L'une des mesures phares décidées par le gouvernement français suite aux attentats terribles et sanglants du 13 novembre 2015 concerne la question de la déchéance de la nationalité pour les binationaux y compris ceux nés en France.
C'est pourtant une mesure qui existe déjà, et qui date de 1804 avec le code Napoléon et surtout depuis 1848 mais qui ne s'applique qu'aux binationaux que depuis 1998, puisque les «autres» sont protégés par la Déclaration universelle des droits de l'Homme qui indique que «tout individu a droit à une nationalité».
Or voilà que le gouvernement socialiste entend élargir cette mesure aux binationaux nés en France et donc français en vertu du droit du sol.
Alors, une mesure pour lutter contre le terrorisme ? Une mesure pour dissuader les terroristes potentiels de ... ? À voir !
Car,et désolé de le dire avec autant de légèreté, alors que la question est grave, pour les candidats terroristes, cela leur «fait une belle jambe» de savoir qu'ils risquent la déchéance de la nationalité eux qui vivent dans un «autre monde» et qui ont un projet de société à la fois totalitaire et exclusif (à défaut d'être universel) puisque devant être imposé par tous les moyens non seulement aux musulmans mais à l'ensemble de l'humanité.
Ils sont par conséquent farouchement opposés aux règles et au principe même des Etats-nations et donc des nationalités.
Que dire alors de ceux qui ont fait le choix de mourir en kamikazes et qui sont persuadés, de ce fait, de se retrouver au ... paradis. Ces gens ont définitivement rompu les amarres non seulement avec la France mais également, et sans doute plus profondément encore, avec la société.
Or et sur ce constat tout le monde semble d'accord - y compris au sein du gouvernement - pour dire que cette mesure de déchéance de la nationalité a davantage une portée symbolique que pratique ou opérationnelle.
Admettons ! Après tout, puisque la politique fonctionne aussi et beaucoup par et avec les symboles.
Et si cela peut rassurer l'opinion publique, pourquoi pas diront certains ! Un peu comme le plan « Vigipirate » qui rassure, certes, mais chacun sait qu'il ne peut à lui seul empêcher les fous et les terroristes d'agir.
D'où la question : quels sont les destinataires de cette annonce ?
Ne nous y trompons pas, elle vise et pointe du doigt, à l'évidence et en premier lieu les musulmans (ou supposés tels) et tout particulièrement les maghrébins et les subsahariens de France.
Elle vise du même coup, presque par ricochet et par association d'idées, les habitants des cités et quartiers populaires et, bien entendu des banlieues.
Il s'agit bel et bien d'une mise en demeure et d'un amalgame, même si les auteurs de cette mesure et de cette annonce s'en défendent.
Certains diront même qu'après tout, il n'y a là aucune raison de s'en offusquer puisque l'écrasante majorité des terroristes se réclament eux-mêmes de l'islam.
Certes, mais ils oublient cependant qu'un nombre important de radicalisés (40% sur plus de 3000) sont des français convertis et il ne viendrait bien sûr à l'esprit de personne de se mettre à soupçonner, à priori et indistinctement, tous les français qui pourraient, potentiellement, se convertir.
Voilà pourquoi cette mesure de la déchéance de la nationalité apparaît d'abord et surtout comme stigmatisante à l'égard des arabo-musulmans et les afro-musulmans de France.
C'est non seulement une double peine pour tous les binationaux, mais de fait une remise en cause du principe de l'égalité de tous devant la loi.
De surcroît, cela ouvre une brèche dangereuse dans le principe du droit du sol contenu dans le code de la nationalité et pour lequel tous les progressistes, et la gauche en premier lieu, se sont mobilisés quand la droite a tenté de le remettre en cause il y a quelques décennies.
Elle vient renforcer l'idée qu'il y a en vérité deux catégories de français.
Que de fois n'a-t-on entendu ce reproche qu'il y aurait finalement des français «à part entière» et d'autres «entièrement à part».
