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Pourquoi les militantes n'aiment pas le 8 mars et la "journée de femme"

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Dommage que le 8 mars ne tombe pas un vendredi cette année, cela nous aurait évité une forte "présence alibi" sur l'espace public ce jour-là. Et peut-être aussi, les poncifs des politiciens. Le propos est d'une militante qui "franchement" n'aime pas les célébrations "hypocrites" liées à cette "journée de la femme".

Dans nos sociétés en crise, malades des injustices et des répressions, cette célébration du 8 mars parait superflue et sans effet. Après tout que veut dire une journée de la femme dans un pays où l'on peut s'offrir une révision de la constitution sans que cela n'ait le moindre impact, juste pour la faire parce qu'on l'a annoncée un jour...

Mais cette journée est tout de même utile car elle permet de rappeler quelques vérités, surtout dans un pays où le parlement s'est donné une très longue période de "réflexion" avant d'adopter de modestes articles - à l'effet problématique - destinés à prévenir les violences faites aux femmes.

Cette longue hésitation d'un parlement à la représentativité contestable en dit long sur une stagnation régressive où le déni de citoyenneté affecte l'ensemble de Algériens mais les algériennes encore davantage.

Une stagnation aggravée par une bigoterie encouragée stupidement de manière directe ou diffuse comme une réponse à l'islamisme politique. Comme si les vraies réponses, lentes mais vertueuses, ne se trouvent pas dans la diffusion du savoir et l'incitation à la réflexion, à l'interrogation et à la curiosité !

C'est une lapalissade qu'il convient de rappeler constamment : les hommes ne peuvent progresser sans les femmes. Le monde arabe est malade de l'échec des Etats-nations plus ou moins «progressistes » post indépendance et d'une montée en force des monarchies du golfe.


Les femmes... sont la cause des séismes !

L'establishment religieux saoudien, disposant d'une redoutable force de frappe financière médiatique a réussi à imposer une version dégradée de la religion que les régimes, en échec, se sont empressés d'encourager pour neutraliser les contestations politiques et sociales.

On continue de laisser des imams prêcher que les séismes sont une punition divine contre la « dégradation des mœurs » au lieu de faire l'effort d'expliquer ce qu'est la tectonique des plaques et comment des pays où le risque sismique est plus grand ont appris à vivre avec. Et ont fait l'effort de rechercher comment adapter les normes de construction à ce péril permanent.


Certes, un prêche religieux n'est pas forcément un cours de vulgarisation scientifique - rien dans l'absolu ne l'empêche pourtant - mais qu'il reste dans l'explication magique alors que la science a donné suffisamment d'élément pour comprendre est un mauvais signe.

De là à ce que les femmes qui ne rentrent pas dans le «cadre » des zélotes du wahhâbisme soient accusées d'être la source des séismes, il n'y a qu'un pas qui a été depuis longtemps franchi par des prêcheurs d'une grande inculture.

Un religieux correctement informé ne doit plus continuer à parler de punition. Il pourrait, par exemple, souligner que les séismes comme toutes les calamités sont des épreuves où les hommes et les femmes sont appelés à donner le meilleur d'eux-mêmes pour s'entraider.

Un inculte - il n'y a pas d'autres mots - va continuer à ressasser en 2016 que le séisme a été causé par les femmes que l'on réduit à des corps dangereux et subversifs.

Plus les progrès réalisés dans le domaine de l'éducation et de la diffusion du savoir reculent et se perdent dans la mauvaise gestion et l'absence de suivi et plus ces explications frustres et réactionnaires prennent du poids.

On renoncera au toubib pour aller vers le "raqi". On aura même des imams qui de "bonne foi" n'ont pas daigné se lever au moment où l'hymne national était entonné... car ce serait une "bidaa", une innovation coupable... Le mal est profond.



La Néo-djahiliya

Il y a une néo-djahilya saoudienne à finalité politique qui tente de s'imposer et, avec l'abolition des distances et du temps que permettent Internet et les satellites, de mettre en œuvre des manipulations planétaires.

Le travail de sape contre la raison et les progrès de l'éducation réalisés dans le cadre des Etats nations après les indépendances du fait de l'action massive de l'establishment religieux saoudien mine le monde musulman. Et le met dans des dispositions pavloviennes où il est facile de manipuler le levier du sacré.


On se souvient de réactions hystériques provoquées par un film idiot sur le prophète.... Une manipulation réussie de plus... à laquelle nos parents, qui se battaient pour l'indépendance et la liberté des décennies plus tôt, n'auraient pas succombé.

Ils savaient déjà que le plus important n'est pas le regard que portent sur nous ceux qui nous haïssent et nous considèrent comme des ennemis mais notre aptitude à progresser, à devenir meilleur, à acquérir le savoir.


Cet état d'esprit vertueux, ouvert, a été cassé par l'entreprise de décervelage dont l'Arabie saoudite a été le centre. Cette bigoterie généralisée qu'ils ont diffusée dépasse le simple courant islamiste ; elle est fortement présente dans des sociétés rendues encore plus réceptives par la pauvreté, l'absence de libertés et l'abandon des Etats.

On est bien sous la menace d'une néo-Djahiliya, dans une courbe de régression qui ne peut être inversée que par l'éducation, par un effort pédagogique volontariste et permanent. C'est un combat rude et lent qui ne peut être mené que par un régime légitime et respecté. Un Etat moralement apte à faire face à retour de bigotisme qui transforme la morale en pudibonderie oppressive et en tartuferie.


Il est vrai que devant cette situation, les célébrations mécaniques du 8 mars paraissent déplacées. Et pourtant, il suffit d'aller à l'université et constater le nombre important de jeunes filles - souvent majoritaires - pour garder l'espoir que l'éducation, le savoir, sans oublier le militantisme, finiront par arrêter cette régression vers la néo-djahiliya saoudienne et retrouver le chemin du progrès.



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