeunes-vieux sourds aux canons qui battent nos murs?

"Idées gratuites", il n'y en a que trop, toutes ignorées, toutes entendues pas même écoutées, elles flottent à la surface mais ne provoquent qu'un unique remous, presque ponctuel dans une mare de sensationnalisme goudronneux.

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