C'est à n'en pas douter, apporter de l'eau au moulin de tous ceux qui disent depuis des années que la France n'a pas, à ce jour, véritablement entrepris un travail sérieux d'introspection lui permettant de digérer son histoire coloniale, et pour eux l'Etat continue d'entretenir avec les immigrés de ses anciennes colonies, ses « indigènes » de l'intérieur comme diraient certains, des rapports de type colonialiste.
Ainsi voilà pour le moins écorché (et c'est un euphémisme), l'un des 3 grands principes de la République, affichés sur les frontons de toutes les Mairies, « Liberté, égalité, fraternité » !
Un autre aspect -et une conséquence tant inattendue qu'inadmissible- que soulève justement cette déchéance de la nationalité ,si elle venait à être votée par le parlement et dont on ne mesure pas encore les conséquences, c'est que à leur sortie de prison et après avoir purgé leur peine ces terroristes seront évidemment expulsés vers le pays dont ils ont la seconde nationalité.
Voilà donc un curieux effet boomerang de cette mesure qui fait que des citoyens français, nés en France, éduqués, scolarisés, formés et imprégnés des codes, règles et réalités de ce pays se retrouvent (non pas renvoyés) envoyés manu militari vers un autre pays au prétexte que c'est leur pays «d'origine».
Effet boomerang mais doublement injuste.
Alors que ces pays «d'origine» avaient envoyé des gens, les « primo-migrants » comme on dit, ayant été scolarisés et formés à un métier, prêt pour le marché du travail et qui ont participé à la reconstruction de la France durant les fameuses «Trente glorieuses» (1945 - 1975), voilà que la France leur (r)envoi en cadeau, en guise de remerciements et par retour à l'envoyeur ... de véritables bombes à retardement.
Un clin d'œil vers l'extrême droite, l'autre destinataire.
Mais cette annonce s'adresse également et peut être plus encore à la partie la plus extrême de l'opinion et de la société française.
Celle qui a voté FN aux dernières élections régionales.
Petit rappel, cette mesure est également une revendication ancienne du Front National.
Le message est donc on ne peut plus clair et pour paraphraser le général De Gaulle (dans son discours du 4 juin 1958 à Alger) voilà un « je vous ai compris » 2015 remixé par François Hollande.
Au prétexte d'avoir pris la mesure des évènements et au nom de l'union nationale, le président (socialiste) F. Hollande a cru bon de caresser la bête dans le sens du poil.
La bête, ici, c'est l'extrême-droite.
Et elle est en train d'attirer à elle les franges les plus réactionnaires de la société française ou ceux qui acceptent que l'on réduise une part de la liberté (des autres) au profit de plus de sécurité (pour eux-mêmes).
Et même si l'on ne cesse de nous répéter que le FN est devenu le premier parti pour lequel votent les ouvriers et la jeunesse, il reste un parti réactionnaire, conservateur et qui ne fait que recycler pour mieux les vendre les idées de l'extrême-droite qui traîne, ne l'oublions pas, l'histoire néfaste que l'on sait en France.
La «guerre totale contre le terrorisme», la prolongation de l'Etat d'urgence, le recours indistinct des mises en résidence surveillée, la déchéance de la nationalité ... toutes ces mesures, quand bien même étaient-elles justifiées en raison des graves évènements de novembre, restent néanmoins des mesures que souhaitaient depuis longtemps la droite dure et l'extrême-droite dans le pays.
La déchéance de la nationalité n'est-elle pas l'une des principales revendications du FN ?
Mais comme à chaque fois, surtout depuis le tournant de 1983 au nom de la «rigueur», ce que ne peuvent ou n'osent entreprendre les partis de droite,pour ne pas se mettre à dos l'opinion démocratique et la société civile,c'est un pouvoir et un président «de gauche» qui s'en chargent volontiers.
