ENVIRONNEMENT - En décembre dernier, la COP21 à Villepinte, au nord de Paris, a été plutôt ennuyeuse avec ses enjeux simplement politiques, environnementaux et commerciaux. La COP22 saura-t-elle convoquer l'histoire culturelle énergétique et tout particulièrement celle singulière du Maroc, notamment autour de la figure du photographe et ingénieur Gabriel Veyre?
"...Je me reposais aux bords du Rhône, lorsque j'appris qu'on cherchait un homme, un ingénieur à même d'enseigner au sultan du Maroc tout d'abord la photographie, dont il s'était épris, puis de l'initier, au besoin, aux plus récentes découvertes modernes: derniers perfectionnements de l'électricité, téléphonie et télégraphie mêlées, cinématographe et phonographe, bicyclette et jusqu'à l'automobile, si la chose lui chantait. Pourquoi pas moi?...", écrivait en 1905, l'ingénieur rhône-alpin Gabriel Veyre.
Peut-on imaginer, en novembre prochain à Marrakech, un ingénieur français en train de nous initier aux derniers perfectionnements des réseaux de l'électricité intelligente, de la téléphonie mobile, du cinéma par l'image numérique et de la musique en streaming, des objets connectés et jusqu'à la gestion des données?
Malheureusement c'est peu probable car depuis la Seconde guerre mondiale, le monde énergétique français a fonctionné en silo et s'il a gagné une reconnaissance mondiale en technicité, il a tout de même perdu ce qu'il le distinguait des autres et particulièrement des électriciens américains: la culture.
Gabriel Veyre, un homme de cinéma et d'électricité
On oublie souvent que Thomas Edison a créé la lampe électrique et aussi le cinématographe. Mais, s'il a été un homme doué techniquement, il fut loin d'être un génie de la narration cinématographique, puisqu'il a désigné par le mot "Machin" son bébé, le kinétoscope.
C'était une autre histoire avec Gabriel Veyre qui, avant de venir créer son usine d'électricité à Casablanca, sillonna pour les frères Lumière comme réalisateuropérateur et photographe, des pays d'Asie et d'Amérique.
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Gabriel Veyre, 1871-1936
Lors de la COP21 à Paris, on avait déjà cité la figure de Georges Berger qui avant d'organiser à Paris en 1881, la première exposition internationale de l'électricité et le premier Congrès international des électriciens, fut professeur aux Beaux-Arts et nous laissa un ouvrage sur "l'Ecole française de peinture avant la mort de Louis XIV".
Dès lors, comment peut-on engager des villes comme Paris et Casablanca sur la voie des concepts de villes intelligentes ou smart cities, sans protéger et fructifier la mémoire de ces cités? D'autant plus qu'elles sont porteuses d'exemples de passerelles entre le monde des sciences de l'ingénieur et celui du monde artistique.
Le défi de villes "Smart Culture"
Nous sommes heureux que la wilaya de Casablanca ait créé fin avril un cluster du nom de e-Madina, pour rendre la ville blanche technologiquement agréable pour ses habitants, visiteurs et être ainsi dans la compétition internationale des smart cities. Mais la ville d'accueil de Gabriel Veyre mérite, au-delà des services fonctionnels et intelligents, une offre culturelle dans ce nouvel univers.
Effectivement, il semble que le terme Smart Culture ne soit pas encore une réalité chez les experts du numérique dans l'espace urbain. Mais si déjà on nous annonce en marge de la COP22, "un Sommet des consciences pour l'avenir", afin de sensibiliser par l'interreligieux et le social la jeunesse marocaine à la préservation de l'environnement, on peut s'interroger sur ce à quoi pourrait servir l'héritage cinématographique de Gabriel Veyre.
Avant de venir installer son usine d'électricité à Casablanca, Gabriel Veyre écrivait beaucoup durant ses escales à sa mère. Celle de Mexico du 16 août 1896 mériterait peut-être d'être lue lors de la COP22: "...Enfin c'est fait! Depuis hier 15 août, nous fonctionnons. Avant hier, nous avons donné notre première représentation. Pour cette soirée dédiée à la presse, nous avons eu plus de 1.500 invités à tel point que nous ne savions pas où les mettre. Leurs applaudissements et bravos nous font prévoir un gros succès. Chacun de s'écrier: 'Muy bonito!', 'Que c'est beau, que c'est beau!'".
