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Le tourisme en Tunisie: Il est temps de reconstruire le puzzle

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Après les élections, l'espoir était que le cap le plus dur soit passé, que la crise ne pouvait durer éternellement, que l'environnement économique allait s'éclaircir et la croissance repartir. En bref, les beaux jours se profilaient à nouveau, et les acteurs économiques, y compris les professionnels du tourisme, pensaient enfin pouvoir retrouver le sourire.

Néanmoins, les principaux indicateurs du secteur ont continué sur leur tendance négative au premier trimestre 2015, notamment pour les nuitées touristiques globales (-10,3% et -28,9% en comparaison avec le même mois de 2014 et de 2010, respectivement), les entrées de touristes étrangers (-7,6% et -28,3%) et les recettes en devises (-15,7% et -17,7%).


En termes de contribution à la croissance économique, la participation du tourisme ne dépasse pas le seuil de 0,1%. Il est clair qu'il s'agit d'un secteur malade, mais son importance est surtout en matière d'emploi, avec quelque 473.000 emplois dépendent directement ou indirectement de ce secteur, soit 13,9% de la population active. Une main-d'œuvre menacée, à la lumière des coups durs qui se succèdent.

Après le Bardo, nous voilà avec l'attentat de Sousse. Bien qu'il s'agisse théoriquement du dernier clou dans la tombe de la saison touristique, il ne faut jamais jeter l'éponge. Il faut être réaliste et chercher les solutions pratiques et radicales pour un secteur qui ne peut plus continuer avec le même modèle.

Les problèmes du secteur

Oublions les attaques terroristes qui peuvent se reproduire d'un jour à l'autre. Le secteur souffre déjà des problèmes structurels qui le rendent plus vulnérable face à de tels chocs.

Durant des décennies, une stratégie peu réfléchie de croissance a abouti à une surcapacité d'offre non diversifiée et presqu'exclusivement basée sur le tourisme balnéaire. Cette surcapacité a amené les hôtels à dépendre des tours opérateurs internationaux pour la vente de leur produit.


De plus, l'émergence de destinations concurrentes favorisées notamment par la baisse du coût de transport aérien a renforcé la difficulté pour les opérateurs tunisiens à s'imposer, les conduisant à pratiquer des baisses de prix afin de pallier à un taux d'occupation trop bas. En conséquence, les hôtels tunisiens affichent un faible niveau de rentabilité affectant leur solvabilité et la qualité de leurs services.

En face, des pays concurrents comme la Turquie ou l'Egypte ont plutôt opté pour le développement de toute une gamme de produits profitant, entre autres, de leur image culturelle valorisante. Ainsi, ces pays ont élaboré une large gamme de produits auxiliaires et ont occupé des niches de marché (golf, centres de santé, infrastructures pour le tourisme d'affaires). Ces efforts ont permis de renforcer leur positionnement et de leur conférer une image de qualité.

Par ailleurs, le tourisme tunisien est très sensible aux conditions sociales et économiques des pays "émetteurs". En période de ralentissement ou de récession économique, les dépenses consacrées aux loisirs et au tourisme sont les premières à être réduites. En parallèle, le tourisme intérieur est resté marginal par rapport à la demande étrangère, vu l'étroitesse du marché local d'une part et le peu d'intérêt accordé historiquement au développement de ce secteur par la profession et les autorités d'une autre part. Il n'a donc pas pu constituer un soutien et une compensation pour le secteur en période de crise internationale.

Construire une nouvelle identité

Compte tenu de son importance en termes de revenus, d'emplois, d'entretien des actifs et d'image du pays, le tourisme est l'un des moyens les plus sûrs pour attirer des étrangers qui viendront acheter ou s'installer, et in fine des investisseurs. Trois principaux défis sont à relever:

1/ L'investissement

La concurrence internationale et les attentes des clients conduisent nécessairement à plus d'investissements. Cet investissement doit être matériel et immatériel (comme la formation aux langues étrangères). Des investissements de grande envergure au niveau du parc hôtelier sont indispensables pour créer des métropoles capables de se projeter à l'échelle internationales et construire ainsi une industrie touristique génératrice d'emplois, de recettes et d'image.

Il convient de mettre des stratégies pour attirer plus, pour plus longtemps, des clientèles à pouvoir d'achat significatif. Il faut bien comprendre que le comportement des touristes change. Ils préparent davantage leur visite, regardent sur le Net les lieux à visiter, les hôtels et restaurants proposés, avec les notes et réactions des utilisateurs. Le touriste lit peut-être encore un guide, mais pas seulement. Il cherche, il compare. L'offre touristique doit s'adapter à cette évolution.


2/ La gestion de la saisonnalité

Basé essentiellement sur le tourisme balnéaire, la Tunisie a toujours souffert de la courte durée de la saison. C'est une entrave à une bonne profitabilité pour les investissements importants. Ceci implique une meilleure planification de l'avant et l'après-saison (offres pour les retraités, les entreprises, etc.). Nous pensons particulièrement au tourisme golfique. C'est une excellente piste pour la Tunisie capable d'attirer un nombre élevé de touristes fortunés et qui peut remplir nos hôtels après la fin de la haute saison estivale. L'émergence du golfeur nomade et la démocratisation du golf qui a suivi, l'apparition de cartes de fidélité offrant des green fees à prix cassés, l'arrivée d'Internet et des réservations en ligne donnent de grandes chances pour réussir dans ce segment.

De même, il est primordial de développer pour la destination une image forte, attractive et différenciatrice qui séduira de nouvelles clientèles. Cette diversification permet généralement d'assurer une plus grande stabilité du marché. Une démarche de ce type doit s'appuyer sur une volonté politique forte, faire l'objet d'un large consensus, et demande une expertise croissante des techniciens chargés de la mise en œuvre.

3/ L'accueil

Il s'agit de prendre plus et mieux en charge le touriste, de lui faire des propositions de circuits, d'éviter toute rupture de charge entre hôtel et lieux de visites sans penser aux taxis, bus, trains... qui tissent en réalité les séjours. L'accueil doit être amélioré et davantage pensé pour offrir des solutions intégrées de visites. Il s'agit là d'un investissement important, en recherche et en capital humain. C'est le vrai succès du secteur dans la durée.

En conclusion, une révision stratégique profonde pour repositionner la destination touristique tunisienne s'impose. Il faut également traiter l'aspect financier du secteur car une restructuration du secteur s'impose.


Dans cette perspective, il est nécessaire de mettre en place un cadre réglementaire plus flexible pour faciliter et encourager la poursuite des investissements touristiques, d'accorder un rôle plus actif aux professionnels afin de les responsabiliser et de les faire participer à la définition des priorités pour résoudre les problèmes. Bon vent!

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