Ce que ne peut déconstruire la droite sur le plan économique, social ou sociétal ... ce sont les pouvoirs «socialistes» qui le réalisent.
Ainsi les combats pour plus de justice menés durant des décennies par les associations de l'immigration, par les progressistes et les démocrates, voilà qu'un président socialiste en vient à fouler au pied cette valeur essentielle de la gauche qu'est l'égalité.
Bien sûr, il y a le contexte du terrorisme et les attentats barbares qui obligent et légitiment l'action de l'Etat en matière de sécurité et qui répond d'ailleurs à une demande et une attente largement partagée par la population.
Il y aussi ce phénomène de "droitisation" de l'opinion et de la société constatée par tous les observateurs et que tout pouvoir doit (ou croit devoir) intégrer dans sa stratégie et dans sa politique pour être en accord avec l'opinion majoritaire du moment.
Soit, mais cela doit-il se faire au détriment des valeurs de libertés, d'égalité, de fraternité ?
Car ce qui distingue la gauche de la droite ou l'extrême-droite, ce sont les valeurs et les principes.
Et réduire l'état de l'opinion et de la démocratie aux seuls résultats électoraux du FN n'est-il pas finalement trompeur ?
Bien sûr un homme d'Etat ou un homme politique ne peut ignorer les 6,8 millions d'électeurs qui ont choisi le FN au second tour des régionales.
Mais est-il besoin de rappeler que c'est surtout la remobilisation des abstentionnistes et un report massif des voix de la gauche sur les candidats de droite qui ont finalement empêché l'arrivée du FN à la tête de certaines régions.
Le terrorisme a sans doute été un facteur non négligeable dans le vote des français mais il n'explique pas à lui seul l'ascension du FN.
Celle-ci remonte à loin et l'on se souvient d'un sondage réalisé en 2013 qui montrait une évidente et incontestable droitisation de la société française et l'adhésion aux thèses et à l'idéologie du FN d'une partie non négligeable de celle-ci.
Non négligeable certes mais qui ne représente pas toute la société car l'écrasante majorité continue, encore aujourd'hui, de refuser l'idéologie et les thèses de l'extrême-droite.
Il faut dire aussi que la "lepénisation" des esprits entamés par les idéologues de l'extrême-droite a été relayée par la "lepénisation" d'une partie de la classe politique qui n'a rien trouvé de mieux que de plagier les thèmes favoris du FN.
Or, à choisir, les gens préfèreront toujours, en fin de compte, l'original à la copie.
Mais l'autre explication est donc à rechercher dans la désaffection de pans entiers de la société et surtout des classes populaires qui ne se reconnaissent plus non pas dans la gauche mais dans la politique économique et sociale menée par la celle-ci et qui ont choisi l'abstention (plus de 18 millions au second tour des régionales) ou encore les votes blancs et nuls (1.250.000 voix).
Et le relatif sursaut du second tour des régionales montre qu'il y a des potentialités et c'est, pour le coup, un message que doit savoir interpréter justement cette gauche.
Or,il semble que le pouvoir socialiste a préféré les vieilles recettes et tourné le dos à son électorat véritable.
Il semble donc que se sont les calculs politiciens et électoralistes de courtes vues qui priment et qui soient la préoccupation majeure et immédiate surtout dans la perspective de l'échéance de 2017.
Et on a l'impression que l'objectif du pouvoir actuel comme d'ailleurs de la droite est en quelque sorte un remake de 2002 à savoir un second tour face à la candidate du FN en espérant rassembler un «vote républicain».
Et la bataille qui s'engage dès à présent tant par les socialistes que par la droite, c'est de tout faire pour devancer l'autre au premier tour et se retrouver face au FN.
Alors, la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés en France, un moyen de lutter contre le terrorisme, un moyen de freiner l'ascension du FN ou ... boîte de pandore dont on sait quand et pourquoi on l'ouvre mais on ne sait jamais quand et comment la refermer et aux conséquences incalculables pour peu qu'un homme ou une femme ou un parti irresponsable s'en empare.