"...Je me reposais aux bords du Rhône, lorsque j'appris qu'on cherchait un homme, un ingénieur à même d'enseigner au sultan du Maroc tout d'abord la photographie, dont il s'était épris, puis de l'initier, au besoin, aux plus récentes découvertes modernes: derniers perfectionnements de l'électricité, téléphonie et télégraphie mêlées, cinématographe et phonographe, bicyclette et jusqu'à l'automobile, si la chose lui chantait. Pourquoi pas moi?...", écrivait en 1905, l'ingénieur rhône-alpin Gabriel Veyre.
Peut-on imaginer, en novembre prochain à Marrakech, un ingénieur français en train de nous initier aux derniers perfectionnements des réseaux de l'électricité intelligente, de la téléphonie mobile, du cinéma par l'image numérique et de la musique en streaming, des objets connectés et jusqu'à la gestion des données?
Malheureusement c'est peu probable car depuis la Seconde guerre mondiale, le monde énergétique français a fonctionné en silo et s'il a gagné une reconnaissance mondiale en technicité, il a tout de même perdu ce qu'il le distinguait des autres et particulièrement des électriciens américains: la culture.
Gabriel Veyre, un homme de cinéma et d'électricité
On oublie souvent que Thomas Edison a créé la lampe électrique et aussi le cinématographe. Mais, s'il a été un homme doué techniquement, il fut loin d'être un génie de la narration cinématographique, puisqu'il a désigné par le mot "Machin" son bébé, le kinétoscope.
C'était une autre histoire avec Gabriel Veyre qui, avant de venir créer son usine d'électricité à Casablanca, sillonna pour les frères Lumière comme réalisateuropérateur et photographe, des pays d'Asie et d'Amérique.

Lors de la COP21 à Paris, on avait déjà cité la figure de Georges Berger qui avant d'organiser à Paris en 1881, la première exposition internationale de l'électricité et le premier Congrès international des électriciens, fut professeur aux Beaux-Arts et nous laissa un ouvrage sur "l'Ecole française de peinture avant la mort de Louis XIV".
Dès lors, comment peut-on engager des villes comme Paris et Casablanca sur la voie des concepts de villes intelligentes ou smart cities, sans protéger et fructifier la mémoire de ces cités? D'autant plus qu'elles sont porteuses d'exemples de passerelles entre le monde des sciences de l'ingénieur et celui du monde artistique.
Le défi de villes "Smart Culture"
Nous sommes heureux que la wilaya de Casablanca ait créé fin avril un cluster du nom de e-Madina, pour rendre la ville blanche technologiquement agréable pour ses habitants, visiteurs et être ainsi dans la compétition internationale des smart cities. Mais la ville d'accueil de Gabriel Veyre mérite, au-delà des services fonctionnels et intelligents, une offre culturelle dans ce nouvel univers.
Effectivement, il semble que le terme Smart Culture ne soit pas encore une réalité chez les experts du numérique dans l'espace urbain. Mais si déjà on nous annonce en marge de la COP22, "un Sommet des consciences pour l'avenir", afin de sensibiliser par l'interreligieux et le social la jeunesse marocaine à la préservation de l'environnement, on peut s'interroger sur ce à quoi pourrait servir l'héritage cinématographique de Gabriel Veyre.
Avant de venir installer son usine d'électricité à Casablanca, Gabriel Veyre écrivait beaucoup durant ses escales à sa mère. Celle de Mexico du 16 août 1896 mériterait peut-être d'être lue lors de la COP22: "...Enfin c'est fait! Depuis hier 15 août, nous fonctionnons. Avant hier, nous avons donné notre première représentation. Pour cette soirée dédiée à la presse, nous avons eu plus de 1.500 invités à tel point que nous ne savions pas où les mettre. Leurs applaudissements et bravos nous font prévoir un gros succès. Chacun de s'écrier: 'Muy bonito!', 'Que c'est beau, que c'est beau!'".
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