Alors, il sera peut-être trop tard.
C'est pourtant une mesure qui existe déjà, et qui date de 1804 avec le code Napoléon et surtout depuis 1848 mais qui ne s'applique qu'aux binationaux que depuis 1998, puisque les «autres» sont protégés par la Déclaration universelle des droits de l'Homme qui indique que «tout individu a droit à une nationalité».
Or voilà que le gouvernement socialiste entend élargir cette mesure aux binationaux nés en France et donc français en vertu du droit du sol.
Alors, une mesure pour lutter contre le terrorisme ? Une mesure pour dissuader les terroristes potentiels de ... ? À voir !
Car,et désolé de le dire avec autant de légèreté, alors que la question est grave, pour les candidats terroristes, cela leur «fait une belle jambe» de savoir qu'ils risquent la déchéance de la nationalité eux qui vivent dans un «autre monde» et qui ont un projet de société à la fois totalitaire et exclusif (à défaut d'être universel) puisque devant être imposé par tous les moyens non seulement aux musulmans mais à l'ensemble de l'humanité.
Ils sont par conséquent farouchement opposés aux règles et au principe même des Etats-nations et donc des nationalités.
Que dire alors de ceux qui ont fait le choix de mourir en kamikazes et qui sont persuadés, de ce fait, de se retrouver au ... paradis. Ces gens ont définitivement rompu les amarres non seulement avec la France mais également, et sans doute plus profondément encore, avec la société.
Or et sur ce constat tout le monde semble d'accord - y compris au sein du gouvernement - pour dire que cette mesure de déchéance de la nationalité a davantage une portée symbolique que pratique ou opérationnelle.
Admettons ! Après tout, puisque la politique fonctionne aussi et beaucoup par et avec les symboles.
Et si cela peut rassurer l'opinion publique, pourquoi pas diront certains ! Un peu comme le plan « Vigipirate » qui rassure, certes, mais chacun sait qu'il ne peut à lui seul empêcher les fous et les terroristes d'agir.
D'où la question : quels sont les destinataires de cette annonce ?
Ne nous y trompons pas, elle vise et pointe du doigt, à l'évidence et en premier lieu les musulmans (ou supposés tels) et tout particulièrement les maghrébins et les subsahariens de France.
Elle vise du même coup, presque par ricochet et par association d'idées, les habitants des cités et quartiers populaires et, bien entendu des banlieues.
Il s'agit bel et bien d'une mise en demeure et d'un amalgame, même si les auteurs de cette mesure et de cette annonce s'en défendent.
Certains diront même qu'après tout, il n'y a là aucune raison de s'en offusquer puisque l'écrasante majorité des terroristes se réclament eux-mêmes de l'islam.
Certes, mais ils oublient cependant qu'un nombre important de radicalisés (40% sur plus de 3000) sont des français convertis et il ne viendrait bien sûr à l'esprit de personne de se mettre à soupçonner, à priori et indistinctement, tous les français qui pourraient, potentiellement, se convertir.
Voilà pourquoi cette mesure de la déchéance de la nationalité apparaît d'abord et surtout comme stigmatisante à l'égard des arabo-musulmans et les afro-musulmans de France.
C'est non seulement une double peine pour tous les binationaux, mais de fait une remise en cause du principe de l'égalité de tous devant la loi.
De surcroît, cela ouvre une brèche dangereuse dans le principe du droit du sol contenu dans le code de la nationalité et pour lequel tous les progressistes, et la gauche en premier lieu, se sont mobilisés quand la droite a tenté de le remettre en cause il y a quelques décennies.
Elle vient renforcer l'idée qu'il y a en vérité deux catégories de français.
Que de fois n'a-t-on entendu ce reproche qu'il y aurait finalement des français «à part entière» et d'autres «entièrement à part».
C'est à n'en pas douter, apporter de l'eau au moulin de tous ceux qui disent depuis des années que la France n'a pas, à ce jour, véritablement entrepris un travail sérieux d'introspection lui permettant de digérer son histoire coloniale, et pour eux l'Etat continue d'entretenir avec les immigrés de ses anciennes colonies, ses « indigènes » de l'intérieur comme diraient certains, des rapports de type colonialiste.
Ainsi voilà pour le moins écorché (et c'est un euphémisme), l'un des 3 grands principes de la République, affichés sur les frontons de toutes les Mairies, « Liberté, égalité, fraternité » !
Un autre aspect -et une conséquence tant inattendue qu'inadmissible- que soulève justement cette déchéance de la nationalité ,si elle venait à être votée par le parlement et dont on ne mesure pas encore les conséquences, c'est que à leur sortie de prison et après avoir purgé leur peine ces terroristes seront évidemment expulsés vers le pays dont ils ont la seconde nationalité.
Voilà donc un curieux effet boomerang de cette mesure qui fait que des citoyens français, nés en France, éduqués, scolarisés, formés et imprégnés des codes, règles et réalités de ce pays se retrouvent (non pas renvoyés) envoyés manu militari vers un autre pays au prétexte que c'est leur pays «d'origine».
Effet boomerang mais doublement injuste.
Alors que ces pays «d'origine» avaient envoyé des gens, les « primo-migrants » comme on dit, ayant été scolarisés et formés à un métier, prêt pour le marché du travail et qui ont participé à la reconstruction de la France durant les fameuses «Trente glorieuses» (1945 - 1975), voilà que la France leur (r)envoi en cadeau, en guise de remerciements et par retour à l'envoyeur ... de véritables bombes à retardement.
Un clin d'œil vers l'extrême droite, l'autre destinataire.
Mais cette annonce s'adresse également et peut être plus encore à la partie la plus extrême de l'opinion et de la société française.
Celle qui a voté FN aux dernières élections régionales.
Petit rappel, cette mesure est également une revendication ancienne du Front National.
Le message est donc on ne peut plus clair et pour paraphraser le général De Gaulle (dans son discours du 4 juin 1958 à Alger) voilà un « je vous ai compris » 2015 remixé par François Hollande.
Au prétexte d'avoir pris la mesure des évènements et au nom de l'union nationale, le président (socialiste) F. Hollande a cru bon de caresser la bête dans le sens du poil.
La bête, ici, c'est l'extrême-droite.
Et elle est en train d'attirer à elle les franges les plus réactionnaires de la société française ou ceux qui acceptent que l'on réduise une part de la liberté (des autres) au profit de plus de sécurité (pour eux-mêmes).
Et même si l'on ne cesse de nous répéter que le FN est devenu le premier parti pour lequel votent les ouvriers et la jeunesse, il reste un parti réactionnaire, conservateur et qui ne fait que recycler pour mieux les vendre les idées de l'extrême-droite qui traîne, ne l'oublions pas, l'histoire néfaste que l'on sait en France.
La «guerre totale contre le terrorisme», la prolongation de l'Etat d'urgence, le recours indistinct des mises en résidence surveillée, la déchéance de la nationalité ... toutes ces mesures, quand bien même étaient-elles justifiées en raison des graves évènements de novembre, restent néanmoins des mesures que souhaitaient depuis longtemps la droite dure et l'extrême-droite dans le pays.
La déchéance de la nationalité n'est-elle pas l'une des principales revendications du FN ?
Mais comme à chaque fois, surtout depuis le tournant de 1983 au nom de la «rigueur», ce que ne peuvent ou n'osent entreprendre les partis de droite,pour ne pas se mettre à dos l'opinion démocratique et la société civile,c'est un pouvoir et un président «de gauche» qui s'en chargent volontiers.
Ce que ne peut déconstruire la droite sur le plan économique, social ou sociétal ... ce sont les pouvoirs «socialistes» qui le réalisent.
Ainsi les combats pour plus de justice menés durant des décennies par les associations de l'immigration, par les progressistes et les démocrates, voilà qu'un président socialiste en vient à fouler au pied cette valeur essentielle de la gauche qu'est l'égalité.
Bien sûr, il y a le contexte du terrorisme et les attentats barbares qui obligent et légitiment l'action de l'Etat en matière de sécurité et qui répond d'ailleurs à une demande et une attente largement partagée par la population.
Il y aussi ce phénomène de "droitisation" de l'opinion et de la société constatée par tous les observateurs et que tout pouvoir doit (ou croit devoir) intégrer dans sa stratégie et dans sa politique pour être en accord avec l'opinion majoritaire du moment.
Soit, mais cela doit-il se faire au détriment des valeurs de libertés, d'égalité, de fraternité ?
Car ce qui distingue la gauche de la droite ou l'extrême-droite, ce sont les valeurs et les principes.
Et réduire l'état de l'opinion et de la démocratie aux seuls résultats électoraux du FN n'est-il pas finalement trompeur ?
Bien sûr un homme d'Etat ou un homme politique ne peut ignorer les 6,8 millions d'électeurs qui ont choisi le FN au second tour des régionales.
Mais est-il besoin de rappeler que c'est surtout la remobilisation des abstentionnistes et un report massif des voix de la gauche sur les candidats de droite qui ont finalement empêché l'arrivée du FN à la tête de certaines régions.
Le terrorisme a sans doute été un facteur non négligeable dans le vote des français mais il n'explique pas à lui seul l'ascension du FN.
Celle-ci remonte à loin et l'on se souvient d'un sondage réalisé en 2013 qui montrait une évidente et incontestable droitisation de la société française et l'adhésion aux thèses et à l'idéologie du FN d'une partie non négligeable de celle-ci.
Non négligeable certes mais qui ne représente pas toute la société car l'écrasante majorité continue, encore aujourd'hui, de refuser l'idéologie et les thèses de l'extrême-droite.
Il faut dire aussi que la "lepénisation" des esprits entamés par les idéologues de l'extrême-droite a été relayée par la "lepénisation" d'une partie de la classe politique qui n'a rien trouvé de mieux que de plagier les thèmes favoris du FN.
Or, à choisir, les gens préfèreront toujours, en fin de compte, l'original à la copie.
Mais l'autre explication est donc à rechercher dans la désaffection de pans entiers de la société et surtout des classes populaires qui ne se reconnaissent plus non pas dans la gauche mais dans la politique économique et sociale menée par la celle-ci et qui ont choisi l'abstention (plus de 18 millions au second tour des régionales) ou encore les votes blancs et nuls (1.250.000 voix).
Et le relatif sursaut du second tour des régionales montre qu'il y a des potentialités et c'est, pour le coup, un message que doit savoir interpréter justement cette gauche.
Or,il semble que le pouvoir socialiste a préféré les vieilles recettes et tourné le dos à son électorat véritable.
Il semble donc que se sont les calculs politiciens et électoralistes de courtes vues qui priment et qui soient la préoccupation majeure et immédiate surtout dans la perspective de l'échéance de 2017.
Et on a l'impression que l'objectif du pouvoir actuel comme d'ailleurs de la droite est en quelque sorte un remake de 2002 à savoir un second tour face à la candidate du FN en espérant rassembler un «vote républicain».
Et la bataille qui s'engage dès à présent tant par les socialistes que par la droite, c'est de tout faire pour devancer l'autre au premier tour et se retrouver face au FN.
Alors, la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés en France, un moyen de lutter contre le terrorisme, un moyen de freiner l'ascension du FN ou ... boîte de pandore dont on sait quand et pourquoi on l'ouvre mais on ne sait jamais quand et comment la refermer et aux conséquences incalculables pour peu qu'un homme ou une femme ou un parti irresponsable s'en empare.
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